Déwé Gorodey

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Déwé Gorodey est une femme politique indépendantiste et écrivain kanak de Nouvelle-Calédonie, née dans la tribu de l'Embouchure à Ponérihouen (Nouvelle-Calédonie) le 1er juin 1949.

Sommaire

[modifier] Formation et vie professionnelle

Elle passe sa scolarité à Houaïlou avant de descendre à Nouméa pour passer son baccalauréat (Philosophie Bac A) au Lycée La Pérouse. Ensuite, elle part faire ses études en Métropole et obtient une licence de lettres modernes de l'Université de Montpellier Paul Valéry. Elle s'engage ensuite dans une carrière de professeur de français dans l'enseignement privé, d'abord au collège catholique de Marie-Reine Thabor au Mont-Dore de 1974 à 1976 puis dans le lycée protestant de Do Néva à Houaïlou de 1983 à 1985. Par la suite, elle va enseigner le paicî au sein de l'Ecole populaire kanak (les établissements scolaires créés par les indépendantistes pendant les Evènements des années 80) de l'Embouchure de 1985 à 1988, puis de nouveau à Do Néva de 1988 à 1996 et finalement au lycée public de Poindimié de 1996 à 1997. Enfin, elle donnera des cours d'histoire de la littérature du Pacifique et de littérature mélanésienne contemporaine à l'Université de la Nouvelle-Calédonie à Nouméa de 1999 à 2001.

[modifier] La militante indépendantiste

Déwé Gorodey s'est très tôt engagée dans la lutte pour l'indépendance. Elle milite ainsi dans les années 70 au sein des 'Foulards Rouges' et du 'Groupe 1878', deux groupes d'indépendantistes révolutionnaires extrémistes. Elle participe en 1976 à la création du Palika (Parti de libération kanak), le parti indépendantiste d'extrême gauche dont elle fait toujours parti et qui est aujourd'hui l'une des composantes du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS). Dans les années 80, pendant les évènements, elle participe à des missions du front indépendantiste dans le Pacifique, en Australie, en Algérie, au Canada, à Mexico et à l'ONU. Sinon, militante féministe se battant pour la cause des femmes kanaks aux côtés de Marie-Claude Tjibaou (la veuve de l'ancien leader indépendantiste Jean-Marie Tjibaou), elle participe ainsi avec cette dernière à une mission de femmes au Mali en 1992.

[modifier] La défense de la culture kanak

Ayant tempéré ses positions, comme la plupart des autres leaders indépendantistes, depuis les Accords de Matignon et les Accords de Nouméa, tout en militant toujours fermement pour la souveraineté, elle s'est surtout recentrée sur la défense de la reconnaissance de la culture et de l'identité kanak prévue par les accords. Pronant le développement de l'enseignement des langues kanak (étant elle-même enseignante dans ce domaine) dès le plus jeune âge, elle a sinon travaillé de 1994 à 1995 au sein de l'Agence de développement pour la Culture kanak (ADCK).

[modifier] Les fonctions politiques

Lors des élections du 9 mai 1999, elle est, avec Léonie Tidjite Varnier, la première femme à être élue à l'Assemblée de la Province nord. Lors des élections du gouvernement, elle est deuxième sur la liste indépendantiste menée par Rock Wamytan et est élue membre du gouvernement Lèques en charge de la Culture, de la Jeunesse et des Sports. Elle gardera ce poste, avec en plus la fonction de vice-présidente dans les deux gouvernements de Pierre Frogier d'avril 2001 à juin 2004. Elle a été réélue vice-présidente dans le premier Gouvernement avorté de Marie-Noëlle Thémereau et, une fois le deuxième gouvernement Thémereau élu, elle retrouve sans peine la vice-présidence le 29 juin 2004. Elle garde sinon le secteur de la Culture mais laisse la Jeunesse et les Sports pour la Condition féminine et la Solidarité.

Après la démission de Marie-Noëlle Thémereau, et donc de l'ensemble de son gouvernement, elle est réélue dans le nouvel exécutif le 6 août 2007 mais démissionne immédiatement avec l'ensemble des membres de sa liste suite à litige sur une voix indépendantiste perdue en bulletin nul. Elle est finalement maintenue dans le deuxième gouvernement Martin dont elle devient une nouvelle fois la vice-présidente le 21 août 2007, toujours en charge du secteur de la Culture, de la Condition féminine et de la Citoyenneté, avec en plus la responsabilité des Affaires coutumières et des Relations avec le Sénat coutumier. Depuis son entrée au gouvernement, elle a eu en charge deux importants dossiers prévus dans les Accords de Nouméa et qui lui tiennent particulièrement à coeur : l'enseignement des langues kanak et les signes identitaires. Elle a ainsi largement contribué à mettre en place le 11 avril 2007 le comité de pilotage sur les signes identitaires du pays (CPSIP), qu'elle préside, et qui réunit 25 membres dont des hommes politiques de tous bords, des représentants des différents cultes présents sur le Territoire, des leaders syndicaux et des membres de la société civile et du monde associatif. Ce Comité a eu pour mission de définir les modalités des concours lancés auprès des artistes locaux pour trois des cinq signes identitaires : l'hymne, la devise et le graphisme des billets de banque. Ces concours se termineront le 29 février 2008 et à partir de ce moment le CPSIP se transformera en jury et présenter son choix au gouvernement d'ici le milieu de l'année 2008. Pour les deux autres signes, le drapeau et le nom du territoire, plus sensibles, il n'y aura pas de concours mais uniquement des débats au sein du comité.

[modifier] Production littéraire

Sa volonté de faire connaître la culture et les traditions kanaks, tant sur le plan oral (elle est conteuse traditionnelle) qu'écrit pour la faire connaître au monde, a poussé Déwé Gorodey a écrire de nombreux poèmes, contes et nouvelles.

  • "Sous les cendres des conques", 1985
  • "Utê Mûrûnû, petite fleur de cocotier", 1994
  • "L'Agenda", 1996
  • Dire le vrai, en collaboration avec Nicolas Kurtovitch, 1999
  • Kënâké 2000, pièce de théâtre mise en scène par Pierre Gope au Centre d'Art de Nouméa (Théâtre de Poche) lors du VIIIe Festival des Arts du Pacifique en 2000
  • Le vol de la parole, en collaboration avec W. IHAGE, 2003
  • The Kanak Apples Season, éd. Pandanus, Sydney, 2005: recueil de l'ensemble de ses nouvelles traduites en anglais.

[modifier] Divers

  • Particulièrement respectueuse des traditions, l'une de ses activités favorites est de cultiver et de récolter le Taro, cycle qui est véritablement au cœur de la culture kanak.
  • Mariée, elle porte normalement le nom de son époux (Pourouin) à l'état civil mais elle a gardé en politique et pour signer ses ouvrages son nom de jeune fille, Gorodey.
  • Son nom de baptême est Epéri, mais elle préfère porter son deuxième prénom.

[modifier] Voir aussi

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[modifier] Liens externes