Crucifiement

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Cet article traite du supplice du crucifiement en général. Pour pour le crucifiement de Jésus de Nazareth voir Crucifixion.
Crucifiement
Crucifiement
Gravure de la fin du XVIe siècle repésentant un mise en croix.
Gravure de la fin du XVIe siècle repésentant un mise en croix.

Le crucifiement est une méthode de mise à mort consistant à placer le supplicié sur une croix, un support en forme de T ou un arbre et à l'attacher par divers moyens (clous, cordes, chaînes, etc.). Plusieurs variantes du supplice existent. La Crucifixion est le terme consacré en français pour le crucifiement de Jésus de Nazareth.

Sommaire

[modifier] Antiquité

C'était un supplice en usage chez les peuples barbares[1] orientaux, les Celtes et chez les Perses et les Phéniciens. Alexandre le Grand en fit usage en crucifiant des milliers de prisonniers après la prise de Sidon. Les Carthaginois l'appliquèrent, notamment dans la répression de la guerre des Mercenaires. Comme l'empalement, le crucifiement est facile à mettre en œuvre, ne nécessitant que peu de préparation et a un aspect dissuasif sur les témoins de la scène.

L'Ancien Testament ne mentionne pas le crucifiement qui n'était donc pas une peine prévue par la loi juive ; la peine capitale était appliquée chez les Juifs par lapidation.

Chez les Romains cette peine est infâmante et réservée d'abord aux esclaves (voir Spartacus[2]), puis plus tard aux brigands et aux pirates, parfois aux prisonniers de guerre et aux condamnés pour motifs politiques. L'empereur romain Constantin Ier fit abolir le supplice du crucifiement en 313, après son édit de tolérance du christianisme. Des Juifs furent crucifiés sous Alexandre Jannée (Flavius Josèphe Guerre des Juifs 1, 97s) et sur ordre du légat romain Varus (Flav. Jos. Antiquités juives 17, 295).

Selon les textes néotestamentaires, Jésus de Nazareth fut condamné à mort par le préfet romain Ponce Pilate, et exécuté par crucifiement (définissant ainsi le terme précis de sa crucifixion).

[modifier] Déroulement de l'exécution

Le condamné était attaché bras écartés sur une poutre (patibulum) avec des cordages (effet de garrot), éventuellement doublé d'un enclouage des poignets, plus probablement quand il était encore au sol. Les pieds, encloués ou attachés, reposaient sur une console en bois fixée sur le montant vertical (stipes). Cette barre transversale était fixée, soit au sommet (crux commissa en forme de T), soit en-dessous (crux immissa) de la pièce verticale fichée en terre. Le condamné peut aussi être cloué à un arbre.

La mort survient par asphyxie : dans la position du crucifié, les muscles des épaules, pectoraux et intercostaux soutiennent le corps, et se fatiguent rapidement. Or, ces muscles sont ceux qui assurent la respiration. Pour les soulager, le condamné se soulève sur ses pieds éventuellement encloués, créant une nouvelle douleur. Les muscles des jambes se fatiguent à leur tour et le corps retombe. Cette alternance entre blocage et détente respiratoire finit par créer des crampes conduisant à l'asphyxie.

Pour accélérer la mort, les jambes du condamné sont brisées à la barre de fer (crurifragium). Le condamné ne peut plus alors se redresser et s'épuise rapidement[3].

La peine est parfois précédée de supplices préliminaires (flagellation), censés « préparer » le condamné au crucifiement, sans l'achever prématurément[4]. Le supplicié devait ensuite porter sa croix[5]. (ou selon les sources, uniquement le patibulum) jusqu'au lieu de l'exécution[6]. On peut noter que le mot français "patibulaire", issu du mot latin "patibulum", signifie "qui mérite de porter une croix".

Contrairement à ce que laisse penser la tradition picturale, les clous n'étaient pas enfoncés dans les paumes des mains, ce qui aurait déchiré les chairs, mais dans les os des carpes. La croix de Jésus était vraisemblablement une crux immissa puisque, selon les Évangiles, un écriteau était fixé au sommet, et relativement haute puisqu'un soldat lui donne à boire avec une éponge imprégnée de vinaigre au bout d'une branche d'hysope.

Crucifiement de Pierre, vitrail du XVIe siècle, Notre-Dame des Andelys
Crucifiement de Pierre, vitrail du XVIe siècle, Notre-Dame des Andelys

[modifier] Persistance

Durant la Seconde Guerre mondiale, les nazis ont exécuté des condamnés par crucifiement, afin de se livrer à des « expériences médicales ». Selon leur constitution, les condamnés survivaient entre une dizaine de minutes et plusieurs heures.

Chaque année aux Philippines, des fanatiques religieux se font volontairement fouetter et crucifier (parfois même avec des clous) afin d'endurer les mêmes souffrances que le Christ[7].

[modifier] Voir aussi

wikt:

Voir « crucifiement » sur le Wiktionnaire.

[modifier] Notes et références

  1. Au sens grec ou romain : dont on ne comprend pas la langue.
  2. Si dans le film de Stanley Kubrick, Spartacus est crucifié, le vrai Spartacus est mort en combattant
  3. Friedlieb, Archaeol. d. Leidensgesch. pp.163 - 168 ; Nebe, les États-Unis ii. pp 394, 395.
  4. Quinte-Curce, VII, 11, 28.
  5. Plutarque et Artémidore parlent de cette coutume dans divers endroits.
  6. ordinairement situé hors de la ville (Plaute, Miles gloriosus).
  7. BBC News | ASIA-PACIFIC | In pictures: Philippines crucifixions