Crise du troisième siècle

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Monarchie romaine
753509 av. J.-C.
République romaine
50927 av. J.-C.
Empire romain
-27476 ap. J.-C.

Dynasties impériales du Principat
Dynasties impériales du Dominat
Empire romain d'Occident
395476 ap. J.-C.
Empire romain d'Orient
3951453 ap. J.-C.
Série Rome antique


On appelle Crise du troisième siècle la période partant de 235 (mort de Sévère Alexandre, début du règne de Maximin) à 285 (mort de Carin, début du règne de Dioclétien).

Au cours de ce demi siècle, l'Empire romain est plongé dans une des plus difficiles phases de son histoire . Les souverains ne parviennent pas à assoir leur autorité, de nombreux usurpateurs se proclament Empereurs, et l'Empire est en proie aux invasions barbares.

Sommaire

[modifier] Les origines de la crise

Les historiens s'interrogent encore sur les raisons de la crise profonde que traverse l'empire romain au troisième siècle. certaines causes extérieures à l'Empire peuvent l'expliquer. En Orient, l'Empire parthe déliquescent laisse la place à l'Empire Sassanide dans le second quart du IIIe siècle. cet empire puissant, bien structuré et agressif fait peser une pression constante sur les provinces d'Asie. Au nord-est de l'Europe, les Germains orientaux qui vivent dans les régions de la Mer Baltique entament une lente migration vers le Sud et le Sud-Est européen. Ce faisaint, ils chassent les autres tribus qui se trouvent sur les territoires qu'ils travervent. Celles-ci cherchent à trouver refuge dans l'Empire romain en espérant y trouver de nouvelles terres et un riche butin[1]. Leurs incursions mettent à jour la faiblesse de la stratégie défensive romaine. En effet, les légions sont massées aux frontières. Une fois franchi le limes, les barbares peuvent ravager sans presque aucune entrave les provinces.

Les difficultés internes sont dues à l'éloignement de plus en plus grand des militaires prêts à imposer de lourds sacrifices aux civils pour protéger le limes et de la classe possédante qui accepte difficilement l'accroissement de ses charges fiscales. Sur le plan politique, cela se traduit par la montée de la classe équestre, titulaire des grandes préfectures et de plus en plus présente dans les provinces comme gouverneur à la place de la classe sénatoriale[2]. De plus à partir de 250, l'Empire romain est touché par une épidémie de peste qui entraînent une dépopulation et une crise économique dont souffrent principalement l'Occident déjà ravagé pat les incursions germaniques.

[modifier] L'instabilité impériale

[modifier] L'Anarchie militaire

La période comprise entre 235 et 268 est assez mal connue. Seize empereurs se sont succédé, faits et défaits par le sort des armes. Ainsi Maximin Ier le Thrace est le premier simple soldat à devenir empereur par la volonté seule de ses soldats[3]. Il déploie une grande énergie pour sécuriser la frontière face aux Daces et aux Sarmates. Il persécute les chefs de l'Église chrétienne à Rome[4]. Il exige de la classe sénatoriale et des provinces de lourds impôts pour faire face aux dépenses militaires. Il multiplie les amendes et les confiscations[5]. Cette pression fiscale provoque la révolte des grands propriétaires d'Afrique. Ils arment leurs colons et leurs esclaves pour tuer un procurateur impitoyable[6]. En 238, ils portent au pouvoir Gordien Ier âgé de 80 ans en association avec son fils Gordien II reconnus rapidement par le sénat romain. Les deux Gordiens sont rapidement battus. Maximin est tué devant Aquilée de même que Pupien et Balbin, choisis par le sénat comme nouveaux Augustes. À la fin de 238, Gordien III (238-244) le petit-fls de Gordien Ier devient empereur à l'âge de 13 ans[7]. Il périt assassiné à l'instigation du préfet du prétoire alors qu'il mènait campagne contre les Sassanides. Ce dernier devient empereur sous le nom de Philippe l'Arabe (244-249) car il d'origine indigène. Il célèbre le millénaire de la fondation de Rome avec faste. Il doit éliminer plusieurs concurrents. Il confit à l'énergique Messius Quintus Decius le soin de repousser le Goths qui ravagent les Balkans. Après sa victoire, les soldats de ce dernier le proclament empereur à son corps défendant[8]. C'est en le combattant que Philippe l'Arabe est tué. Dèce (249-251), un illyrien d'origine romaine cherche à gouverner en accord avec le sénat, fait rare dans ce siècle d'empereurs-soldats. C'est le premier empereur tué par des barbares, lors de la lourde défaite d'Abrittus face aux Goths en 251. Trébonien Galle (251-253), Émilien (253) se succèdent à un rythme rapproché. Ce dernier ne règne que quatre-vingt-huit jours.

Valérien (253-260) âgé de 70 ans, régne associé à son son fils Gallien (253-268). Celui-ci est le dernier aristocrate à parvenir à l'Empire[9]. Les deux hommes sont en effet issus d'une famille sénatoriale romaine. Ils se partagent la défense de l'empire: à Gallien l'Occident, à Valérien l'Orient. Ils doivent faire face aux incursiens des Alamans et des Francs en Gaule et à l'offensive du souverain sassanide Sapor en Syrie. En 260, Valérien est même fait prisonnier par les Perses et finit ses jours comme esclave en Iran. Gallien resté seul empereur parvient à stopper une invasion des Alamans en les battant en Italie du Nord. Il abandonne la Dacie conquise par Trajan qui est devenue trop diffcile à défendre et fixe la frontière de l'Empire sur le Danube. Mais il doit faire face à de nombreuses usurpations, celle de de Macrien et de Quiétus en Orient, de Régalien en Pannonie et de Postume en Gaule qui proclame l'Empire des Gaules. Odénat s'empare de nombreuses provinces orientales et déclara l'indépendance du royaume de Palmyre. C'est l'époque des Trente Tyrans. Gallien ne contrôle plus que l'Illyrie et finit par succomber au complot d'un des nombreux usuparteurs.

[modifier] Les empereurs illyriens

Les empereurs qui règnent de 268 à 284 sont presque tous d'origine illyrienne. Ce sont presque tous des militaires à qui l'armée a donné une grande rigueur et la foi en l'éternité de l'Empire romain. Ils témoignent de la militarisation de l'Empire.

Claude II le Gothique (268-270) parvient à vaincre les Alamans et les Goths d'où son surnom. Par contre il laisse les souverains de Palmyre prendre la contrôle de tout l'Orient romain. Il meurt de la peste à Sirmium. Quintillus (270) le frère de l 'empereur défunt ne règne que trois mois. Aurélien (270-275) est porté au pouvoir par ses troupes à Sirmium. après avoir écrasé à Rome une révolte des ouvriers des ateliers de frappe monétaire, il entreprend de construire un vaste rempart pour protéger la ville, le mur d'Aurélien. Il pavient à vaincre les barbares qui menacent l'Italie met fin au royaume de Palmyre en 273 et à l'Empire des Gaules en 274. Il périt assassiné par son entourage en 275. Marcus Claudius Tacite (275-276) âgé de 75 ans périt dans des circonstances mystérieuses alors qu'il partait combattre les Goths. Probus (276-282) porté au pouvoir par ses soldats remplace l'éphémère Florien (276). Il élimine les dernières menaces barbares mais périt assassiné par ceux-là mêmes qui l'ont porté au pouvoir.Carus (282-283) meurt mystérieusement en faisant campagne contre les Perses. Ses fils, Carin (Occident)(283-285) et Numérien (Orient) (283-284) sont victimes des intrigues de leur entourage.

[modifier] Les transformations après 260

Gallien entame une mutation profonde de la stratégie militaire. Il répartit en profondeur les moyens de défense en plaçant dans les principaux nœuds routiers de l'Illyrie des détachements des légions frontalières. Il constitue une importante cavalerie avec un commandement autonome. Il exclut les sénateurs des emplois militaires et les remplacent par des chevaliers. Il fait entrer dans l'armée des barbares vaincus amorçant par la même la barbarisation de l'armée[10]. L'armée absorbe une part toujours plus grande des ressources de l'État. Un impôt spécial, l'annone militaire est prélevé pour son entretien.

Les fonctions de général en chef et de chef de guerre victorieux que tient traditionnellement l'empereur sont renforcés dans ces périodes de guerres incessantes. À côté des qualificatifs habituels comme felix, on associe de plus en plus le terme invictus. En effet, un empereur vainqueur peut espérer la fidélité de ses sujets et de ses troupes. En cas de défaite militaire, des concurrents apparaissent parmi les autres généraux. Les empereurs essaient cependant de trouver une légitimité en transformant le culte impérial. Aurélien est considéré comme un dieu sur terre. Sur ses monnaies, on peut trouver l'inscription deus et dominus natus. L'empereur est donc divinisé de son vivant.

Les difficultés de IIIe siècle donnent à penser aux Romains qu'ils ont été abandonnés par les dieux. Ils pensent donc que restaurer les cultes traditionnels est indispensable pour obtenir de nouveaux la faveur des dieux. dans ce cadre, le christianisme alors en pleine expansion apparait comme le responsable de la rupture avec les divinités. Les chrétiens sont d'autant plus suspects qu'ils refusent le culte impérial. Dèce, en 250, impose à tous les citoyens de faire des sacrifices aux dieux pour le salut de l'empereur. Beaucoup de chrétiens obéissent. Ceux qui refusent sont persécutés jusqu'à la mort de Dèce en 251. Valérien renouvelle l'obligation de sacrifices entraînant des persécutions à l'égard de nombreux chrétiens. Sa politique est aussi certainement due au désir de trouver de nouvelles ressources en confisquant les biens de chrétiens exécutés[11]. En 260, son fils Gallien publie un édit de tolérance maintenu par ses successeurs pendant 40 ans.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Références

  1. M Christol et D Nony, des origines de Rome aux invasions barbares, Hachette, 1974. p. 191
  2. M Christol et D Nony, p. 192, 193
  3. Eutrope, Abrégé de l'Histoire Romaine, IX, 1.
  4. Eusèbe, Histoire ecclésiastique, VI, 28
  5. Paul Petit, Histoire général de l'Empire romain, T. 2 La crise de l'Empire, Seuil, 1974, p. 168
  6. S Mazzarino, L'insurrection de Gordiens et l'Afrique romaine, Eos, 1969-1970, p. 197-211. référence citée dans la crise générale del 'Empire romain de Paul Petit, 1974.
  7. M Christol et D Nony, p. 192
  8. Paul Petit, p. 170
  9. M Christol et D Nony, p. 196
  10. M Christol et D Nony, p. 197
  11. Paul Petit, p. 174

[modifier] Bibliographie

  • Michel Christol et Daniel Nony, Des origines de Rome aux invasions barbares, Hachette, 1974.
  • Paul Petit, Histoire général de l'Empire romain, T. 2: La crise de l'Empire, Seuil, 1974.
  • Paul Veyne, " L'Empire gréco-romain ", Paris, Le Seuil, 2005.

[modifier] Sources latines et grecques (Historiographie latine)

  • Anonyme, Histoire Auguste, Robert Laffont coll. Bouquins, 1984 et dans Wikisources
  • Eutrope, Abrégé de l'histoire romaine dans [1]
  • Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique, Cerf, 2003.
  • Hérodien, Histoire des empereurs romains de Marc Aurèle à Gordien III dans [2]

[modifier] Liens internes

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