Ciclosporine
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Ciclosporine
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Nomenclature IUPAC | |
[R-[[R*,R*-(E)]]-cyclic(L-alanyl- D-alanyl-N-methyl-L-leucyl- N-methyl-L-leucyl-N-methyl- L-valyl-3-hydroxy-N,4-dimethyl- L-2-amino-6-octenoyl-L-α-amino- butyryl-N-methylglycyl-N-methyl- L-leucyl-L-valyl-N-methyl-L-leucyl) | |
Identifiants | |
Numéro CAS | |
Code ATC | L04 |
PubChem | |
Données chimiques | |
Formule brute | C62H111N11O12 |
Masse molaire | 1202.61 g/mol |
Classe thérapeutique | |
Immunosuppresseur Inhibiteur de la calcineurine |
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Données pharmacocinétiques | |
Biodisponibilité | variable |
Métabolisme | Hépatique |
Demi-vie d'élim. | variable (environ 24 h) |
Excrétion | Biliaire |
Considérations thérapeutiques | |
Voie d'administration | Orale Intraveineuse Topique |
Précautions | Néphrotoxicité |
Unités du SI et en CNTP, sauf indication contraire |
La Ciclosporine (plus rarement cyclosporine) est un agent immunosuppresseur dont l'utilisation thérapeutique, dès le début des années 1980, a permis un essor considérable du domaine de la transplantation d'organes en prévenant le rejet aigu des allogreffes. Aujourd'hui encore largement employée en transplantation (peau, cœur, rein, poumons, pancréas, moelle osseuse, intestin grêle), quoique concurrencée par des molécules plus récentes, la ciclosporine a également des applications en dermatologie et dans le traitement de certaines maladies auto-immunes.
Initialement isolée dans un échantillon de sol en Norvège, la Ciclosporine A est la forme principale du médicament. Il s'agit d'un peptide cyclique de onze acides aminés synthétisé par un champignon microscopique, Tolypocladium inflatum. Elle comporte des acides aminés dextrogyres, rarement rencontrés dans la nature[1].
Sommaire |
[modifier] Indications
Les propriétés immunosuppressives de la ciclosporine ont été découvertes le 31 janvier 1972 par le laboratoire Sandoz (devenu Novartis) à Bâle, au cours d'une étude sur l'immunosuppression dirigée par le docteur Hartmann F. Stähelin (qui découvrit aussi l'étoposide). L'efficacité de la ciclosporine A dans la prévention du rejet des allogreffes fut démontrée d'abord pour les transplantations hépatiques par le docteur Thomas Starzl, de l'Université de Pittsburgh. La première patiente à en avoir bénéficié était une femme de 28 ans, le 9 mars 1980[2]. La Ciclosporine fut autorisée en 1983.
Outre le domaine de la transplantation d'organes, la ciclosporine est utilisée en dermatologie pour le traitement des formes les plus sévères de psoriasis et de dermatite atopique. En rhumatologie elle est un traitement d'indication exceptionnelle de la polyarthrite rhumatoïde et de maladies apparentées. Elle a été étudiée dans plusieurs autres maladies auto-immunes, dans la rectocolite hémorragique en cas de non-réponse aux corticoïdes[3] et dans certaines uvéites postérieures ou moyennes non infectieuses.
La ciclosporine A a fait l'objet d'études comme possible agent neuroprotecteur dans les traumatismes crâniens et a fait la preuve expérimentale de son eficacité pour réduire les lésions cérébrales associées aux traumatismes[4]. La ciclosporine A bloque la formation du pore de transition de perméabilité mitochondriale, canal de la membrane mitochondriale impliqué dans la genèse des lésions liées aux traumas crâniens et aux maladies neurodégénératives
[modifier] Mode d'action
Il reste imparfaitement connu. Il est actuellement admis que la ciclosporine se lie à la cyclophiline, une protéine cytosolique des lymphocytes immunocompétents, particulièrement des lymphocytes T. Le complexe Ciclosporine-Cyclophiline inhibe la calcineurine, protéine phosphatase qui dans des circonstances normales active la transcription du gène de l'interleukine 2. Il inhibe également la production de lymphokine et la libération d'interleukine, conduisant à une réduction d'activité des lymphocytes T effecteurs.
La ciclosporine A exerce aussi une activité sur les mitochondries. Elle inhibe l'ouverture du pore de transition de perméabilité, bloque en conséquence la libération du cytochrome C dans le cytosol. Par ce mécanisme, elle est un inhibiteur de l'apoptose.
[modifier] Effets indésirables et interactions
Le traitement par ciclosporine est associé à un risque non négligeable de complications et d'interactions médicamenteuses. Les effets indésirables les plus documentés de la ciclosporine A sont la néphrotoxicité et les maladies opportunistes qui résultent de l'immunosuppression (infections, plus rarement cancers). Les autres effets adverses sont variés, non spécifiques et rarement graves.
Une forme alternative du médicament, la Ciclosporine G, a montré une néphrotoxicité moindre que la ciclosporine A[5]. Elle en diffère par la position du second acide aminé, où une L-norvaline remplace l'acide α-aminobutyrique[6].
[modifier] Formulations
Le médicament est commercialisé par Novartis sous les noms Sandimmun ® (présentation originale) et Neoral ® (microémulsion la plus récente). Les formes génériques ont été commercialisées sous divers noms (Cicloral ® par Sandoz, Gengraf ® par Abott). Depuis 2002 la ciclosporine est disponible en émulsion topique pour le traitement de la kératoconjonctivite sèche sous le nom Restasis ®.
Le médicament est également formulé pour certaines préparations vétérinaires pour le traitement de la dermatite atopique canine. La ciclosporine est efficace chez le chien à moindre dose et avec moins d'effets indésirables.
[modifier] Références
- ↑ (en)Borel JF, « History of the discovery of cyclosporin and of its early pharmacological development », dans Wien. Klin. Wochenschr., 114, p. 433-7
- ↑ (en)Starzl TE, Klintmalm GB, Porter KA, Iwatsuki S, Schröter GP, « Liver transplantation with use of cyclosporin a and prednisone », dans N. Engl. J. Med., 305, p. 266-9
- ↑ (en)Lichtiger S, Present DH, Kornbluth A, et al, « Cyclosporine in severe ulcerative colitis refractory to steroid therapy », dans N. Engl. J. Med., 330, p. 1841-5
- ↑ (en)Sullivan PG, Thompson M, Scheff SW, « Continuous infusion of cyclosporin A postinjury significantly ameliorates cortical damage following traumatic brain injury », dans Exp. Neurol., 161, p. 631-7
- ↑ (en)Henry ML, Elkhammas EA, Davies EA, Ferguson RM, « A clinical trial of cyclosporine G in cadaveric renal transplantation », dans Pediatr. Nephrol., 9 Suppl, p. S49-51
- ↑ (en)Calne RY, White DJ, Thiru S, Rolles K, Drakopoulos S, Jamieson NV, « Cyclosporin G: immunosuppressive effect in dogs with renal allografts », dans Lancet, 1, p. 1342