Calanques de Marseille

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Les calanques de Marseille s'étendent sur plus de vingt kilomètres de côtes sur la mer Méditérranée entre le village des Goudes, quartier du sud-ouest de la ville de Marseille, et Cassis, dans les Bouches-du-Rhône. C'est un des sites les plus remarquables de France, et une zone majeure de ressources naturelles et d'activités sportives pour son million de visiteurs annuels. Le massif pourrait devenir un Parc national en 2009.

Calanques de Marseille
Continent Europe
Pays France France
Point culminant Mont Puget (565 m)
Longueur 20 km
Largeur 3 à 4 km
Superficie
Chaîne principale
Âge du massif
Type de roches roche sédimentaire, roche métamorphique

Sommaire

[modifier] Géographie

Le massif des Calanques avec une profondeur de 4 kilomètres est la frange côtière des massifs de Saint-Cyr et Marseilleveyre. Ses points culminants sont le sommet de Marseilleveyre (432 m) et le mont Puget (565 m).

[modifier] Géologie et hydrologie

[modifier] Géologie du massif

Icône de détail Pour consulter un article plus général, voir Calanque

Les calanques de Marseille font partie des formations décrites sur la côte rocheuse du sud-est de la France comme des calanques. Creusées dans un calcaire résistant ou dans la roche granitique, les calanques composent de nombreux paysages des côtes méditerranéennes. On peut les rapprocher, quant à leur forme, des rias ou des abers bretons ou des fjords.

Panorama des calanques de Morgiou et Sugiton. À l'horizon, le cap Canaille et à son extrémité, le Bec de l'aigle.
Panorama des calanques de Morgiou et Sugiton. À l'horizon, le cap Canaille et à son extrémité, le Bec de l'aigle.

[modifier] Hydrologie

L'eau de mer y est souvent plus fraîche car les falaises tombent droit sous la mer sans réel plateau côtier et parce que de nombreuses sources d'eau douce s'écoulent dans la mer, sous sa surface, par un réseau souterrain qui recueille les eaux de ruissellement des montagnes (Marseilleveyre) et des plateaux (Carpiagne).

Toutes les côtes calcaires ont connu ce phénomène quand la mer est descendue de 120 m avant de remonter noyant les sources et les ruisseaux. En Méditerranée, au Messinien entre -7 et -5 millions d’années, la mer, pratiquement disparaissant, son niveau est "descendu" de 1000 à 1500 m.

Ainsi, une rivière souterraine de débit important (de 5 à 7 m3/sec) aboutit dans la calanque de Port-Miou, presque au niveau de la mer ; elle semble provenir de la Sainte-Baume et serait alimentée par un aquifère de 1000 km² sous la Provence. Un tel débit permettrait d'alimenter en eau potable plus d'un million de personnes. Dès l’Antiquité, cette source est connue (Pythéas en fait mention). Cependant d'après les plongées effectuées, c'est une eau saumâtre car elle subit des remontées d’eau de mer par des failles et, par ailleurs, elle est contaminée par le rejet des boues rouges (issus du traitement de la bauxite) rejetées à 300 m au large dans la baie Cassis[1].

Icône de détail Article détaillé : résurgence de Port-Miou.

Une autre source karstique aboutit à quelques décimètres sous l'eau de la plage du Bestouan (à la sortie ouest de Cassis), rendant l'eau de cette plage extrêmement froide même au cœur de l'été, ce qui surprend les touristes ne s'attendant pas à trouver la Méditerranée à cette température.

[modifier] Climat

Le climat est un climat méditerranéen, avec une aridité forte, l'essentiel de l'humidité provenant de l'évaporation marine et de pluies d'automne et d'hiver, fortes mais séparées par de longs épisodes de sécheresse et ne profitant que très partiellement à la végétation à cause du ruissellement.

La moyenne de la pluviosité est de l’ordre de 600 mm par an et le cap Croisette, point d'entrée des Calanques au Sud de Marseille, avec 360 mm en moyenne, est la zone la plus aride de France. La violence de certaines précipitations est extrême : ainsi Météo France a relevé le 1er décembre 2003 une hauteur d'eau de 218 mm à Marseille et 235 mm à Cassis pour une pluie n'ayant duré que deux heures ; à comparer avec les 100 mm relevés par Météo France lors de l'orage du 17 mai 1971 sur la Dordogne, considéré comme remarquable.

Des températures élevées avec de très fortes variations de vents, mistral et vent du nord-ouest représentent 43 % des jours ventés et ceci a une grande implication sur l’évaporation et en particulier, au niveau du littoral.

Dans la zone marine, ces vents induisent des courants très forts et des remontées d’eaux profondes et lorsque le mistral a soufflé, on peut avoir en fonction des remontées d’eaux profondes, des variations de températures qui peuvent baisser en quelques heures de 23 - 25 ° à 13 - 15°, température des eaux profondes de la Méditerranée. Mais ce sont aussi ces remontées d’eaux profondes qui enrichissent la zone en minéraux et qui permettent une biodiversité qui peut assez bien se développer.

[modifier] La flore du massif

Le massif des calanques constitue un écosystème particulier. Le sol y est quasi inexistant, les falaises calcaires prolongées d'éboulis sont parcourues de très nombreuses failles et fissures dans lesquelles s'ancrent les racines des végétaux.

Cette xéricité associée aux embruns salés conditionne la subsistance d'une végétation adaptée : bruyère multiflore erica, coussins épineux de l'astragale de Marseille, laurier-tin, chêne kermès, salsepareille, pin d'Alep et genévrier accompagnent des espèces endémiques comme la fougère scolopendre ou l’herbe à Gouffé, qui est quasiment un des symboles des calanques.

Au total, on peut considérer que 83 espèces sont protégées nationalement ou régionalement, soit inscrites sur la liste des espèces menacées.

L’inventaire des habitats qui a été effectué dans le cadre des études de Natura 2000 recense vingt six habitats naturels auxquels il faut ajouter quarante habitats mixtes. Il y a quatre grands ensembles, les habitats rocheux avec les falaises et les éboulis, les habitats forestiers avec pinède climaciques, les habitats ouverts que sont les pelouses et les garrigues ainsi que les habitats littoraux. Il existe un cinquième ensemble d’habitats dont vous ne verrez pas d’images, strictement lié aux sources. Sa surface est très limitée, ce sont les habitats humides, ils sont rares et il faut donc les protéger très fortement.

[modifier] La faune du massif

Un puffin cendré.
Un puffin cendré.

La faune des calanques est soit adaptée, le plus souvent et en particulier pour les insectes, soit relique comme l’aigle de Bonelli. Les oiseaux nicheurs sont remarquables et le massif abrite un très fort pourcentage d’oiseaux marins puisque 30 % de la population des puffins cendrés et des océanites tempêtes de France se trouvent dans ce massif, ainsi que 10 % des puffins de Méditerranée.

Pour les invertébrés, qui sont très bien adaptés au milieu, il s’agit soit de coléoptères comme le grand capricorne qui ont des élytres qui les protègent de la dessiccation, soit de lépidoptères, c'est-à-dire des papillons et surtout de micros papillons.

[modifier] Les calanques de Marseille à La Ciotat

Carte des calanques entre Marseille et la Ciotat
Carte des calanques entre Marseille et la Ciotat


Les calanques de Marseille se trouvent sur les territoires communaux de Marseille pour l'essentiel et de Cassis (pour celle de Port-Miou) sont d’Ouest en Est (les principales sont en caractères gras) :

Calanque d'En Vau
Calanque d'En Vau
  • la calanque de Callelongue : port, restaurant, centre de plongée UCPA, accessible en bus (ligne n°19/20) et en voiture;
  • la calanque de la Mounine,
  • la calanque de Marseilleveyre : plage, bar-restaurant, centre de plongée, accessible à pied depuis Callelongue;
  • la calanque des Queyrons;
  • la calanque de Podestat;
  • la calanque de Cortiou : présence de l'émissaire de la station d'épuration des eaux usées de Marseille;
  • la calanque de Sormiou : village et petit port, accès en voiture restreint;
  • la calanque de Morgiou : village et petit port, accès en voiture restreint;
  • la calanque de Sugiton : très fréquentée, «familiale», accessible à pied depuis Luminy (bus n°21 ou en voiture);
  • la calanque des Pierres-Tombées : accessible à pied depuis Sugiton, calanque naturiste renommée;
  • la calanque de l'Œil de Verre : d'accès difficile, plutôt réservée aux randonneurs;
  • la calanque du Devenson;
  • la calanque de l'Oule : quasi-inaccessible;
  • la calanque d'En-Vau : plage, lieu d'escalade très renommée[2];
  • la calanque de Port-Pin : accessible à pied depuis Cassis
  • la calanque de Port-Miou : accès en voiture à proximité, ancienne carrière, aménagée en port de plaisance, c'est la seule calanque qui fait partie de la commune de Cassis;

[modifier] Points majeurs

[modifier] Site de promenade et d’escalade

Calanque de Sugiton (en haut à gauche : la Grande Candelle, au fond les falaises de Cassis)
Calanque de Sugiton (en haut à gauche : la Grande Candelle, au fond les falaises de Cassis)
Calanque de Port-Miou (Cassis)
Calanque de Port-Miou (Cassis)

[modifier] Le GR 51 et ses variantes

Le massif attire toute l'année de nombreux touristes et randonneurs grâce au vaste choix de sentiers accrochés entre la mer et les reliefs tortueux. Le GR 51 traverse la plupart de celles qu'on trouve en Provence. Offrant un espace visuellement très préservé à proximité directe de cités parfois très étendues, elles concrétisent les problèmes de surfréquentation en milieu naturel fragile. En raison des risques d'incendie, et par arrêté préfectoral, les massifs sensibles de l'ensemble du département des Bouches du Rhône sont fermés au public du 1er juillet jusqu'au 2ème dimanche de septembre inclus; les calanques de Marseille ont été concernées par cette interdiction jusqu'à l'été 2007, où l'expérience a été tentée de ne fermer l'accès que les jours de mistral.. Il est préférable de se renseigner auprès de la préfecture des Bouches-du-Rhône.

[modifier] Un site exceptionnel d'escalade

De nombreux sites d'escalade y sont équipés depuis les années 1970: ces calanques sont l'un des plus beaux massifs de la Liste des sites d'escalade en France. . Le plus vaste massif calcaire de France à basse altitude, offrant plus de 100 km de voies. On y trouve des voies intéressantes de toutes difficultés, de une à cinq étoiles.

[modifier] Site de plongée

La grotte Cosquer est située au-dessus du niveau de la mer, sous la pointe de Morgiou, mais son entrée est à - 37 m de fond, un long boyau remontant vers la grotte. À la suite d'un accident mortel de plongée, cette entrée est interdite. Ses parois sont ornées de peintures et gravures datant de 27 000 à 19 000 ans avant J-C et représentent des animaux terrestres (bisons, bouquetins, chevaux…) aussi bien que marins (phoques, pingouins…). L'entrée aujourd'hui immergée était située à près de cent mètres au-dessus du niveau de la mer à l'époque où les dessins et empreintes furent exécutés, pendant la régression marine provoquée par la dernière glaciation.

Devant le massif des calanques de Marseille, deux épaves romaines ont été fouillées lors d'une des premières grandes campagnes de la Calypso du Commandant Cousteau, au pied de l'îlot du Grand-Congloué. Récemment a été retrouvée au pied de l'île Jaïre l'épave du navire qui apporta à Marseille la terrible peste de 1720.

À un demi-mille à l'est de l'île de Riou, devant le massif, l'association Aéro-Relic et la société marseillaise Comex ont en 2003 remonté à la surface l'épave de l'avion militaire de type Lockheed P-38 Lightning du célèbre écrivain-aviateur Antoine de Saint-Exupéry, disparu le 31 juillet 1944 lors d'une mission de reconnaissance préparant le débarquement des Alliés (15 août) sur les côtes de Provence.

Les amateurs de plongée peuvent descendre visiter l'épave du paquebot "Liban", échoué contre le tombant de l'île Maïre, à l'extrémité ouest du massif.

[modifier] Le naturisme

Le naturisme, phénomène social contemporain en plein développement, est apparu en 1929 dans les calanques de Marseille dans le contexte des conférences et publications d'un médecin marseillais, le docteur Joseph Poucel, hygiéniste réputé, et l'un des pionniers du naturisme français. Un des lieux les plus connus, la calanque des Pierres-Tombées, située après celle de Sugiton, a été en février 2006 le lieu d'un éboulement mortel[3].

[modifier] Gestion du massif

L'essentiel des Calanques se trouvent sur le territoire communal de la ville de Marseille (8e et 9e arrondissements). Seule la calanque de Port Miou est sur le territoire de la commune de Cassis.

[modifier] Protection au titre des sites classés

Le massif des Calanques et l’archipel de Riou forment un site classé depuis 1975 pour la terre, et depuis 1976 pour la bande maritime des 500 mètres. La surface de l’ensemble du site est d’environ 7 200 hectares 5 585 terrestre et 2 207 marin[4].

[modifier] Le GIP des Calanques

85 % du massif appartient à des propriétaires publics. Un groupement d'intérêt public [5]a été créé par l'Etat, la Ville de Marseille, le département des Bouches du Rhône, la région PACA, les associations et les propriétaitres privés. Le GIP des Calanques fut la première structure dans le domaine de l’environnement à être créée, le 17 décembre 1999. Il est constitué pour huit ans. Son objet est double : concertation sur les mesures de protection et préparation du projet de Parc national.

[modifier] Le projet de Parc National

Un premier projet de Parc national des Calanques est actuellement à l'étude. Un projet de loi avait été déposé en 2005 à l'Assemblée nationale, mais il n'a pas eu de suite. Du fait de la nouvelle règlementation sur les Parcs nationaux, intervenue en 2006, un dossier sera déposé par le GIP auprès du Premier ministre avant la fin de 2007. Après approbation, le Parc pourrait être créé en 2009.

[modifier] Notes et références de l’article

  1. Source National Geographic ed. française n° 95 aout 2007
  2. Sa proximité de Cassis a fait que de nombreux touristes ont appelé cette calanque, puis toutes les voisines, les « calanques de Cassis », alors qu'elles sont toutes, sauf une, sur le territoire de la commune de Marseille.
  3. l'arrêté municipal interdisant l'accès au site des pierres tombées semble avoir été rapporté ; en tous cas, il n'en est plus fait mention à Luminy à l'entrée du chemin qui y mène. Cela étant, tous les connaisseurs du massif soulignent depuis longtemps la dangerosité du secteur
  4. Décret de 1975 et 1976
  5. Un Groupement d’Intérêts Publics (GIP) permettent d’associer des personnes publiques (Etat, Collectivités locales …) et des personnes privées (associations, particulier ….) et qui peuvent intervenir dans le domaine de la protection et de la gestion de l’environnement depuis la loi relative au renforcement de la protection de l’environnement de 1995.

[modifier] Pour approfondir

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens et documents externes

  • Site du Groupement d'intérêt public des Calanques : [1]
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