Résurgence de Port-Miou

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43° 12′ 19″ N 5° 30′ 47″ E / 43.205207, 5.513045

La résurgence de Port-Miou est une importante résurgence sous-marine (7 m³/s) dans la Calanque de Port-Miou, près de Cassis. Cette ressource de plusieurs mètres-cubes par seconde est le plus grand fleuve de Provence à l'est du Rhône. Il pourrait permettre l'alimentation en eau d'une grande partie de la Basse Provence à l'est de Marseille[1].

Calanque de Port-Miou (Cassis)
Calanque de Port-Miou (Cassis)

Sommaire

[modifier] Caractéristiques géologiques

L'eau circule dans une grotte noyée dont la galerie principale longue de plus de 2 200 mètres a environ 20 mètres de diamètre et descend jusqu'à 170 mètres de profondeur.

Des recherches initiées en 2000 par le karstologue Eric Gilli et conduites sous sa direction par Thomas Cavalera, dans le cadre d'une thèse co-financée par l'Etat et la Société des Eaux de Marseille et appuyée par le Conservatoire du littoral, ont permis de confirmer l'importance de cette ressource et de montrer que ce fleuve souterrain draine une nappe qui s'étend sur plusieurs centaines de kilomètres-carrés. Elle pourrait être largement utilisée par forage et offrir une alternative à l'utilisation de l'eau de surface.

[modifier] Tentatives de captage

En 1972-1973, un barrage sous-marin expérimental fut construit à 500 mètres de l'entrée, par le BRGM et la Société des Eaux de Marseille dans l'espoir de pouvoir capter l'eau douce. Malgré le rehaussement du barrage en 1976, l'eau reste saumâtre (6 g/L) et est donc impropre à la consommation.

L'échec des tentatives précédentes est lié à la géométrie particulière de la grotte noyée dans laquelle circule ce fleuve. Certaines galeries sont effet situées à plus de deux cents mètres sous le niveau marin et se sont probablement mises en place au Messinien il y a près de 6 millions d'années, lorsque la Méditerranée s'est totalement asséchée. Leur existence a été révélée grâce aux exploits des plongeurs spéléologues Marc Douchet puis Jérôme Meynié qui, grâce à l'utilisation de mélanges gazeux, ont respectivement atteint dans la grotte les profondeurs de 147 m en 1993 puis 170 m en 2005. La grotte se poursuit au-delà.

[modifier] Les effets du déversement des boues rouges

Une approche multidisciplinaire comprenant l'analyse bathymètrique du Golfe du Lion et des études paléogéographiques et spéléologiques, a permis de préciser le genèse de ce système.

L'analyse des sédiments et l'étude des variations de débit ont permis de comprendre le mécanisme de la contamination en montrant que de l'eau de mer était aspirée par une galerie profonde qui permet la remontée du sel dans le système jusqu'à environ 2 kilomètres à l'intérieur des terres. Ce phénomène a été révélé grâce à la présence, dans les sédiments de la grotte, de vases marines contaminées par du titane provenant des boues rouges déversées par Péchiney Rio Tinto Alcan à 300 m de profondeur dans le canyon de la Cassidaigne au large des Calanques. Ces boues rouges dont les effets sur le milieu marin sont régulièrement dénoncées par les associations écologistes ont donc aussi un effet sur le milieu continental.

[modifier] Notes et références de l'article

  1. National Geographic ed. française n° 95 aout 2007

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens et documents externes