Caius Mucius Scaevola

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Mucius Scævola par Louis Pierre Deseine, 1791, musée du Louvre
Mucius Scævola par Louis Pierre Deseine, 1791, musée du Louvre

Scævola est le nom d'une famille de patriciens de la Rome antique dont l'origine remonte selon la tradition classique à Caius Mucius Scævola, héros de la guerre que soutint le peuple romain contre le roi étrusque Porsenna, qui, allié à Tarquin le Superbe, prétendait rétablir ce dernier sur le trône de Rome.

Caius Mucius, devant le spectre terrible d'une défaite que faisait craindre le siège de Rome par les Étrusques, décide de lui-même de s'introduire dans le camp ennemi et d'assassiner son roi. Pour éviter qu'on le prenne pour un déserteur, il met le Sénat au courant de sa décision. Avec le consentement, donc, des pères conscrits, il traverse le Tibre et habillé à la manière d'Étrurie réussit à entrer le soir dans la tente de campagne de Porsenna. Mais en craignant que s'il ne se hâtait pas, il pourrait être découvert avant de mener à bout ses intentions, il se précipite sur la personne que, en raison de ses beaux habits, il a confondue avec le roi et la blesse mortellement.

Aussitôt, il se voit entouré par les soldats de la garde royale qui, sur ordre de Porsenna, brandissent des torches et menacent de le soumettre au feu s'il ne révèle pas qui il est, par où il est arrivé et combien se trouvaient avec lui. Dans cette situation, Caius Mucius, se punissant lui-même et montrant en même temps son entière résolution devant ceux qui l'ont capturé, introduit dans un brasero qui se trouvait à côté de lui sa main droite – cette même main droite qui avait portée son épée dans le corps de la mauvaise personne – et, en même temps que le feu consume rapidement sa chair, au milieu du bruit affreux et de la fumée qui se dégage, s'exclame avec impassibilité totale : « Le corps est peu de chose, pour celui qui n'aspire qu'à la gloire » (Tite-Live, Décades).

Porsenna, admirant le courage suprême et la valeur du jeune homme, décide de lui laisser la vie ; aussi Caius Mucius fait-il mine de se montrer reconnaissant et de se résoudre à avouer au roi ce que par la force il ne pourrait pas lui faire avouer, c'est-à-dire que des douzaines de jeunes gens avaient prêté serment de mettre un terme à la vie du roi ou de mourir dans cette tentative, et qu'à ce même moment certains étaient en train de rôder autour du camp. Prêtant foi à cette invention du Romain, et craignant qu'il s'agît de jeunes aussi courageux que celui-ci, Porsenna décide de retirer ses troupes et de mettre fin à la guerre.

Après cet exploit, et comme sa main droite était définitivement invalide, Caius Mucius reçut le surnom de Scævola, qui en latin signifie « gaucher ». Ses descendants conservèrent fièrement son surnom.

L'histoire de Scævola a fasciné une infinité de personnes au cours de l'histoire, dont Jean-Jacques Rousseau qui, dans le premier livre de ses Confessions, raconte comment ses tuteurs furent effrayés quand, tandis qu'il leur répétait l'histoire qu'il avait lue dans un ouvrage de Plutarque, le virent avancer vers la cheminée. On dit aussi qu'à l'époque où il étudiait la philologie classique, comme un professeur avait déclaré qu'à son avis il n'y avait pas eu ni ne pouvait y avoir de martyrs comme Scævola, Nietzsche disposa un bûcher avec des livres et des cahiers, aidé de certains de ses compagnons, et exposa sa main au feu pendant plusieurs secondes, recevant des blessures qui durèrent plusieurs mois, seulement pour démontrer que son professeur n'avait aucune certitude.

Scaevola a inspiré l'opéra en trois actes (« pasticcio ») Muzio Scevola créé à Londres en 1721, qui a la particularité d'avoir été mis en musique par trois compositeurs différents, chacun étant chargé d'un acte : Filippo Amadei, Giovanni Bononcini et Georg Friedrich Haendel.