Tarquin le Superbe

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Série Rome antique

Tarquin le Superbe[1] (Lucius Tarquinius Superbus en latin) fut le septième et dernier roi de Rome, fils de Tarquin l'Ancien et beau-fils de Servius Tullius.

Le dernier roi de Rome est un concentré de négativité : il fera figure de repoussoir, à la fois moral et politique. (Attention toutefois à la "légende noire", écrite par les Répubicains. Le renversement de la monarchie profita surtout aux patriciens de Rome).

Sommaire

[modifier] Jeunesse

Fils ou petit-fils de Tarquin l'Ancien, Lucius Tarquinius et son frère Arruns Tarquinius sont mariés aux filles de Servius Tullius, le roi pensant ainsi se prémunir contre les risques de complot dont avait été victime son prédécesseur, Tarquin l'Ancien[2].

Or Tullia, l'ambitieuse épouse d'Arruns, ne tarde pas à tromper son paisible mari (et au mépris de sa propre sœur) avec Lucius, son beau-frère. Ce ménage dura quelque temps, Tullia communiquant sa folle ambition au jeune Tarquin, puis les deux époux encombrants disparurent opportunément. Devenus libres, les deux amants maudits purent donc s'épouser, malgré la désapprobation du père/beau-père[3].

[modifier] Renversement de Servius Tullius

Poussé par sa femme, Tarquin entreprend alors de faire reconnaître ses droits sur le trône : il cherche appui auprès des sénateurs, puis forme une escorte de jeunes gens avec laquelle il envahit le forum. Il crée du tumulte puis s'assoit sur le trône du roi[4]. Servius intervient. Pris de court,Tarquin le saisi par la taille et le jette au bas des marches,avant de le faire assassiner par ses gardes[[Media:]]. Tite-Live raconte que, rentrant chez elle, Tullia aurait roulé sur le corps ensanglanté de son père[5].

[modifier] Un véritable tyran

Maître du trône par un crime (534 av. J.-C.), c'est par des violences sans fin qu'il prétend s'y maintenir. Il commence par interdire qu'on ensevelisse son beau-père et liquide les sénateurs qui avaient soutenu Servius Tullius[6] :

« Craignant que l'exemple qu'il avait donné en s'emparant injustement du pouvoir ne se retourne contre lui, il se fit accompagner d'une garde armée : c'est par un coup de force en effet qu'il avait acquis le pouvoir, sans passer par les suffrages populaires ou l'avis du Sénat. Il ne pouvait pas davantage espérer l'amour de ses sujets et ne devait compter que sur la terreur pour asseoir son autorité. Pour augmenter son effet, il instruisait seul et sans consulter personne les causes capitales ; sous ce prétexte, il tuait, envoyait en exil, condamnait à la confiscation des biens les suspects, ses ennemis ou même ceux dont il n'avait rien à attendre que les dépouilles.
Ses coups frappaient surtout le Sénat : il élimina beaucoup de membres et décida qu'ils ne seraient pas remplacés afin d'affaiblir l'ordre : privé de son prestige, il s'indignerait moins de n'être plus consulté sur rien »
    — Tite-Live, Histoire romaine, Livre I, 49

Sans cesse en guerre contre les Latins, il élimine ses opposants par la ruse (Turnus Herdonius d'Aricie)[7], il triomphe des Volsques et s'empare de Suessa Pométia puis de Gabies sans coup férir, grâce à une trahison de son fils, Sextus Tarquin[8]. Le roi fait alors la paix avec les Èques et renouvelle le traité avec les Étrusques. Il abolit la Constitution de son prédécesseur, mais termine les grands travaux (égouts, etc.), réorganise l'armée et construit sur le Capitole un temple dédié à Jupiter[9].

[modifier] Instauration de la République

Sextus, aussi violent que son père, devient amoureux de Lucrèce, femme d'un de ses parents, Tarquin Collatin, et la viole[10]. Lucrèce s'étant suicidée de honte, Tarquin Collatin soulève le peuple avec l'aide de son cousin Lucius Junius Brutus, de son beau-père Spurius Lucretius Tricipitinus et de Publius Valerius Publicola[11].

Eutrope résumera, fort bien cet épisode :

« VIII. - Lucius Tarquin le tyrannique, le septième et le dernier des rois, vainquit les Volsques, nation située à peu de distance de la Ville, sur la route de la Campanie. Il soumit la cité de Gabies et Suessa Pometia, fit la paix avec les Toscans, et construisit sur le Capitole un temple à Jupiter. Plus tard, au siège d'Ardée, cité située à dix-huit milles de la Ville, il perdit la couronne. En effet, son fils, un Tarquin lui aussi, Tarquin le Jeune, avait violé une femme de la plus haute noblesse, Lucrèce, la très vertueuse épouse de Collatin, et celle-ci, après s'être plainte de cette injure à son mari, à son père et à ses amis, s'était tuée sous leurs yeux. Pour la venger, Brutus, bien que parent lui-même de Tarquin, ameuta le peuple et ôta la royauté à Tarquin. Bientôt l'armée, qui sous les ordres du roi lui-même assiégeait la cité d'Ardée, abandonna elle aussi ce prince, et quand il vint pour entrer dans la Ville, il en trouva les portes fermées et s'en vit exclu. Après avoir exercé le pouvoir pendant vingt-cinq ans, il s'enfuit avec sa femme et ses enfants. Ainsi vit-on à Rome pendant deux cent quarante-trois ans sept rois se succéder, alors que Rome ne possédait encore qu'un empire s'étendant à peine, tout au plus, au quinzième milliaire. »
    — Eutrope, Abrégé de l'Histoire Romaine (traduction de Maurice Rat)

Le roi et sa famille, chassés de Rome se réfugièrent en Étrurie et la République fut proclamée en 509 av. J.-C. Selon Tite-Live : "Rome était désormais libre". Sextus meurt assassiné à Gabies peu après[12].

[modifier] Tentatives de reprise du pouvoir et décès

Un de ses autres fils s'entretue avec Brutus peu de temps après, et Tarquin est défait lors de cette bataille[13]. L'année suivante, il convainc le roi de Clusium de marcher sur Rome, mais Porsenna renonce devant les exploits des Romains[14]. Quelques années plus tard, avec son gendre Octavius Mamilius, commandant des Latins, il est une nouvelle fois défait à la bataille du lac Régille[15], et se retire à Cumes, où il meurt en 495 av. J.-C., et fait de son hôte Aristodème son héritier[16].

  Les Rois de Rome  
Servius Tullius (-575 à -535) Tarquin le Superbe (-535 à -509) (Roi étrusque) Fondation de la République (-509)
Consuls : L. Junius Brutus et L. Tarquinius Collatinus

[modifier] Sources

[modifier] Notes

  1. L'expression « Superbe » n'a plus la même signification aujourd'hui, elle est a prendre au sens d'orgueilleux, de Barbare. Par ailleurs pour certains auteurs la traduction latine n'est pas appropriée, comme Nonius Marcellus qui interprète superbus comme asper ou truculentus, c'est-à-dire « cruel ».
  2. Tite-Live, Histoire romaine, Livre I, 42
  3. Tite-Live, Histoire romaine, Livre I, 46
  4. Tite-Live, Histoire romaine, Livre I, 47
  5. Tite-Live, Histoire romaine, Livre I, 48
  6. Tite-Live, Histoire romaine, Livre I, 49
  7. Tite-Live, Histoire romaine, Livre I, 50-52
  8. Tite-Live, Histoire romaine, Livre I, 53-54
  9. Tite-Live, Histoire romaine, Livre I, 55-56
  10. Tite-Live, Histoire romaine, Livre I, 57-58
  11. Tite-Live, Histoire romaine, Livre I, 59
  12. Tite-Live, Histoire romaine, Livre I, 60
  13. Tite-Live, Histoire romaine, Livre II, 6
  14. Tite-Live, Histoire romaine, Livre II, 9-15
  15. Tite-Live, Histoire romaine, Livre II, 18-20
  16. Tite-Live, Histoire romaine, Livre II, 21

[modifier] Références