Antoine Guérini

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Antoine Guérini (1902-1967) était, avec son frère Mémé, l'un des plus puissant gangster de France (voir d'Europe) dans les années 1940 et jusqu'au au milieu des années 1960. Spécialisé dans la prostitution, le clan Guérini cultiva longtemps des liens étroits avec le parti socialiste marseillais et certaines personnalités du show-biz, avant d'entamer son déclin dans les années 60 à cause de la volonté d'Antoine d'investire dans le monde des jeux.


Sommaire

[modifier] L'Ascension d'un Jeune Corse

Originaires du village de Calenzana, en Corse, aîné d'une famille pauvre de huit enfants (six garçons et deux filles), Antoine Guérini est né en 1902. En 1923 il débarque sur le continent pour y effectuer son service militaire, puis part l'année suivante s'installer à Nice où le dénommé Jacques Costa lui trouve une place de serveur dans un bar du Milieu. "Mémé" Guérini, son frère cadet, le rejoindra peu après. Conseillé par le mentor de Mémé, Titi Colonna, Antoine se met à "maquer" une fille qu'il fait travailler à Marseille. En parallèle il travaille comme gros bras dans le quartier du Panier pour le compte du parti socialiste. Il se démarque notammant des gangsters marseillais par son mutisme et sa froideur, est connu pour être un homme droit, et sa violence imprévisible fait de lui un homme craint. Il assoie sa réputation lorsqu'avec ses amis il écarte une bande de proxénètes arabes que personne n'osait affronter.

En 1928, le jeune corse a déja une dizaine de prostituées qui travaillent pour lui. Cette même année il achète le bar des Colonnies et s'associe avec son frère Mémé. Une association qui durera 40 ans. À partir de 1930, les frères se mettent à fournir des hommes au parti socialiste, pour assurer la bonne marche de la campagne. De l'autre côté, la droite se fournit chez Carbone et Spirito, le duo de truands le plus puissant de la ville. Les affrontements directs sont rares, mais pas inexistants, comme en 1935 lorsque des hommes de Paul Carbone tirent à vue sur Antoine et ses amis après une réunion électorale.

Au printemps 1936, les frères achètent le bar de l'Étoile, et en font un établissement de luxe où se presse tout le gratin de la police, de la politique et des affaires lors de l'inauguration tandis que les autres frères et soeurs (François, Pascal, Pierre, Lucien, Toussainte et Restitude) débarquent à Marseille pour s'occuper des établissements des deux aînés. En 1937 plusieurs maisons closes deviennent la propriété de la fratrie (à Toulouse, Alger et Marseille), avant d'hériter d'un ami, tenancier de plusieurs établissements dans le sud de la France. Antoine Guérini prend du poids et assoie sa place de "leader du proxénétisme" sur Marseille suite à une entrevue avec Carbone et Spirito, les patrons de la ville. À la veille de la guerre, les frères de Calenzana sont donc à la tête d'un petit empire de la prostitution.


[modifier] L'Occupation

Sous l'occupation, les Guérini optent pour la Résistance (au contraire de leurs rivaux Carbone et Spirito qui prennent part à la collaboration). Pascal Guérini organise une filière pour faire fuir les clandestins vers la Corse et l'Afrique du Nord tandis que Mémé s'engage franchement dans les combats. Antoine, pour sa part, vient de temps à autres en aide à des résistants ou des juifs en fuite, qu'il cache dans les caves de ses établissements. Mais le truand corse garde le sens des affaires avant tout et n'hésite pas à faire du commerce avec l'occupant, notammant un assez important trafic de bons d'essence.

Au printemps 1942, les frères Guérini auraient réunit une partie des caïds et des chefs résistants de Marseille afin de trouver des moyens de faire fuir l'occupant nazi de certains quartiers de la ville où il est gênant. Au total, se seront près de trois cents durs qui prendront le maquis. Du 8 mai à la fin juillet 1942, quarante-huit attentats frapperont les forces d'Occupation. Celles-ci plient d'abord, puis passent à l'action en février 1943 : du 1e au 17, tout le quartier du Vieux-Port est détruit, se transformant en un gigantesque amas de ruines.

Le 16 décembre 1943, Paul Carbone meurt dans un accident de train ; et à la Libération, François Spirito s'enfuit à l'étranger pour ne pas subir l'épuration. Les Guérini ont le champ libre.

[modifier] Les Guérini au Pouvoir

À la libération Antoine et ses frères se mettent à racheter les affaires d'anciens truands collabos morts ou en fuite. Du fait de leur puissance financière et "militaire" on leur oppose peu de résistance. Bars, boîtes, hôtels et cabarets de Paris ou Marseille tombent dans leur escarcelle. Une quinzaine d'établissements hauts en couleur au total. À cette époque Antoine fait aussi la connaissance de l'ex-commissaire Robert Blémant, un policier véreux proche du Milieu, avec qui il débute une association qui lui permettera de mettre la main sur les plus belles "maisons" du sud de la France.

En octobre 1947 le protégé et l'ami des frères, Gaston Deferre, qui s'est lié à Mémé pendant la Résistance, est élu maire de Marseille. Le clan est alors envoyé au sommet, bénéficiant de solides appuis politiques et d'une impunité des plus utile, n'oubliant pas de rendre des services en retour. Comme en ce 12 novembre 47 où Antoine et son frère Mémé, épaulés par Antoine Sinibaldi, auraient fait feu sur des militants communistes qui avaient commencer à saccager le quartier de l'Opéra. Bilan : un mort du côté des émeutiers et un non-lieu pour les gangsters.

Au début des années 50, le clan Guérini est devenu l'un des plus puissant d'Europe et sans doute le plus important qu'ait jamais connu le Milieu français. Antoine se lance dans la contrebande de cigarettes (avec Mémé, le caïd marseillais Jo Renucci et surtout Lucky Luciano) et dans le trafic international d'héroïne, la fameuse French Connection, La CIA fait appel à ses services pour briser l'action des communistes dans les docks, et certains lui prêtent même un rôle dans l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy.


[modifier] La Chute

À la fin des années 50, Antoine Guérini décide de se lancer dans le secteur des jeux parisiens. Conseillé par Robert Blémant en 1960 dans une affaire d'une ampleur importante, il y perdra avec ses associés des sommes colossales (une histoire qui sera à l'origine de la "guerre des jeux" entre Marcel Francisci et Jean-Baptiste Andréani). En 1965, après de vifs débats au sein du clan, Antoine Guérini décide de faire abattre Robert Blémant qu'il accuse d'avoir organisé cet échec financier. C'est le début de la fin pour le clan. L'ensemble du Milieu désapprouve cette action et les appuis politiques des frères commencent à les lâcher. Les Guérini sont définitivement mis sur la touche et l'engrenage de la violence va les toucher de plein fouet.

Les deux assassins de Blémant, dont Paul Mondolini le fils naturel de Mémé, seront assassinés en 1966 et 1969, ainsi que leur complice qui conduisait la voiture lors du meurtre.

Le 23 juin 1967, Antoine Guérini va faire le plein de sa mercedes à Marseille, accompagné de son fils. Soudain, deux hommes casqués surgissent sur une grosse cylindrée rouge. L'un d'eux saute à la volée, s'approche de la voiture et tire quatre coups sur le pare-brise côté passager. Il passe la main à travers la portière dont la vitre est baissé et tire encore. Onze balles de 11.43 ont traversé le coeur du seigneur de la pègre. Les auteurs de cet assassinat ne sont pas obligatoirement des vengeurs de Blémant. La rumeur désignent Tany Zampa, la figure montante du Milieu marseillais, comme étant le commanditaire et Jacky le Mat l'exécutant.

La même année, Barthélemy Guérini (Mémé), François Guérini et Pascal Guérini sont arrêtés pour le meurtre d'un cambrioleur qui s'était attaqué à la villa d'Antoine pendant son enterrement. François meurt en prison peu de temps après et Mémé est condamné à vingt ans de prison, bien qu'il n'ait cessé de clamer son innocence, et Pascal à quinze ans. Il mourra d'un cancer en 1982, dans une clinique de Montpellier.



[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] sources

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