Lucky Luciano

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Lucky Luciano dans les années 30 (cliché de la police).
Lucky Luciano dans les années 30 (cliché de la police).

Lucky Luciano est un criminel italo-américain né sous le nom de Salvatore Lucania, à Lercara Friddi (en Sicile) en 1896 et mort à Naples en 1962. Il fut certainement le criminel dont l'influence historique fut la plus grande. Deux versions différentes expliquent son surnom "Lucky" (le chanceux). La plus romancée le rattache à un passage à tabac, en 1926 (un "long tour" en argot, la victime étant emmenée en voiture dans un endroit tranquille). Selon les versions, il s'agissait des sbires d'un des deux principaux parrains new-yorkais, Masseria ou Maranzano. Il s'en était sorti miraculeusement vivant, gardant seulement plusieurs cicatrices faciales, dont une paupière endommagée, toujours à moitié fermée. La version la plus vraisemblable indique qu'il misait souvent sur le bon cheval lorsqu'il jouait aux courses.

Sommaire

[modifier] Jeunes années

Luciano immigra aux États-Unis avec ses parents en 1906. Il commença très tôt par le vol à l'étalage et le racket des garçons juifs plus jeunes en échange de sa protection. C'est ainsi qu'il rencontra Meyer Lansky, pour qui il conserva une indéfectible amitié. À 18 ans, Luciano fut arrêté alors qu'il livrait de l'héroïne et passa six mois en prison. Sa notoriété s'accrut au sein du Five Points Gang, dont les membres étaient aussi connus comme les «Five Pointers». En 1920, il était un contrebandier important (anglais : powerful bootlegger), en association avec Frank Costello, Meyer Lansky et Bugsy Siegel, et accessoirement Joe Adonis et Vito Genovese. À la même période, Costello lui fit rencontrer Dutch Schultz et Arnold Rothstein.

[modifier] La guerre des Castellammarese

Lucky Luciano rejoignit ensuite la famille d'un des plus puissants parrains de New York, Joe Masseria. Alors que Luciano enrageait de voir de nombreuses opportunités de business s'envoler en raison de l'antisémitisme de la mafia, Masseria se méfiait de son ambition.

De 1930 à 1931, la famille Masseria et celle de son rival Salvatore Maranzano s'affrontèrent au cours de la guerre des Castellammarese, avec pour conséquence plusieurs dizaines d'assassinats. Pour mettre fin à cette hécatombe (et préparant avec Meyer Lansky un plan pour prendre le pouvoir), Luciano passa un marché avec Maranzano pour trahir Masseria, assassiné alors qu'il se trouvait avec lui au restaurant (Luciano était passé aux toilettes pour son alibi). Il se retourna ensuite contre son nouveau patron.

La vision de Luciano, son projet de syndicat du crime, sa volonté de bousculer les vieilles traditions de la mafia, ses relations (en particulier Meyer Lansky) et son sens aigu de la stratégie, ainsi qu'un charisme indéniable, amenèrent Lucky Luciano, désormais parrain de l'une des cinq familles de la Cosa Nostra de New York, à devenir le chef criminel dominant de la Commission (la direction du Syndicat national du crime), à l'issue de la guerre des Castellamarese en 1931.

[modifier] Ascension et chute

Luciano a été accusé d'organiser la prostitution selon des procédés d'optimisation industrielle. Luciano, jeune gangster brillant et avide de pouvoir arriver au sommet, devient une célébrité et amasse des sommes considérables pour l'époque. Son idée de décentralisation du crime avec à sa tête la commission lui octroie un pouvoir que plus aucun gangster ne connut après lui. Aussi il s'installe dans le luxe au Waldorf Astoria, porte des costumes différents chaque jour et fréquente les plus belles call-girls de New-York. Cependant, en 1936, le procureur Thomas Dewey monta un complot visant à soit-disant mettre a jour son réseau de prostitution et Luciano fut arrêté pour proxénétisme (bien des preuves montrent maintenant que cette histoire de prostitution avait été crée de toute pièces, Luciano n'ayant jamais touché à la prostitution, car contraire aux règles de la mafia). Lors du procès, plusieurs prostituées et souteneurs furent appelés à témoigner, et Luciano écopa d'une peine de 30 à 50 ans d'emprisonnement. Son avocat parvint à le faire transférer à la prison de Dannemora (au lieu de la prison plus dure de Sing Sing). Grâce à ses accointances politiques, il put y bénéficier d'un traitement de faveur et recevoir régulièrement ses associés, ce qui lui permit de continuer à gérer son empire.

[modifier] La Seconde Guerre mondiale

Lorsque les États-Unis s'engagèrent dans la Seconde Guerre mondiale, Lucky Luciano sut tirer profit de la situation. L'ONI (services secrets de l'US Navy) fut intéressée par la capacité de Luciano à contrôler les docks de New York (par l'intermédiaire d'Albert Anastasia et du syndicat des dockers) contre d'éventuelles opérations de sabotage d'agents nazis. Ses services inclurent aussi des contacts avec le parrain de Palerme, Calogero Vizzini, pour faciliter le déroulement de l'invasion de la Sicile par les troupes alliées en 1943. Conformément au marché passé avec la marine, Luciano, après avoir bénéficié de conditions de détention plus clémentes, fut libéré une fois la guerre finie, mais il fut expulsé du territoire des États-Unis, dont il ne possédait pas la citoyenneté, en 1946. Il dut s'installer en Italie, pays où il n'avait vécu que six années.

[modifier] La Conférence de La Havane

En décembre 1946, poursuivant un voyage qui l'avait amené au Venezuela et au Mexique, Luciano se rendit à Cuba où il organisa (avec Meyer Lansky, Frank Costello et Joe Adonis) la conférence de La Havane, qui fut l'occasion pour lui de réaffirmer son leadership sur le Syndicat du crime. Albert Anastasia, Joseph Bonanno, Vito Genovese, Tommy Lucchese, Carlos Marcello, Willie Moretti, Liniere Tino, Joe Profaci et Santos Traficante étaient également présents. À cette occasion, des décisions de première importance furent prises, telles que l'investissement massif dans les casinos de La Havane, et l'assassinat de Bugsy Siegel, qui après ses investissements à Las Vegas, n'avait pas pu rembourser les sommes prêtées par la Commission. Par ailleurs il formula un arbitrage dans la rivalité entre Albert Anastasia (chef de l'une des cinq familles) et Vito Genovese. Ce dernier, ambitieux vindicatif souhaitant le retrait de Luciano (la gestion de sa famille, que convoitait Genovese, avait été confiée à Costello et Lansky), provoqua une vive altercation. En février 1947, Luciano fut de nouveau expulsé vers l'Italie suite à des pressions du gouvernement états-unien sur le gouvernement cubain de Fulgencio Batista.

[modifier] La fin

En 1959, il piégea Vito Genovese lors d'une transaction d'héroïne dont furent averties les autorités fédérales. Au début des années 1960, il entra en conflit avec Meyer Lansky, qu'il soupçonnait de détourner des sommes qui lui étaient dues, mais renonça à agir. En janvier 1962, Lucky Luciano fut terrassé par une crise cardiaque à l'aéroport de Naples. Il a été supposé qu'il a pu être empoisonné. Il a été enterré aux États-Unis, la loi américaine ne considérant pas qu'un cadavre ait une nationalité quelconque.

[modifier] Films

  • Dans le second film de sa trilogie sur la mafia (The Godfather), Francis Ford Coppola met en scène une rencontre des principaux parrains à La Havane et évoque les relations entre le gouvernement cubain de l’époque et le crime organisé.
  • En 1991, dans le film Les Indomptés (Mobsters, de Michael Karbelnikoff) le rôle est interprété par Christian Slater.

[modifier] Liens internes