French Connection

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La French Connection est une appellation d'ensemble pour désigner la totalité des acteurs qui prirent part à l'exportation d'héroïne depuis la France jusqu'aux États-Unis. Malgré les idées reçues, il ne s'agissait pas d'une seule et même organisation mais d'une multitude de réseaux et d'équipes disposées pour la plupart à Marseille et Paris, mais aussi dans des villes moins en avant comme Bordeaux ou Le Havre. Importée en France depuis l'Orient (Turquie, Indochine, Syrie), la morphine-base était ensuite transformée en héroïne dans des laboratoires installés pour la plupart dans le sud de la France pour finalement prendre la route des États-Unis. Les trafiquants français étaient à cette époque les principaux fournisseurs des organisations criminelles américaines. Ce système avait été imaginé par les gangsters marseillais Paul Carbone et François Spirito dans les années 1930 à une échelle assez restreinte avant que le marché n'explose dans les années 1950 et 1960, époque où l'ensemble des réseaux de la French Connection envoyait en moyenne 270 kilos d'héroïne mensuels aux États-Unis.

Auguste Ricord, François Spirito, Jean-Baptiste Croce, Joseph Cesari, Paul Mondoloni, Jean-Claude Kella, ou encore Nick Venturi sont quelques-unes des figures marquantes de la French Connection. La French Connection aussi connu sous le nom de Corsican Connection, car la majeure partie de ses dirigents étaient Corses.

Sommaire

[modifier] Historique

[modifier] Des années 1930 aux années 1950

Les premiers laboratoires illégaux furent découverts, prés de Marseille, en France, en 1937. Ces laboratoires furent mis sur pieds par le parrain marseillais de l'époque, d'origine corse, Paul Carbone. Durant des années, le milieu corse avait mis au point ce trafic international d'héroïne pour inonder le marché américain. Ce réseau créé fut appelé French Connection.

Après la Seconde Guerre mondiale, le milieu corse, ainsi que la mafia sicilienne et napolitaine, collaboraient avec les services secrets américains comme la CIA et le SDECE. Cette collaboration avait pour but de préserver le port de Marseille de l'emprise des communistes.

La morphine-base servant à la préparation de l'héroïne était importée d'abord d'Indochine, puis de Turquie. La transformation était opérée dans des laboratoires clandestins à Marseille et dans ses alentours. L'héroïne marseillaise était réputée pour sa grande qualité, pure à près de 98 % (contre 60 % à 70 % pour les autres productions de l'époque). Les chimistes du Milieu marseillais, notamment Jo Césari, étaient particulièrement recherchés.

Marseille, de par sa position de carrefour de la Méditerranée, servait de port d'entrée pour l'Europe de toutes sortes de trafic de produits illégaux, dont notamment l'héroïne.

La première prise significative, de l'après-guerre, date du 5 février 1947 avec 3 kg d'héroïne. Elle s'effectua sur un marin corse, arrivé de France.

De fait, il devenait clair que le milieu français tentait de s'imposer de plus en plus dans le trafic international de l'opium. Cette intuition s'avéra confirmée par la prise de 13 kg d'héroïne, le 17 mars 1947, sur le paquebot St. Tropez. De même, le 7 janvier 1949, la police saisit plus de 23 kg d'opium et d'héroïne sur le bateau français Batista.

Une note de la CIA datée de 1961 accuse le représentant de Ricard en Amérique du Nord, Jean Venturi d'être aussi le distributeur de la French Connection. Il n'a pas été inquiété, mais a été prié de quitter le territoire des États-Unis en 1967.

La French Connection chuta lorsque les autorités françaises arrêtèrent un certain nombre de trafiquants, suite aux injonctions, en 1971, de l'administration Nixon.

En février 1972, les douaniers français arraisonnent le chalutier Caprice des temps au large de Marseille et opèrent une saisie record de 425 kg d'héroïne. Cette saisie marque la fin de « la French ». Ce n'est pas à cette date, loin s'en faut que la French a été démantelée, il faut citer après cette saisie record effectuée par les douanes, le démantèlement par la police judiciaire de Marseille de plusieurs laboratoires de transformation de morphine base en héroïne, le plus célèbre étant celui découvert à Aubagne connu sous le nom de « Labo Césari ». La French Connection aurait été financée par l'argent de la carlingue par l'intermédiaire d'Auguste Ricord, agent de Lafont, arrêté en septembre 1972, jugé et condamné aux États-Unis.

[modifier] Filmographie

L'histoire de ce réseau a inspiré le film French Connection de William Friedkin (1971), qui a donné lieu à une suite, French Connection 2 (1975), réalisée par John Frankenheimer.

[modifier] Références

  • Alain Jaubert, D... comme drogue, Éditions Alain Moreau, 1974
  • Patrick Chairoff, B... comme barbouzes, Éditions Alain Moreau, 1975.
  • Alfred W.McCoy, La Politique de l'héroïne - L'implication de la CIA dans le trafic des drogues, Éditions du Lézard, ISBN 2910718166
  • Alfred W. McCoy, Marseille sur héroïne, Esprit Frappeur, ISBN 2844050786
  • Vincent Nouzille et Jacques Follorou, Les Parrains Corses, Fayard, 2004
  • (en) Alfred W. McCoy, The Politics of Heroin in Southeast Asia, The Washington Monthly Company, 1972. ISBN 0061319422
  • (en) Henrik Krüger, The Great Heroin Coup, South End Press, 1976. ISBN 0896080315
  • (en) Newsday, The Heroin Trail, Souvenir Books, 1974.
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