Annibal (Marivaux)

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Annibal

Illustration de Annibal

Auteur Marivaux
Genre Tragédie
Pays d’origine France France
Lieu de parution Paris
Éditeur Noël Pissot
Date de parution 1727
Date de la 1re représentation 16 décembre 1734
Metteur en scène Comédiens ordinaires du roi
Lieu de la 1re représentation Théâtre de la rue des Fossés Saint-Germain

Annibal est une tragédie en cinq actes et en vers de Marivaux représentée pour la première fois par les Comédiens ordinaires du roi le 16 décembre 1720 au théâtre de la rue des Fossés Saint-Germain, et reprise le 27 décembre 1747.

Marivaux ayant résolu de faire sa tragédie, au moment où Voltaire venait d’obtenir un succès éclatant au théâtre avec son Œdipe, il choisit un sujet tout cornélien : la mort d’Annibal qui, après avoir mis Rome à deux doigts de sa perte, se voit pourchassé partout par la haine des Romains et, désespérant de ceux qui lui avaient fourni un asile, meurt pour ne pas tomber entre les mains implacables de ceux qu’il avait fait trembler. Cette pièce, dont le sujet avait déjà été traité dans cinq tragédies jouées de 1631 à 1697, dont une de Scudéry et une de Thomas Corneille, n’eut qu’un succès d’estime : elle ne connut que quatre représentations, dont une à la cour. Marivaux a offert une analyse des causes de ce semi-échec dans son Avertissement lors de la publication de la pièce.

Lors de sa reprise, vingt-sept ans plus tard, elle eut plus de succès : « Les beautés dont cette tragédie est pleine nous feraient regretter qu’il ne se fût pas attaché à ce genre, si les excellentes productions qu’il a données en plusieurs autres pouvaient laisser quelque chose à désirer sur l’emploi de ses talents supérieurs. La pièce a été reçue avec beaucoup d’applaudissements, et elle le mérite[1]. »

[modifier] Personnages

  • Prusias.
  • Laodice, fille de Prusias.
  • Annibal.
  • Flaminius, ambassadeur romain.
  • Hiéron, confident de Prusias.
  • Amilcar, confident d’Annibal.
  • Flavius, confident de Flaininius.
  • Égine, confidente de Laodice.

[modifier] L’histoire

Amoureux de Laodice, la fille de Prusias, Annibal est en rivalité d’amour avec l’ambassadeur romain, Flaminius, venu, au nom du Sénat, demander qu'Annibal soit livré. Fort embarrassé entre le soin de sa mission et celui de sa flamme, celui-ci mêle assez gauchement l’une et l’autre. Laodice a autrefois aimé Flaminius et elle l’aime encore, mais la grandeur d’Annibal parle à son cœur, et elle est prête à l’épouser. Elle se servira de son pouvoir sur Flaminius pour tâcher d'en faire un défenseur de l'homme à qui elle a promis sa main.

[modifier] Avertissement de l’auteur

Le sort de cette pièce-ci a été bizarre : je la sentais susceptible d’une chute totale ou d’un grand succès, d’une chute totale parce que le sujet en était singulier, et par conséquent courait risque d’être très-mal reçu ; d’un grand succès, parce que je voyais que si le sujet était saisi, il pouvait faire beaucoup de plaisir. Je me suis trompé pourtant, et rien de tout cela n’est arrivé. La pièce n’a eu, à proprement parler, ni chute ni succès : tout se réduit simplement à dire qu’elle n’a point plu. Je ne parle que de la première représentation ; car, après cela, elle a encore eu un autre sort : ce n’a plus été la même pièce, tant elle a fait de plaisir aux nouveaux spectateurs qui sont venus la voir ; ils étaient dans la dernière surprise de ce qui était arrivé d’abord. Je n’ose rapporter les éloges qu’ils en faisaient, et je n’exagère rien. Le public est garant de ce que je dis là. Ce n’est pas là tout : quatre jours après qu’elle a paru à Paris, on l’a jouée à la cour. Il y a assurément de l’esprit et du goût dans ce pays-là, et elle y plut encore au delà ce qu’il m’est permis de dire. Pourquoi le succès n’a-t-il pas eu le même après ? Dirai-je que les premiers spectateurs s’y connaissaient mieux que les derniers ? non ; cela ne serait pas raisonnable. Je conclus seulement que cette différence d’opinions doit engager les uns et les autres à se méfier de leur jugement. Lorsque, dans une affaire de goût, un homme d’esprit en trouve plusieurs autres qui ne sont pas de son sentiment, cela doit l’inquiéter, ce me semble, ou il a moins d’esprit qu’il ne pense : et voilà précisément ce qui se passe à l’égard de cette pièce. Je veux croire que ceux qui l’ont trouvée si bonne se trompent peut-être ; et assurément c’est être bien modeste, d’autant plus qu’il s’en faut beaucoup que je la trouve mauvaise : mais je crois aussi que ceux qui la désapprouvent peuvent avoir tort ; et je demande qu’on la lise avec attention, et sans égard à ce que l’on еn a pensé d’abord, afin qu’on la juge équitablement.

[modifier] Notes

  1. le Mercure, octobre 1747).

[modifier] Bibliographie

  • Perry J. Gethner, Carthage et Rome au théâtre : le conflit entre générosité et machiavélisme, L'Afrique au XVIIe siècle : mythes et réalités, Tübingen, Narr, 2003, p. 261-9.

[modifier] Source

  • Jean Fleury, Marivaux et le marivaudage, Paris, Plon, 1881, p. 29-31.
  • Gustave Larroumet, Marivaux, sa vie et ses œuvres, Paris, Hachette, 1894, p. 35-40.

[modifier] Liens externes

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