André Obrecht

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

André Obrecht, né le 9 août 1899 à Paris et décédé le 30 juillet 1985 à Nice, est l'avant-dernier bourreau en poste en France.

[modifier] Jeunesse

Sa mère Juliette Rogis, meurt de tuberculose alors qu'il n'est âgé que de cinq mois et il est d'abord éduqué par les voisins Durieux. Rosalie, la sœur de sa mère, et son époux Anatole Deibler prennent très vite le garçon en affection, à cela une raison : le couple a perdu un fils sensiblement du même âge que le jeune André.

Ce dernier, choyé, devient l'aîné de quatre enfants, suite au remariage de son père Jean-Baptiste avec Louise, la fille des Durieux.

À l'âge de dix ans, André prendra conscience du métier de son oncle Anatole, qu'on n'évoquait qu'à demi-mot chez lui, grâce à la série de cartes postales tirées de l'exécution des "Chauffeurs de la Drôme", à Valence en septembre 1909. Ces images marqueront ses nuits d'enfants.

À 14 ans, il décroche son certificat d'étude et entend bien continuer l'école, mais les ressources familiales sont maigres et son père l'oblige à trouver du travail. Il deviendra ouvrier mécanicien.

Séducteur né, il multipliera les conquêtes. C'est lors de son service militaire à Strasbourg, qu'il s'éprend d'une jeune Alsacienne dont il taira toujours le nom et aura une fille Gilaine qu'il reconnaîtra plus tard.

Le 20 octobre 1921, il assiste à l'exécution à Strasbourg des tueurs de la Poste, Frintz et Luntz guillotinés par son oncle Anatole Deibler. C'est à la suite de celle-ci qu'il prend la décision de devenir à son tour adjoint dès qu'il sera démobilisé.

En permission, cinq mois plus tard, le 25 février 1922, il assiste à une nouvelle exécution avant son intégration au sein des exécuteurs : pas la moindre, celle de Landru !

[modifier] Carrière de bourreau

Un mois après avoir quitté l'armée, il est institué adjoint de deuxième classe, et est employé à la tâche pour la première fois le 23 mai 1922 à Paris, pour mettre à mort deux bandits de son âge : Loeuillette et Cadet. Ses gestes sont précis, il sait obéir et diriger quand il le faut. Son oncle le prendra à chacune des exécutions suivantes.

En 1926, André fait la connaissance de Georgina, professeur de musique chez qui il venait régulièrement entretenir sa voix de ténor. L'union durera quinze ans.

A la mort d'Anatole Deibler en 1939, André et son cousin Jules-Henri Desfourneaux sont tous deux candidats potentiels au poste d'exécuteur en chef. Finalement, Desfourneaux est choisi pour des raisons financières (des dettes contractées envers Rosalie et Anatole Deibler). Néanmoins, Olbrecht sera promu adjoint de première classe, la 15 mars 1939. Il officiera lors de l'exécution de Eugène Weidmann, le 17 juin suivant.

Puis, la guerre éclate et son travail de mécanicien aux usines Salmson est annulé. Durant l'occupation allemande, les exécutions se poursuivent, il reprochera à Desfourneaux son zèle à mettre à mort notamment, des femmes et des résistants. Ce qui l'amène à démissionner de son poste à l'automne 1943, en compagnie des frères Martin.

Jusqu'à la fin de la guerre, Obrecht vivra comme bookmaker aux courses de lévriers et créera une entreprise d'esquimaux glacés que l'on distribuera dans tous les cinémas de la capitale.

A la Libération, il est ré-engagé comme adjoint de première classe, mais ses rapports avec son cousin Desfourneaux le mettent hors de lui plus d'une fois, jusqu'à ce qu'ils en viennent aux mains. Il démissionne une nouvelle fois en 1947, après avoir exécuté le docteur Petiot l'année précédente.

Séparé de Georgina, Obrecht épouse Berthe Labbé, propriétaire d'un magasin de frivolités. En 1949, il part s'installer à Casablanca au Maroc, et n'en revient que 18 mois plus tard à la mort de Desfourneaux en octobre 1951. Le 1er novembre suivant il est nommé exécuteur en chef par le Directeur du Département des arrêts criminels, nomination qui ne sera pas du goût de tous les candidats au poste.

Douze jours plus tard, il commence ainsi une série de 65 exécutions avec celle de Ythier, un tueur de policiers, le 13 novembre à Marseille. La plupart de ceux qui passeront entre ses mains seront des condamnés de droit commun, mais aussi des membres du FLN entre 1958 et 1961.

C'est aussi en 1958 qu'il engage le mari de sa nièce, Marcel Chevalier qui lui succèdera plus tard.

Parmi les criminels ont été exécutés par ses soins, citons :

  • Émile Buisson, l'ennemi public n°1, le 28 février 1956 à Paris,
  • Jacques Fesch, le 1er octobre 1957 à Paris, que l'on tentera de canoniser dans les années 1990.
  • Georges Rapin, le 26 juillet 1960 à Paris, fils de bonne famille le jour, proxénète la nuit sous le sobriquet de "Monsieur Bill",
  • Claude Buffet et Roger Bontems le 28 novembre 1972 à Paris,
  • Ali Ben Yanès, l'égorgeur de Gattières, exécuté à Marseille, le 12 mai 1973.

Sa dernière exécution sera celle de Christian Ranucci, le 28 juillet 1976 à la prison des Baumettes à Marseille.

Atteint de la maladie de Parkinson, André Obrecht sera mis à la retraite le 30 septembre 1976, après 25 ans de service. Son neveu par alliance Marcel Chevalier lui succédant le lendemain.

Veuf depuis 1967, Obrecht finira sa vie entre Paris et Nice où il mourra le 30 juillet 1985 à 3 heures 15 du matin.

André Obrecht aura participé en tout à 322 exécutions, dont près de 150 en tant qu'aide d'Anatole Deibler et 65 en tant que chef (dont deux en Martinique).

Ses mémoires posthumes, Le Carnet noir du bourreau rédigées avec le journaliste de Paris-Match, Jean Ker, seront publiées en 1989.

[modifier] Lien externe

Autres langues