Claude Buffet

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Claude Gabriel Buffet (né le 19 mai 1933 à Reims, dans la Marne et guillotiné à Paris le 28 novembre 1972) était un criminel français.

Sommaire

[modifier] Jeunesse

Issu d'une famille modeste, fils d'une embouteilleuse et d'un peigneur de laine, violent, buveur et dépensier, il devient un adolescent rebelle et asocial. Pour rompre avec son milieu, il s'engage dans la Légion étrangère à 20 ans. Envoyé en Indochine, il déserte après Dien Bien Phu et rejoint les rangs du Viêt-minh. A sa démobilisation, il échappe à la justice militaire et travaille plus ou moins régulièrement comme majordome et chauffeur routier.

[modifier] Premier crime

Spécialiste des vols à l'arrachée et des agressions à main armée, il se marie et devient père, en 1959, d'Alain. Mais sa vie le conduit peu à peu des délits aux crimes de sang. Le 18 janvier 1967, Claude Buffet vole un taxi. Le lendemain, en quête d'un mauvais coup, il joue les chauffeurs. Soudain, il avise Mme Françoise Bésimensky, une belle jeune femme, élégamment vêtue, qui l'interpelle. Buffet la charge, comme un vrai chauffeur de taxi, mais au lieu de suivre la direction qu'elle désire, il l'entraîne dans une voie isolée près du Bois de Boulogne. Se retournant vers elle, il la menace d'un pistolet et réclame son sac. La jeune femme refuse, résiste, hurle. Buffet tire. Elle s'écroule. Pour détourner les soupçons, il maquille le crime en acte sadique, dénudant le corps et enfonçant un poudrier dans le sexe de sa victime.

[modifier] Procès

La police croira un premier temps que la victime, un mannequin marié à un médecin, avait été assassinée par un satyre. Mais des détails louches firent douter les enquêteurs, qui parvinrent vite à remonter jusqu'à Buffet, lequel fut arrêté le 8 février 1967. Trois ans et demi après, devant la Cour d'assises de Paris, l'avocat général Dubost ne réclame pas la peine capitale pour ce criminel, arguant qu'il n'est pas pour la guillotine et qu'il vaut mieux que Buffet expie son crime, sa vie durant, derrière les barreaux. Le 15 octobre 1970, le jury condamne Claude Buffet à la réclusion criminelle à perpétuité. Mécontent du verdict (il voulait être condamné à mort), Buffet quitte le prétoire en vociférant qu'on a pas fini d'entendre parler de lui. Après un passage à Fleury-Mérogis, Buffet est envoyé à la centrale de Clairvaux, dans l'Aube. Il partage sa cellule avec un autre malfaiteur, du nom de Roger Bontems.

[modifier] Prise d'otage

Très vite, Buffet voit le parti qu'il peut tirer de Bontems : lui, est beau parleur, un peu fascinant avec ses yeux clairs et rusés. Il aura tôt fait d'embrigader Bontems dans un projet d'évasion.

Le matin du 21 septembre 1971, à l'heure du petit déjeuner, Buffet se plaint de douleurs abdominales et Bontems également. Ils sont envoyés à l'infirmerie accompagnés par quatre gardiens: à peine y sont-ils entrés que Buffet repousse un gardien, qui entraine dans sa chute deux autres matons, et s'enferme dans l'infirmerie, ainsi que Bontems, avec trois otages : le gardien Guy Girardot, l'infirmière Nicole Comte et un détenu-infirmier. Tous trois sont tenus sous la menace de couteaux que Buffet et Bontems ont tiré de leur poche. Bontems a un Opinel acheté à la cantine, un canif sans virole bloquante. Buffet, lui, a acheté par le biais d'un réseau de détenus une arme étrange, avec une lame longue de 20 centimètres, effilée comme un rasoir. Toute la journée, la France suivra l'evénement via la télévision. Aux premières heures du 22 septembre, la police donne l'assaut et réduit les deux mutinés à l'impuissance. Hélas, dans un coin de la salle, les deux otages reposent. Leur gorge a été tranchée.

[modifier] Second procès

Jugés devant les assises de l'Aube du 26 au 29 juin 1972, Roger Bontems et Claude Buffet sont tous deux condamnés à mort, avec exécution prévue dans l'enceinte de la prison de la Santé à Paris.

Instruction et procès avaient bien démontré que Bontems n'avait tué aucun des otages, mais la complicité active de Bontems au double assassinat lui faisait encourir la même peine que Buffet. Buffet est ravi, cette fois. Pendant le procès, à plusieurs reprises, il avait fait part de son désir de finir guillotiné :

"Comme vous l'ont dit mes avocats, Maître Thierry Lévy et Maître Crauste, on dit que je vous réclamerais la peine de mort...JE VOUS LE CONFIRME, et vous me la donnerez ! Mardi, quand j'ai quitté le Palais de Justice dans les fourgons, la foule réclamait A mort fumier ! Si elle savait qu'au fond, ca me rendait service..."

Il faut noter d'ailleurs que seul Bontems signa un pourvoi en cassation (lequel fut rejeté à la fin de l'été). Buffet, pressé d'en finir, refusa de signer le sien.

[modifier] Exécution

En novembre 1972, ses avocats, Thierry Lévy et Rémi Crauste, allèrent plaider devant le Président de la République, Georges Pompidou, la cause de leur client, en même temps que les défenseurs de Roger Bontems (Robert Badinter et Philippe Lemaire). Même si Georges Pompidou n'avait jamais laissé exécuter un condamné à mort depuis son arrivée au Palais de l'Élysée en 1969, l'attitude de Buffet ne l'incita pas à la clémence. Le 27 novembre au soir, les quatre avocats reçurent un coup de téléphone leur annonçant que l'exécution de leurs clients aurait lieu le lendemain matin, vers 5 heures.

Le 28 novembre 1972, vers 4 heures 30, à la maison d'arrêt de la Santé, Buffet et Bontems furent réveillés et conduits au greffe pour l'ultime « toilette ». Buffet se montra satisfait, mais ne fit aucun coup d'éclat. Il se prépara à mourir. A 5 heures 13, Bontems fut guillotiné par le bourreau André Obrecht. Sept minutes plus tard, ce fut le tour de Buffet.

Cette exécution fut la dernière qui eut lieu à Paris. Après Buffet et Bontems, seuls quatre condamnés furent guillotinés en France.

[modifier] Bibliographie

  • Robert Badinter; Roger Bontems; Claude Buffet, L'exécution : (Le procès contre Claude Buffet et Roger Bontems, « les assassins de Clairvaux »), Lausanne : Editions Ex Libris, 1974. (OCLC 81693915)

[modifier] Voir aussi