Alphonse Esquiros

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Henri-François-Alphonse Esquiros, né le 23 mai 1812 à Paris, mort le 12 mai 1876 à Versailles, est un auteur romantique et un homme politique français. Il fut élu sénateur le 30 janvier 1876 et mourut lors de son mandat.

Sommaire

[modifier] Biographie

Esquiros débute dans les lettres par un volume de poésies, les Hirondelles, dont Victor Hugo fait l'éloge, et deux romans, Le Magicien en 1834 et Charlotte Corday en 1840, qui connaissent un grand succès. D'opinion démocrate et socialiste, il écrit ensuite L'Évangile du peuple (1840), un tableau de la vie et du caractère de Jésus, vu comme un réformateur social. Ce livre est considéré comme une offense à l'égard de la religion et de la décence, et Esquiros est condamné à une amende de 500 francs et emprisonné huit mois à Sainte-Pélagie. Pendant sa détention, il écrit un deuxième recueil de vers, Les Chants d'un prisonnier (1841). Puis il publie trois petis ouvrages d'inspiration socialiste, les Vierges martyres, les Vierges folles (contre la prostitution[1]) et les Vierges sages (1847), où il s'affirme comme un républicain de sentiment et un partisan enthousiaste de la Convention nationale, de la Montagne et des Jacobins. Le 7 août 1847, il se marie avec une femme de lettres, Adèle Battanchon, avec qui il écrit Histoire des amants célèbres et Regrets, souvenir d'enfance, avant de s'en séparer en 1850.

En 1848, il accueille avec enthousiasme la proclamation de la République et publie un journal, Le Peuple, bientôt rebaptisé l'Accusateur public, organe du Club du Peuple, qu'il préside, et dont quatre numéros paraissent du 11 au 25 juin[2]. De passage à Londres, il se met en couple avec une Anglaise, connue uniquement sous le nom d'Anne Esquiros[3], avec laquelle a un fils, William[1],[4], né en 1849[5] et mort le 7 novembre 1870.

Il est élu le 10 mars 1850 lors d'une élection partielle député démocrate-socialiste (démoc-soc) de Saône-et-Loire à l'Assemblée nationale, le 2e sur 6 par 61 351 voix sur 105 573 votants et 157 148 inscrits, et prend place sur les bancs de la Montagne. L'élection est invalidée, mais il est réélu le 28 avril de la même année par 73 060 voix sur 120 162 votants et 154 015 inscrits. Votant parmi les membres les plus avancés de la minorité républicaine, il doit s'exiler lors du coup d'État du 2 décembre 1851. Retiré en Angleterre, il publie ses observations et ses études dans la Revue des Deux Mondes, publiées en volume sous le titre : l'Angleterre et la vie anglaise en 1859-1869 (5 vols.).

De Retour en France en 1869, il se présente comme candidat de l'opposition radicale dans la 4e circonsription des Bouches-du-Rhône, où il est élu, le 7 juin, député au Corps législatif par 11 243 voix sur 21 334 votants et 31 460 inscrits, contre 9 787 pour M. de Rougemont, le candidat officiel. Siégeant à l'extrême-gauche, il s'oppose en toute occasion au gouvernement et vote contre la déclaration de guerre à la Prusse.

Après la proclamation de la République, le 4 septembre 1870, il est nommé administrateur supérieur des Bouches-du-Rhône[6], où il gagne la confiance de la population en prenant des mesures énergiques en faveur de la défense nationale et en crant un comptoir d'escompte. Toutefois, plusieurs de ses arrêtés, notamment la suspension de la Gazette du Midi, journal légitimiste, et la dissolution de la congrégation des jésuites de Marseille, déplaisent au gouvernement, et il est désavoué par Gambetta. Après sa démission, il est à nouveau élu à l'Assemblée nationale le 8 février 1871, le 9e sur 11, par 46 986 voix sur 75 803 votants et 140 189 inscrits. Puis il se fait élire au Sénat le 30 janvier 1876 par 86 voix sur 171 votants. Membre de l'extrême-gauche, il signe et vote la proposition d'amnistie plénière déposée par Victor Hugo. Peu après, il tombe malade et meurt à Versailles le 12 mai 1876.

Parmi ses nombreux ouvrages sur la question sociale, on peut noter une Histoire des Montagnards (2 vols., 1847), Paris, ou Les sciences, les institutions, et les mœurs au XIXe siècle (2 vols., 1847) et une Histoire des martyrs de la liberté (1851).

Alphonse Esquiros a collaboré à plusieurs revues, en particulier L'Artiste, La Revue de Paris et La Revue des Deux Mondes. De même, il a dirigé L'Accusateur public en 1848 et participé, avec Eugène Pelletan, Théophile Thoré et Paul Mantz, à La République des arts. Peinture, statuaire, architecture, archéologie en 1848, avec François-Vincent Raspail, à La République de Marat en 1871.

[modifier] Œuvres

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Wikisource propose un ou plusieurs textes écrits par Alphonse Esquiros.

Poésie
  • Les Hirondelles, 1834
  • Chants d'un prisonnier, Paris, Challamel, 1841, 246 p.
  • Fleur du peuple, Paris : F. Sartorius, 1848, 71 p.
Romans
  • Le Magicien, Paris, L. Desessarts, 1838, 2 vol.
  • Charlotte Corday, Paris, Desessarts, 1840, 2 vol.
Essais
  • Philosophie du Christ, 1835
  • L'Évangile du peuple, Paris, Le Gallois, 1840, 139 p. (commentaire philosophique et démocratique de la vie de Jésus)
  • Les Vierges sages, Paris, P. Delavigne, 1842, 252 p.
  • Les Vierges martyres, Paris, P. Delavigne, 1846, 256 p.
  • Paris, ou Les sciences, les institutions, et les mœurs au XIXe siecle, 1847
  • Histoire des amants célèbres (en collaboration avec Adèle Esquiros), Paris, bureau des publications nationales, 1847
  • Histoire des Montagnards, Paris, V. Lecou, 1847, 2 vol.
  • Regrets. - Souvenirs d'enfance. - Consolation. - Jalousie, (en collaboration avec Adèle Esquiros), Paris, imprimerie de Bénard, 1849
  • Le Droit au travail, de son organisation par la réforme des institutions de crédit, Blois, C. Groubental, 1849, 40 p.
  • De la Vie future au point de vue socialiste, Marseille, bureaux de la Voix du peuple, 1850, 144 p.
  • Histoire des martyrs de la liberté, Paris, J. Bry aîné, 1851, 240 p.
  • Les Confessions d'un curé de village, Paris, J. Bry, 1851, 48 p.
  • Les Fastes populaires, ou Histoire des actes héroïques du peuple et de son influence sur les sciences, les arts, l'industrie et l'agriculture, Paris, administration des publications populaires, 1851-1853, 4 vol.
  • Le Château d'Issy, ou les Mémoires d'un prêtre, Bruxelles, J. B. Tarride, 1854, 238 p. (rééd. Leipzig, A. Durr, 1860)
  • Les Vierges martyres, Les Vierges folles, Les Vierges sages 1840–42, La Morale universelle, 1859 (réédition)
  • La Néerlande et la vie hollandaise, Paris, Michel Lévy frères, 1859, 2 vol.
  • Itinéraire descriptif et historique de la Grande-Bretagne et de l'Irlande (en collaboration avec Adolphe Joanne), Paris, L. Hachette, 1865, 739 p.
  • L'Angleterre et la vie anglaise, Paris, J. Hetzel, 1869, 5 vol.
  • L'Émile du dix-neuvième siècle, Paris, Librairie internationale, 1869, 422 p.
  • Les Paysans, Paris, librairie de la Bibliothèque démocratique, 1872, 191 p.
  • Ce qu'on pensait de l'Empire à l'étranger, Paris, Le Chevalier, 1875, 35 p.
Correspondance
  • Choix de lettres, (textes réunis, présentés et annotés par Anthony Zielonka), Paris ; Genève, Champion-Slatkine, 1990, 144 p.

[modifier] Source partielle

[modifier] Notes et références

  1. ab Sylvie Aprile, « "Translations" politiques et culturelles : les proscrits français et l'Angleterre », Genèses, n° 38 dossier « Figures de l'exil », 2000/1
  2. Curiosités révolutionnaires, les journaux rouges : histoire critique de tous les journaux ultra-républicains publiés à Paris depuis le 24 février jusqu'au 1er octobre 1848, Paris, Giraud & Cie, 1848, p. 29.
  3. Jacobus Petrus van der Linden, Alphonse Esquiros de la bohème romantique à la république sociale, p. 55.
  4. En 1870, avec Léo Taxil, William Esquiros fonde une « jeune légion urbaine » de trois cents jeunes gens. Voir Sudhir Hazareesingh, « Republicanism, War and Democracy : The Ligue du Midi in France's War Against Prussia », French History, vol. 17, n° 1, mars 2003, p. 48-78.
  5. Naomi J. Andrews, Socialism's Muse : Gender in the Intellectual Landscape of French Romantic Socialism, Lexington Books, 2006, 179 pages, p. 141 (ISBN 0739108441).
  6. À ce poste, il fonde la Ligue du Midi, une organisation patriotique républicaine, à Marseille en septembre 1870. Voir Sudhir Hazareesingh, « Republicanism, War and Democracy : The Ligue du Midi in France's War Against Prussia », French History, vol. 17, n° 1, mars 2003, p. 48-78.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

  • Sudhir Hazareesingh, « Republicanism, War and Democracy : The Ligue du Midi in France's War Against Prussia », French History, vol. 17, n° 1, mars 2003, p. 48-78.
  • Loïc Rignol, « Anthropologie et progrès dans la philosophie de l'histoire d'Alphonse Esquiros. Le système des Fastes populaires », Revue d'histoire du XIXe siècle, 2000 20/21 Varia
  • Sylvie Aprile, « "Translations" politiques et culturelles : les proscrits français et l'Angleterre », Genèses, n° 38 dossier « Figures de l'exil », 2000/1
  • Anthony Zielonka, Alphonse Esquiros (1812-1876) : a study of his works, Paris, Champion ; Genève, Slatkine, 1985, 300 p.
  • Gian Mario Bravo, Les Socialistes avant Marx (3 tomes), Paris, F. Maspero, 1970, 243 p.
  • Jacques P. Van der Linden, Alphonse Esquiros , de la bohème romantique à la république sociale, Heerlen, Winants ; Paris, A.-G. Nizet, 1948, 237 p.
  • Benjamin Pifteau (1836-1890), Le Biographe illustré (tome 3 comprenant : Louis Blanc, Émile de Girardin, Edgar Quinet, Jules Michelet, Félicité Robert de Lamennais, Alphonse Esquiros), Sceaux, imprimerie de M. et P.-E. Charaire, 1877

[modifier] Lien externe


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