Alice Keppel

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Alice Frederica Keppel, née Edmonstone (29 avril 186811 septembre 1947), fut en Grande-Bretagne une courtisane de haut vol et la plus célèbre maîtresse d'Édouard VII, le fils aîné de la reine Victoria. Son nom complet devint après son mariage The Hon. Mrs Keppel. Sa fille, Violet Trefusis, fut l'amante saphique de la poétesse Vita Sackville-West. Elle est l'arrière-grand-mère maternelle de Camilla Parker-Bowles.

Sommaire

[modifier] Jeunesse

Elle naquit Alice Frederica Edmonstone, fille de sir William Edmonstone et de Mary Elizabeth Edmonstone, née Parsons, à Woolwich Dockyard, qui descendait d'une famille distinguée. Son père était le 4e baronet Edmonstone, amiral en retraite de la Royal Navy ; son grand-père avait été gouverneur des îles Ioniennes. Elle avait un frère et sept sœurs, et était la plus jeune. Le 1er juin 1891 elle épousa George Keppel, fils de William Keppel ; il était 7e comte d'Albemarle et de quatre ans son aîné.

[modifier] Liaisons extraconjugales

De bonne heure elle se fit une réputation dans l'adultère, et on a prétendu que sa fille aînée n'était pas de son mari mais, en réalité, devait le jour au futur lord Grimthorpe, un de ses amants. Jolie, unique en son genre et discrète, elle sut rapidement s'élever dans la société grâce à ses liaisons avec des hommes en vue. Elle avait la réputation d'être une femme fort attrayante et ses aventures extraconjugales venaient généralement de son envie d'améliorer encore son statut social. Son succès comme courtisane devint tel qu'il jeta dans l'ombre toute la carrière de son mari. Ce dernier était parfaitement au courant et Édouard VII pouvait rendre visite régulièrement à sa femme, il avait la discrétion de s'absenter.

Même si cela peut sembler étrange selon les normes d'aujourd'hui, des relations de ce genre étaient tout ce qu'il y a de plus commun et de plus accepté à l'époque, même dans les milieux riches. Il n'était nullement inhabituel aussi bien pour le mari que la femme de prendre une maîtresse ou un amant, voire plusieurs, dans la mesure où les rencontres se passaient dans une certaine discrétion. Même si on l'admet difficilement, il était courant pour les femmes du meilleur monde de se conduire comme des courtisanes pour le plus grand bien de la carrière de leur mari ou leur propre statut dans la société.

En 1898, elle rencontra le futur Édouard VII, alors âgé de 56 ans et héritier du trône. Il ne fallut pas longtemps avant qu'elle devînt une de ses nombreuses maîtresses, malgré les vingt-huit ans qui les séparaient. Leur relation devait durer jusqu'à la mort d'Édouard en 1910.

Édouard prit d'autres maîtresses, comme les actrices Lillie Langtry et Sarah Bernhardt, et des femmes du monde comme Jennie Jerome (mère de Winston Churchill) et Daisy Greville, comtesse de Warwick (Frances Brooke). Ses deux dernières maîtresses, qui officièrent à la même époque et commencèrent toutes deux entre 1898 et 1900, étaient Alice Keppel et Agnes Keyser, la fille d'un riche boursier. Agnes était la mieux acceptée des deux dans l'entourage du roi, en raison de sa discrétion et du respect qu'elle portait à la monarchie, mais surtout parce qu'elle n'était pas mariée. Humanitariste, elle contribua avec l'aide de sa sœur à fonder un hôpital militaire pour les officiers et reçut à cette occasion le soutien d'Édouard VII.

Toutefois, c'est Alice dont le nom était le plus connu. « Alice Keppel a été d'une aide extraordinaire pour Édouard VII, plus que son épouse la reine Alexandra aurait pu faire », a observé Christopher Wilson, qui a écrit d'importants travaux sur l'arrière-petite-fille d'Alice Keppel, Camilla Parker-Bowles. Alice était une des rares personnes de son entourage qui fût capable de désamorcer les sautes d'humeur qui rendaient Édouard VII insupportable.

Les sentiments de la reine à son égard étaient mêlés. La souveraine était en assez bons termes avec elle pour lui envoyer une lettre de consolation quand son mari fut frappé de fièvre typhoïde, et elle lui permit d'être au chevet d'Édouard quand il fut sur son lit de mort. Il semble toutefois qu'elle l'ait simplement tolérée, et n'éprouvait pour elle aucune amitié. Elle ne cessa d'apprécier au contraire la compagnie de Jennie Jerome, l'ancienne maîtresse d'Édouard, lui trouvant du charme et de l'agrément. On dit également qu'elle aimait bien Agnes Keyser, qui fut la maîtresse d'Édouard jusqu'à sa mort. Cependant, elle éprouvait du ressentiment envers Alice, qui, malgré sa discrétion, apparaissait toujours dans les occasions où la reine accompagnait Édouard VII, ce qui irritait cette dernière.

Des aristocrates de haut rang comme le duc de Norfolk, le duc de Portland et le marquis de Salisbury montraient délibérément de la froideur envers la maîtresse du roi.

[modifier] Après la mort d'Édouard VII

À la mort d'Édouard, elle se retira discrètement à Ceylan pendant deux ans, avant de revenir en Angleterre.

Par la suite, après avoir entendu qu'Édouard VIII était sur point de renoncer au trône pour épouser Wallis Simpson, Alice Keppel fit remarquer que « de son temps les choses se passaient beaucoup mieux ».

Dans son livre, intitulé Edward VII's Last Loves: Alice Keppel and Agnes Keyser, Raymond Lamont-Brown souligne qu'il ne faut pas sous-estimer l'influence qu'eurent à la fois Alice Keppel et Agnes Keyser à la cour royale sur la politique et la diplomatie de l'époque.

En 1995, une représentation d'Alice Keppel fut placée sur un timbre-poste britannique accompagnée de sa fille Violet, alors enfant.

Sa fille Sonia épousa The Hon. Roland Cubitt, fils d'Henry Cubitt, 2e baron Ashcombe. Roland devint 3e baron après la mort de son père en 1947.

[modifier] Réputations sulfureuses dans la famille

  • Violet Trefusis, la fille d'Alice, devint écrivain et se rendit célèbre par ses propres frasques sexuelles, grâce à sa relation lesbienne mouvementée et haute en couleur avec Vita Sackville-West. Alice s'opposa catégoriquement à une telle relation, et essaya désespérément d'écarter sa fille de Vita. Ce n'était pas tant qu'elle s'opposât à la vie sexuelle de sa fille, mais elle désirait que cette affaire fût moins connue du public, que sa fille restât plus en conformité avec ce qui était accepté socialement, et qu'elle adhérât à la règle non écrite qui était de ne pas perturber le statut social de la personne aimée. Sa fille devint plus tard sous les auspices de Sapho la maîtresse préférée de Winnaretta Singer, princesse de Polignac et héritière des machines à coudre Singer. Alice ne vit aucune objection à cette relation, d'une part en raison de la richesse immense et de la position sociale de Winaretta, et d'autre part du fait que la situation était bien meilleure qu'auparavant : Winaretta était plus discrète, et toutes les deux semblaient avoir une relation amoureuse équilibrée.
  • Par ailleurs, l'arrière-petite-fille d'Alice Keppel, Camilla Parker-Bowles, duchesse de Cornouailles, acquit la célébrité comme maîtresse puis comme épouse de Charles, prince de Galles, plusieurs décennies après la mort de son arrière-grand-mère.

[modifier] Source

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Alice Keppel ».

[modifier] Bibliographie

  • (en) Diana Souhami, Mrs Keppel and her Daughter
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