Agrippine la Jeune

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Pièce romaine représentant Agrippine la Jeune.
Pièce romaine représentant Agrippine la Jeune.

Agrippine la Jeune (née en 15 ou 16 après J.-C. à Ara Ubiorum - morte assassinée à Baules par Néron en mars 59, à l'âge de 43 ou 44 ans).

Descendante directe d'Auguste, empereur de 27 avant J.-C. à 14, et également descendante directe de Tibère, empereur de 14 à 37, Agrippine la Jeune est la soeur de Caligula, empereur de 37 à 41, l'épouse de Claude, empereur de 41 à 54, et la mère de Néron, empereur de 54 à 68.

Petite-fille d'Agrippa et également petite-fille de Drusus, Agrippine la Jeune est la fille de Germanicus, tous trois généraux romains ayant commandé en Germanie Inférieure.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] La fille de Germanicus

Agrippine la Jeune (Agrippina minor), fille du général Germanicus, est née un 6 novembre en Germanie inférieure après que sa mère, Agrippine l'Aînée (Agrippina maior), eut trouvé refuge avec ses trois enfants à Trèves. Redoutant les mutineries qui avaient accueilli l'annonce de la mort d'Auguste et l'accession de Tibère au pouvoir, la famille de Germanicus s'était repliée auprès d'alliés moins incertains, les Trévires. Le lieu de naissance d'Agrippine la Jeune semble pourtant être Ara Ubiorum, qui devint Cologne. En 50, sous le Principat de Claude, la ville prit le nom de Colonia Claudia Ara Agrippinensium ou CCAA en l'honneur de Claude et à l'initiative d'Agrippine ; ses habitants furent appelés Agrippinenses[1].

En 17, Germanicus est rappelé à Rome où l'on célèbre son triomphe le 26 mai. Selon l'historien Tacite,

« Ce qui ajoutait encore au spectacle [du triomphe], c'était la beauté de Germanicus et son char, sur lequel se trouvaient ses cinq enfants.[2] »

Germanicus est chargé d'une mission d'inspection en Orient, apparemment dans le but de le séparer de ses troupes, en raison des craintes et de la jalousie de Tibère. Il semble qu'Agrippine la Jeune soit restée à Rome pendant ce voyage. À Antioche, Germanicus meurt opportunément en octobre 19, probablement empoisonné sur ordre de Tibère.

Dès lors, Agrippine l'Aînée et ses enfants sont ballotés entre les rivalités personnelles et les affaires d'État. Au moment de la conspiration de Séjan, Tibère interdit à la veuve de Germanicus de se remarier. Après la mort de son fils Drusus, Tibère se renferme de plus en plus et les descendants de Germanicus en font les frais : les deux aînés sont déportés ou enfermés, et leur mère, Agrippine l'Aînée, est condamnée à l'exil. Tous trois moururent dans des conditions atroces et sans avoir retrouvé la liberté.

En 28, Agrippine la Jeune a 13 ou 14 ans, et épouse Cneius Domitius Ahenobarbus, sur le choix de Tibère :

« Cependant Tibère, après avoir accordé, en sa présence, à Cn. Domitius sa petite-fille Agrippine, fille de Germanicus, ordonna que le mariage fût célébré dans la Ville. En la personne de Domitius, il avait, outre l'ancienneté de la race, choisi un sang proche de celui des Caesars; car il pouvait se vanter d'avoir pour aïeule Octavie et, par elle, Auguste comme grand-oncle.[3] »

En 32, Cneius Domitius Ahenobarbus est consul.

[modifier] La mère de Néron

Buste en marbre d'Agrippine la jeune, provenant de la ville d'Emerita Augusta (aujourd'hui Merida, en Espagne), daté de la seconde moité du 1er siècle après J-C.
Buste en marbre d'Agrippine la jeune, provenant de la ville d'Emerita Augusta (aujourd'hui Merida, en Espagne), daté de la seconde moité du 1er siècle après J-C.

À Antium, le 15 décembre 37 au lever du soleil[4], Agrippine accouche d'un fils, Lucius Domitius Ahenobarbus, le futur Néron. Ce fut son seul enfant.

Selon les historiens romains, Caligula entretenait à cette époque des relations incestueuses avec ses trois sœurs, et n'hésitait pas à les prostituer à ses favoris. Au début du règne, les sœurs de l'empereur sont entourées d'honneurs à la cour, mais en 39, accusées d'adultère et de complicité dans le complot de Marcus Aemilius Lepidus contre l'empereur, Agrippine et sa sœur Julia Livilla sont condamnées à l'exil sur les Îles Pontines, exil qui dura jusqu'au principat de Claude en 41.

Agrippine divorce alors de son premier époux, fait assassiner son second mari Passienus Crispus, immensément riche, pour se lier à l’empereur Claude après la mort de Messaline. La liaison est d'abord officieuse par crainte que l'opinion condamne un inceste : Claude est en effet l'oncle d'Agrippine. Le mariage est officialisé en 49 grâce à un subterfuge. Vitellius fait voter une motion par le Sénat obligeant l'empereur à se remarier.[5] Aussitôt, Claude se hâte de se conformer à la demande pressante du Sénat et du peuple romain. Mais il ordonne aussi des sacrifices expiatoires par les pontifes pour l'inceste (« ce qui fit rire tout le monde », précise Tacite).

Agrippine obtient alors le retour d'exil de Sénèque qui avait été le précepteur de Domitius, et parvient à fiancer son fils avec Octavie, la fille de son propre époux. Mariage conclu en 53, mais jamais consommé. Par son influence auprès de l'empereur et ses manœuvres, Agrippine élimine ses rivales passées (Lollia, Domitia Lepida) ou potentielles (Calpurnia) et s'empare des richesses de plusieurs notables (Statilius Taurus).

L'Augusta est alors la maîtresse de Pallas, un affranchi richissime, proche conseiller de Claude. Toujours en 49, poussant son époux à imiter Auguste (mais aussi Tibère qui avait adopté Germanicus), elle obtient que son fils soit adopté par Claude et passe de la famille des Domitii à celle des Claudii : il prend alors le nom de Nero Claudius Caesar Drusus, abrégé en français en Néron) et devient le rival (plus âgé) de Britannicus, le fils de Claude et de Messaline. Britannicus est peu à peu isolé : tout est fait pour amener Néron au pouvoir.

Finalement, se sentant elle-même en danger et profitant de l'absence de Narcisse, l'un des conseillers les plus fidèles de Claude, Agrippine fait empoisonner l’empereur le 13 octobre 54.

Trop autoritaire, Agrippine est assassinée sur les ordres de son propre fils. « Frappe au ventre. » ("ventrem feri") dit-elle au centurion venu la tuer[6]. Elle avait survécu auparavant à trois tentatives d'empoisonnement, puis au naufrage du navire sur lequel elle se trouvait. Ce n'est qu'après ce dernier échec que Néron la fit assassiner par ses gardes.

[modifier] Arbre généalogique

Agrippine la Jeune était :

[modifier] Bibliographie

[modifier] Références culturelles

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Le prétexte du roman de Grimal est intéressant en ce sens qu'il prétend nous restituer les Mémoires écrits par Agrippine elle-même. Or, ces mémoires, aujourd'hui perdues, ont une existence historique attestée par Tacite : « Ce fait qui n'a pas été rapporté par les auteurs d'ouvrages historiques, je l'ai découvert dans les mémoires de sa fille Agrippine, qui, devenue la mère de l'empereur Néron, a raconté à la postérité sa vie et la vicissitude des siens.»[8]


[modifier] Notes

  1. Dictionnaire Gaffiot
  2. Tacite, Annales, Livre II, Chapitre XLI-3
  3. Tacite, Annales, IV, 75
  4. Suétone, Néron, VI. Anthony Barret (op. cit. page 234) fait une intéressantes comparaison des sources relatives à la naissance de Néron, qui pour la plupart confirment la date de Suétone.
  5. Tacite, Annales, Livre XII- V à VII
  6. Tacite, Annales, XIV 8
  7. Edition de Fallois, 1992. ISBN 2-87706-152-3 - L'ouvrage a été republié en 1994 au Livre de Poche n° 13508.
  8. Tacite, Annales IV, chapitre LIII-2