Affaire Ilan Halimi

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Attention : Les personnes citées dans cet article n'ont pas encore été jugées et sont donc toutes présumées innocentes.

L’affaire Ilan Halimi fait suite à la torture puis à l'assassinat d'un jeune homme français de religion juive en février 2006.

Sommaire

[modifier] Circonstances du crime

Ilan Halimi a été kidnappé le 21 janvier 2006 en région parisienne et torturé pendant les trois semaines suivantes. Découvert agonisant le 13 février 2006 le long d'une voie ferrée, il est décédé peu après lors de son transfert à l'hôpital. L'autopsie a mis en évidence des marques de lacérations ainsi que des brûlures couvrants 80% de son corps.

Ses ravisseurs présumés (dont certains ont reconnu leur implication dans les faits auprès de la police) se faisaient eux-mêmes appeler « le gang des barbares » et semblent avoir voulu obtenir de l'argent de la famille.

Lorsque l'affaire a été révélée, deux aspects ont contribué à bouleverser l'opinion publique :

  • la cruauté des tortures infligées au jeune homme
  • le caractère antisémite du crime qui semble avoir contribué à l'acharnement dont ont fait preuve ses ravisseurs.

[modifier] Tortures infligées

  • Extraits du procès-verbal (PV) de l'interrogatoire de Samir Ait Abdelmalek, l'un des geôliers d'Ilan Halimi, à la Brigade criminelle de Paris, le 18 février 2006 :

« J'ai sorti la lame du cutter et après qu'il a mangé et bu j'ai cherché un endroit où lui mettre un coup de cutter pour que ça saigne sans lui faire trop mal. Je ne voulais pas toucher à l'adhésif. Sans prévenir Ilan pour qu'il ne stresse pas je lui ai mis un coup de cutter sur cinq ou six centimètres sur la joue gauche. Malgré le sparadrap cela a saigné vite dans sa barbe qui n'avait pas été rasée. [...] A ce moment Ilan avait réussi à relever son bandage sur les yeux. Il avait donc vu Ilan le regarder droit dans les yeux et du coup Youssouf avec un couteau lui a mis un coup dans la gorge vers la carotide puis un coup de l'autre côté de la gorge. Ensuite il a essayé de lui couper le bas de la nuque. Puis il lui a mis un coup de couteau dans le flanc. Il avait sûrement dû revenir avec un bidon d'essence car il m'a dit qu'il avait utilisé un bidon pour asperger Ilan avec ce combustible et l'a incendié sur place. À ce moment il m'a dit "cela a fait une grande flamme et je suis parti" »

  • L’autopsie d’Ilan Halimi :

Réalisée le 14 février à l’hôpital d’Evry (Essonne), a révélé des « brûlures » sur 80 % du corps, de multiples « hématomes et contusions », « une plaie à la joue » faite au cutter et « deux plaies à l’arme blanche sous la gorge ». Mais le médecin légiste conclut : « Aucun des coups n’est mortel. » C’est l’ensemble des violences et tortures subies pendant trois semaines qui ont causé la mort.

[modifier] Contexte politique et sociologique

L'écho dans les médias et les réactions politiques et ont été rapides et importants. Cela peut s'expliquer par le fait que ce fait divers recoupe deux phénomènes sociologiques importants en France :

  • les difficultés des personnes vivant dans les banlieues défavorisées, dont font partie la majorité des prévenus.
  • Le développement de l'antisémitisme.

[modifier] Influence des médias sur le comportement du Gang

Par ailleurs, la violence omniprésente dans les médias a été également incriminée :

  • le modus operandi du groupe évoque l'affaire Valérie Subra[1], portée à l'écran par Bertrand Tavernier dans L'Appât en 1995 ;
  • l'intraçabilité des téléphones depuis un distributeur en Côte d'Ivoire s'inspire de Sneakers (Les Experts), un film de 1992 ;
  • les photos d'Ilan menotté, bâillonné, tenant le journal du jour, s'inspirent des prises d'otage réalisées par les terroristes irakiens ;
  • les chansons de la bande originale du film Sheitan (sorti le 1er février 2006 au cinéma) Bâtards de barbares et Gentiment je t'immole décrivent une immolation, avec des textes et des images d'une violence extrême. Voir [1].

[modifier] Faits (tels que connus à ce jour)

À ce jour, l'affaire n'étant pas jugée, nous ne pouvons formuler que des hypothèses et chercher à rassembler les faits tel que connus par la Police et la Justice sans préjuger de l'issue du procès.

[modifier] Mode opératoire présumé du gang

Le gang "des Barbares" serait composé d'une vingtaine de personnes qui graviteraient autour d'un chef présumé, Youssouf Fofana. Toutefois, les enquêteurs, évoquant plusieurs déplacements en Côte d'Ivoire de Youssouf Fofana durant le rapt ont avancé l'hypothèse d'un autre chef. Son avocat a déclaré, sans autres précisions « Il [est] parti deux fois en Côte d'Ivoire sur 21 jours [durant le rapt] […] il n'était peut-être pas le seul à diriger les choses. » et « "Je ne suis pas convaincu qu'il puisse parler librement tant que d'autres personnes sont dehors" »[2].

Des jeunes filles seraient utilisées pour attirer les futures victimes dans un guet-apens. Ilan ne serait pas la première victime du gang : il y aurait eu cinq tentatives d'approche avant lui, mais toutes auraient échouées. Ilan fut torturé durant plusieurs semaines dans une cave d'une cité de Bagneux. Sa famille aurait fait l'objet de plusieurs appels de demande de rançons pour la libération d'Ilan Halimi au motif que la famille juive ou ses coreligionnaires étaient censées, pour les assassins, « avoir de l'argent ». Encore une fois, il apparaît que les clichés antisémites ont joué un grand rôle dans le choix de la victime.

[modifier] Motif présumé du crime

Le motif apparent de ce crime est l'argent. Pourtant certains détails apparaissant au cours de l'enquête peuvent suggérer que le choix des victimes relève de préjugés antisémites. La motivation antisémite est rejetée comme motif, et nié avec énergie par Youssef Fofana. Plusieurs membres du gang ont déclaré lors des interrogatoires qu'« un Juif, c'est riche »[3], ce qui n'était absolument pas le cas d'Ilan, issu d'une modeste famille, habitant dans la même banlieue que ses tortionnaires.

La police soupçonne actuellement le clan des barbares de tentatives de racket sur des médecins et des personnalités en 2004, et se penche sur l'hypothèse d'un lien avec d'autres tentatives similaires exercées en 2002 sur les patrons ou membres influents d'entreprises, au nom d'un pseudo groupe palestinien.[4] Dans le sens contraire, un officier de police a signalé que les membres du groupe ne sont pas connus comme extrémistes. Plusieurs se sont défendus d'être anti-sémites[5]

Par ailleurs, au cours des 24 jours qu'a duré le kidnapping, les demandes de rançon fluctuaient de façon hautement fantaisiste entre de 450 000 € pour finir a 5000 €, sans tentative de rendez-vous d'échange.

[modifier] Exploitation médiatique controversée du fait divers

Fin février 2006, I>Télé, chaîne d'information du groupe Canal+ annonce sur son antenne, un « scoop ». Frank-Olivier Boli, correspondant en Côte d'Ivoire de l'émission I>Afrique parvient, dans des circonstances jamais rendues publiques, à obtenir l'interview exclusive de l'assassin et tortionnaire présumé : Youssouf Fofana (type d'interview qui, en plein déroulement d'une affaire judiciaire et policière, est totalement illégale en France).

Cette diffusion fera l'objet de violentes polémiques en raison des questions journalistiques, morales et déontologiques qu'elle soulève : au lieu d'interroger ses avocats, doit-on exploiter l'interview d'un prisonnier durant une garde à vue, du simple fait que cela se déroule à l'étranger ? De plus, la direction de la chaîne a remis une copie de l'enregistrement complet de l'interview aux forces de police françaises. Au-delà de la question journalistique et déontologique, cette diffusion a eu de considérables répercussions, notamment à l'égard de la communauté juive et de la famille de la victime.

En mars 2006, une plainte est déposée du fait d'un lourd soupçon de corruption (un commissaire de police aurait été rétribué) pour avoir négocié et payé l'accès à Y. Fofana lors de sa garde à vue en Côte d'Ivoire. Le 30 octobre 2006, à l'antenne de la station Europe 1, le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy déclare, concernant la décision d'I>Télé de diffuser la vidéo de Y. Fofana : "Quand je vois une chaîne qui a assez peu de morale pour diffuser, dans l'affaire Ilan Halimi, une interview du chef du gang, Youssef Fofana. Je m'interroge sur les rôle des médias. Donner la parole aux criminels plutôt qu'aux victimes, cela veut dire que nous n'avons pas les mêmes valeurs... ". En pleine période pré-électorale, le futur candidat et président de l'UMP semble préciser comment la chaîne d'information de Canal+ doit se comporter et respecter une certaine éthique journalistique.

Dans cette interview réalisée le 24 février 2006 et diffusée sur I>Télé le lendemain, Youssouf Fofana tient des propos peu intelligibles. Il déclare qu'Ilan Halimi a été enlevé « à des fins financières » et qu'il n'a pas tué Ilan Halimi, mais affirme que « si la guillotine était là, on aurait pu la suggérer pour moi ». Il est à noter que I> Télé aurait demandé l'avis de la famille Halimi avant de diffuser l'interview et la famille aurait donné son accord en déclarant qu'I>Télé faisait son travail de journaliste d'information (Selon Valérie Lecasble, Directrice de I>Télé dans l'émission Plus clair du 4/03/2006 sur Canal+). Cependant, après avoir visionné cette interview, l'avocat de la famille d'Ilan déclarait que : « La famille d'Ilan est indignée du cynisme et de la désinvolture de cet homme, de son indécence et de son obscénité quand il s'indigne de sa victimisation ».

[modifier] Témoignages confirmant les motivations antisémites de l'enlèvement

À la date du 5 mars, la circonstance aggravante d'antisémitisme a été retenue par les juges d'instruction. Le journal Le Monde du 21 mars 2006 publie des informations confirmant la dimension antisémite de l'affaire, après des interrogatoires de certains prévenus :

"Les préjugés antisémites de la bande de Bagneux apparaissent dans les auditions de ses membres. D'après Youssouf Fofana, ils ont "visé la communauté juive, car c'est eux qui ont de l'argent".

Sarah, qui a servi d'appât, a raconté aux enquêteurs la teneur d'une discussion avec Youssouf Fofana : "D'après lui, les juifs étaient les rois, car ils bouffaient l'argent de l'État et lui, comme il était noir, était considéré comme un esclave par l'État." "Je lui ai demandé ce qu'il comptait faire si les personnes n'avaient pas d'argent, a-t-elle ajouté, et il m'a dit que ce n'était pas possible car les juifs étaient solidaires entre eux." Voilà pourquoi le chef du gang a contacté un rabbin parisien - "trouvé en consultant Internet" -, après l'échec des contacts avec la famille Halimi."

Le même journal précise encore d'autres éléments de l'enquête : "Si les magistrats ont retenu le caractère antisémite comme circonstance aggravante du crime, c'est aussi en raison de l'épisode du joint écrasé sur le front d'Ilan Halimi. Guiri Oussivo N'Gazi aurait entendu de la bouche de Jérôme Ribeiro le récit de cet acte, dans lequel un mineur, Jean-Christophe G., dit "Zigo", a joué un rôle central : "J'ai demandé à Jérôme pourquoi G. avait agi ainsi. Jérôme m'a répondu que Zigo avait fait cela car la victime était un feuj et il n'aimait pas les feujs." […] ainsi que l'information suivante : "Le dernier élément qui a pu conforter les juges provient des perquisitions. Dans un appartement où Jérôme Ribeiro a vécu, des autocollants antisémites et des documents à la gloire des nazis ont été découverts. Au domicile de Youssouf Fofana, les policiers ont trouvé un texte de théorie salafiste. "Mon fils est très croyant, il fait la prière cinq fois par jour, il va tous les jours à la mosquée de Bagneux, a expliqué Bakary Fofana, père du chef de gang. Maintenant, je ne pense pas qu'il soit intégriste ou influencé."

Le journal Libération publie également des informations en ce sens dans un article du jeudi 30 mars 2006, suite aux déclarations à la police de Yalda, la jeune fille utilisée comme "appât" .

"Mardi 17 janvier, Youssouf ­ qu'elle [Yalda] appelle « Oussama », comme Ben Laden, ­ l'emmène dans sa Twingo noire vers « un quartier juif » du côté de République. Il lui explique sa mission : « prendre des numéros de Juifs qui travaillent dans la téléphonie ». Elle demande pourquoi. « Je veux prendre un des Juifs en otage car les Juifs sont solidaires entre eux et ils paieront. » Un jour, « il y avait une cérémonie juive », explique Yalda, et c'est comme ça qu'il avait « repéré les magasins fermés ». […] Il [Fofana] persuade Yalda qu'ils sont dans la même galère sociale. « On est des Arabes et des Noirs, faut qu'on se soutienne. » Elle lui demande s'il est raciste. Il répond non. Mais « d'après lui, les Juifs étaient les rois car ils bouffaient l'argent de l'État et il était noir, il était considéré comme un esclave par l'État ». Elle s'inquiète de ce qu'il compte faire si la famille d'Ilan ne peut verser la rançon. « Ce n'est pas possible », répète-t-il. Les Juifs sont « des victimes idéales » car, « s'ils n'ont pas d'argent, la communauté s'arrangera pour payer »."

[modifier] Personnes inculpées dans l'affaire

Il y a [29 personnes][6] mises en examen dans ce dossier dont 18 ont été emprisonnées.

Parmi ces personnes:

  • Youssouf, ou Youssef, Fofana, "cerveau des Barbares" autoproclamé. Il était déjà connu des services de police nationale (outrages et rébellions) et d'Interpol. Il aurait déjà passé quatre années en prison pour faits divers dont vol, et résistance aux forces de l'ordre.[7]. Il aurait 6 frères et sœurs dont un qui a déjà été condamné à de la prison ferme.

Il a été arrêté dans la nuit du 22–23 février à Abidjan par les gendarmes ivoiriens. Ses avocats ont essayé de s'opposer à son extradition en arguant de sa nationalité ivoirienne[8] sans succès. Il a finalement été extradé le 4 mars.[9]Fofana a reconnu avoir prémédité l'enlèvement d'Ilan depuis décembre 2005, lors d'un séjour en prison, l'avoir séquestré, lui avoir porté plusieurs coups de poignard, et donné de l'ordre de le "saigner" car ne pouvant plus le garder. Il se serait ravisé et aurait ordonné qu'on le "lave" (à l'acide, afin d'effacer toute trace d'ADN), cependant il nie l'avoir tué et charge ses complices sur ce point.[10]

En mai 2006, Youssouf Fofana contacte son avocat Maître Philippe Missamou et lui demande qu'il lui serve d'intermédiaire auprès des maisons d'édition pour écrire un livre relatant ses mémoires sur l'affaire Ilan Halimi.[11]

Le 30 novembre 2006, une enquête pour "outrage à magistrat" est ordonnée à son encontre, suite à un courrier menaçant et insultant qu'il avait envoyé à la juge d'instruction Corinne Goetzmann[12]

  • Christophe Martin-Vallet dit "Moko", martiniquais, féru d'informatique, qui aurait suggéré l'idée des rapts et aurait organisé les opérations de séduction des rabatteuses.[13],[14].
  • Jean-Christophe G, "JC, "Zigo", mineur au moment des faits, violent, ce serait lui qui aurait torturé Ilan et écrasé un joint sur son front, et lui aurait donné des gifles et des coups de manche à balai. Il a été exclu de 4e du collège Beranger à Paris, et déjà interpelé pour vol de Mp3 et possession de cannabis. Il aurait acheté quelques provisions (protéines, pailles et ciseaux)
  • Yalda, mineure au moment des faits, dont la mère est réfugiée politique et le père décédé, et dont la sœur est handicapée mentale. En 2001, elle a été violée par 3 garçons, elle aurait fait une tentative de suicide. Élève de seconde, elle résidait à l'internat de Thiais, en Val-de Marne. Elle aurait servi d'"appât" pour amener Ilan dans leur repaire. Elle a reconnu s'être rendue dans la boutique de téléphonie où travaillait Ilan Halimi, et lui avoir laissé son numéro de téléphone, avant de lui fixer un rendez-vous dans le sud de Paris. Elle l'aurait ensuite emmené à Sceaux (Hauts-de-Seine) où "deux ou trois gros bras", dont Fofana, ont maîtrisé Ilan Halimi avant de l'emmener à Bagneux. Les autres hommes, "des gars d'une autre banlieue", sont toujours recherchés.
    La jeune fille, ex-petite amie de Youssef Fofana, nie avoir touché de l'argent ou avoir participé à la séquestration d'Ilan Halimi.[15] En revanche, elle a bénéficié d'une nuit d'hôtel 3 étoiles (106 EUR), payée par Fofana en remerciements, pour elle et son ami, le soir de l'enlèvement.
  • "Jérôme Ribeiro", alias "coup de tête", portugais d'origine, issu d'une famille de 6 frères et sœurs, il n'avait plus de travail depuis la mi-décembre 2005, il était manutentionnaire intérimaire. Soupçonné d'avoir participé à l'élaboration du projet d'enlèvement et "il était plus qu'un geôlier" selon une source judiciaire. Son témoignage aurait permis aux forces de l'ordre de remonter à d'autres membres du gang. Il a quitté le groupe à la fin du mois de janvier 2006.
  • "Samir Aït Abdelmalek", dit smiler, père de 2 enfants, multirécidiviste pour des affaires de drogue et de vol de voiture, qui aurait fourni l'appartement de la séquestration à Bagneux avant qu'Ilan soit séquestré dans la chaufferie de l'immeuble. Samir est aussi considéré comme bras droit de Youssef qu'il connaissait depuis 10 ans, il aurait fourni l'acide et donné un coup de cutter à la victime.
  • "Audrey Lorleach" dite "Natacha", jeune fille qui aurait servi auparavant d'"appât". Jeune étudiante en assistance médicale, petite amie clandestine de Jérôme Ribeiro, elle s'est livrée volontairement à la police. Ses deux tentatives d'aguicher des jeunes hommes n'aboutissent pas et Fofana n'aura finalement pas recours à ses services. Elle est très amie de Murielle. Elle a retrouvé la liberté après 8 mois de détention provisoire.
  • "Murielle I", amie d'Audrey, ne semble pas faire partie des opérations mais a été inculpée de "non-dénonciation de crime" lorsqu'elle a reconnu le portrait-robot d'Audrey dans les journaux sans avoir immédiatement alerté la police. Elle a voulu dissuader Audrey de s'impliquer dans ces actes. Admissible à l'écrit au concours de gardien de la paix, elle n'a pas pu passer l'oral de l'examen, mise en examen pendant cette période.
  • "Yahia Touré Kaba", analphabète, aurait été geôlier 2 semaines et demi, aurait coupé les cheveux à la victime et fourni deux autres amis pour sa relève, "Fabrice" et "Baba".
  • "Fabrice Polygone", étudiant en BTS, aurait été geôlier pendant 3 semaines et aurait aussi aidé à couper les cheveux de la victime.
  • "Giri Oussivo N'Gazi", un ami de Jérôme, qui aurait été geôlier.
  • "Nabil Moustafa", alias "Bilna", livreur de pizza et footballeur, aurait été geôlier et aurait amené Cédric dans le groupe.
  • "Cédric Birot Saint-Yves", ami de Nabil, qui aurait été geôlier.
  • "Gilles Serrurier", ancien enfant de la DDASS, est le gardien de l'immeuble où était séquestré Ilan Halimi, qui aurait prêté à ses bourreaux l'appartement, ou au moins la chaufferie où ils l'ont torturé et tué. Il aurait notamment remis les clefs de la chaufferie à Samir.
  • "Jean-Christophe Soumbou" alias "Marc" alias "Crim" alias "Craps" : ancien co-détenu de Youssouf Fofana, de corpulence musclée, reconnaît avoir recruté deux hommes de main et fourni la voiture utilisée pour enlever la victime.
  • "Yassin N", qui aurait été un homme de main recruté par Jean-Christophe Soumbou.
  • "Tiffenn G", Bretonne, qui aurait fourni des appâts à Fofana, qu'elle admire, c'est aussi l'ex petite amie de Jean-Christophe G, et une amie de Yalda.
  • "Leila A", petite amie régulière de Jérôme Ribeiro, qui avait son diplôme de BAFA et voulait devenir assistante sociale, a été mise au courant des faits mais les parents de Jérôme l'auraient dissuadée de les dénoncer pour ne pas faire porter le chapeau qu'à Jérôme.
  • "Alexandra S.", elle aurait servi d'appât et a déclaré avoir été violée par Y. Fofana, C. Martin et J. Ribeiro - une instruction suit son cours.
  • "Almane", prêteur sur gages, soupçonné d'avoir pu servir d'intermédiaire dans le cas où une remise d'argent aurait été organisée.

Il y a enfin Sarah, un autre appât, et Isabelle, confidente de Yalda, qui était au courant des faits mais ne les a pas dénoncés, même anonymement[16]

[modifier] Arrestation de Youssouf Fofana

Youssouf Fofana, qui s'était réfugié en Côte d'Ivoire le 15 février, revendiquait une prétendue nationalité ivoirienne pour s'opposer à son extradition vers la France. Arrêté à Abidjan le 22 février, sous le coup d’un mandat d’arrêt international - pour son rôle présumé dans les crimes commis à l'encontre d'Ilan Halimi, et incarcéré à la MACA, Youssouf Fofana s'était attaché les services de cinq avocats ivoiriens, qui avançaient que ce jeune Français de 26 ans, né en France, avait la double nationalité, son père étant ivoirien.

Si ce fait avait été avéré, cela aurait effectivement bloqué l'extradition, la Côte d'Ivoire n'extradant pas ses ressortissants. Selon Francis Spizner - l’avocat de la famille de la victime, Ilan Halimi - il s’agit d’« une affaire très simple » : Youssouf Fofana, né dans l’Hexagone, ne s’est jamais « prévalu » de la nationalité ivoirienne, c’est « un citoyen français. Il est entré en Côte d’Ivoire avec un passeport français. Il était muni d’un visa, ce que tout étranger fait lorsqu’il veut rentrer dans un pays, et c’est donc un Français qui est en fuite ».

Le 2 mars 2006, la justice ivoirienne a autorisé l'extradition vers la France du principal suspect dans l'affaire du « Gang de Bagneux ». Aucun recours n'est possible sur la décision judiciaire, rendue par la chambre d'accusation d'Abidjan, réunie à huis clos. L'extradition devient exécutoire lorsque le président ivoirien Laurent Gbagbo signe le décret. La France affrète alors un airbus avec une dizaine de gendarmes pour rapatrier Youssouf Fofana sous très haute sécurité.

Le 5 mars 2006, Youssouf Fofana est rapatrié, mis en examen pour "association de malfaiteurs, enlèvement, séquestration en bande organisée avec actes de tortures et de barbarie, assassinat" avec circonstance aggravante de faits commis "en raison de l'appartenance de la victime à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée" par les juges Corinne Goetzmann et Baudoin Thouvenot.

[modifier] Réactions

[modifier] réactions politiques

  • La majorité des associations et des personnalités politiques ont condamné ce meurtre. Le mardi 21 février, lors de la séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, Nicolas Sarkozy déclare que bien que ce meurtre ait eu pour motivation première l'extorsion d'argent, le choix d'une cible juive dénote un « antisémitisme par amalgame ».
  • Julien Dray, membre du Parti socialiste, a considéré que ce meurtre était dû à un "effet Dieudonné" et déclaré pour sa part que ces actes "ne sont pas un fait divers parmi d'autres mais le révélateur de la situation réelle de la délinquance dans notre pays : des gangs organisés, dont certains sont à connotation raciste ".

[modifier] réactions d'intellectuels

  • "Des barbarismes à la barbarie", article de Barbara Lefebvre, enseignante, dans Le Monde du 7 mars 2006 qui écrit : "La violence verbale est le lot quotidien des acteurs du monde éducatif, et notamment dans ce cœur fondamental de la sédimentation identitaire, le collège, où l'adolescent bataille avec la délicate question de l'intégration au groupe. C'est là que se forgent ces langages meurtriers, cette barbarie verbale du quotidien qui conduit certains - et pas les plus fragiles, au contraire - au passage à l'acte". […]La fille est une "pute", une "salope", une "tas-pé". Certains de ceux qui s'expriment de la sorte au quotidien sont des adolescents amateurs de films pornos et de chanteurs aux textes "engagés" d'une exquise poésie ; les mêmes prétendent par ailleurs veiller au respect de leur mère et sœurs. Un jour, un des leurs va plus loin en s'adressant à une adulte, son enseignante enceinte à qui il déclare "j'vais te lécher le… ça va te faire descendre ton enfant". Celui qui, en octobre 2002, a brûlé vive Sohane Sohane Benziane dans un local à poubelles parce qu'elle avait osé dire "non" a été applaudi par ses supporteurs lors de la reconstitution. Barbarismes et barbarie se rejoignent : les mots ont participé à réduire l'humain à une chose". […] Inutile de s'étendre sur l'usage du mot "juif" dans les couloirs de nombre d'écoles depuis de nombreuses années. Il est une insulte en soi"

Pour conclure : "Les barbarismes langagiers préparent le terrain conduisant aux crimes les plus barbares."

  • Point de vue de Sylvie Anne Goldberg dans Le Monde du 2 mars 2006 : "Meurtre d'Ilan : osons nommer la bête", :

"La question se pose de savoir si pour être antisémite il faut parfaitement maîtriser les définitions qu'en donnent la langue française et le code pénal, puisque, de nos jours, les propos qualifiés d'antisémites sont passibles de sanctions légales. Viendrait-il à l'idée d'un minable quelconque de rançonner un Breton ou un Arlésien au seul prétexte qu'il y aurait chez les Bretons ou les Arlésiens plus d'argent qu'ailleurs ?"

"Le « gang des barbares » avait une prédilection pour les proies juives, parce que, selon ses membres, les Juifs « ont de l'argent ». Vieille affaire, ancestral cliché. Mais cette conjonction, dans l'antisémitisme traditionnel, repose sur la haine de l'« équivalent général ». L'argent est accusé de dissoudre les liens communautaires dans l'abstraction de l'échange, de sacrifier l'héroïsme et toute forme de transcendance aux valeurs purement matérielles et de réduire l'esprit à l'esprit pratique. Le judaïsme, religion terrestre, et les Juifs, race du désert, sont accusés d'incarner la trivialité, la bassesse, la laideur d'une civilisation sans âme. "

  • dans Le Figaro du 2 mars 2006, Alain Bauer, criminologue, sous le titre "La violence est un ordre qui se construit contre la civilisation", écrit :

« Il faut toujours une tragédie pour que le discours de la réalité s'impose »

"La violence n'est pas la forme d'anarchie qu'on imagine, luttant contre un ordre établi. Ce n'est pas le désordre contre l'ordre. C'est un ordre contre un autre ordre, un ordre concurrent, appuyé sur une logique de marché, car le crime est une entreprise comme les autres. La globalisation criminelle actuellement en cours dans notre pays permet l'importation des règles les plus simples de conquête du marché : l'élimination de la concurrence. Les nations se défendent en construisant des règles. Cela s'appelle la civilisation. Il nous reste à choisir dans quel monde nous voulons vivre. En attendant, bienvenue en Barbarie".

  • Dans "La mort d'un pote", publié aux éditions du Panama, Émilie Frèche revient sur les circonstances dans lesquelles Ilan Halimi est mort et dresse un tableau de notre pays. Elle écrit: " Il faut bien un théâtre pour que se joue une tragédie, et le théâtre dans lequel Ilan Halimi s'en est allé, c'est la France de 2006".
  • Adrien Barrot, professeur de philosophie à l'Université Paris XII, publie en février 2007 un livre intitulé «Si c'est un Juif», dont Le Monde du 16 février 2007 résume ainsi le propos:

« Les raisons de désespérer dans l'affaire Ilan Halimi sont nombreuses, selon Adrien Barrot. Ainsi, comment l'enlèvement, la séquestration, la torture et le meurtre d'un homme, commis au nom du cliché ancestral qui identifie les Juifs au capital, a-t-il pu passer pour un simple fait divers ? Un crime qui survient de plus dans un contexte où les attentats antisémites se multiplient en France et à l'étranger. En écartant ce qu'il y a de plus spécifique dans l'assassinat d'Ilan Halimi, pour l'inclure dans le cycle infernal des violences quotidiennes, on ne dénature pas simplement le caractère des faits. On se condamne aussi à la cécité. (…) "Ce n'est pas un crime antisémite que nous avons sous les yeux, c'est le nazisme à l'état protozoaire, c'est l'égout dont le nazisme est sorti", estime-t-il.

L'analogie dressée par l'auteur entre la manifestation du 26 février 2006, organisée de la République à la Nation à la mémoire d'Ilan Halimi, qui n'aura mobilisé, peu ou prou, que la seule communauté juive, avec celle de 1990, qui, faisant suite à la profanation d'un cimetière juif à Carpentras, réunit 150 000 personnes criant leur révolte, sur les mêmes avenues, constitue le point le plus stimulant et le plus original de son ouvrage. Il était politiquement vital pour l'auteur de ne pas laisser les juifs manifester seuls contre le meurtre d'Ilan Halimi, afin d'éviter un face-à-face avec les antisémites où la différence juive se caractérise, une fois encore, par sa solitude. La généalogie dans laquelle Adrien Barrot place le meurtre d'Ilan Halimi est implacable. Il n'y a eu personne pour défendre les juifs quand, à l'heure de la chrétienté, ils devinrent le peuple déicide. Personne, au moment de la révolution industrielle, pour les protéger quand il fut écrit que les juifs étaient tous capitalistes, ou, plus tard, lorsque l'assimilation systématique du juif au révolutionnaire se montra tout aussi absurde.»

[modifier] Sources

  1. Livre: Le procès de Valérie Subra
  2. le Monde, 5 avril 2006
  3. Paris kidnap gang suspect arrested in Ivory Coast - World - Times Online
  4. http://fr.news.yahoo.com/28022006/290/youssef-fofana-cherche-a-eviter-son-extradition-de-cote-d.html
  5. http://www.latimes.com/news/nationworld/world/la-fg-projects26feb26,0,2275676.story?page=1&coll=la-home-headlines
  6. Fofana aggrave encore son cas face à la justice
  7. http://www.liberation.fr/page.php?Article=362232
  8. http://fr.news.yahoo.com/28022006/290/youssef-fofana-cherche-a-eviter-son-extradition-de-cote-d.html
  9. http://fr.news.yahoo.com/04032006/290/youssouf-fofana-devrait-arriver-en-france-en-fin-d-apres.html
  10. http://fr.news.yahoo.com/08032006/202/les-premiers-aveux-de-fofana-reconnaissant-avoir-poignarde-ilan-dans.html
  11. Archives
  12. Fofana aggrave encore son cas face à la justice
  13. LeMonde.fr : La composition de la bande se précise, poursuite des interrogatoires de Fofana
  14. Liberation, 1er mars 2006
  15. http://fr.news.yahoo.com/28022006/290/youssef-fofana-cherche-a-eviter-son-extradition-de-cote-d.html
  16. Article du Monde date d'Ariane Chemin en date du 28 Mars 2006
  17. Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié entre les Peuples - Meurtre de Ilan Halimi: déclaration du MRAP

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes