Émile Cartailhac

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Émile Cartailhac
Émile Cartailhac

Émile Cartailhac, né à Marseille le 15 février 1845 et mort à Genève le 26 novembre 1921, est un préhistorien français qui a contribué à faire admettre l'existence d'un art pariétal paléolithique après l'avoir mise en doute.

Sommaire

[modifier] Parcours

Bien qu’il étudie le droit, il est attiré très jeune par la Préhistoire, qui est alors une discipline naissante. Il emploie ses loisirs à la fouille de dolmens en Aveyron. Il renonce à la profession d’avocat pour s’adonner à ses recherches préhistoriques. En 1867, il est chargé d’aménager la section de préhistoire à l’Exposition universelle de Paris. En 1869, il prend la direction de la revue Matériaux pour l'histoire naturelle et primitive de l'homme créée par Gabriel de Mortillet.

Il est le premier à enseigner l’archéologie préhistorique, à Toulouse, d’abord à la Faculté des sciences en 1882 puis à la Faculté des lettres en 1890. En 1897, il est élu mainteneur de l'Académie des Jeux floraux. Après avoir aménagé le musée de Saint Raymond à Toulouse, il en devient directeur en 1912.

D’abord défiant quant à l’authenticité des peintures paléolithiques de la grotte d’Altamira, il reviendra sur sa position et publiera courageusement en 1902 un article intitulé « La grotte d’Altamira, Espagne. Mea culpa d’un sceptique » [1]. Il contribue par la suite à la reconnaissance de l’importance de l’art paléolithique, notamment en étudiant de nombreuses grottes ornées dont Marsoulas, Niaux ou Gargas. Pour l’étude de Marsoulas, il fait appel à l'abbé Breuil et jouera un rôle important dans le parcours de ce dernier.

Émile Cartailhac contribue également à la création de l’Institut de paléontologie humaine à Paris (1920).

[modifier] Cartailhac et Altamira

Le scepticisme vis-à-vis de l'authenticité d'Altamira chez un savant de la compétence et de l'honnêteté de Cartailhac s'explique par le fait qu'à l'époque les faux pullulaient et que seule la critique interne permettait de les déceler : les techniques scientifiques ne permettaient pas encore autre chose. Quand, en 1857, le naïf Michel Chasles présenta à l'Académie des sciences des lettres de Pascal pour montrer que ce dernier avait formulé avant Newton le principe de l'attraction universelle, un savant anglais n'alla pas pour le réfuter faire analyser l'encre et le papier : il montra que ces lettres faisaient état de mesures astronomiques effectuées bien après la mort de Pascal. Cartailhac montra, de la même façon, que les découvertes d'Altamira allaient contre tout ce qui était établi à l'époque, et ce n'était pas déraisonnable. Comment ne pas trouver convaincantes les explications d'Édouard Harlé, publiées en 1881 ?

« Le sol au-dessous des peintures a été bouleversé par les fouilles, aussi son examen n'a fourni aucun argument. […] L'ocre rouge est commune dans le pays. On l'emploie à badigeonner les maisons. […] Les incrustations qui recouvrent certains dessins sont beaucoup trop minces pour conclure à une grande antiquité. La paroi très rugueuse sur laquelle sont tracés les quadrillages est en roche vive ; cette paroi s'est donc dégradée par effritement, et comme les quadrillages sont intacts, c'est une preuve qu'ils ne remontent pas à une très grande antiquité. »[2]

Dans son « Mea culpa d'un sceptique » [1], Cartailhac explique sa méfiance en disant : « C'était absolument nouveau et étrange », mais il se rangeait à ce grand principe scientifique : « Il faut s'incliner devant la réalité d'un fait », et après avoir convenu que « ces formes étranges qui étonnaient à juste titre M. Harlé […] continuent de nous étonner », il ajoutait « mais qu'importe ! ». C'était prendre congé de l'esprit de Marcellin Berthelot, savant considérable mais parfois naïf et qui n'avait pas craint d'écrire : « Le monde est désormais sans mystère ». Cartailhac adoptait le point de vue moderne en disant : « notre science, comme les autres, écrit une histoire qui ne sera jamais terminée, mais dont l'intérêt augmente sans cesse. »

Une fois publié son mea culpa, Cartailhac tint à étudier lui-même la grotte et réussit, par l'intermédiaire d'amis, à intéresser le prince Albert Ier de Monaco pour qu'il finançât les impressions nécessaires.

[modifier] Œuvres

  • Émile Cartailhac, Henri Breuil, « Les peintures de la grotte d'Altamira à Santillana (Espagne) ». Comptes rendus de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, p. 256-264, et Compte rendu de l'Académie des Sciences, p. 534. (1903)
  • Émile Cartailhac, Les peintures préhistoriques de la caverne d'Altamira. Conférence faite au Musée Guimet. In-18 de 25 p. Paris, Leroux. (1904)
  • Émile Cartailhac, Henri Breuil, « Les peintures et gravures murales des cavernes pyrénéennes. Altamira et Marsoulas ». L'Anthropologie, t. XV, p. 625. Fig. (1905)
  • Émile Cartailhac, Henri Breuil, La caverne d'Altamira à Santillana, près de Santander (Espagne). - 1er volume de la série des Peintures et gravures murales des cavernes paléolithiques, publiées sous les auspices du Prince de Monaco. Grand In-4°, 287 pages, 37 planches et figures dans le texte. Monaco, 1906 (paru en 1908).

[modifier] Voir aussi

[modifier] Références

  1. ab Émile Cartailhac, « La grotte d’Altamira, Espagne. Mea culpa d’un sceptique », L'Anthropologie, tome 13, 1902, p.348-354.
  2. Édouard Harlé, « La grotte d'Altamira (Espagne) », Matériaux pour l'histoire primitive et naturelle de l'homme, tome 16.

[modifier] Sources

  • Michel Brézillon, Dictionnaire de la préhistoire, Larousse, 1969 (ISBN 2-030754374)
  • Marc Groenen, Pour une histoire de la préhistoire, Éd. J. Millon , 1994 (ISBN 2-905614935)