Samoëns

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Samoëns

Vue générale du village de Samoëns
Pays
drapeau de la France
     France
Région Rhône Alpes Rhône-Alpes
Département Haute-Savoie Haute-Savoie
Arrondissement Arrondissement de Bonneville
Canton Canton de Samoëns
(chef-lieu)
Code Insee 74258
Code postal 74340
Maire
Mandat en cours
Jean-Jacques Grandcollot
2008-2014
Intercommunalité
Coordonnées
géographiques
46° 05′ 05″ Nord
         6° 43′ 41″ Est
/ 46.0847222222, 6.72805555556
Altitudes moyenne : 710 m
minimale : 671 m
maximale : 2 665 m
Superficie 9 729 ha = 97,29 km²
Population sans
doubles comptes
2 323 hab.
(1 999)
Densité 23 hab./km²
Site www.samoens.com
Carte de localisation de Samoëns

Samoëns est une commune française, située dans le département de la Haute-Savoie et la région Rhône-Alpes.

Protégé par la montagne du Criou et à deux pas du cirque du Fer à cheval, dernier bastion des Alpes calcaires, le village haut-savoyard de Samoëns se situe à trois quarts d'heure de voiture de Genève.

La vallée de Samoëns et ses neuf hameaux se distingue par la richesse de son patrimoine et une activité continue tout au long de l'année, principalement emmenée par le tourisme hivernal et estival.

Les habitants de Samoëns sont les septimontains (ou samoënsiens - prononcé samoinzien) peut-être en souvenir des sept "monts" ou alpages communaux dont jouissaient les habitants des siècles passés. Les armes de la ville représentent d'ailleurs sept monts chacun surmonté d'un sapin.

Sommaire

[modifier] Géographie

La commune de Samoëns est située au cœur des Préalpes du nord dans la vallée du Giffre. Cette commune de montagne est une des plus étendues du département de la Haute-Savoie.

Le chef-lieu est situé à 750 mètres d'altitude, mais la commune culmine à 2666 mètres à la Pointe des Avoudrues.

Le calcaire prédomine aux alentours. Samoëns est traversée par le Giffre, qui est le second cours d'eau du département après l'Arve.

Si les montagnes de Samoëns restent d'altitude relativement modeste, la commune est renommée pour son relief karstique original et pour ses cavités souterraines d'une extraordinaire profondeur.

[modifier] Les gouffres les plus profonds du monde

En 2004, le gouffre Mirolda est devenu la seconde cavité souterraine la plus profonde du monde, cédant la première place au gouffre Krubera-Voronja en Abkhasie (Caucase). Le gouffre Mirolda est situé dans le massif du Criou, dont le point culminant surplombe directement le village. Le denivelé entre son entrée supérieure (2342 m) et le fond de la cavité est de 1733 m.

Le gouffre Jean-Bernard, situé sur la montagne du Folly, est également à citer aussi parmi les gouffres les plus profonds au monde : le denivelé entre son entrée supérieure et le fond de la cavité est de 1602 m.

Ces deux grandes cavités, à l'exploration difficile du fait de leur localisation, ont été pendant de nombreuses années considérées comme les plus profondes cavités mondiales. Elles font de Samoëns une capitale mondiale de la spéléologie de haut niveau.

[modifier] Histoire

La vallée du Giffre constitue dans l'histoire alpine un lieu de peuplement fort ancien. Des peintures rupestres ont attesté de la présence humaine en ces lieux aux tous premiers temps de la civilisation alpine, 6000 ans avant notre ère. Dans ce contexte, le site de Samoëns a vraisemblablement connu un peuplement dès l'Antiquité. C'est cependant dans les dernières heures de l'Empire que naquit la première agglomération qui deviendra le chef-lieu.

[modifier] Le Moyen Age à Samoëns

Le linguiste Théophile Perrenot, auteur de La Toponymie Germanique et Burgonde a vu dans la toponymie locale des héritages de la langue burgonde. Dans le haut moyen âge, Samoëns aurait été nommé successivement Samoldingos, Samoding et Samodens. Le village dut accéder assez tôt à la dignité de centre paroissial. L'église Notre-Dame porte des vestiges d'une église romane, qui devait être de plus petite taille que l'édifice actuel.

Samoëns entre dans l'histoire écrite en 1167, à l'occasion d'un litige avec les religieux de l'abbaye de Sixt. L'histoire locale sera souvent marquée par des heurts avec les communautés religieuses, les montagnards admettant mal la tutelle matérielle et spirituelle des monastères voisins.

En 1438, la victoire d'un procès de longue date avec l'abbaye d'Aulps est commémorée par la plantation d'un arbre de victoire sur la place du village : le Gros Tilleul.

La même année, le duc de Savoie Amédée VIII donne à la paroisse de Samoëns sept alpages, tous situés au nord du village (Cuidex, Oddaz, Fréterolle, Vigny, Chardonnière, Folly et Rontine). Ces alpages étaient nécessaire à la survie des agriculteurs de l'adret (versant au soleil). Mais les habitants de Morzine et des Gets les revendiquaient aussi (logiquement d'ailleurs car certains sont situés de l'autre côté des crêtes séparant les communes). L'alpage de Rontine envenime les relations entre Samoëns, Morzine et les Gets de 1480 à 1845.

La proximité de la frontière façonne la vie de Samoëns au Moyen Âge : au temps des seigneurs du Faucigny, les cols de la vallée du Giffre sont soigneusement tenus boisés pour empêcher un éventuel passage armé. Au XIIIe siècle, un château est édifié sur la pente rocheuse dominant le village. Samoëns paie cher les déboires militaires du duc de Savoie : en 1476, une expédition Bernoise franchit les cols de montagne et incendie entièrement village et château. Seuls demeurent aujourd'hui la tour-clocher romane et la base d'une petite tour ayant servi de refuge, dans le centre du village.

Riche de ses pâturages, la paroisse semble avoir accédé très tôt à une certaine aisance dûe à l'économie agro-pastorale. Les documents médiévaux laissent apparaître que la vallée était fortement peuplée à la veille de l'épidémie de Grande Peste, la paroisse de Samoëns (englobant encore les territoires actuels de Morillon et de Verchaix) devait regrouper quelques 4000 âmes. Du fait de l'épidémie, ce chiffre chute de moitié en l'espace de quelques années.

[modifier] Les Frahans

Ainsi nommait-on autrefois les maçons et tailleurs de pierres de Samoëns et de la vallée du Haut Giffre. Ce nom vient sans doute du mot "Franc" car ils étaient des maçons affranchis. Ils sont porteurs de l'héritage laissé par le compagnonnage historique, celui de la géométrie sacrée et de la construction des grandes cathédrales. Ils pratiquaient une maçonnerie opérative et non spéculative. Ils font partie des nombreuses influences qui façonnèrent la Franc-Maçonnerie moderne notamment la Franc-Maçonnerie dite "Symbolique et traditionnelle" plus que celle "politique et philosophique". Ils étaient ouvriers artisans maçons amoureux de la Beauté et de l'Ordre et faisant l'apologie de la fraternité et de la philanthropie.
Partageant l'hiver l'existence rustique des montagnards, ils quittent la vallée chaque été pour aller travailler sur les chantiers de construction des églises, des villes, des arsenaux et des grands canaux. Ce sont des immigrés qui, semble-t-il, importent à Samoëns les savoir-faire de la pierre dans le courant du Moyen-Âge. Établis en corporations, les Frahans semble avoir joui jadis d'un privilège pour la construction des églises de la région. Leur nombre grandissant, ils saisissent de nouvelles opportunités et se font embaucher sur les grands chantiers de France : les fortifications bastionnées de Vauban (Besançon, Briançon, l'arsenal de Rochefort...) et plus tard les grands canaux de l'époque impériale (Givors, Centre et Saint-Quentin). Leur économie est fortement ébranlée par le développement des nouveaux modes de construction au XIXe siècle. Aujourd'hui à Samoëns, ils sont au nombre de deux.

Force économique, les Frahans constituent aussi une force sociale importante dans l'histoire de la vallée. Organisés en corporation depuis une époque très ancienne, les tailleurs de pierre de Samoëns sont intégrés au compagnonnage du Devoir allemand. L'église regardant avec sévérité les pratiques corporatistes et les travaux initiatiques, les Frahans se voient contraints de s'organiser en confréries pieuses dès le XVIIe siècle. Les Confréries de Saint-Clair et des Quatre Couronnés voient le jour en 1640 et en 1659. Les maçons doivent attendre 1851 avant de pouvoir prétendre à une organisation laïque : la Société des Maçons de Samoëns. Cette dernière est refondée en association à but culturel par Claude Castor et Jean-François Tanghe en 1979.

Les Frahans tirent leur nom d'un jargon crée de toute pièce, un argot de métier basé sur la langue arpitane, pour s'entourer d'une certaine discrétion. Ce jargon de plus de 2000 mots porte lui-même le nom de Mourmé. En mourmé, Samoëns se dit Manedigne.

[modifier] Une certaine tradition d'indépendance

Si la cité de Samoëns a connu un rayonnement économique dès le Moyen Âge, les siècles suivants lui apportent un rayonnement politique et culturel. Le pouvoir princier se détourne très vite de ce secteur montagnard, et plusieurs familles de roturiers réalisent une très belle ascension sociale. Par les rachats des anciens fiefs, des mariages savamment calculés, et des services militaires heureux, certains accèdent à la noblesse et l'on assiste, dès le XVIe siècle à une refonte complète du paysage politique et social local. Les notaires, les commerçants, les artisans, les paysans acquièrent une certaine aisance et la société montagnarde délaisse les durs clivages socio-économiques qu'elle connaissait au Moyen Âge.

Fait révélateur des mentalités et de la cohésion sociale du pays autrefois, les habitants se prêtent souvent assistance et secours mutuel, par delà les clivages sociaux, face aux représentants de l'ordre hors de la vallée. Ainsi complique-t'on encore le tableau politique local. Le Marquis Philibert Salteur, noble de robe rachetant les domaines royaux de Samoëns, fait figure d'ennemi commun vers 1750.

Cette cohésion très profonde de la population locale affecte beaucoup la période révolutionnaire, et sans le zèle extrême des conventionnels parisiens, on peut penser que Samoëns aurait traversé la révolution sans heurts.

[modifier] L'âge d'or de Samoëns

La cité vit au XVIIIe siècle sa véritable apogée, accédant à une certaine aisance matérielle et à un véritable rayonnement socio-culturel. En ce temps, les familles ont pour vivre les revenus importants de l'activité pastorale (le fromage de montagne a toujours été une denrée très chère), et l'argent que les Frahans ramènent des chantiers de construction.

Dans cette situation confortable, de nombreux enfants peuvent se consacrer aux études, et Samoëns donne au royaume plusieurs grands intellectuels et hommes d'église de ce temps. On retient en particulier les personnalités de Jean-Pierre Biord, devenu évêque de Genève et Annecy, et Jean-François Hyacinthe-Sigismond Gerdil, devenu cardinal de Piémont-Sardaigne, il fut même élu pape en 1800 mais ne put pas siéger sur le trône de Saint Pierre.

[modifier] Un siècle de profondes transformations

Samoëns connaît au XIXe siècle de profondes mutations, de même que s'amorce le recul de l'économie et de la société traditionnelle. Pendant cinquante ans, la cité retrouve les structures de l'ancien régime, et deux générations traversent les tracas du Buon Governo. Si les Septimontains eux-mêmes dénoncent souvent le despotisme des souverains sardes, on retient plutôt que le régime entend maintenir l'ordre et l'intégrité avec la plus grande sévérité. Une grande place est accordée au clergé, toute association en dehors de l'église est proscrite, et l'on voit les antiques confréries (Saint-Alex, Saint-Clair et Quatre Couronnés) reprendre du service au sein de la paroisse. Les Septimontains n'ont à subir sous le régime sarde aucune inquiétude policière. Cette population dont une bonne part vit aux rythmes de l'émigration saisonnière a, en revanche, beaucoup à souffrir des lourdeurs de l'administration, en ce qui concerne particulièrement la délivrance de passeports.

D'un point de vue politique, l'époque est marquée par l'existence d'une société de type carbonari qui, sous couvert d'une société d'amusements, dénonce la politique des souverains sardes : il s'agit de la Pipe-Gogue. L'octroi du Statut Fondamental de Charles Albert en 1848 met fin à ces réunions et donne un élan considérable à la vie associative : ainsi voit le jour la Société des Maçons réformée et laïcisée en 1850, association qui se dote bientôt d'une authentique et indépendante caisse mutuelle.

À peine l'économie traditionnelle commence-t-elle à décliner, qu'arrivent dans le pays les premiers voyageurs. Au voyage itinérant, selon une vielle coutume aristocratique, ils préfèrent de plus en plus nombreux la villégiature, propre à la découverte du milieu naturel. La vallée du Giffre est marquée dès 1860 par l'arrivée et l'installation chaque été d'une petite colonie d'aristocrates victoriens menée par Sir Alfred Wills, avocat à la cour d'Angleterre. Amoureux des Alpes, fondateurs de l'alpinisme moderne (Wills est le fondateur du Club Alpin Anglais), ils s'élancent dans la conquête systématique de tous les sommets du massif (Buet, Ruan, Tenneverge) et développent une pratique de la montagne sportive et très engagée. Leur venue bouscule considérablement les habitudes. L'ancienne cité des tailleurs de pierre de Savoie devient en quelques années un centre alpin de rayonnement international, et l'on voit des maçons se reconvertir en guides de montagne. À la fin du XIXe siècle, un chemin de fer dessert la vallée du Giffre au départ de Genève et Annemasse.

[modifier] Très Belle Époque

Le début du XXe siècle septimontain est marqué par des grandes réjouissances, mais aussi par de formidables tensions. Les temps et les mœurs ayant bien changé en l'espace d'un siècle, la société montagnarde voit l'essor d'un parti républicain extrêmement actif, défendant vigoureusement les principes de laïcité. À Samoëns, la crise de séparation de l'Église et de l'État prend une tournure particulièrement polémique, et l'antique Société des Maçons délaisse un peu sa vocation corporative pour rassembler tous les défenseurs locaux de la laïcité.

L'époque est dominée par la figure de Marie-Louise Jaÿ, une enfant du pays "montée" à Paris pour fonder les grands magasins de La Samaritaine avec son époux Ernest Cognacq. Devenue millionnaire, elle décide en 1904 de doter sa commune natale d'un outil pour son développement touristique. Ainsi nait le projet du Jardin botanique Alpin, qui prend place sur une élévation du terrain dominant le chef-lieu. Création de l'architecte paysagiste Louis Jules Allemand, le jardin de la Jaÿsinia fait le bonheur des gens aisés et instruits prenant villégiature à Samoëns à la Belle époque. Le jardin est inauguré avec faste en septembre 1906. Il est placé sous la direction du Muséum National d'Histoire Naturelle (le Jardin des Plantes, à Paris) quelques décennies plus tard.

[modifier] Samoëns aujourd'hui

Samoëns depuis le jardin botanique.
Samoëns depuis le jardin botanique.

Seule station de sports d'hiver a pouvoir se réclamer d'être patrie des tailleurs de pierre, Samoëns voit aujourd'hui son activité principalement articulée autour du tourisme. Après avoir accompagné la démocratisation des sports d'hiver depuis les années 1960, elle a misé avec succès sur le tourisme estival de montagne, jouant sur la proximité d'axes majeurs de communication : ligne de TGV Paris - Saint-Gervais, autoroute A40, proximité de l'aéroport International de Genève. Devant l'afflux qu'elle suscite, elle s'efforce de préserver les spécificités et le caractère savoyards de son environnement.

[modifier] Administration

Liste des maires successifs
Période Identité Parti Qualité
2008 ... Jean-Jacques Grandcollot
2001 2008 André Simond
1995 2001 Adelin Malgrand
1989 1995 François Mogenet
1983 1989 Adelin Malgrand
1977 1983 Adelin Malgrand
1971 1977 Adelin Malgrand
1965 1971 Hubert Jaÿ
André Corbet
Louis Jourdan
Alexandre Desarnod
François Désiré Riondel
Hyppolite Perret
Parchet
Adelin Ballalloud
Toutes les données ne sont pas encore connues.

[modifier] Démographie

Évolution démographique
1962 1968 1975 1982 1990 1999
1 621 1 647 1 724 1 954 2 148 2 323
Nombre retenu à partir de 1962 : population sans doubles comptes

[modifier] Économie

La station de ski de Samoëns est intégrée à l'ensemble du domaine skiable du Grand massif, avec Sixt, Morillon, Les Carroz d'Arâches et Flaine. 265 km de pistes et plus de 70 remontées mécaniques.

[modifier] Lieux et monuments

La fontaine
La fontaine

Le vieux « gros tilleul » planté en 1438, sur la place du même nom fait la fierté du village. Sur cette place, au centre du village on peut admirer une veille halle du XVIe siècle siècle : la Grenette et une fontaine aux becs de bronze.

[modifier] Personnalités liées à la commune

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes