Sâmkhya

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L'un des plus anciens des grands systèmes philosophiques hindous est le système sâmkhya ( en sanscrit, « énumération ») ou satkaryavada (sat, « vrai » ; karya, « chose » ; vada, « affirmation »), dont le principe fondamental consiste dans la détermination et la recherche des catégories du Réel, à travers l'énumération de ses multiples constituants. Le fondateur en fut sans doute le sage et mystique Kapila, considéré par la suite comme la réincarnation, selon les cas, d'Agni, de Krishna, ou de Vishnou. La doctrine du sage Kapila se transmit à travers ses successeurs jusqu'à Isvarakrishna, compilateur de la Sâmkhyakarika (karika, « strophes doctrinales ») au IVe siècle ou Ve siècle ap. J.-C. Outre Kapila et Isvarakrishna, les principaux représentants de cette école furent Vacaspatimisra (IXe siècle) et l'auteur anonyme des Sâmkya-sûtra (XVe siècle) [1].

[modifier] Conception philosophique du Sâmkhya

Par opposition à la conception moniste des Upanishad (brahmanisme), le Sâmkhya est un système essentiellement dualiste. Les réalités fondamentales, selon le Sâmkhya, sont au nombre de deux, indépendantes l'une de l'autre : la prakriti, le principe actif mais privé de conscience, cause première de l'univers, et le purusha, le principe intelligent, mais passif[1].

Cette opposition entre activité et passivité, mouvement et repos, devenir et être, représente le fondement de l'univers. La prakriti, matière primordiale, ou énergie, se compose de trois qualités ou états (guna, littéralement : « fil ») : le tamas ou facteur « ténébreux », « pesant », « inerte », « sans force », le rajas ou facteur « actif », « doué d'énergie », « passionnel » et le sattva ou facteur « lumineux » ou « paisible », associés respectivement à des sensations d'apathie, de douleur ou de paix[1].

Tant que ces propriétés se trouvent en équilibre, aucun événement ne vient troubler la paix absolu du cosmos ; mais au moment où l'un des trois prend le pas sur les autres, les processus dynamiques de l'univers s'enclenche, la matière se développe avec ses cinq éléments — éther, air, feu, eau, terre. Du jeu des trois facteurs naissent, à travers une chaîne infinie d'évolutions, les objets et les individus, les caractéristiques psychophysique du monde empirique et le samsâra, ou cycle des réincarnations[1].

Les consciences individuelles (purusha), en elles-mêmes immatérielles, sont néanmoins reliés à la matière et, grâce à celle-ci, prennent un nom, un corps et des caractéristiques propres. C'est de là que dériverait la fausse croyance selon laquelle les consciences feraient partie de la matière, un malentendu illustré par la parabole de la Lune : « De même que la lune n'est pas rattachée à l'eau, dans laquelle cependant elle se reflète, de même la conscience éternellement immuable est disjointe de la matière et de ses manifestations, et elle n'est pas troublée par elle.[1]»

Lorsque la conscience, commune à tous les êtres vivants, reconnaîtra que les propriétés physiques et les phénomènes empiriques ne sont rien d'autre que des manifestations de la matière primordiale (prakriti), étrangères donc à « l'esprit absolu », alors seulement elle sera en état de se libérer de l'emprise de la matière et du cycle des réincarnations[1].

Quand le purusha sera pleinement conscient du fait qu'il est étranger à l'action et au sensible, et qu'il reconnaîtra la prakriti comme moteur unique des phénomènes physiques et psychiques, il pourra retourner au repos qui le caractérise[1].

[modifier] L'éthique du Sâmkhya

L'éthique que sous-tend cette vision est à rattacher à la représentation des propriétés de la matière. La roue cosmique, qui, grâce à la force du brahman, tourne en parcourant le cycle éternel des printemps, étés, automnes et hivers, de la pluie et du soleil, du jour et de la nuit, détermine aussi le destin de l'homme et son cycle de naissance et de mort, de bonheur et de malheur, de richesse et de pauvreté : « De même qu'un insecte se laisse entraîner par la roue d'un char à bœufs sur laquelle il s'est posé, de même l'homme se laisse transporter par l'énergie des guna.[1]»

L'homme dominé par le tamas est sans force, inconstant, asservi aux contingences de la vie et dans un état de perpétuelle torpeur. La chance l'enivre, la douleur le plonge dans le désespoir et l'apathie ; il n'a conscience que du multiple, il ignore l'unité[1].

En revanche, l'homme régi par le rajas est actif et plein de force, ambitieux et passionné ; il met son zèle et ses énergies au service de son ego[1].

Rajas ou tamas constituent le mâyâ, c'est-à-dire le monde illusoire des apparences[1].

L'homme qui sait regarder et reconnaître le monde des apparences est celui qui parcourt le chemin vers la bonté et la vérité ; sa vie est dominée par le sattva, et quiconque est à même de saisir la vérité, laisse derrière lui l'avidité et la haine, l'envie et la paresse, les égoïsmes et l'attachement aux choses, la fausse et déformante conscience du « moi » et du « mien », causes premières du mal[1].

Le Sâmkhya a inspiré en partie la pratique du yoga[1].

[modifier] référence(s)

  1. abcdefghijklm d'après L'ENCYCLOPEDIE DES RELIGIONS de Gerhard J. Bellinger, ISBN 2-253-13111-3