Védisme

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

image:Palette spi inde.jpg
Cet article fait partie de la série
Spiritualités indiennes
Religions
Religion harappienne
Védisme
Brahmanisme
Hindouisme
Ajîvika
Jaïnisme
Bouddhisme
Tantrisme
Sikhisme
Ayyavazhi
Voir aussi
Déités du monde indien
Articles connexes
Religions de l'Inde
Philosophie de l'Inde
Villes saintes de l'Inde
Juifs en Inde ~ Islam
Parsisme ~ Bahaïsme
Méta
Portail Monde indien
Portail Jaïnisme
Portail Hindouisme
Portail Bouddhisme
Index alphabétique
Index thématique
Page projet

Le védisme est l'ensemble des croyances et des comportements rituels qui se sont développés en Inde à la suite de l'immigration des populations aryennes. Les textes sacrés fondamentaux du védisme sont les quatre Vedas. Les formules et les hymnes transmis par les Vedas mettent en évidence la primauté tout aussi bien du sacrifice que du savoir, lesquels constitueront les bases du brahmanisme et de l'hindouisme [1].

Sommaire

[modifier] Contexte

Entre 1800 et 1600 av. J.-C., certaines populations nomades indo-iraniennes, qui s'adonnaient à l'élevage de troupeaux, arrivèrent dans le sous-continent indien par les cols montagneux nord-occidentaux, dans le sillage des flux migratoires des peuples indo-européens qui, tout au long du IIe millénaire av. J.-C., quittèrent la Russie méridionale et l'Asie centrale en direction de l'Orient. Les peuplades immigrées (anciens Iraniens et Indiens védiques), de tradition nomade et guerrière, dominèrent rapidement les populations dravidiennes autochtones, urbaines et sédentaires, qui furent chassées vers le sud du pays[1].

Les Aryens occupèrent d'abord le Penjab (« terre des cinq fleuves »), puis ils prirent possession de la quasi-totalité de la moitié nord de l'Inde, qu'ils appelèrent Bharatavarsa. Les envahisseurs, blancs de peau, se désignaient eux-mêmes comme ârya (nobles, « seigneurs de la terre »), par opposition aux populations autochtones composées d'individus de peau mate ou foncée, qu'ils soumirent et appelèrent dasyu ou dasa (mots qui par la suite prirent le sens d'« esclave »). Plus tard, on définit les castes ou varna (en sanscrit, « couleur », en raison précisément, d'après certains spécialistes, de la différence de peau entre envahisseurs et indigènes)[1].

[modifier] Cosmogonie

D'après l'hymne cosmogonique du Rig-Veda (X, 129), le monde n'est originairement ni l'« existant » (sat), ni le « non-existant » (asat), mais l'« Un » (Eka), l'Entité Absolue, invisible et éternelle. L'Un se manifeste grâce à l'énergie produite par les pratiques ascétiques (tapas, littéralement: « chaleur » ou « ardeur »), engendrant des désirs qui constituent l'ébauche de la conscience. À ce stade, l'Absolu Transcendant se sépare de l'Être, qui n'est rien d'autre que sa manifestation[1].

L'Un, le principe absolu, est défini dans le Rig-Veda comme un être androgyne ayant en lui-même le principe masculin et le principe féminin, dont l'union engendre l'Homme, le Mâle par excellence, le Purusha. Du sacrifice de l'Homme cosmique, de son corps démembré, naissent le monde et les quatre castes les plus importantes. D'après la conception védique du monde, l'univers se compose de trois domaine: le Ciel, l'Air et la Terre. Celle-ci est conçue comme un cube, ou parfois un disque entouré par l'Océan[1].

[modifier] Deva et Asura

Vâyu, dieu du vent, père d'Hanuman
Vâyu, dieu du vent, père d'Hanuman

Le monde du védisme est habité par des puissances et des entités qui peuvent être bienfaisantes ou malveillantes pour l'homme. Le panthéon védique veut représenter la totalité des phénomènes naturels, comprendre l'essence et les activités des forces surnaturelles ainsi que leurs interactions, afin de les maîtriser, autant que faire se peut, par la force du sacrifice et trouver ainsi le moyen de coexister avec elles[1].

Ce monde est donc constitué principalement par des représentations des forces de la nature et d'entités suprasensibles et par des personnifications de catégories éthiques. Dans le Rig-Veda, on dénombre trente-trois divinités, onze pour chacun des trois domaines de l'univers. Les dieux du Ciel, de l'Air et de la Terre se divisent à leur tour en deux catégories différentes: les Deva, guidés par Indra, et les Asura, dont le souverain est Varuna[1].

Les Deva (en sanscrit, « dieu », « être lumineux ») sont en partie des divinités de la nature: Dyaush Pitar, le Ciel-Père, a pour épouse Prthivî Matar, la Terre-Mère. Ensemble ils constituent un couple de dieux porteurs de l'ordre cosmique, qui a engendré de nombreuses autres divinités telles que Ushas, Indra, Agni et Sûrya (le Soleil). Ces divinités sont identifiées au taureau et à la vache et sont vénérées comme dieux de la Fertilité[1].

Ushas, sœur de Sûrya, est l'Aurore qui, grâce à son dard, ouvre la porte du Ciel qu'elle parcourt aux premières heures du matin, accompagnée par le couple des Acvin (ou Nâsatya). Une vingtaine d'hymnes du Rig-Veda décrivent cette sœur antagoniste de la nuit, qui va sur un char qu'Indra lui a cassé[1].

Sûrya, qui donne au ciel sa brillance, a souvent la forme d'un oiseau traversant l'espace[1].

Vâyu, le Vent, est un dieu aérien qui reçoit, le premier, la part du soma (mot qui désigne à la fois cette plante et la liqueur qu'on en tire, offrande fondamentale de tous les sacrifices au cours de la première période védique), dont il est le protecteur[1].

Parjanya est la personnification de la Pluie et crée le principe de la vie[1].

Indra sur son véhicule
Indra sur son véhicule

Parmi les Deva, on trouve un grand nombre de divinités anthropomorphiques, dont la plus importante est Indra, dieu tutélaire des Aryens, considéré au départ comme le premier des dieux (deux cent cinquante hymnes lui sont consacrés). Maître de la nature, il assure le lever du soleil, la création du Ciel et de l'Aube. Il incarne la force guerrière qui vainc et qui sauve. L'orage, le tonnerre et le vent (de là, le souffle) lui sont associés. On l'appelait également Vrtrahan (en sanscrit, « le tueur de Vrtra », le démon de la sécheresse); c'est en tuant Vrtra qu'Indra libère les eaux originelles que le démon avait emprisonnées. Ce mythe évoque le déchaînement des pluies de la mousson après la période de sécheresse, deux événements qui représentent des menaces pour les Indiens. Indra tient dans ses mains une lance (vajra, littéralement « foudre »). Les amis et alliés d'Indra sont les Marut ("mortels jeunes hommes"), qui représentent le tonnerre, la tempête, l'éclair et la lumière. Armés de haches, de foudres et de lances, ils chevauchent en chantant les nuées sur leur char de guerre. Leur venue, accompagnée du tonnerre et de la pluie, marque l'arrivée de la mousson. Les Marut, fils de Rudra et de la vache Pricni, sont vénérés en tant que protecteurs des guerriers[1].

Agni, un dieu d'une grande importance dans le védisme, et dans l'hindouisme
Agni, un dieu d'une grande importance dans le védisme, et dans l'hindouisme

Parmi les divinités primordiales du panthéon védique figure Agni, le dieu du Feu et le feu lui-même. Son éclat et sa force touchent les trois mondes: feu du soleil, il naît tous les matins dans le ciel; feu des nuées, il est la foudre qui brûle l'air pendant l'orage ; enfin, il "naît" tous les jours sur la terre quand les hommes allument le feu. Agni joue un rôle d'intermédiaire entre les hommes et les dieux : d'un côté, la fumée du feu sacrificiel fait monter au ciel les offrandes ; de l'autre, la foudre révèle aux habitants de la terre la présence des dieux. Renaissant à chaque fois de la friction de deux morceaux de bois, il est éternellement jeune, donc porteur de vie et de progéniture. C'est lui qui dépose la semence dans la femme. Il est à la fois le prêtre des dieux et le dieu des prêtres. Le Rig-Veda lui consacre environ deux cent hymnes[1].

Une autre grande divinité liée au sacrifice est Soma. Roi des plantes, des eaux, roi du monde, Soma désigne l'essence de la vie et tout ce qui l'anime - les Brâhmana l'identifient à la lune[1].

Les deux Ashvins (en sanscrit, « possesseurs de chevaux »), divinités cavalières et secourables, sont des jumeaux proches d'Indra. Ils sont avant tout alliés au soleil levant, parcourent chaque jour le ciel sur leur char à trois roues. Ils sont les protecteurs des agriculteurs et des éleveurs ; ils sont également associés au miel[1].

Rudra (en sanscrit, « celui qui rugit » ou « le rouge »), le dieu de la Tempête et de la Dévastation, est décrit comme ayant le ventre noir, le dos rouge et le cou bleu. Si ses flèches sèment la terreur, Rudra a un aspect bienfaisant, il est le médecin. De même qu'Indra, on le vénère pour son pouvoir de faire tomber la pluie, mais il est redouté car il peut provoquer des inondations. Il est également considéré comme le maître des bêtes et des forêts, des chasseurs et de la population non-aryenne. Au terme d'un processus qui a duré plusieurs siècles, la plupart des caractéristiques de Rudra furent attribuées à Shiva[1].

Vishnou, qui deviendra une des divinités centrales de l'hindouisme classique, est très en retrait dans les Rig-Veda. Cinq hymnes seulement lui sont consacrés, où il est question du mythe des trois pas avec lesquels Vishnou mesure les trois mondes. C'est à ce même mythe que fait référence le rituel brahmanique au cours duquel les prêtres exécutent trois pas dont la fonction est de sacraliser les trois régions de l'univers[1].

Aux côtés des Deva, on trouve un autre groupe de divinités, les Asura, qui finissent par être assimilées aux démons, ennemis des dieux. Leur sont liés les Âditya, fils de la déesse Aditi qui symbolise le non-limité de l'univers de la liberté. C'est également la Grand-Mère identifiée à tout ce qui est né, c'est l'universelle nature[1].

Varuna et Mitra guident les Âditya, auxquels on attribue les mêmes caractéristiques que celles de Varuna : luminosité, maîtrise, pureté, respect de l'ordre. Varuna est une des plus anciennes divinités védiques, garant du bon ordre des choses et maître du chaos. Avec Mitra, Varuna fait respecter l'ordre du monde ; tous deux sont des Asura. Rien n'échappe à son regard, on le considère comme un juge sévère qui punit les fautes des hommes en les frappant de maladies, par exemple ; il représente le pouvoir séculier (kcatram)[1].

Aryaman, lui aussi fils d'Aditi, protège la communauté aryenne (ce que nous appellerions le "corps des citoyens"). Il est aussi associé aux cérémonies matrimoniales[1].

Prajâpati (en sanscrit, "seigneur des créatures") est la personnification du concept cosmogonique propre au védisme tardif. Il figure le Tout dans sa diversité et son rassemblement, et dans son unité[1].

Parmi les divinités mineures figure Yama, seigneur et juge des Morts. Il fut le premier homme à mourir ; sa tâche est donc celle de conduire les défunts à l'endroit où reposent leurs ancêtres[1].

Les Apsaras ("celles qui se meuvent dans l'eau") sont identifiées tantôt aux nuées, tantôt aux esprits qui vivent dans l'eau ; elles sont les maîtresses des gandharva, des esprits qui peuplent l'air. Elles sont associées au mariage et protègent également les vierges. Les apsara sont des danceuses divines, les gandharva des musiciens[1].

[modifier] Conception du monde et de l'homme

Purusha est le Mâle primordial, renfermant en lui-même l'univers tout entier, qu'il représente dans sa totalité. C'est du sacrifice de Purusha que naissent toutes les choses : les dieux, les hommes, le ciel et la terre. Le mythe de Purusha joue un rôle fondamental dans les Veda: c'est lui qui révèle que la réalité originelle est l'Un, et que la réalité empirique dans sa multiplicité n'est que le produit du démembrement du principe originel. Le but ultime du processus évolutif du monde est donc la réunification de ses différentes parties et le retour du multiple à l'Un[1].

Rita (en sanscrit, "agencement") est la loi impersonnelle du monde, l'Ordre cosmique, la norme de tout ce qui se fait de juste et de bien au plan rituel. Cette loi immuable du monde et des hommes, que même les dieux doivent respecter, détermine l'orbite du Soleil, de la Lune et des étoiles ainsi que l'alternance des saisons, le cours des fleuves[1].

L'opposition entre les conquérants aryens à la peau blanche et les autochtones à peau foncée se traduit dans l'organisation en castes de la société védique, qui en compte essentiellement quatre. Ainsi la répartition déjà existante dans la société aryenne des hommes en prêtres (brâhmana), guerriers (kshatriya) et marchands-agriculteurs-pasteurs (vaishyas), vient s'ajouter le groupe des Dravidiens. Ce sont eux qui composent majoritairement la quatrième caste, les shûdra; soumis aux autres, ils doivent remplir les tâches les plus humbles. Cette organisation de la société trouve son fondement mythologique dans un chant du Rig-Veda qui décrit le démembrement de l'Homme cosmique[1].

[modifier] Les rites sacrificiels

Le rapport entre les fidèles et les divinités est bivalent : d'un côté, les Devas, grâce à leur puissance, peuvent apporter à l'homme richesse, animaux, victoires et lui donner des descendants ; de l'autre, les dieux ont besoin des offrandes des fidèles et de l'énergie provenant du sacrifice et des prières, source de leur puissance[1].

Les sacrifices sont essentiellement de deux ordres : ceux qui visent à s'assurer le concours des dieux et ceux qui sont accomplis dans un but expiatoire. Les divinités, ou une partie d'entre elles, sont parfois conviées à participer à des banquets organisés en leur honneur. Les offrandes peuvent être des animaux sacrifiées - bœufs, chevaux, brebis et chèvres - ou simplement du lait, du beurre, de la graisse, du miel, de l'orge ou du riz, sans qu'il y ait mort d'animaux. L'offrande par excellence est le soma, boisson enivrante et source d'extase, qui symbolise l'immortalité et lie inséparablement l'homme à la divinité[1].

Au sacrifice périodique du soma sont consacrés la plupart des hymnes du Rig-Veda. L'asvamedha (en sanscrit, "sacrifice du cheval") suivait, à l'origine, les victoires obtenues par les seigneurs de la caste des guerriers. Au cours de ce rituel, on tue par étouffement un étalon, et l'on procède ensuite au mariage sacré (hiérogamie) du cheval sacrifié avec la favorite du seigneur. L'asvamedha est un rite très imposant, qui prévoit, outre le sacrifice du cheval, celui de centaines d'autres animaux. Il exige une année entière de préparation et une autre, conclusive, pour le démantèlement de l'appareil rituel[1].

Les rites domestiques sont généralement exécutés par le chef de famille sur le foyer de la maison. Les sacrifices publics se déroulent en plein air selon un rituel très détaillé, qui requiert la présence de prêtres officiants, de chanteurs et d'acteurs qui convient les divinités au banquet sacrificiel[1].

Il existe plusieurs figures et fonctions dans la classe sacerdotale védique. L'agnîdh est "celui qui allume le feu" du sacrifice, tandis que les prêtres chargés collectivement de la fonction rituelle sont appelés ritvij[1].

Les formules sacrificielles les plus importantes sont récitées par le brahmane qui occupe la place la plus haute dans la hiérarchie des officiants. Les rites célébrés par les prêtres se déroulent en plein air car le culte védique ne prévoit pas de temple. La cérémonie est célébrée dans une zone de verdure choisie d'avance pour son caractère propitiatoire. Les autels pour le feu sont en forme d'oiseau aux ailes déployées et font références au Soleil; d'autres, de forme circulaire ou semi-circulaire, symbolise à la fois le Soleil et la Lune. Les autels permettent d'établir un lien avec le Ciel, les fosses où l'on dépose les animaux sacrifiés sont, quant à elles, le symbole de la Terre[1].

[modifier] Les Veda

Les Vedas, qui forment un réel corpus de textes et dont la composition s'étend sur une durée assez longue, constituent le fondement même de l'hindouisme. Ils exposent la connaissance indispensable pour entretenir un rapport juste avec les puissances surnaturelles, pour pouvoir les influencer dans le sens souhaité par les hommes. Les Vedas furent « entendus » et transmis par des savants mystiques, les [{Rishi]]s; ils constituent le principal témoignage de la primauté faite à la connaissance à l'intérieur de la religion[1].

Les Vedas n'ont pas tous été composés à la même époque: les parties les plus anciennes du premier recueil remontent à 1500 av. J.-C.; la plupart des autres ont été terminées vers 600 av. J.-C. La langue dans laquelle ils ont été composés est le sanscrit, la langue aryenne la plus ancienne de l'Inde. Jusqu'à une époque récente, ils ont été transmis oralement de père en fils dans les familles de brahmanes[1].

Les VedaS se composent de quatre "collections" d'hymnes (en sanscrit, les samhitâ). Le plus ancien, le Rig-Veda, ou "Veda des stances" ou des "strophes", constitue le premier et le plus significatif monument linguistique, religieux et culturel de l'Inde. Il compte dix livres (mandala, littéralement "cercles") comprenant 1028 hymnes (en sanscrit, sûkta). Le Sâma-Veda, ou "Veda des mélodies (sâman)", est un recueil de 1810 strophes dont 75 seulement sont originales, les autres étant empruntées au Rig-Veda. Le Yajur-Veda ou "Veda des formules sacrificielles" (yagus), est un manuel qui contient les instructions nécessaires à la célébrations des sacrifices. Il est composé de deux recueils, le Yagur-Veda noir et le Yagur-Veda blanc. Le quatrième et dernier Veda est l'Atharva-Veda, ou "Veda des formules magiques", qui traite de questions à caractère populaire telles que les envoûtements, les formules magiques et les exorcismes. Il se composent de vingt livres, le vingtième livre regroupant le huitième du Rig-veda[1].

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes et références

  1. abcdefghijklmnopqrstuvwxyzaaabacadaeafagahaiaj Encyclopédie des Religions Gerhard J. Bellinger, ISBN 2253131113

[modifier] Liens internes

[modifier] Lien externe

La religion védique