Royaume de Hongrie

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Le Royaume de Hongrie fut le régime politique de l'État hongrois de l'an 1001 à 1918 et de 1919 à 1949.

Sommaire

[modifier] Fondation du Royaume (1000-1526)

Après avoir maté une révolte de l’aristocratie magyare païenne conduite par son cousin Koppany qui s'opposait à sa succession (998), Étienne Ier, alors duc de Hongrie, fils de Géza, est sacré roi de Hongrie le jour de Noël de l'an 1000 avec une couronne envoyée par le pape Sylvestre II (ce qui le fait qualifier de roi apostolique) et avec le consentement de l’empereur germanique Otton III.

Initialement, l'histoire de la Hongrie se développa parallèlement à celles de la Pologne et de la Bohême, avec les nombreuses liaisons avec les papes et les empereurs du Saint Empire romain germanique. La Hongrie fut détruite en partie en 1241-1242 par les armées mongoles de la Horde d'Or.

La Hongrie devint progressivement un royaume important et indépendant qui a formé une culture centre-européenne distincte liée aux plus importantes civilisations d'Europe occidentale. Matthias Corvin règna sur la Hongrie de 1458 à 1490; il renforça la Hongrie et son gouvernement. Il brisa les résistances intérieures en réprimant notamment un complot des nobles en 1467, réorganisa la Diète (assemblée nationale) et limita son pouvoir, renforça la fiscalité et créa une armée permanente. Il mena une politique extérieure active, imposant à l'empereur et à son fils, Maximilien, la cession de la Moravie, de la Silésie, prenant Vienne (1485) et la Styrie (1486), songeant même un temps à se faire élire empereur. Il réussit dans la péninsule balkanique à reprendre la Bosnie, la Moldavie, la Serbie aux Turcs. Enfin, la Hongrie (en particulier les zones au nord, dont certaines font aujourd'hui partie de la Slovaquie) devint sous son règne un centre artistique et culturel de l'Europe de la Renaissance. La culture hongroise a influencé d'autres cultures, comme par exemple celles de la Pologne et de la Lituanie. Avec la Pologne et les terres tchèques, la Hongrie forma le Groupe de Visegrád. Depuis la fin des années 1990, une alliance politique du même nom existe avec la République tchèque, la Slovaquie et la Pologne.

[modifier] Domination ottomane (1526-1570)

L'indépendance hongroise prit fin avec sa conquête par l'Empire ottoman, au début du XVIe siècle. Les parties occidentales et du nord (Felvidék) de la Hongrie qui ne furent pas conquises par les Ottomans devinrent le Royaume de Hongrie (dont les régnants Habsbourg acquirent par mariage le droit d'ajouter le titre de "Rois de Hongrie") tandis qu'à l'est, la Principauté de Transylvanie ou Erdélyi Fejedelemség, fief des descendants de Jean de Szapolya (Szapolyai János), élu roi de Hongrie par la noblesse pro-turc et anti Habsbourg après le désastre de Mohács (1526) dut bientôt accepter la suzeraineté ottomane, tout comme ses voisines, la Valachie et la Moldavie). Toutefois, en Transylvanie, la noblesse hongroise conserva ses privilèges. À cette même époque, la Réforme se répandit, et un tiers environ des Hongrois devinrent calvinistes ou luthériens.

[modifier] Domination autrichienne (1570-1867)

Après 150 ans - avant la fin du XVIIe siècle - les Habsbourg et leurs alliés chrétiens reprirent à l'Empire ottoman le territoire de la Hongrie actuelle.

Après la défaite finale des Turcs, les Habsbourg s'emparèrent de la totalité de la Hongrie, ainsi que des pays vassaux : la Croatie et la Transylvanie. Un conflit commença entre l'aristocratie hongroise et les Habsbourg pour la préservation des droits des nobles (et, parallèlement, pour l'autonomie de la Hongrie au sein de l'Empire). Au XVIIIe siècle, les Habsbourg jouèrent les "despotes éclairés" et réformateurs (accordant par exemple davantage de droits aux serfs slaves ou roumains), tandis que la noblesse hongroise faisait figure de force réactionnaire qui mena une guerre de sédition entre 1703 et 1711, sous les ordres d'un noble transylvain : François II Rákóczy. Mais au XIXe siècle, le combat contre l'absolutisme autrichien se transforma en un combat populaire pour la liberté : la révolution hongroise de 1848 contre les Habsbourg (cf. Ferdinand Ier d'Autriche) et la guerre de 1848-1849, conduite par Kossuth, ne purent être étouffées que par l'offensive conjointe des troupes autrichiennes et russes. À la suite de ces événements, les Habsbourg abolirent en Transylvanie le servage de la majorité orthodoxe qui, sous la conduite d'Avram Iancu, avait hésité à soutenir les révolutionnaires hongrois contre les Russes orthodoxes. Les Habsbourg accordèrent finalement des droits civils aux Serbes, aux Ruthènes (Ukrainiens) et aux Roumains.

[modifier] L'Empire d'Autriche-Hongrie (1867-1918)

Carte de la Cisleithanie (rouge), de la Transleithanie (vert) et de la Bosnie-Herzégovine (vert-jaune)
Carte de la Cisleithanie (rouge), de la Transleithanie (vert) et de la Bosnie-Herzégovine (vert-jaune)

Battue par la coalition franco-italienne (bataille de Solférino en 1859) et par la Prusse (Bataille de Sadowa en 1866), l'Autriche passe avec les Hongrois un compromis : en 1867 la Croatie devient province hongrois et l'autonomie Principauté de Transylvanie est abolie, l'ensemble formant avec la Hongrie un royaume autonome (la Transleithanie) au sein de l'Empire austro-hongrois (le reste de l'Empire autrichien est appelé la Cisleithanie), la rivière Leitha, affluent du Danube formant une frontière symbolique entre les entités. Celui-ci, favorable aux germanophones et aux magyarophones, fait perdre aux slavophones et aux romanophones tout espoir d'autonomie au sein de l'Empire, ce qui accentue leurs tendances irrédentistes (en faveur d'un rattachement à d'autres pays).

La Bosnie-Herzégovine étant placé sous administration commune.

Cette double-monarchie austro-hongroise fait de François-Joseph de Habsbourg : un empereur à Vienne et un roi à Budapest), cet état de fait dure jusqu'à la chute de l'Empire.

À l'issu de la Première Guerre mondiale, la Hongrie se sépara de l'Autriche le 31 octobre 1918.

[modifier] L'intermède républicain (1918-1919)

Le 16 novembre suivant est proclamée la République Hongroise dirigée par le comte Mihály Károlyi qui remplit pour quelques mois les fonctions de premier ministre et de président . Une commission française, dirigée par le géographe Emmanuel de Martonne, trace les nouvelles frontières de la Hongrie, en suivant la limite des zones rurales à majorité hongroise du centre du pays, mais sans tenir compte des villes (presque partout à majorité hongroise) ni des zones magyarophones excentrées (dans l'est de la Transylvanie par exemple). Très déçu des pertes territoriales imposées à son pays, le comte Karoly préfèra demissionner.

En 21 mars 1919, les communistes renversent le gouvernement, et en avril, Béla Kun proclame la République des Conseils (cf. Conseil ouvrier), qui tente en vain de reconquérir les frontières les teritoires perdues. Ce gouvernement ne dura pas longtemps ; aux ordres de la mission française Berthelot, l'armée roumaine entre en Hongrie et occupe Budapest ; les forces communistes sont vaincues, et le régime pro-soviétique est renversé le 6 août 1919. Les Alliés remettent le pouvoir aux forces légitimistes, menées par l'(ex-) amiral Miklós Horthy. L'archiduc August Joseph devient régent du pays. Entre aout - novembre1919 Budapest est sous occupation roumaine.

[modifier] Le royaume restauré (1919-1949)

En janvier 1920, des élections sont tenues pour élire une assemblée unicamérale. L'amiral Horthy est élu régent. En juin, le Traité de Trianon est signé: il officialise les frontières de la nouvelle Hongrie. En comparaison du royaume d'avant-guerre, la taille et la population de cette nouvelle Hongrie sont réduites d'environ deux-tiers, la totalité des minorités roumaine, slovaque, croate, serbe faisant le choix d'appartenir à d'autres États, selon le principe (énoncé par le président américain Woodrow Wilson) du "droit des peuples à disposer d'eux-mêmes". Mais plusieurs millions de Hongrois se retrouvent ainsi minoritaires dans de nouveaux pays, et la Hongrie réclame une révision des frontières. Revendication majeure de la Hongrie des années 1920 et 1930, la question des frontières poussera Horthy à rechercher l'alliance allemande.

Miklós Horthy règne avec des pouvoirs autoritaires pendant la plus grande partie de la période d'entre les deux guerres mondiales, et installe un régime nationaliste et dictatorial dans une Hongrie repliée sur le souvenir du grand royaume d'avant-guerre. Les communistes, les juifs, les tsiganes sont pourchassés violemment.

Horthy s'allie avec l'Allemagne nazie dans les années 1930, dans l'espoir de revenir sur les pertes territoriales qui ont suivi la Première Guerre mondiale. La Hongrie est récompensée par Hitler par des territoires appartenant à la Tchécoslovaquie, à la Yougoslavie et à la Roumanie, et prend une part active dans la Seconde Guerre mondiale. Cependant, en octobre 1944, alarmé par le retour de la Roumanie dans le camp Allié, Hitler remplace Horthy par le collaborateur nazi hongrois Ferenc Szálasi et son Parti des Croix fléchées, afin d'éviter que la Hongrie ne rejoigne elle aussi les Alliés.

Plus de 450 000 Juifs et plusieurs centaines de Tsiganes périrent en Hongrie horthyste et sous le régime de Szálasi.

L'Alliance de Horthy avec l'Allemagne nazie conduit la Hongrie à une nouvelle défaite, le pays est occupé par les troupes soviétiques et roumaines (Bataille de Budapest).

[modifier] Voir aussi