Nicolas Roch

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Nicolas Roch (né le 4 janvier 1813 à Mende et décédé le 24 avril 1879 à Paris) fut un bourreau français.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Enfance et débuts

Fils de François Roch, le bourreau local, descendant d'une des plus grandes familles d'exécuteurs, et de Marguerite Hermant, fille d'une autre dynastie de bourreaux, il n'avait que 11 ans quand son père le choisit comme aide. En 1833, il participe, ainsi que son père, à l'épilogue de l'affaire de Peyrebeille, dans le département voisin de l'Ardèche. Là, devant "l'Auberge Rouge" rendue célèbre par le film de Claude Autant-Lara, il assiste à la triple exécution du ménage Martin et du domestique Rochette, suspectés d'avoir assassiné nombre de leurs clients. C'est son oncle Pierre Roch, exécuteur d'Ardèche, qui fait tomber le couperet. Le 21 septembre 1838, il est nommé exécuteur provisoire dans le Vaucluse, poste où il ne tarde guère à être confirmé.

[modifier] Premiers postes

Le 12 août 1843, il devient bourreau, en remplaçement de François Desmorets, révoqué pour ivrognerie, dans le Jura. Il y reste 10 ans, et ne préside qu'à une seule exécution à Lons-le-Saunier. Toutefois, il aide 23 fois les bourreaux voisins, notamment lors de l'exécution de Montcharmont en 1851 à Chalon-sur-Saône, avant d'être nommé chef à Amiens le 21 mars 1853, pour remplacer un autre "poivrot", Henry Ganié. Il a quarante ans. Il restera 18 ans, et tranchera 30 têtes. Cette nomination s'accompagne de son mariage avec une cousine éloignée du côté maternel, Claire Hermant, de onze ans sa cadette. Ils vivent assez chichement, logés non loin du dépotoir, et aussi à cause du nombre de leurs enfants, huit en 14 ans. Il aura trois fils et cinq filles. L'aîné, François-Constant, naît le 13 décembre 1854, Léon-Désiré, le 14 novembre 1857, sera exécuteur adjoint au coté de son frère Henri, l'avant dernier des enfants, et benjamin des fils, né le 26 juillet 1865, qui sera exécuteur adjoint en Algérie dès 1906 (il sera chef exécuteur de mai 1928 jusqu'au décembre 1944 ou janvier 1945, avant de décéder le 25 janvier 1956).

En juillet 1861, un cousin Roch, bourreau à Riom, meurt, et Nicolas voit là l'occasion de revenir près de son pays, où la vie est un peu moins chère. Sa demande reste sans réponse.

[modifier] Une évolution rapide

Sérieux, sobre (ce qui n'est pas le cas de nombre de ses confrères), il retient vite l'attention du ministère de la Justice, et c'est ainsi que, après le décret du 25 novembre 1870 qui supprime les postes de province, quand on décide de former une équipe d'adjoints compétents, il est vite préselectionné parmi les 27 chefs de Cours d'Appel. Et le 1er janvier 1871, en raison de sa carrière exemplaire, il est nommé premier aide. Quand Jean-François Heidenreich est malade, c'est lui qui le remplace, comme lors de la quadruple exécution d'Hautefaye, en Dordogne, le 5 février 1871. Quand Heidenreich meurt, Roch se doute que sa nomination est proche. En effet, à peine huit jours après la disparition d'Heidenreich, Roch devient "Monsieur de France". Il aura quand même l'occasion de faire tomber la lame deux jours avant sa nomination.

Même s'il n'existe pas (ou peu) de dessins de Roch, de nombreux portraits de lui ont été faits dans la presse. C'était un homme assez banal, de taille moyenne. Son nez est busqué, ses yeux gris clair, qui porte des favoris. Il exerce en redingote noire, se coiffe d'un haut-de-forme. Il porte une chaîne de montre en or sur un ventre de bon mangeur. Suivant sa mode, ses aides se vêtiront de noir également, et adopteront le chapeau melon. Son épouse, réputée pour sa gouaille, n'hésite pas à dire dans les magasins : "Servez-moi bien, je suis la femme de l'exécuteur !". Le pauvre Roch, malgré son aspect sévère d'huissier, obéit à chaque désir de sa femme. Par exemple, il porte depuis son adolescence un anneau d'or à chaque oreille. Claire lui serinera d'enlever ses boucles durant un mois. Il cédera avec regret. Sa nomination de chef s'accompagne de l'arrivée de deux nouveaux aides, dont Alphonse Berger, ébéniste, appelé quelques semaines plus tôt pour créer la nouvelle guillotine.

[modifier] Paris

Le 17 juin 1872, il exécute devant la prison de la Roquette Moreux, assassin d'une prostituée. C'est sa première exécution comme chef à Paris. Il en a déjà accompli cinq en province depuis le 6 avril. Et toutes se sont déroulées suivant un nouveau procédé, avec la machine modèle Berger, qui restera, à peu de choses près, la guillotine employée jusqu'en 1977. Cette exécution, accomplie sans échafaud, provoque la colère des spectateurs, qui ne voient guère que le sommet de la guillotine. Roch loge non loin de là, rue de la Folie-Régnault, où est entreposée déjà la Veuve. Le deuxième enfant de Roch, Olympe, née le 19 mai 1856, s'éprend du nouvel aide de son père Berger, qu'elle épouse. Un de leurs enfants, André deviendra un des derniers exécuteurs d'Algérie.

Roch coupe environ une tête par mois, et tient sérieusement à jour un carnet où il note, au jour le jour, les affaires qui s'achèvent entre ses mains. Au total 86 têtes en 84 mois. Il est payé 6000 francs par mois. En 1878, il innove, lors de l'exécution de Barré et Lebiez. Ayant maintes fois remarqué la terreur fascinée des condamnés face au couteau, il fait visser sur la machine une plaque de bois qui cache le couperet. Cette guillotine "améliorée" ne fonctionnera que peu de temps. Le 18 décembre 1878, il décapite Mautin à Alençon. Ce sera sa dernière exécution. Le 24 avril 1879, il s'écroule chez lui, victime d'une crise d'apoplexie. Il meurt le lendemain, à 66 ans, après 55 ans au service de la Justice, et plus de 300 exécutions. Son aide breton, Louis Deibler, lui succède le mois suivant.

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