Bourreau

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Bourreau tranchant la tête d'une condamnée (Exécution de Léonora Galigaï, 1617)
Bourreau tranchant la tête d'une condamnée (Exécution de Léonora Galigaï, 1617)

Un bourreau est un officier chargé d'exécuter les décisions de justice, quand elles consistent en des peines corporelles, et notamment la peine de mort.

Sommaire

[modifier] Historique

En France, sous l'Ancien Régime, chaque province, voire chaque ville, possédait son bourreau. Ainsi, les modes d'exécution et les techniques utilisées différaient d'une région à l'autre.

Les conditions de vie des « exécuteurs des hautes œuvres » (comme ils étaient parfois nommés) n'étaient guère enviables. À la fois craint et méprisé, le bourreau était souvent contraint de résider en dehors des villes, vivant en paria et exerçant fréquemment des métiers en rapport avec les cadavres et la mort (équarisseur, croque-mort, fossoyeur, etc.). Toutefois, il n'était pas rare que les seigneurs leur octroient le fruit de certaines taxes municipales, ce qui améliorait nettement leurs revenus.

Face à cet ostracisme forcé, de véritables dynasties de bourreaux purent ainsi voir le jour (comme les Sanson, les Férey, les Deibler, les Pierrepoint, les Reichhart, etc.).

Cependant, dans certains pays, comme au Royaume-Uni ou au Canada, on désignait parfois le bourreau parmi les membres d'une paroisse, même si cela n'était pas son métier d'origine. Dans certaines villes anglaises, au Moyen Âge, la charge d'exécuteur revenait même spécifiquement aux jeunes mariés.

Puis, en France, par un décret d'Adolphe Crémieux du 25 novembre 1870, on uniformisa la charge en supprimant les bourreaux de province (jusqu'ici il en existait un par ressort de cour d'appel). Il n'y eut alors plus qu'un seul « exécuteur en chef » pour tout le territoire national, assisté par cinq "aides" (2 adjoints de 1re classe et 3 adjoints 2e classe), seul le bourreau de Corse restera en fonction jusqu'en 1875. L'Algérie, alors française, gardant quant à elle, une équipe d'exécuteurs qui lui sera propre, jusqu'à l'indépendance du pays.

Très vite, son statut évolua pour devenir, selon la terminologie officielle : Exécuteur en chef des arrêts criminels. Il ne fut pas fonctionnaire, mais « agent contractuel de l'état ». Son existence était semi-légale, aucun texte ne définissait sa charge ni ses attributs, et ses talents ne firent l'objet d'aucune définition rigoureuse. Sa fonction ne paraissait pas sur les comptes de la nation, il ne percevait donc pas de salaire, mais des gages versés par le Ministère de la Justice. Selon des estimations, un « exécuteur en chef » gagnait moins qu'une secrétaire, et ses « aides », moins que des balayeurs.

Quant à la transmission de la charge, elle se faisait toujours par cooptation (en France comme à l'étranger), survivance du système dynastique en vigueur depuis des siècles dans la profession. À défaut de filiation familiale, l'administration utilisait la règle de l'ancienneté parmi les adjoints pour désigner le nouvel « exécuteur en chef ».

[modifier] Aux États-Unis

En anglais, bourreau se dit "executionner", ce terme est abusivement employé pour désigner la totalité des personnes qui participent à l'exécution capitale (personnels médicaux et pénitenciaires) alors qu'il ne s'applique légalement qu'à celui qui commet l'acte mortel au sens strict du terme. Les exécutions sont généralement supervisées par le directeur de la prison qui recrute tous les autres personnels et s'occupe de la communication avec les médias. Un ou plusieurs médecins sont chargés de préparer les produits, de planter l'aiguille et de vérifier l'inconscience puis la mort. Le bourreau se trouve dans une salle voisine et il est dissimulé par un miroir sans teint comme ceux des commissariats de police et pousse les seringues le moment venu.

  • Terry McCaffrey, qui présida aux exécutions dans le Mississippi jusqu'à sa retraite a pris contact avec Amnesty International pour manifester son opposition à la peine capitale. [1]
  • Jerry Givens (afro-américain) qui a lui aussi pris sa retraite [2] a durant 17 années exécuté 62 détenus par injection ou par électroction en Virginie, en donnant lui-même le coup fatal, fonction qu'il avait caché à tout son entourage y compris sa femme avant de n'accorder une interview à ABCNEWS. Contrairement au précédent, il ne regrette rien et constate avoir participé à la réduction de la criminalité [3].
  • Marvin Polk (afro-américain) est actuellement le superviseur des exécutions en Caroline du Nord, il a récemment laissé entrer plusieurs médias pour leur expliquer le déroulement d'une exécution.[4]
  • Le docteur Alan R. Doerhoff est l'un des trés rares médecins à avoir accepter de participer à des exécutions capitales (plus de 50 dans le Missouri), il avait par ailleurs été interdit d'exercer dans deux hopitaux car il été dislexsique et un juge du Missouri lui avait aussi interdit sur ce motif de participer "de près ou de loin" à une exécution dans cet état. Un scandale a éclaté lorsqu'il a été révélé que le Gouvernement Fédéral le conservait toujours pour les exécutions inter-étatiques, il officia notamment à celle de Timothy McVeigh.[5]Suite à l'affaire Doernoff, dans le Missouri, le fait de mettre au grand jour le nom d'une personne qui a participé à une exécution est un délit puni d'emprisonnement. Fin mai 2008, l'état à par ailleurs annoncé qu'un anestésiste avait rejoint l'équipe d'exécution.
  • Un agent pénitenciaire texans a accordé en 2005 une interview à Arte dans le cadre d'un reportage consacré à Frances Newton
  • Sur le site internet du département des corrections et des réhabilitations de Floride[6], il est spécifié que l'exécuteur est un citoyen anonyme (ou une citoyenne, Ted Bundy à effectivement été exécuté par une femme si l'on croit ce site internet [7]) qui sera payé 150$ par exécution.
  • Lorsque l'Etat du Nouveau-Mexique procéda à la seule exécution depuis 40 ans en 2001 (un infanticide nommé Terry Clark), il recruta l'exécuteur de Texas et le paya 6400$.

[modifier] En Arabie Saoudite

Muhammad Saad al-Beshi, 42 ans à l'époque, a accordé une rare interview en 2003 à la BBCNEWS[8], il y explique qu'il a débuté comme exécuteur en 1998 et qu'il était particulièrement stressé ce jour-là car les exécutions ont lieu en public et qu'il est aujourd'hui un père comblé de sept enfants qui l'aident régulièrement à nettoyer son sabre sanglant. Il est presque sûr que son fils ainé va lui succéder dans sa profession qui l'amène à procéder à des coups de fouet ou à des démembrements de mains ou de pieds. Il ne compte plus depuis longtemps ses exécutions et en général il va voir la famille de la victime du condamné pour déculpabiliser peu avant son exécution (sauf pour les trafiquants de drogue et les "sorcières" où il n'y a pas de victime). La loi interdisant de décapiter les femmes, lorsqu'il doit en tuer une il utilise une arme à feu "pistolet ou fusil, ça dépend de ce que j'ai sous la main". Son métier ne serait un problème pour sa vie sociale "j'ai beaucoup d'amis à la mosquée" déclare-t-il.

[modifier] Bourreaux célèbres

[modifier] En Allemagne

[modifier] Aux États-Unis

[modifier] En France

Voir aussi:

  • Les exécuteurs en Algérie :

[modifier] En Suisse

[modifier] Au Royaume-Uni

  • Les Pierrepoint : dont le plus illustre représentant fut Albert (1905-1992). Il fut l'un des derniers exécuteurs officiels au Royaume-Uni (l'abolition de la peine de mort dans ce pays date de 1973). Il fut considéré comme l'exécuteur britannique le plus "prolifique" du XXe siècle : il officia dans 450 pendaisons entre 1932 et 1956, soit 433 hommes et 17 femmes.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

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[modifier] Liens externes