Auberge de Peyrebeille

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L´Auberge de Peyrebeille en Lanarce
L´Auberge de Peyrebeille en Lanarce

L'Auberge de Peyrebeille, située sur la commune de Lanarce (Ardèche) et encore aujourd'hui existante, mais plus connue sous le terme de L'Auberge rouge, fut le lieu d'une abominable affaire criminelle, dite « l'affaire de l'Auberge rouge » — une cinquantaine d'assassinats en série — et défraya la chronique dans le premier tiers du XIXe siècle.

Cette affaire raconte d'effroyables histoires de voyageurs perdus et jamais retrouvés. Pendant près de vingt-trois ans, aux alentours des années 1805-1830, les époux Pierre et Marie Martin, d'anciens fermiers pauvres devenus propriétaires de l'établissement, auraient détroussé plus de cinquante voyageurs avant de les assassiner, avec la complicité de leur domestique nommé Jean Rochette et surnommé « Fétiche ». Le teint hâlé de Jean Rochette le fera décrire à tort dans la littérature romanesque comme un mulâtre originaire d'Amérique du sud. Le groupe aurait fait disparaître les cadavres de leurs victimes en les brûlant dans le four de la cuisine ou en faisant croire qu'ils étaient morts de froid dans la neige sur le plateau. Leur cupidité fera attirer sur eux l'attention des gens du lieu et les conduira à leur perte : ils furent arrêtés.

Le 18 juin 1833, le procès s'ouvrit aux assises de l'Ardèche à Privas. Cent-neuf témoins furent appelés à la barre mais le procès s'enlisa et on pensa même à prononcer l'acquittement des accusés. Puis, coup de théâtre : un mendiant de la région (Laurent Chaze) qui aurait tout vu et entendu raconta les faits. Il fut chassé de l'auberge à défaut de pouvoir payer son lit, il se serait caché dans une remise et aurait, en réalité, assisté qu'à l'assassinat d'un voyageur (Enjolras). Il semblerait que Chaze ait assisté à quelque chose de pas normal mais il semblerait aussi que son témoignage eût été "arrangé". On rappelle que la langue utilisée dans la région était l'occitan, mais les audiences de Cour d'Assises se déroulaient en français. La communication n'était alors pas très facile. L'avocat de Jean Rochette a, au cours de sa plaidoirie, implicitement accepté le fait que son client était un assassin en plaidant l'irresponsabilité de son client car il ne pouvait pas échapper à l'influence de ses maîtres. Cette plaidoirie maladroite a sans doute contribué à sceller le sort des accusés.

Finalement jugés coupables uniquement du meurtre d'Enjolras, les époux Martin et leur valet Rochette furent tous les trois condamnés à mort et ramenés de Privas sur les lieux de leurs méfaits afin d'être guillotinés dans la cour même de leur auberge, par le bourreau Pierre Roch et son neveu Nicolas. Le voyage dura un jour et demi. L'ambiance le long du trajet était tellement malsaine que les ecclésiastiques accompagnant les condamnés demandèrent à être remplacés. L'exécution eut lieu le 2 octobre 1833 à midi lorsque l'angélus de Lavillatte sonna. Une foule très importante assista à cette exécution (on parle de 30 000 personnes). Lorsque Rochette fut sur le point d'être exécuté, il cria: «Maudits maîtres, que ne m'avez-vous pas fait faire!». Les dernières paroles du supplicié ôtent tout doute quant à la vraie nature des aubergistes. Toutefois, beaucoup d'historiens pensent que la culpabilité des aubergistes dans l'«assassinat» d'Enjolras est loin d´être démontrée. De par les standards d'aujourd'hui, le procès a été une farce scandaleuse. Il est incompréhensible que ce procès n'eût pas été cassé pour vice de forme. La cour a longuement évoqué des faits prescrits car trop anciens. Des témoignages manifestement irrecevables ont été entendus. Ces témoignages ont influencé négativement le jury. En outre le président de la cour d'assises Fornier de Claussonne a effectué un «résumé» des débats après les plaidoiries de la défense qui s'apparentait à un second réquisitoire. Il a sciemment ignoré les arguments apportés par la défense qui a insité sur le fait que le témoin principal était un clochard ivrogne et que son récit fut par moments invraisemblable.

Par contre, le neveu des Martin, André, fut acquitté et remis en liberté bien qu'il ait peut-être participé à au moins un assassinat.

Paul d'Albigny rapporte dans son livre sur l'auberge rouge que le jour de l'exécution, un bal fut organisé devant l'auberge.

Cette histoire macabre a été illustrée dans le film de Claude Autant-Lara, l'Auberge Rouge avec Fernandel. Certaines scènes du film ont été tournées sur place.

Mais le film d'Autant Lara raconte avec humour les méfaits des époux Martin et de leur valet. En effet, Madame Martin dans le film confie au prêtre (Fernandel) que des voyageurs sont détroussés et tués dans son auberge. Le prêtre (Fernandel) tente alors de sauver tous les voyageurs qui passent dans l'auberge. C'est une fable comique très éloignée des faits réels.

[modifier] Films

L'affaire de l'auberge rouge inspira de nombreux réalisateurs :

[modifier] Livres

Parmi les ouvrages les plus sérieux qui ont retracé les crimes perpétrés sur le plateau de Peyrebeille dans les années 1830 citons le livre de Félix Viallet et Charles Almeras : « Peyrebeille », éd. de la Tribune. L'abbé Félix Viallet qui fut député-maire de Langogne en 1956 est un agrégé de Lettres connu pour ses recherches historiques effectuées sur la région de Langogne, limitrophe du platau de Peyrebeille.

On peut mentionner L'Auberge sanglante de Peirebeilhe, roman de Jules Beaujoint inspiré du fait divers.

Il parait nécessaire de citer également l'ouvrage de l'historien Thierry Boudignon « L'Auberge rouge », Éditions du CNRS qui remet en cause la thèse officielle, et permet de penser que l'affaire de l'Auberge Rouge serait une terrible erreur judiciaire, basée sur des rumeurs, des témoignages douteux et la nécessité de « faire un exemple ».

L'Auberge rouge, un roman de Honoré de Balzac, publié en 1831, n'a aucun rapport avec le fait divers de Peyrebeille.

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