Mûrti

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La mûrti - forme que l'on retrouve dans trimûrti, trois formes - est l'un des trois modes de représentation, avec le mantra et le yantra, de la divinité dans l'hindouisme.

Sommaire

[modifier] La mûrti comme représentation

Les différentes écoles de l'hindouisme, particulièrement les écoles dévotionnelles, ou bhakti, et tantriques, ont une conception monothéiste propre à chacune des divinités suprêmes - généralement Vishnu, Shiva, Krishna ou Devî - d'où émanent toutes les autres déités et tous les principes. La plupart de hindous vénèreront ainsi plusieurs dieux et déesses dans lesquels ils ne voient que différents aspects de la même réalité manifestée. Ce culte s'effectue principalement par l'intermédiaire des mûrtis.

Les mûrtis sont des statues ou des images utilisées comme des supports, des foyers de dévotion et de méditation. Elles sont parfois abstraites, parfois grossières comme Jagannâtha, mais le plus souvent il s'agit de représentations de dieux et de déesses tels que Shiva ou Ganesh, Ram, Krishna, Sarasvati ou Kâlî, qui peuvent être extrêmement complexes, comme celles de Shiva et Vishnou.

L'idée que les déités sont des passerelles puissantes pour la foi et des représentations de la vérité est appelée ishta devatâ, ou déité personnelle choisie. Puisque l'esprit du dévot est dans la turbulence - vritti - et, par suite, incapable de se concentrer sur une divinité sans forme, la mûrti habille dieu d'une forme pour servir de support à la dévotion. Les hindous voient ainsi les différents dieux comme des manifestations diverses de l'Un véritable, du Brahman, le principe divin informe, donc anicônique. Les pratiques dévotionnelles - ou de bhakti - préconisent ainsi de cultiver un lien profond et personnel d'amour avec Dieu par une de ses formes, et se servent souvent des mûrtis représentant cette forme. Comme le dit Daniélou : L'image d'un dieu est donc une forme utilisée pour concentrer la pensée sur une abstraction.

Le culte de la mûrti est généralement interprété comme idolâtre par le judaïsme, le christianisme et l'islam et entraîne ainsi un jugement erroné et négatif sur cette dévotion et sur l'hindouisme. Pourtant cette perception occidentale et l'accusation d'idolâtrie qu'elle entraîne ne reflètent ni la véritable philosophie védique ni la croyance hindoue. Le culte de la mûrti est en fait assez proche de celui des icônes, la vénération d'une image ou d'une statue représentant un idéal ou un principe plus élevé, il n'identifie pas la divinité en l'objet matériel lui-même.

Pourtant l'hindouisme n'est pas le polythéisme idolâtre qu'imaginent les musulmans, une justification plutôt des invasions musulmanes en Inde, ou les chrétiens. L'hindouisme est fondamentalement un monothéisme, celui de la vénération du Brahman, le Soi suprême, l'Universel, l'Un dans la diversité, que l'on peut voir comme l'équivalent du Dieu des chrétiens, de l'Allâh du sûfî. Cette vénération, chacun, pense l'hindou suivant la tolérance habituelle en Inde, l'effectue en prenant son chemin propre, en utilisant les outils qui lui conviennent le mieux. D'ailleurs, la divinité décrite par l'islam et le christianisme, lorsqu'ils ne sont pas conquérants et missionnaires, le judaïsme des premiers juifs en Inde et le zoroastrisme des Pârsî, est vue par les hindous comme une image mentale du Brahman.

La mûrti est donc un outil de vénération, de méditation, pas une idole, ce qui explique qu'elle puisse être détruite sans entraîner de sacrilège comme cela se fait très couramment au cours des fêtes hindoues, telles que la Durgā pūjā de Kolkata ou la Ganesh Chaturthi pratiquée au Maharashtra. Lorsque la mûrti a joué son rôle, il est naturel de la détruire. De la même façon, la statue de Jagannâtha de Purî est brûlée, reconstruite et repeinte régulièrement.

[modifier] La mûrti en tant qu'objet représentatif

Dans les mûrtis, les dieux ont souvent plusieurs bras, plusieurs têtes, des attributs particuliers. Chacun à un vâhana, dit véhicule ou monture. Dans la statuaire, la forme prime sur la matière dont est faite la mûrti. Cependant, certaines matières - l'or, l'argent, le bronze, la pierre - sont associées à certains dieux.

L'origine des mûrtis ne doit pas être recherchée dans la représentation d'une créature divine que l'on craint et reproduit pour la vénérer, une telle idée de l'hindouisme ne pourrait qu'être erronée. La mûrti est un ensemble de symboles qui offre une image d'une abstration. Les hindous ne croient pas que les mûrtis sont des choses vivantes et dotées de pouvoirs, comme pourraient l'être des idoles. Ils prévilégient seulement une image matérielle plutôt que l'image mentale que les iconoclastes préfèrent pour leur communication avec le divin auquel ils croient. Les hindous détruisent d'ailleurs souvent les mûrtis lorsque leur rôle est achevé, comme on se débarrasse d'un outil devenu inutile.

Comme le dit d'ailleurs Daniélou, exprimant parfaitement le point de vue hindou, : Lorsqu'une image ou l'histoire d'une incarnation ou d'un prophète ou de toute manifestation du divin en vient à être regardée comme une matérialité, comme un fait historique, au lieu d'être comprise comme un symbole, elle a perdu la partie la plus importante de sa signification et est devenue en effet un objet d'idolâtrie et de superstition, ce qui semble s'appliquer parfaitement aux religions du livre qui recherchent une assise historique. On a cependant vu cette dérive apparaître avec le fondamentalisme hindou, comme avec l'affaire d'Ayodhya.

Les yogi, en revanche, n'utilisent pas les images car ils n'en ont pas besoin, ils maîtrisent d'autres techniques pour effectuer leur dévotion et leur méditation. Cependant, de tous temps, des écoles religieuses indiennes ont refusé la représentation du divin, même comprise dans ce sens symbolique.

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[modifier] Bibliographie

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