Isaac de Ninive

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Isaac de Ninive ou Isaac le Syrien (Beit' Katraja, ~640; Rabban Sabor, ~700) est syrien, ascète, écrivain, évêque, mystique et théologien nestorien, qui fut un des plus grands spirituels de l’Christianisme oriental.

Sommaire

[modifier] Vie

De l’homme lui-même, on ne sait presque rien, sinon qu’il fut, au VIIe siècle, évêque nestorien de Ninive.

Né dans l'actuel Qatar (Golfe Persique), avec son frère, il devint moine alors qu'il était très jeune.

Son renom de sainteté se répandit dans l'empire Perse, au point que les habitants de Ninive le réclamèrent comme évêque. Il fut consacré, vers 660, par le catholicos (patriarche suprême) de l'Église chaldéenne, Georges 1° (658-680). Il abdiqua seulement cinq mois plus tard pour se retirer comme anachorète au mont Matout parmi les ascètes du Kurdistan. Les raisons de son départ de l'épiscopat restent incertaines. Selon les sources, on peut soit penser à un départ volontaire (Deux fidèles, qui lui avaient demandé de trancher leur différent, repoussèrent ses conseils évangéliques en lui disant: "Laisse ton Évangile en dehors de cette affaire!". Isaac se dit: "S'ils ne sont pas disposés à se soumettre aux préceptes du Christ, qu'ont-ils besoin de moi?") ou sous la pression (Certains pensent que la doctrine spirituelle d'Isaac fut combattue par certains de ses confrères dans l'épiscopat, jaloux de son prestige).

Il y vécut dans la solitude, mangeant peu (trois pains par semaine et quelques légumes crus). Une lecture assidue des Livres Saints et d'abondantes larmes de componction lui usèrent la vue. Alors, pratiquement aveugle, il se retira au monastère de Rabban Shabbour (Saint-Sapôr), où il dicta ses œuvres à ses disciples.


[modifier] Sa pensée

Sa pensée fait la synthèse des grands courants spirituels du christianisme ancien : celui d’Évagre le Pontique, plus spéculatif, qui met l’accent sur la purification de l’intellect ; celui de Macaire, plus biblique, centré sur les thèmes du "cœur" et de la "plénitude du Saint-Esprit" ; celui d’Origène, avec l’espérance du salut universel.

Pour Isaac, les voies de la connaissance de Dieu sont existentielles : la foi, la prière, l’humilité, la purification de l’esprit et son union avec le cœur. Alors le cœur s’élève jusqu’à ce qu’il atteigne les hauteurs de l’amour et que la joie demeure au fond de lui. La prière devient "spontanée" : l’homme devenant sanctifié, "qu’il mange, boive ou dorme, le parfum de la prière s’exhale spontanément de son âme". Il réalise l’amour évangélique du prochain, devient un être d’accueil, de miséricorde, de bénédiction. La charité du cœur devient cosmique, son espérance sans limite, il prie même pour les serpents et les démons. Il perçoit "la flamme des choses" et les bêtes sauvages se pacifient autour de lui.

[modifier] Isaac et la charité

Si Isaac est un grand ascète, un spirituel des plus renommés dès son époque, il fut aussi un homme d'une grande charité.

Quelques citations suffiront à se faire une idée :

"N’essaie pas de distinguer celui qui est digne et celui qui ne l’est pas ; que tous soient égaux à tes yeux pour les aimer et les servir [...]. Le Seigneur n’a-t-il pas partagé la table des publicains et des femmes de mauvaise vie"

"Je veux un cœur qui s'enflamme de charité pour la création entière, pour les hommes, pour les oiseaux, pour les bêtes, pour les démons, pour toutes les créatures. Priez aussi pour les animaux et même pour les reptiles, dignes eux aussi d'une pitié infinie."

"Voici, mon frère, un commandement que je te donne : que la miséricorde l’emporte toujours dans ta balance, jusqu’au moment où tu sentira en toi-même cette miséricorde que Dieu éprouve envers le monde."

[modifier] Héritage

Contemporain de saint Jean Climaque et de son "Echelle du Paradis ", Isaac a mené une vie cachée, dont on ne sait presque rien, mais le rayonnement de sa pensée s'est répandu par delà les siècles, les ères culturelles et linguistiques, les frontières des confessions chrétiennes.

Le fait qu'Isaac ait été nestorien ne l'empêche pas d'être un des écrivains spirituels les plus célèbres et les plus influents de tout l'Orient, ni de figurer au martyrologe orthodoxe, ni même d'être considéré comme un saint par l'Eglise syrienne d'Antioche (monophysite).

Ses écrits, rédigés en syriaque, furent traduits, très tôt, en grec, en éthiopien, en arabe, puis, dans les temps modernes, en latin, en italien, en espagnol et dans d'autres langues européennes, dont le français (en 1981). Non seulement ils furent bien reçus dès le XI siècle dans l'Église syrienne d'Antioche (que le monde occidental, orthodoxe grec ou catholique romain, appelait "monophysite" ou "jacobite "), mais en outre ils inspirèrent saint Syméon le Nouveau Théologien et plus tard exercèrent leur influence sur le mysticisme russe.

Si ses écrits n'ont pas eu la faveur de figurer dans la Philocalie grecque de Macaire, ni dans le Dobrotolioubié (philocalie slavonne) de Païssy, certains d'entre eux sont toutefois entrés dans l'édition russe de faite par Théophane le reclus. Isaac évita d'écrire sur les sujets controversé de l’époque, et cela a donné à ses texte quelque valeur œcuménique qui lui a valu d'être accepté hors du nestorianisme.

Il est reconnu comme saint par l'Église orthodoxe. (fête le 28 janvier).

L'œuvre de St Isaac bénéficie en français de traduction et d'études récentes

[modifier] Éditions de référence

CPG 7868-7869

[modifier] Liens externes

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