Eurabia

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Eurabia est un scénario dystopique où l'Europe fusionne avec le monde islamique grâce à un processus d'islamisation politique et culturelle de l'Europe. Comme 1984, le terme est utilisé pour s'opposer au scénario contre-utopique et est intentionnellement péjoratif. Bat Ye'or a popularisé le terme qui a été employé à l’origine principalement pour décrire l'hostilité arabo-européenne à l’encontre d’Israël et l'appui de l’Union européenne à l'OLP. Dès lors, sa signification a été étendue et a évolué : ce terme est maintenant principalement utilisé pour décrire une transformation de l'Union européenne, où l'Islam devient le système de valeur dominant et la population comporte de plus en plus de musulmans. (L'utilisation du terme n'est plus limitée seulement au rapport de l'Europe avec le monde arabe). Le terme est généralement utilisé en combinaison avec dhimmitude, dénotant ainsi une attitude présumée de concession, la reddition et l'apaisement envers les exigences musulmanes.

Utilisé à l’origine seulement dans les milieux politiques, le terme est entré dans l’usage courant des médias (incluant la première page de The Economist), se référant souvent à l’échec de l'assimilation de la population musulmane européenne, jeune et en forte croissance, et des rapports tendus en découlant.

Le scénario d’Eurabia est basé sur les faits suivant:

  • l'Islam est hostile et incompatible avec les valeurs de l’Occident judéo-chrétien ; la sphère politique, sociale et économique est définie par le Coran et la Shunna ce qui constitue pour les musulmans un cadre d’origine divine dont les directives qui y sont liées sont intangibles.
  • qu'il y a un nombre très important de musulmans en Europe et que leur présence pourrait être une stratégie délibérée ;
  • des études démographiques montres que les musulmans seront majoritaires en Europe dans plusieurs générations si cette hausse continue ;
  • que tous ou la plupart des musulmans veulent une Europe islamisée et que l'élite politique et culturelle européenne soutient cet objectif.

De plus, ils sont hostiles au multiculturalisme qu'ils voient comme faisant partie de la stratégie Eurabia et sont eurosceptiques puisqu'ils voient l'UE comme l'exécutant de cette stratégie.

Eurabia est utilisé par certains pour dénoter une conspiration et peut donc être décrit comme une théorie de conspiration : Oriana Fallaci a mentionné Eurabia comme "la plus grande conspiration que l'histoire moderne a créée". [1]

Sommaire

[modifier] Origine du terme

Eurabia était à l'origine le titre d'un bulletin publié par le Comité européen de la coordination des associations d'amitié avec monde arabe.[2] Selon Bat Ye'or, il a été publié en collaboration avec France-Pays Arabes (le journal de l'Association de solidarité franco-arabe ou ASFA), Middle East International (Londres) et le Groupe d'Etudes sur le Moyen-Orient (Genève).[3] Il n'y a aucun groupe de ce nom à l'Université de Genève, mais il y a un Groupe de recherche et d'études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient (GREMMO) à l'Université de Lyon II, [4] et un de ses membres est l'Institut universitaire d’études du développement (IUED) à l'Université de Genève. [5]

Pendant le choc pétrolier de 1973, la Communauté économique européenne (le prédécesseur de l'Union européenne), est entrée dans le dialogue euro-arabe avec la Ligue arabe. [6] Bat Ye'or a utilisé plus tard le titre du journal Eurabia afin de décrire le dialogue euro-arabe et a associé ce terme aux événements politiques. Le terme n'avait à l'origine aucune intention péjorative et aucune connotation semblable à son utilisation présente : Bat Ye'or était la première à l’utiliser de cette façon, particulièrement dans son livre sorti en 2005 Eurabia : l'Axe euro-arabe. (En Allemagne, 'Eurabia' est utilisé dans les noms de plusieurs entreprises affaires, comme Eurabia Schifffahrts-Agentur GmbH et les Tours Eurabia).

[modifier] Eurabia par Bat Ye'or

Bat Ye'or voit Eurabia (le processus politique) comme le résultat d'une politique européenne dirigée par la France dont l’intention première était d'augmenter le pouvoir de l’Europe face aux États-Unis en alignant ses intérêts avec ceux des pays arabes. Elle considère ce processus comme la cause principale de l'hostilité européenne à l’égard d’Israël. Elle le décrit de la façon suivante :

"Une machinerie qui a fait l'Europe le nouveau continent de dhimmitude a été mise en place il y a plus de 30 ans à l'instigation de la France. Une politique étendue a été alors d'abord esquissée, une symbiose de l'Europe avec les pays arabes musulmans, qui doterait l'Europe - et particulièrement la France, l'instigateur principal du projet - avec un poids et un prestige pour rivaliser avec celui des États-Unis. Cette politique a été entreprise tout à fait discrètement, à l'extérieur des traités officiels, sous le nom innocent du dialogue euro-arabe... Cette stratégie, dont le but était la création d'une entité d'euro-arabe de la pan-Méditerranée, permettant la libre circulation des hommes et des marchandises, a aussi déterminé la politique d'immigration des populations musulmanes dans la Communauté européenne. Et durant les 30 dernières années, il a aussi été établi une politique culturelle appropriée aux écoles et aux universités de la CEE... les Arabes établissent des conditions à cette association :
  1. Une politique étrangère européenne qui serait indépendante et opposée à celle des États-Unis ;
  2. La reconnaissance par l'Europe du peuple palestinien et la création d'un État palestinien ;
  3. Le soutien de la CEE à l'OLP ;
  4. La désignation de Yasser Arafat comme le représentant unique et exclusif des Palestiniens ;
  5. La délégitimisation de l'État d'Israël, tant historiquement que politiquement, sa contraction dans des frontières non viables et l'arabisation de Jérusalem.
De cela a découlé la guerre cachée de l'Europe contre Israël, les boycotts économiques, les boycotts d'universitaire israéliens, la diffamation délibérée, et la diffusion tant de l'anti-sionisme que du nouvel antisémitisme.[7].

Plus succinctement, elle le récapitule dans National Review de la façon suivante :

"L'avidité économique de l'Europe était instrumentalisée par la politique de la Ligue arabe dans une stratégie politique à long terme visant Israël, l'Europe et l'Amérique... Par le labyrinthe du système du dialogue euro-arabe, une politique de délégitimisation d'Israël a été projetée aux niveaux tant nationaux qu'internationaux de la CEE... Stratégiquement, la coopération euro-arabe était un instrument politique pour l'anti-américanisme en Europe, dont le but était de séparer et affaiblir les deux continents par une incitation à l'hostilité et le dénigrement permanent de la politique américaine au Moyen-Orient."

[modifier] Utilisation actuelle

L'utilisation actuelle du terme est plus large que la version donnée par Bat Ye'or, moins d'attention est portée sur les relations franco-arabes mais l'immigration et less données démographiques des populations musulmanes sont mises en avant. La théorie Eurabia, comme ses partisans la présente dans les médias, blogs, forums Internet et autres magazines en ligne, inclut ces éléments :[8]

  • L'Islam est incompatible avec les valeurs européennes et hostile au monde occidental. L'Occident est engagé dans une certaine forme de guerre ou de conflit de civilisation avec l'Islam.
  • L'Islam cherche à remplacer la civilisation européenne et ses valeurs par sa propre version islamique. L'Islam voudrait une Europe où les mosquées remplacent les églises et la charia remplace les différents systèmes juridiques européens.
  • La civilisation occidentale est explicitement judéo-chrétienne et l'hostilité musulmane est en partie religieuse.
  • Les musulmans font des demandes continuelles afin d'imposer leurs valeurs propres : les concessions mènent à plus de demandes. Tous les musulmans ont cette attitude d'exigence, puisqu'il fait partie de leur religion.
  • Ces demandes sont aussi destinées à placer les non musulmans (Juifs et Chrétiens) dans un statut de dhimmi et la plupart des musulmans trouvent que c'est le seul statut approprié pour les non musulmans.
  • Ces demandes devraient être balayées, mais les gouvernements européens, les médias et des élites échouent successivement à le faire. Ils font même préemptivement des concessions aux musulmans, y compris par autocensure. Leur attitude est de la dhimmitude - l'attitude servile de dhimmi faible dans une société dominée par les musulmans. La dhimmitude est un acte de trahison contre l'Europe et la civilisation occidentale.
  • L'immigration musulmane en Europe est une stratégie, dans l'intention de gagner le contrôle de l'Europe et de remplacer sa population non musulmane par des musulmans : cette immigration n'est donc pas économique dans son essence.
  • La croissance de la population musulmane en Europe, par augmentation naturelle (fort taux de natalité) fait aussi partie de cette stratégie. Il y a déjà beaucoup plus de musulmans en Europe que ce que les statistiques officielles admettent et dans plusieurs générations (au moins avant 2100) ils seront majoritaire. Les gouvernements européens ont activement aidé cette stratégie, en permettant l'immigration venue des pays musulmans et c'est aussi de la trahison.
  • Même avant qu'ils ne soient majoritaire, les musulmans domineront la politique européenne, à cause de leurs nombres et l'apaisement dhimmi des politiciens et des élites, qui échouent à leur résister.

Matt Carr sceptique décrit le scénario de la façon suivante :[9]

Selon la pire des prévisions d'Eurabia, vers la fin du XXIe siècle, la plupart des villes d'Europe seront envahies par des immigrants étrangers parlant l'Arabe, la plus grande partie du continent vivra conformément à la charia et le Christianisme aura cessé d'exister ou sera réduit à un état de dhimmitude... Dans le cauchemar d'Eurabia, à l'avenir le passé se répètera de nouveau et Chrétiens et Juifs deviendront des minorités opprimées en terre d'Islam; les églises et cathédrales seront remplacées par des mosquées et des minarets, l'appel à la prière se répercutera de Paris à Rotterdam en passant par Londres et les restes judéo-chrétiens de l'Europe auront été réduits à de petites enclaves dans un monde de locuteurs arabisants barbus et de femmes voilées par une burka.

[modifier] Degré d'appui pour la théorie

Le terme Eurabia est monté en puissance, en partie parce qu'il reflète une tendance politique plus générale, qui voit l'Islam comme la menace principale pour l'Europe et ses valeurs. Justin Vaisse, qui est sceptique quant à la transformation revendiquée par Eurabia, a parlé de cette évolution à la Brookings Institution [10] :

... J'ai visité des librairies en y cherchant des livres sur l'Islam en Europe. Et les seuls titres et livres que j'ai pus trouver, portaient des titres comme Tandis que l'Europe dort : Comment l'Islam radical détruit l'Occident de l'intérieur, par Bruce Bawer; "The West's Last Chance: Will We Win the Clash of Civilizations", par Tony Blankley; "Eurabia, l'Axe euro-arabe" par Bat Ye'or; ou "Menace in Europe: Why the Continent's Crisis is America's, Too", par Claire Berlinski... Et plus généralement, des auteurs encore plus sérieux comme Bernard Lewis ou Niall Ferguson écrivent ou donnent des interviews sur l'islamisation de l'Europe, la colonisation inverse, la bombe à retardement démographique qui menace l'Europe, et ainsi de suite, avec la suggestion que c'est l'apocalypse.

D'autres ont soutenu la théorie d'Eurabia et expriment des vues voisines, incluent Oriana Fallaci,[11] Robert Spencer,[12] Daniel Pipes,[13] Ayaan Hirsi Ali,[14] et Melanie Phillips.[15] Lorsqu'il était encore cardinal, le pape Benoît XVI a exprimé ses inquiétudes quant à l'érosion de la nature chrétienne de l'Europe et s'est opposé à l'accession de la Turquie à l'UE. En 2005, le Pape a accordé une audience à Oriana Fallaci (elle-même athée), et a loué son soutien pour la défense de l'héritage chrétien de l'Europe.[16]


[modifier] Critique de la théorie d’Eurabia

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes et références

  1. The Fallaci Code, Brendan Bernhard, LA Weekly. [1]
  2. Liste d’archive des Universités de Paris, [2]
  3. Observatoire du Monde Juif, 2002. [3]
  4. Sites web de GREMMO [4] and [5]
  5. Site web de l’IUED [6]
  6. MEDEA: Dialogue Euro-Arabe EURO-ARAB Dialogue
  7. http://www.dhimmitude.org/archive/bat_yeor_thespiritofeurabia_eng_2004jun25.doc
  8. Voir par exemple les Blogs Gates of Vienna [7], Islamophobic [8] et Brussels Journal [9], Free Republic [10], Front Page magazine [11], et les sites web de Robert Spencer, Daniel Pipes etBat Ye'or, et tout spécialement l’article The Eurabia Code by 'Fjordman' posted at Jihad Watch [12]
  9. You are now entering Eurabia, Matt Carr, 2006. [13]
  10. Intégration de l'Islam : défis politiques et religieux dans la France contemporaine. [14]
  11. "Sono quattr' anni che parlo di nazismo islamico, di guerra all' Occidente, di culto della morte, di suicidio dell' Europa. Un' Europa che non è più Europa ma Eurabia e che con la sua mollezza, la sua inerzia, la sua cecità, il suo asservimento al nemico si sta scavando la propria tomba." Oriana Fallaci in Corriere della Sera, 15 September 2006. [15]
  12. JihadWatch Blog et Dhimmiwatch Blog
  13. Site web de Daniel Pipes [16]
  14. "The monopoly of force that is now exclusive to states will be challenged by armed subgroups. European societies will be divided along ethnic and religious lines. The education system will not succeed in grooming the youth to believe in a shared past, let alone a shared future. The European states will find themselves limiting civil liberties. Europeans will come to accept the de facto implementation of Sharia law in certain neighborhoods and even cities. The exploitation of the weak, women and children will be commonplace. Those who can afford to emigrate will do so. Instead of an ever-growing union in Europe, future generations may witness an ever-disintegrating one." Ayaan Hirsi Ali, 2006, Europe's Immigration Quagmire, LA Times, [17]
  15. Melanie Phillips: Londonistan: How Britain is creating a terror state within, London, Encounter (ISBN 1-59403-144-4)
  16. 'A man with little sympathy for other faiths' . Guardian, September 19, 2006. [18]

[modifier] Bibliographie