Emsav

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L’Emsav, substantif dérivé du verbe breton se lever, désigne en Bretagne l’ensemble informel des organisations économiques, culturelles ou politiques et des idéologies qui impliquent directement ou indirectement l’existence d’un concept positif de nation bretonne, au sens de conscience partagée d'appartenir à une communauté historique, géographique, économique et culturelle. Il ne s’agit pas d’une organisation structurée et n’implique en lui-même aucune interaction ou de convergence de vue entre ses composantes.

Emsav est aussi le nom d'une revue politique en langue bretonne dans les années 1960-70.

Icône de détail Article détaillé : Nationalisme breton.

Traditionnellement, l'histoire du "mouvement breton", se divise en 3 périodes.

Sommaire

[modifier] Préhistoire du sentiment d'appartenance

Avant la Révolution (et il reste des traces importantes de cette attitude) les Bretons se sentent d'abord de leur ferme, puis de leur paroisse, enfin de leur pays (ou kanton, c'est en gros la zone d'influence d'un marché), accessoirement de leur évêché. La Bretagne ou la France sont des concepts abstraits et lointains qui ne se matérialisent que pour quelques-uns à l'occasion du passage d'un duc ou d'un roi.

Si Charlemagne n'a jamais pu soumettre la Bretagne c'est sans doute plus en raison de cette anomie avant l'heure que de la puissance hypothétique de quelques roitelets bretons. Le duché de Bretagne s'inscrit dans un féodalisme européen où le peuple ne connaît, et ne reconnaît, que son maître direct et où le jeu des alliances n'est régional que par les hasards de la géographie. En fait durant toute cette époque le sentiment qu'il y a une identité bretonne est plus le fait de leurs voisins que des bretons eux-mêmes.

Si le club breton est aussi initiateur du Club des Jacobins, premier parti politique de France et un des tous premiers partis d'Europe[réf. nécessaire], l'attitude de ses députés (notamment lors de la nuit du 4 août 1789), et celle de la population du nord et de l'ouest de la péninsule malgré le charisme d'un Georges Cadoudal, montrent qu'il n'y a pas de sentiment communautaire à la fin du XVIIIe siècle. Cependant il faut noter que lors de la nuit du 4 août, les députés bretons se réunissent pour décider quoi faire sur la question de la modification du Traité d'union pour abolir les libertés (ou privilèges) nobiliaires provinciaux. Ils décident de se déclarer incompétents et demandent que les États de Bretagne, l'assemblée provinciale, statuent sur la question (les États n'auront jamais le droit de se réunir)

[modifier] Le premier Emsav : naissance du mouvement breton jusqu’en 1914

Le mouvement breton est né dans la première moitié du XIXe siècle au cours d'une grande vague qui a touché toute l’Europe romantique (le Printemps des Peuples, 1848). Il se caractérise par : le régionalisme, l'ancrage à droite, la fidélité à l'esprit monarchiste, l'importance des traditions. Une idée domine : maintenir les traditions pour préserver le peuple breton de l’irréligion et des idées nouvelles.

Les trois grands piliers de ce régionalisme breton naissant sont :

  • La collecte des chants et contes populaires bretons (en s'inspirant notamment des exemples allemands ou finnois ; cf. les frères Grimm, le Kalevala). La figure symbolique et initiatrice de ce travail de collecte des traditions populaires est le marquis Théodore Hersart de la Villemarqué et son Barzaz Breiz. Cette œuvre connut un très grand écho, faisant découvrir la littérature orale bretonne dans toute l'Europe.
  • La normalisation de la langue bretonne écrite, notamment par Jean-François Le Gonidec (dictionnaire et grammaire en 1821), considéré comme le père du breton moderne.
  • La création d’une véritable historiographie bretonne, à partir de 1896 avec Arthur de La Borderie, considéré comme le père de l’histoire de la Bretagne.

1805 : Fondation de l'Académie celtique par Napoléon Ier, première association étudiant la langue et la culture bretonnes. Le président est Théophile Malo Corret de la Tour d'Auvergne.

1823 : Création de la première revue littéraire bretonne, Le Lycée Armoricain, à laquelle participe Émile Souvestre.

1829 : L’Association bretonne, mouvement illégal, s'oppose à Charles X.

1838 : Parution du Barzaz Breiz de Théodore Hersart de la Villemarqué, succès littéraire international.

1839 : Première édition du Buhez ar Sent, ouvrage en breton qui décrit la vie des saints de l'Église catholique. Ce livre devient rapidement le livre dans la plupart des fermes de la Bretagne bretonnante. Il était lu régulièrement, souvent le soir à la veillée.

1865 : Création de Feiz ha Breiz (Foi et Bretagne), hebdomadaire en breton qui a paru presque continûment depuis cette époque.

1870 : Charles de Gaulle (Barz Bro C'hall), oncle du futur général, réclame au gouvernement l'enseignement des langues régionales. Fondation de la Revue celtique.

1871 : L'affaire du camp de Conlie soulève une émotion considérable en Bretagne et répand dans la population l'impression que les Bretons sont considérés en France comme un ennemi de l'intérieur. Cette tragédie a un rôle important dans la constitution d'un sentiment national de victimisation.

1898 : création de l’Union régionaliste bretonne, premier vrai parti régionaliste, de tendance conservatrice, qui réclame la décentralisation et l'enseignement de l'histoire et de la langue bretonnes. En marge de ce mouvement politique, le Gorsedd de Bretagne est créé. En 1899, l'Association des Bleus de Bretagne fait scission de l'URB. En 1900, la Fédération Socialiste de Bretagne est crée à Nantes par Charles Brunellière. En 1904, Lionel Radiguet diffuse 100 000 exemplaires de la Constitution nationale pour une République bretonne, qu'il a rédigée.

Parus en 1909 et 1911, deux ouvrages du comte de Lantivy-Trédion synthétisent les revendications du mouvement breton. L'auteur y évoque une reconstitution de la Bretagne, son autonomie financière et administrative, etc. Les défenseurs du projet vont jusqu'à imaginer une 'grève de l'impôt'.

1905 : création du Bleun Brug, dans la continuité de Feiz ha Breiz, par l'abbé Perrot pour défendre la foi et les traditions bretonnes.

1911 : création du Parti nationaliste breton et de la Fédération Régionaliste Bretonne, suite à une scission de l'Union régionaliste bretonne. Le Parti nationaliste breton est le premier parti nationaliste breton, créé par Camille Le Mercier d'Erm. À cette époque, ce parti va rassembler l’essentiel du mouvement politique breton.

1912 : Émile Masson écrit Antée ou les Bretons et le socialisme : pour un socialisme breton, puis lance l'année suivante un mensuel socialiste bilingue : Brug.

[modifier] Le second Emsav (1914-1945)

La Première Guerre mondiale est une véritable coupure. La Bretagne est saignée à blanc, plus de la moitié des hommes entre 20 et 40 ans sont morts, l'impression d'avoir été systématiquement en première ligne est très vive et ravive la victimisation.

Une nouvelle génération, plus active, a des objectifs ambitieux, tournés vers l'avenir :

  • Elle s’investit notamment dans le domaine de la langue. Son chef de file est Roparz Hemon, et son journal de référence Gwalarn, fondé en 1925. La littérature bretonne s'ouvre au monde entier par de nombreuses traductions, rénovation et élargissement des thèmes littéraires (Jakez Riou, Youenn Drezen, etc.) : création d’une littérature moderne en langue bretonne. La langue bretonne est rénovée et actualisée par la rédaction de nombreux dictionnaires et grammaires.
  • L'importance du mouvement artistique, avec notamment les Seiz Breur qui regroupe plusieurs dizaines d'artistes, artisans d'art, créateurs qui veulent donner un nouveau souffle à la création artistique en Bretagne.
  • Parallèlement au succès culturel cet activisme se fait sentir aussi dans le domaine politique.
  • Un groupuscule qui se fait connaître sous le nom de Gwenn-ha-Du fait sauter en 1932 le monument commémorant l'union de la Bretagne à la France, puis commet quelques autres attentats symboliques.

1918 : création de l’Union de la jeunesse bretonne (Unvaniez Yaouankiz Breiz) pour veiller à la conservation des traditions bretonnes et développer l'amitié entre les peuples celtes. Le journal Breiz Atao créé en en 1919 en devient l'organe.

1920 : une pétition initiée par 124 associations et réclamant une régionalisation recueille 360 000 signatures.

1933 : Fondation du mouvement culturel « Ar Falz » par Yann Sohier pour sensibiliser les instituteurs publics à l'enseignement de la langue bretonne.

1934 : 346 communes bretonnes adoptent le vœu « Ar Brezhoneg er Skol » (le breton à l'école), en faveur de l'enseignement du breton.

Sur cette période, Morvan Lebesque, acteur de l'époque affirmera dans son livre Comment peut-on être breton ? que « les militants de ces années se souviennent de réunions de village improvisées sur le marchepied de quelque vieille Ford, devant des auditoires qu'il fallait surprendre, cueillir à la porte du bistrot ou de la messe et qui, les yeux ronds, considéraient les "autonomistes" à peu près comme des Martiens, hésitant parfois à leur lancer des lazzis ou des pierres. Parfois on appelait le curé, les gendarmes, l'ivrogne local y allait de son numéro ; des mères outragées reprochaient aux orateurs de "faire cela devant des enfants" et il y avait avantage à ne pas tenir le meeting trop près d'une rivière ».

[modifier] La Seconde Guerre mondiale

A partir de 1939 la plupart des organisations bretonnes, minées par les divergences entre les engagements de leurs membres éclatent voire le plus souvent disparaissent.

1940 : Le général Karl-Heinrich von Stülpnagel (commandant les troupes d'occupation en France) précise sa position sur la question bretonne : soutien à la culture et à la langue bretonnes, refus du soutien aux autonomistes bretons.

Un quotidien couvrant les cinq départements bretons paraît jusqu'en 1944, une radio subventionnée émet en breton également jusqu'en 1944. L'enseignement de l'histoire et de la langue bretonnes sont autorisées pendant l'occupation. Toutes ces initiatives sont stoppées dès la libération.

Les comportements des uns et des autres sont l'objet d'une amnésie sélective de guerre qui nourrit toujours des polémiques plus de soixante ans après.

[modifier] Le troisième Emsav depuis 1945

En 1945, le mouvement breton repart de zéro. Près de 2000 militants bretons sont arrêtés et « Internés administratifs ». Ils sont relâchés au bout de quelques semaines sans procès, aucune charge n'ayant pu être retenue contre eux. La plupart d'entre eux, traumatisés par cette détention, abandonnent toute activité au sein d'un mouvement breton.

On va désormais étudier de manière plus approfondie les trois temps, culturel, économique et politique de la reconstruction de l'Emsav.

[modifier] Fin des années 40 et années 50 : la culture

À la fin des années 1940, le militantisme politique étant condamné par les autorités françaises, l'engagement des militants bretons se fait sur le terrain de l’action culturelle :

C'est par ce biais que va être maintenu et transmis un sentiment national breton à une nouvelle génération au cours des années 40 et 50. De nombreux militants bretons des années ultérieures (Alan Stivell, Pierre Denis, Donatien Laurent, Gwenc'hlan Le Scouëzec, etc.) sont issus de ce mouvement musical.

Parallèlement, les militants bretons continuent le travail entamé avant-guerre dans le domaine de la langue et de la littérature et créent de nombreuses revues bretonnantes, dont la revue littéraire Al Liamm, continuatrice de l'ambition littéraire de Gwalarn.

Pierre-Jakez Hélias, Pierre Trépos, et Charles Le Gall recréent des émissions de radio, puis de télévision à partir de 1964, en breton populaire. D'abord de quelques minutes hebdomadaires, ils mènent une véritable « guerre d'usure » contre l'ORTF pour obtenir l'allongement minute par minute de la durée de ces émissions.

On retrouve aussi des mouvements et revues d'inspiration chrétienne autour des abbés Loiez Ar Floc'h, Marsel Klerg, et Armand Le Calvez. La fédération Kendalc’h (qui ambitionne de regrouper toutes les organisations culturelles bretonnes, dès sa création elle représente plus de 20 000 militants) est créée en 1951 ainsi que celle du Kuzul ar Brezhoneg, fédération créée en 1958 (elle regroupe les associations bretonnes militant pour l'orthographe unifiée du breton).

À Paris, en banlieue, la diaspora bretonne met en place des cercles où se retrouvent en particulier les militants qui ont été condamnés à l'indignité nationale pour collaboration, Ker Vreizh à Montparnasse, La Mission bretonne, La Cité bretonne de Keranna à Yerres en Seine-et-Marne. Dans les années 50-60, Jean-Jacques Le Goarnic combat pour la reconnaissance des prénoms bretons.

[modifier] Années 50 et 60 : L’économie

À partir du début des années 1950, l’économie est touchée par l'idée régionale :

1951 : création du Comité d’étude et de liaison des intérêts bretons (CELIB) par Joseph Martray et René Pleven. Le CELIB sera à l'origine de l'impulsion économique qui fera sortir la Bretagne de son sous-développement agricole et industriel en constituant une instance officieuse de coordination des collectivités locales à l'échelle de la Bretagne historique (5 départements), dans une optique décentraliste. En 1955 le CELIB devient un Comité Régional d'Expansion (Coder).

Toute une génération d'agriculteurs issue de la Jeunesse agricole chrétienne s'organise au niveau local et régional. Une série de grèves très dures en 1960 pour obtenir les conditions de la modernisation de l'agriculture culmine par la « prise » par 2000 agriculteurs de la sous-préfecture de Morlaix le 8 juin 1961. L'emprisonnement des leaders déclenche une vague de manifestations qui embrase toute la Bretagne jusqu'au 22 juin. Un « modèle agricole breton » se met progressivement en place.

1962 : Le CELIB adopte une loi-programme pour la Bretagne préparée par Michel Phlipponneau. L'État refuse de s'engager sur un plan pluriannuel d'investissements. 1092 conseils municipaux bretons soutiennent la loi-programme. La Bretagne engage la bataille des tarifs ferroviaires pour désenclaver l'économie régionale, forçant l'État à céder.

[modifier] À partir de la fin des années 1960 : le retour du politique

Indirectement, le CELIB légitime donc la renaissance d’un activisme politique breton, et à partir des années 60, on observe le retour de partis bretons dans l’arène politique. La création des régions de programme en 1961, qui se transformeront en circonscriptions d'action régionale en 1964, puis en régions en 1972, permet aux partis politiques de gagner une légitimité régionale.

1957 : Création du Mouvement pour l’Organisation de la Bretagne (MOB), premier parti politique créé depuis la Seconde Guerre mondiale.

1963 : Scission de la gauche du MOB pour créer l’UDB (Union démocratique bretonne). Le CAB (Comité d'Action pour la Bretagne) rassemble la CFDT, la CFTC, le PCF, la SFIO, le PSU, la FEN, le SNI.

Mais tout cela reste très marginal au cours des années 60, malgré l’essor sans précédent des mobilisations à dimension régionale au sein des mondes ouvrier et paysan.

Dans les années 60 le macaron BZH fleurit sur les voitures. Il est rapidement interdit (décret Ortoli du 7 août 1967). Plusieurs automobilistes font l'objet de poursuites mais dans l'ensemble la police ferme les yeux.

1966 Le FLB (Front de libération de la Bretagne) revendique son premier attentat. Le plan routier breton de 1968 est considéré comme une conséquence de ces actions puisqu'on nommera longtemps en Bretagne autoroutes du FLB les deux voies express qui desservent la péninsule. En 1972 le « procès du FLB » devant la cour de sûreté de l'État se transforme en « procès de la colonisation française en Bretagne »; 2000 personnes viennent soutenir le FLB au palais de la Mutualité à Paris.

La même année, Alan Stivell commence à chanter, ce qui va susciter une véritable révolution culturelle au début de la décennie suivante.

1967 : Du haut du balcon de l’hôtel de ville de Montréal, le général de Gaulle lance son « Vive le Québec libre » qui sera apprécié à sa juste valeur par l'importante communauté bretonne du Québec et largement relayé en Bretagne avec les explications nécessaires : il réhabilite involontairement les mouvements politiques bretons dont les membres les plus durs ne réclament que des droits et libertés dont le Québec, membre de la confédération canadienne, dispose déjà.

[modifier] Décennie des années 1970

Les années 1970 virent renaître une conscience nationale, ou tout du moins régionale en Bretagne.

- La "révolution culturelle" en musique

  • Essor sans précédent de la musique bretonne, à l'initiative d' Alan Stivell. Ne pas oublier l'influence culturelle du chanteur et écrivain Milig Ar Skanv, autrement dit Glenmor qui fut le premier à réveiller la culture bretonne.

D'innombrables musiciens et chanteurs vont lui emboîter le pas, dont Gilles Servat et les Tri Yann, aussi bien dans les concerts que dans les festoù-noz (fête bretonne, avec de la musique et des danses traditionnelles). Ces festoù-noz, souvent « de soutien » à une cause « de gauche », deviennent le rendez-vous de toute une génération, et progressivement de toutes les générations.

- Multiplication des conflits sociaux qui prennent un caractère breton marqué :

  • Géographie des réseaux de solidarité qui se créent à l’occasion des conflits sociaux qui prennent une dimension bretonne ;
  • Rhétorique construite et développée au cours du conflit social qui dénonce l’oppression de la Bretagne par Paris, le colonialisme intérieur dont est victime la Bretagne qui prend la forme : d’une oppression politique (par le centralisme), économique et sociale (par le capitalisme) et culturelle (par le jacobinisme, c'est-à-dire le nationalisme français);
  • Création de Skoazell Vreizh en 1969 pour aider les familles des militants emprisonnés.
  • Foyer culturel de Menez Kamm en 1970

- Création d’une conscience nationale ou régionale bretonne de gauche par les conflits sociaux :

  • 1972 : année la plus importante pour la naissance de cette rhétorique, avec une succession de conflits sociaux de grande ampleur : Joint français et grève du lait.
  • Conflits écologistes, notamment contre l’implantation de centrales nucléaires (1974-1981) ou pour dénoncer la marée noire de l’Amoco Cadiz (1978)

- Les nouveaux partis bretons

- L'autogestion, qui est de tous les conflits sociaux en France, est déclinée en Bretagne dans son point de vue politique, l'autonomie :

  • le PSU est particulièrement représenté (Yves Le Foll, maire de Saint Brieuc, est longtemps le seul élu de ce parti),
  • le colloque Bretagne et autogestion rapproche PSU, PC, CFDT et de nombreux mouvements bretons de toutes tendances,
  • 1973 : Strollad Ar Vro présente 32 candidats aux législatives de mars ; l’UDB en présente cinq.
  • en 1979 le Plan Alter Breton, un document de 40 pages élaboré par des scientifiques membres du PSU, constitue une alternative déjà écologiste et objectivement autonomiste au plan quinquennal du ministère de l'économie et a un retentissement important chez les militants de tous partis.

[modifier] Activisme clandestin de « propagande armée »

Dans les années 70, apparaît un activisme clandestin de « propagande armée » : Front de libération de la BretagneArmée républicaine bretonne. Ces groupes pratiquent une violence symbolique, via des actions contre les symboles de l’oppression de la Bretagne : contre l’État français, contre le capitalisme. Après une première vague d'attentats au début des années 70, une relative accalmie suit l'amnistie accordée en 1981 par François Mitterrand.

Dans les années 90, on assiste à une reprise des attentats revendiqués par une Armée révolutionnaire bretonne dont les liens et la filiation avec le FLB des années 70 n'apparaissent pas clairement. Des liens avec l'organisation basque ETA sont mis à jour lors de l'affaire de Plévin. Le 19 avril 2000, la mort de Laurence Turbec, employée du McDonald de Quévert, tuée par une bombe, est unanimement condamnée (ex. La Bretagne, c'est la vie du Conseil Culturel de Bretagne). C'est la première fois que le terrorisme breton est accusé d'avoir provoqué la mort d'une personne innocente (jusqu’à ce jour seuls deux poseurs de bombes avaient été tués par leur engin en 1976 et 1985). En 2004 un non-lieu sera rendu en faveur de tous les militants poursuivis pour cet attentat toujours non élucidé.

[modifier] Actualité de l'idée bretonne

La « mouvance politique bretonne » comporte des mouvements ou partis de lignes politiques très variable concernant tant leur vision du statut de la Bretagne que leur positionnement sur l'axe droite/gauche.

  • L’UDB reste de loin le parti autonomiste le plus important. Il revendique environ 750 membres. Il n'attire qu’environ 2 à 5 % des suffrages quand il se présente seul. Depuis quelques années il préfère se présenter en association avec les Verts ou le Parti socialiste : environ 80 élus municipaux sur des listes d’unions de gauche plurielle ou en alliance avec la gauche antilibérale ; et surtout depuis 2004, 3 conseillers régionaux dont un vice-président (plus un apparenté - Christian Troadec) grâce à une alliance avec les Verts puis le Parti socialiste. Les maires de Carhaix et Plescop sont considérés comme proches de ses position
  • Un parti nationaliste, axé sur le rassemblement au delà du clivage droite-gauche, dans une logique assez comparable à celle du Modem, est apparu il y a quelques années et revendique environ 450 adhérents : c'est le « Parti breton ». Il compte aujourd'hui quelques dizaines d'élus au sein de la structure Askol dont un maire - Gwenole Guyomarc'h a Locquirec et un conseiller general Jean-Yves Cozan, elu de Ouessant )
  • Les royalistes : réapparu dans les années 80, un mouvement légitimiste, la Fédération bretonne légitimiste (FBL), regroupe la majeure partie des monarchistes bretons dans plusieurs cercles. Fidèle à l'esprit qui anima le combat des grands défenseurs de l'autonomie bretonne dans le cadre de la monarchie française (le marquis de La Rouërie, Georges Cadoudal, etc.), la FBL s'affirme dans sa spécificité bretonne.
  • à l'extrême gauche : Emgann, dont certains des militants sont impliqués dans l'affaire de Plévin ainsi que des cercles anarchistes, comme Treger Disuj, faisant partie de la Coordination Bretagne Indépendante et libertaire.
  • Adsav est un mouvement d´extréme-droite[1]. . Crée en 2000 par Padrig Montauzier, ce parti indépendantiste revendique 720 adhérents. Il a annoncé sa première participation aux élections cantonales de 2008.
  • Pendant les années 90 : émergence et disparition du syndicat étudiant Dazont qui est le premier syndicat étudiant en Bretagne au milieu de la décennie. Création d’un syndicat breton : Sindikad Labourerien Breizh (SLB), qui prend la suite du syndicat Dazont et obtient en janvier 2006 trois élus à l'Université de Haute Bretagne Rennes II.
  • Certains élus de partis français ont des positions régionalistes très affirmées, à l’instar de Patrick Mareschal, président socialiste du conseil général de Loire Atlantique et fondateur de Bretagne Réunie, ou encore de Christian Troadec, à l'origine de l'appel de Carhaix.

[modifier] Domaine de l’éducation

  • 1977 : création de la première école Diwan enseignant le breton par immersion. Développement du réseau depuis 30 ans. Aujourd’hui : une trentaine d’écoles (dont 4 collèges et un lycée) et près de 3 000 élèves. Mais toujours énormément de problèmes : finances, tracasseries administratives[2]. Non reconnaissance officielle par la République française.
  • 1984 : le gouvernement socialiste crée une filière bilingue dans l'enseignement public, qui connaît un réel succès.
  • 1990 : même chose pour l'enseignement catholique.
  • Aujourd’hui, (2007) environ 11 750 enfants sont scolarisés en breton, soit 1,5 % de l’ensemble des enfants de Bretagne.

En 2002, l’histoire de Bretagne en bande dessinée de Reynald Secher et René Le Honzec atteint 400 000 exemplaires écoulés.

[modifier] Vie publique et mouvement culturel

Dans les tendances actuelles, on peut évoquer une certaine institutionnalisation :

  • Le drapeau breton, assimilé à l'indignité nationale dans les années 50, interdit dans les années 60, sur le front des luttes sociales les plus dures dans les années 70, flotte aujourd'hui sur beaucoup de mairies, dont celles de toutes les grandes villes.
  • Les arts (notamment musique et danse) connaissent un succès croissant depuis 50 ans. Le secteur musical est le plus dynamique avec des centaines de groupes divers, des milliers de joueurs de musique traditionnelle ou d’inspiration bretonne qui demeurent très populaires. Il existe plus d’une centaine de bagadoù partout en Bretagne et on constate l'organisation de très nombreux groupes de fest-noz. L'album Again d' Alan Stivell propulse à nouveau la musique bretonne et celtique dans le grand public, en même temps qu'elle montre qu'elle est à l'avant-garde musicale. Des créations tel que l’Héritage des Celtes de Dan Ar Braz, ou le succès des festivals de musique celtique, comme le celui de Lorient soulignent la créativité et l'ouverture de la musique bretonne. Les danses bretonnes sont également très populaires : toutes les semaines chaque fest-noz regroupe généralement plus de 500 personnes.
  • Domaine de la vie publique : dans les années 80 un combat pour la signalisation en langue bretonne (Stourm ar Brezhoneg) (1984) (barbouillage de panneaux), même partiellement en région gallèse (ne parlant pas breton mais le gallo) aboutit à la mise en place de panneaux routiers bilingues en Finistère, en Côtes d'Armor, et depuis 2005 en Morbihan.
  • De nombreuses radios locales émettent en breton.
  • L'État signe une Charte culturelle avec diverses institutions locales en 1977. Un ensemble d’institutions sont créées, dont, en 1981, l’Institut Culturel de Bretagne/Skol-Uhel ar Vro, organe commun du conseil régional de Bretagne et du conseil général de Loire Atlantique (dont sortira en 1999, l’Office de la Langue Bretonne/Ofis ar Brezhoneg, qui est l'organe officiel de normalisation de la langue bretonne). Le Comité consultatif à l'identité bretonne de la mairie de Rennes est crée en 1996. Lancement de la Journée de la langue bretonne en 2004.

Mais la langue bretonne reste non reconnue dans le cadre de la République française. Jusque dans les années 50, elle est interdite à l’école, et dévalorisée. On comptait dans les années 50, plus d'un million de bretonnants quotidiens. Il en reste aujourd’hui moins de 250 000. Leur nombre exact est sujet à polémique en raison de l'absence de définition et de l'absence de recensement. Invoquant son caractère indivisible, La République française refuse l'introduction du breton dans la vie publique (la loi Toubon de 1994 durcit encore ce refus), et refuse par exemple la ratification de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires.

[modifier] Domaine économique

  • Regroupement de nombreux patrons au sein de l'Institut de Locarn pour défendre les intérêts des petites et moyennes entreprises en Bretagne.
  • Ces mêmes dirigeants créent le label « Produit en Bretagne », créé par Jean-Jacques Goasdoué, qui se veut un label de qualité pour défendre l'image de la Bretagne à l’étranger. Il s’appuie notamment sur un patriotisme économique des Bretons et rencontre un certain succès.
  • En 2004 un opérateur national de téléphonie mobile crée une offre orientée vers la clientèle régionale, Breizh Mobile.
  • En 2004, création du Breizh Cola.
  • Création de TV Breizh en 2001 : 1re télévision totalement bretonne, mais où, en raison des contraintes imposées par le CSA, la langue bretonne reste très minoritaire (à peine plus d’heures que sur la télévision publique France 3 Ouest)

[modifier] Sentiment d'appartenance

Sondage pour le conseil général du Finistère[3]:

  • Vous personnellement, vous sentez-vous appartenir très fortement…
2002 2004 2005
à l'Europe 13% 21% 18%
à votre commune 46% 51% 48%
à la France 43% 61% 58%
au Finistère 61% 70% 67%
à la Bretagne 65% 75% 73%

Sondage CSA de septembre 2000 :

  • Vous sentez vous d'abord appartenir à…
en Bretagne en Loire-Atlantique
la Bretagne 42% 24%
la France 26% 32%
votre commune 24% 20%
l'Europe 6% 7%
votre département 1% 3%
la région Pays de Loire ~ 14%
  • Souhaitez-vous que le département de Loire-Atlantique soit rattaché à la Bretagne ?
en Bretagne 63% ; en Loire-Atlantique 71%

[modifier] Bibliographie

  • Vers une Bretagne organisée. Enquête sur les libertés régionales et la formation d'États provinciaux en Bretagne. Discussions et conclusions. Paris, Nouvelle Librairie nationale - 1911. Comte de Lantivy-Trédion
  • Le mouvement breton. Automatisme et fédéralisme. Carhaix, Éd. 'Armoricain, sans date (1937). de René Barbin
  • Comment peut-on être breton ? -. Seuil. 1970. de Morvan Lebesque.
  • Une Bretagne libre est-elle viable ? -. Nature et Bretagne. 1975. de Leopold Kohr.
  • Histoire résumée du mouvement breton-. Nature et Bretagne. 1977. de Yann Fouéré.
  • Emsav. Histoire du mouvement breton, Syros, 1982. 380p, de Michel Nicolas.
  • Histoire de la revendication bretonne. Coop Breizh, Spézet, 2007, 448p, de Michel Nicolas.
  • "Résistance et conscience bretonne, 1940-45, l'hermine contre la croix gammée", Jean-Jacques Monnier, ed Yoran embanner, 400 p, oct 2007.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes

[modifier] Références

  1. http://cantonales2008.blogs.letelegramme.com/tag/ADSAV Article du Télégramme du 23.01.08 - "Service d'ordre impressionnant aux couleurs du parti, chant en breton aux accents paramilitaires, bienvenue au congrès annuel d'Adsav. Samedi, l'extrême-droite bretonne était réunie à Lorient pour désigner ses candidats aux cantonales"
  2. Diwan Breizh
  3. Conseil général du Finistère - Accueil -
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