Crimée

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République autonome de Crimée

Автономна Республіка Крим
Автономная Республика Крым
Qırım Muhtar Cumhuriyeti
Drapeau de Crimée Armoiries de Crimée
Détails Détails
Devise nationale : "Процветание в единстве" - 'Prosperité en unité'
Langue officielle Ukrainien, Russe
Capitale Simferopol
Plus grande ville Simferopol
Premier ministre Viktor Plakida
Сhef du Parlement Anatoly Gritsenko
Superficie 26 200 km²
Population 1 994 300 (2005)
Monnaie Hryvnia (UAH)
Fuseau horaire UTC+2
Hymne national Нивы и горы твои волшебны, Родина
Domaine internet .crimea.ua
Indicatif téléphonique +380-65

La Crimée (Ukrainien : Крим, Russe : Крым, Tatar de Crimée : Qırım) est une presqu'île située au sud de l'Ukraine, plongeant dans la mer Noire, constituant une république autonome. Elle est reliée au continent par l'isthme de Pérékop. Au nord-est se trouve la mer d'Azov. La région, bien que faisant partie de l'Ukraine, est essentiellement russophone. Elle a fait partie historiquement de l'Empire ottoman, puis de la Russie, avant d'être rattachée à l'Ukraine en 1954. C'est l'antique Chersonèse taurique.

La région est reconnue pour ses vignobles, ses vergers, ses endroits de villégiatures ainsi que ses sites touristiques. On y trouve notamment les villes de Sébastopol, Simferopol et la célèbre ville de Yalta, où furent signés les accords de Yalta en 1945, entre Staline, Roosevelt et Churchill.

Sommaire

[modifier] Géographie

La Crimée borde les frontières de la région de Kherson au nord. Le reste de ses frontières est la Mer Noire au sud et à l'ouest, et la Mer d'Azov à l'est. Sa surface est de 26 100 kilomètres carrés, avec une population de 2 millions d'habitants. Sa capitale est Simferopol.

La Crimée est reliée au territoire ukrainien par une bande de terre large de 5 à 7 kilomètres appelée l'isthme de Perekop. À l'est se trouve la péninsule de Kertch, qui fait face directement à la péninsule russe de Taman. Entre les péninsules de Kertch et Taman se trouve le détroit de Kertch, large de 3 à 13 kilomètres, liant la Mer Noire à la Mer d'Azov.

Les côtes de Crimée sont irrégulières et forment un grand nombre de ports et de baies. Ces ports se trouvent dans la partie ouest de l'isthme de Perekop, dans la baie de Karkinit. Dans le sud-ouest, dans la baie de Kalamita se trouvent les ports d'Eupatoria, de Sébastopol et de Balaklava. La baie d'Arabat se trouve dans le nord de la péninsule de Kertch. La baie de Caffa (ou Théodosie), avec le port du même nom, se trouve dans le sud.

Les montagnes abruptes, sud-ouest de la Crimée
Les montagnes abruptes, sud-ouest de la Crimée

La côte sud-est est très montagneuse, avec une série de montagnes parallèles, à une distance de 8 à 12 km de la mer : la Yayla-Dagh, ou prairie alpine. Ces montagnes sont voisines d'une seconde rangée Azov plus dans l'arrière pays. 75% du reste de la surface criméenne est composée de prairies semi-arides, de steppes dans le sud qui longent par le nord-ouest les pieds de la Yayla-Dagh. Une grande partie de ces montagnes ont des sommets assez abrupts et impressionnants, avec une différence d'altitude élevée par rapport à la mer si proche (650 à 750 mètres), commençant à la pointe sud de la péninsule, appelée cap Sarytch. Dans la mythologie grecque, cette pointe aurait abrité le temple d'Artémis, où Iphigénie aurait officié comme prêtresse.

Les falaises tombant dans la mer Noire, Crimée
Les falaises tombant dans la mer Noire, Crimée

Les terres qui se trouvent au pied du Yayla-Dagh sont d'un caractère tout autre. Là, les bandes étroites de la côte et les pentes abruptes des montagnes sont couvertes de verdure. Cette « Riviera russe » s'étend tout le long des côtes sud-est, du Cap Sarich, dans l'extrême sud, à Théodosie, accueillant de nombreuses plages, tel Aloupka, Yalta, Gurzuf et Sudak. À l'époque de l'Union soviétique, cette région offrait de nombreux sites de villégiature pour les élites du parti et les travailleurs émérites. Près d'Aloupka se situe le plus prestigieux camps pour enfants de l'ex-URSS, l'Artek.

La région de Crimée abrite de nombreuses vignes et vergers. On y pratique la pêche le long des côtes. Quelques mines subsistent, et on y produit des huiles essentielles. On peut aussi trouver de nombreux villages tatars, des mosquées, des monastères et des palais royaux, ainsi que d'anciens châteaux du Moyen Âge et des ruines grecques pittoresques.

La ville de villégiature de Foros, dans le sud-ouest de la Crimée
La ville de villégiature de Foros, dans le sud-ouest de la Crimée

[modifier] Villes principales

[modifier] Histoire

[modifier] Les débuts

Icône de détail Article détaillé : Chersonèse Taurique.
La colonie grecque de Chersonèsos, près de Sébastopol
La colonie grecque de Chersonèsos, près de Sébastopol

Les tout premiers habitants furent les Cimmériens, qui furent par la suite expulsés par des Indo-Européens: les Scythes durant le VIIe siècle av. J.-C.. Les survivants se réfugièrent dans les montagnes et devinrent par la suite les Taurides. Dans le même temps, les colons grecs (surtout Ioniens) se sont installés sur les côtes, fondant des colonies : Chersonèsos, Théodosie... A partir de là, la Crimée (appelée Chersonèse taurique c'est à dire presqu'île des Taurides) fut intégrée au monde grec puis hellenistique durant 17 siècles, passant successivement sous la suzeraineté du royaume gréco-scythique du Bosphore (il s'agit du Bosphore cimmérien, aujourd'hui détroit de Kertch, et non du Bosphore de Byzance), et du Royaume du Pont.

Après la défaite de Mithridate, la région fut sous influence romaine. Alors que le versant sud de ses montagnes resta gréco-romain et byzantin, le reste de la péninsule fut successivement occupé par les Goths (250 après J.-C.), les Huns (376), les Bulgares (Ve siècle), les Khazars (VIIIe siècle), les Rus' de Kiev (Xe-XIe siècles), les Pétchénègues (1016), les Kiptchaks (1050), les Coumans ou Polovtses (1171), et les Tatarss et Mongols (1237). En 1204, les Vénitiens s'étaient emparés de la côte et des ports byzantins de Cembalo (Balaclava), Soldaia (Sudak) et Caffa (Théodosie), mais en 1235 l'empire grec de Trébizonde les leur reprit, pour les concéder finalement durant le XIIIe siècle aux Génois, qui les conservèrent jusqu'en 1430.

[modifier] Khanat de Crimée

De 1430 à 1783 les Tatars Nogays établirent un État indépendant, le khanat de Crimée. Depuis longtemps, les Nogays vivaient en partie d'expéditions de pillage en Pologne, en Moldavie et en Russie. Mais les princes, voïvodes et tsars de ces pays devenaient de plus en plus puissants et en 1475, le khanat se plaça sous la protection de l'Empire ottoman, allié précieux (et musulman comme les Tatars, depuis qu'ils étaient passés à l'islam). Il devenait ainsi vassal de la Porte et payait un tribut. En 1498, les Tatars de Crimée participèrent aux côtés des Turcs à une guerre contre les Polonais et les Moldaves. En 1511, le khanat aida le futur sultan ottoman Sélim à obtenir le poste de gouverneur d'une province d'Europe.

En 1569, le khanat attaqua Astrakhan, qui était passé sous le contrôle de la Russie. Deux ans plus tard, les Tatars, sous les ordres du khan Devlet I Giray, lancèrent un raid contre Moscou, faisant environ 100 000 prisonniers. En 1578, le khanat aida l'Empire ottoman dans une guerre contre les Perses.

La région devînt russe en 1774, après la guerre russo-ottomane (1768-1774). Le traité de Iassy qui fut signé fit sortir le khanat de Crimée du giron ottoman pour le transférer dans l'Empire russe. Dès lors les Tatars Nogays de Crimée devînrent minoritaires dans ce qui était devenu leur pays depuis 5 siècles.

Pour la liste des khans de Crimée, voir l'article Khanat de Crimée

[modifier] L'Empire russe

La Russie colonisa les territoires qu'elle venait d'enlever à l'Empire Ottoman de slaves (Grands-Russiens et Petits-Russiens, c'est-à-dire Russes et Ukrainiens). Les Cosaques furent chargés de pacifier les Tatars. La Crimée fut intégrée dans le Gouvernement de Tauride; des villes aux noms grecs antiques furent élevées et peuplées, des voies ferrées construites, des marais assainis. Cependant, la Guerre de Crimée, qui eut lieu entre 1854 et 1856, ruina l'économie et les structures sociales de la Crimée.

Les Tatars de Crimée, déjà réduits en nombre par l'émigration plus ou moins forcée vers l'Empire ottoman, ont dû quitter en masse la région suite à la guerre, aux persécutions et aux confiscations des terres. Ils se sont dirigés et réinstallés dans d'autres provinces de l'Empire Ottoman, notamment en Dobrogée et en Anatolie. Constituant une minorité en Crimée, la majorité d'entre eux y vit en diaspora. Finalement, le gouvernement russe décida d'arrêter le processus d'expulsion, car les rendements agricoles en souffraient et le peu de Tatars restants ne représentaient plus une menace à ses yeux. Durant la guerre civile de Crimée, la région fut un bastion de l'Armée blanche antibolchévique, avec comme chef le Général Wrangel. Les Blancs furent cependant défaits par l'Armée rouge en 1920.

[modifier] L'Union soviétique

En 1921 fut créée la République autonome soviétique socialiste de Crimée, partie de la République fédérée soviétique socialiste de Russie.

La Crimée fut la scène des batailles parmi les plus sanglantes de la Seconde Guerre mondiale. Les Allemands subirent de nombreuses pertes lors de leur progression vers la Crimée, notamment lors du passage liant l'Ukraine à la Crimée par l'étroite bande de l'isthme de Perekop durant l'été 1941. Une fois passés, les Allemands occupèrent en grande partie la Crimée, à l'exception de la ville de Sébastopol, à qui fut décerné le titre de Ville Héros par la suite. Sébastopol résista au siège d'octobre 1941 jusqu'au 4 juillet 1942. En mai 1944, les troupes soviétiques libérèrent la ville.

Le 18 mai 1944, Staline lança la déportation des Tatars de Crimée comme forme de punition collective. Trois jours plus tard, le nettoyage ethnique était fini. Il est estimé que 46 % des déportés moururent de faim ou de maladie. En 1967, les Tatars de Crimée furent réhabilités mais leur exil ne prit pas fin pour autant avant les premiers retours massifs à partir des années 1980.

La République autonome soviétique socialiste de Crimée fut abolie en 1945 et transformée en province de Crimée, toujours partie de la République fédérée soviétique socialiste de Russie. En 1954, Nikita Khrouchtchev lui-même ayant longtemps vécu en Ukraine, offrit la province à la République soviétique socialiste d'Ukraine pour marquer le 300e anniversaire de la réunification de la Russie et de l'Ukraine.

[modifier] L'ère post-soviétique

Avec l'effondrement de l'Union soviétique, il devient difficile à accepter pour une grande partie de sa population, d'origine russe ou russophone, que la Crimée soit dorénavant une partie intégrante de l'Ukraine indépendante. Cette situation provoqua de nombreuses tensions entre la Russie et l'Ukraine, exacerbées par la présence de l'ex-flotte soviétique (devenue russe) de la Mer Noire sur la péninsule, laissant planer le risque d'un conflit armé.

Avec les défaites des partis nationalistes ukrainiens les plus radicaux, les tensions se sont momentanément apaisées. La Crimée proclama ses propres lois le 5 mai 1992, mais décida plus tard de rester dans l'Ukraine en tant que république autonome. La ville de Sébastopol possède aussi un statut spécial en Ukraine. Les langues officielles de la Crimée sont le russe et l'ukrainien. Le tatar de Crimée n'a pas de statut officiel. On y parle aussi le grec, l'arménien et le roumain.

Le débarquement de matériel militaire américain dans le port de Théodosie le 27 mai 2006 en prévision de l'exercice Sea Breeze 2006 a ravivé les passions. Le rattachement de la Crimée à l'Ukraine n'avait été reconnu qu'en 1997 par la Russie, pour dix ans seulement et uniquement compte tenu du statut autonome de la république de Crimée. Il en est résulté un clivage à l'intérieur-même de l'Ukraine entre les pro-russes et les pro-occidentaux.

[modifier] Économie

[modifier] Généralités

L’économie de la Crimée s’est formée au cours du XXe siècle grâce à l’utilisation des ressources naturelles. Elle a subi, à l’instar de l’Ukraine pendant la décennie 1990, une grave récession qui a amené les pouvoirs publics à tenter de diversifier ses ressources. Cette crise, brutale, bouleverse en effet l’ordre traditionnel de l’économie qui est basée sur l’exploitation des ressources de l’agriculture (céréale, vigne...) et sur l’industrie lourde (chimie, métallurgie). Car les ressources minérales jouent un rôle primordial dans l’économie de la Crimée. On dénombre pas moins de 250 gisements de 27 minéraux différents, constituant la base de l’industrie minière et de transformation chimique de l’Ukraine. Ces gisements de matière première sont exploités majoritairement pour la construction (60%) et la production d’hydrocarbure (15%). Le secteur industriel a connu une chute vertigineuse depuis 1985. Tous les secteurs ont vu leurs productions respectives diminuer de 10 à 70 % depuis cette date. L’industrie de la Crimée ne représente plus aujourd’hui que 2% des revenus de l’industrie ukrainienne. Ce secteur emploie aujourd’hui 60 000 personnes contre 100 000 en 1995 et compte 58% d’entreprises déficitaires. La production connaît toutefois une hausse de la production dans la période la plus récente ; +10% entre 1999 et 2000. La ville de Kertch reste l’une des principales zones d’activité industrielle, puisqu’elle représente près de 10% de la valeur industrielle de la Crimée.

Le secteur agricole est également en déprise.

Le nombre d’exploitations est passé de 652 en 1995 à 532 en 2000. L’agriculture criméenne connaît les mêmes déboires que l’agriculture ukrainienne. Faible productivité, grosse consommation d’engrais, mauvaise organisation, insuffisance des débouchés, ne permettent pas d’envisager un futur florissant, du moins à court terme. L’agriculture marque donc de moins en moins le paysage. Les surfaces d’ensemencement sont passées de 1 198 000 hectares en 1990 à 933 000 hectares en 2000. Pour autant, le secteur participe pour plus de 35% à la production viticole de l’Ukraine, 10% de la production de fruit et 5% de celle du blé.

Cette récession cause de nombreux problèmes sociaux.

La population décroît de 5% par an, passant de 2,2 M en 1993 à 2,1 M en 2001. Le nombre annuel de naissance est passé de 32 000 en 1990 à 15 000 en 2000. Le taux de chômage est, quant à lui, passé de 20% en 1993 à 28% aujourd’hui. La Crimée est donc une des régions les plus pauvres d’Ukraine, comme en témoigne le niveau de son revenu moyen (225 hrivna mensuel par habitant soit 2,5% de moins que celui de l’Ukraine). Autre constat inquiétant, 83% des ménages sont endettés, ce qui ne permet guère un investissement local. La Crimée profite pourtant de l’amélioration globale de l’économie ukrainienne et a vu son volume total de production croître de 20% entre 2000 et 2004. Les privatisations se poursuivent, et à ce titre, le gouvernement table sur des recettes de l’ordre de 400 millions de hrivna en 2005 (le nombre d’entreprises privées est en 2003 de 55%). Le gouvernement régional semble miser aujourd’hui sur une réorientation de la structure productive, en promulguant de nombreuses mesures incitatives, propres à redonner du dynamisme à cette économie chancelante. L’objectif principal des pouvoirs publics est en effet de tertiariser l’économie criméenne, à l’exemple de ce que tente de réaliser le gouvernement de Kiev. Les nouvelles lois d’orientation de la République Autonome de Crimée donnent de ce fait priorité au développement de la branche touristique.

[modifier] Le secteur touristique

[modifier] Historique

Le tourisme en Crimée peut être considéré comme une activité traditionnelle. En effet dès la fin du XIXe siècle les tsars décident d’y installer leurs lieux de villégiature. Sébastopol devient, grâce à l’installation du chemin de fer la reliant à Iozovaya la première place touristique de Crimée. Le tourisme thérapeutique d’alors est cependant réservé à une élite peu nombreuse. On pratique, comme le veut la mode, un tourisme « hygiéniste », basé sur la remise en forme, sur la pratique d’activités sportives, comme le prônaient les médecins de l’époque (création du « Crimean Mountain Club » en 1916). Suite à la révolution soviétique, le pouvoir communiste décide de créer une administration touristique centralisée (Intourist), faisant de la Crimée le lieu de repos des travailleurs « méritants » et de l’oligarchie, ceci dans la démarche idéologique, culturelle et éducative propre à l’époque. Le secteur touristique était inséré dans la logique productive de l’économie planifiée : prix hors marché, qualité du service négligé, management centralisé. Les principales infrastructures, notamment hôtelières, sont édifiées durant cette période, concentrées dans quelques villes littorales (Yalta, Sébastopol...).

A la suite de l’indépendance ukrainienne et de l’autonomie de la Crimée, les pouvoirs publics décident de miser rapidement sur le secteur touristique, considérant que celui-ci, grâce à son caractère dynamique, peut permettre, à moyen terme, de diversifier l’économie régionale. Dès 1993, le gouvernement régional crée les administrations adéquates afin de structurer ce secteur. Un ministère propre lui est dédié (Ministry of Resort and Tourism), une filière de l’Université de Sébastopol se consacre à former des scientifiques, cadres compétents, et on instaure, en 1994, une conférence annuelle (Tourism Convention Business) permettant aux différents acteurs d’établir des synergies. Reste alors à créer un environnement économique facilitant les investissements. Cela sera chose faite en 1995 avec la promulgation de la «Loi Tourisme ». Cette loi cadre le développement touristique en lui donnant également les moyens de prospérer. Elle permet en effet d’assurer les intrants et les sortants des entreprises, d’améliorer la conformité avec les lois et normes internationales, de baisser les taxes sur les profits, d’assurer un contrôle du secteur, de développer la coopération internationale, de poursuivre les privatisations et de faciliter les investissements. Dans cette optique le gouvernement central décide, en 2000, d’établir des zones franches dans le secteur touristique à Yalta, Aloutcha, Sudak et Féodossia. À l’heure actuelle, il est trop tôt pour tirer les conclusions de cette expérience. Néanmoins, à l’examen de la situation économique de la Crimée, cette volonté de miser sur le secteur touristique semble légitime. En effet, la Crimée, par son histoire, possède déjà de nombreuses infrastructures touristiques. Elle est l’une des régions de l’ancienne URSS qui comptent le plus de stations balnéaires et thermales.

[modifier] L'offre touristique

Le secteur touristique représente dorénavant plus de 30% du PIB de la Crimée (2002). Elle accueille en effet 30% des touristes internationaux de l’Ukraine, ce qui, avec les touristes nationaux, représente plus de 3 millions de touristes en 2003. En comparaison au chiffre de 1970 cela représente une augmentation de 100%. Cette progression spectaculaire se poursuit puisque la fréquentation a connu, en 2003, une hausse de 6%. Ce développement rapide a été possible après la dislocation de l’URSS, l’accès au territoire étant devenu largement plus aisé.

L’offre touristique s’est développée elle aussi sur l’exploitation des ressources naturelles. Le tourisme en Crimée s’est en effet spécialisé sur la vente de produits thérapeutiques, sur le tourisme de santé (stations thermales...).

Grâce à sa situation, elle joue également un rôle important de point d’escale des croisières de la Mer Noire. Les ports sont essentiellement à vocation internationale et permettent de rejoindre les principales villes portuaires de la Mer Noire. Les moyens de transport sont donc assez bien développés, même si on peut largement les améliorer. La Crimée compte un aéroport international (Simféropol) et deux aéroports à vocation régionale et nationale (Kertch et Sébastopol). Ces aéroports sont gérés par l’État et sont utilisés par l’aviation civile ukrainienne ainsi que par une compagnie nationale (Air Crimée) qui entretient des liaisons régulières avec Lviv, Kiev et, dans une moindre mesure, Moscou. Ils restent sous-utilisés, mais dans le contexte de l’économie ukrainienne ils ne semblent pas être des priorités en terme d’investissement.

On distingue trois principales régions à vocation touristique : -la côte sud, qui avec Yalta et Aloutcha, est la plus fréquentée. C’est la région touristique traditionnelle, c’est aussi la plus luxueuse. Yalta compte 92 stations de « traitement » c’est-à-dire de « remise en forme » (27 000 places), Aloutcha 16 pour 11 000 places. -la côte occidentale (Evpatoria, 25 000 places et Saki), célèbre pour ses bains de boues. -la côte orientale qui s’étend d’Aloutcha à Féodossia. Il s’agit d’une région bon marché. Cette capacité est en effet en baisse puisque l’on dénombrait 150 000 places d’hébergement en 1995 contre 130 000 à l’heure actuelle. Cette baisse est due à la crise économique qui grève la capacité d’investissement. De plus, les structures réceptrices restent, à l’image de la situation ukrainienne, largement étatisées, souffrant d’un déficit en terme de services, de qualité et aussi de normes claires, facilement identifiables pour les touristes étrangers. Les futurs investissements doivent répondre à ce manque afin de permettre une meilleure relation prix-qualité. Kertch, qui se situe à la pointe est de la péninsule, est une ville à l’écart des principaux flux touristiques de la région. Cela constituera un des axes de travail proposé dans la troisième partie.

[modifier] La préservation de l'environnement en Crimée

L’un des axes du développement touristique de la Crimée est la mise en valeur du patrimoine naturel. L’impact de Tchernobyl sur l’image du pays est évidemment très négatif, il convient donc d’établir un plan communication permettant de résorber ce déficit en terme d’image. Cela semble être une réelle préoccupation des différentes sphères du pouvoir, bien que les autorités compétentes en la matière rencontrent de nombreux problèmes dans la mise en place de politiques ambitieuses. On ne peut effectivement pas tout contrôler dans cette région pauvre et il apparaît que l’appât du gain immédiat est bien plus fort que toute préoccupation environnementale. Il faut pourtant agir vite car la Crimée traverse une crise sérieuse. Comme nous l’avons déjà remarqué, les sols sont souvent pollués du fait des besoins de l’agriculture et le manque de moyen financier des collectivités locales limite l’ampleur des actions entreprises.

Néanmoins, dans ce domaine, les choses avancent depuis une décennie.

La constitution ukrainienne, reprise par la constitution criméenne stipule dans son article 254K que «  la richesse des paysages naturels est une propriété commune du peuple ukrainien, son héritage naturel et doit servir aux présentes générations ainsi qu’aux générations futures ». L’Ukraine adhère, depuis 1997, aux chartes internationales de protection de l’environnement et adopte ses propres lois-cadres permettant de définir, sur le terrain, les principales zones à sauvegarder (« Conception of biological diversity protection of Ukrain »). Cette sauvegarde est parfois liée à la mise en tourisme de ces différents sites. Ainsi, les espaces jouissant d’une protection ont augmenté de plus de 78% entre 1996 et 2002. Il existe différents types de zones protégées : « natural reserve », « national natural park », « regional landscape park », « special reserve », « natural monument ». Suite au « On the state program for development of ukrain national ecological network ; 2000-2015 », les conditions d’applications de protection de ces différentes zones sont clairement définies. Il s’agit en priorité de zone touristique souffrant de déprise agricole. Ce programme permet une gestion rationnelle des différents moyens mis en œuvre (délimitation, objet propre, statut, coopération scientifique…). La Crimée compte, dorénavant, 6 réserves d’État et 33 réserves spéciales qui totalisent plus de 5% de la superficie de son territoire (soit 140 000 hectares). Les réserves criméennes ont donc différents statuts, objectifs et moyens qui dépendent notamment de la qualité des sites et de leurs tailles. Plusieurs niveaux de protections sont donc établis. Comme nous l’avons déjà vu, grâce à sa situation péninsulaire, elle possède de nombreuses espèces endémiques. Ces espèces bénéficient d’une protection spéciale (inscription dans « le Livre Rouge ») qui leur permettent d’être préservées.

[modifier] Liens externes

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