Mer Noire

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Mer Noire
La mer Noire et ses villes côtières.
Superficie 413 000 km²
Profondeur 2 206 m (max)
Type Mer épicontinentale
Localisation Mer Méditerranée, océan Atlantique
Pays côtier(s) Bulgarie Bulgarie
 Géorgie
Roumanie Roumanie
Russie Russie
Turquie Turquie
Ukraine Ukraine
Subdivision(s) Mer d'Azov
La mer Noire et la mer Méditerranée
La mer Noire et la mer Méditerranée

La mer Noire est une mer située entre l’Europe et l’Anatolie. Large d'environ 1 150 km d’ouest en est et de 600 km du nord au sud, elle s’étend sur une superficie de 413 000 km².

Elle communique au nord avec la mer d'Azov par le détroit de Kertch, et au sud-ouest avec la Méditerranée par le Bosphore, la mer de Marmara et le détroit des Dardanelles.

Sommaire

[modifier] Nom et étymologie

Dans l'antiquité, les Grecs la désignèrent d'abord par Skythikos Pontos (la « mer Scythique »). Les Scythes, peuple de langue iranienne, la désignèrent comme Axaïna, c'est-à-dire « indigo ». Les Grecs comprirent d'abord ce terme comme axeinos (de a- privatif et xeinos "étranger") ce qui signifie « inamicale aux étrangers », puis plus tard, quand ses courants et ses vents leur devinrent familiers, elle fut désignée comme Pontos Euxeinos (de eu- bien et xeinos « étranger ») ou Pont-Euxin (c’est-à-dire « baie amicale » ou « accueillante »).

Au moyen-âge, au XIIIe  siècle, elle apparaît sur les portulans génois, dans les chroniques de Wavrin et de Villehardouin sous les noms de Mer Majoure (Mare maggiore en italien, Marea cea Mare en roumain - les Génois avaient alors des comptoirs tout autour de ses rives).

Pour expliquer le nom de Noire, apparu dans les textes et les cartes à partir du XVe  siècle, il existe trois théories. La plus populaire est que ce serait sa couleur lors des tempêtes. Des deux théories scientifiques, la plus ancienne est que cet adjectif dériverait de l´iranien axaïna (indigo = sombre): c´est celle qui a la faveur des encyclopédies anglo-saxonnes. Celle que l'on préfère dans les encyclopédies de langues latines ou grecque, est plus récente : ce nom lui aurait été donné par les Turcs Selçuks (Seldjoukides) puis Osmanlis (Ottomans) installés en Anatolie à partir du XIe siècle. Chez les Turcs, les points cardinaux sont désignés par des couleurs (avec différentes variantes : dans le cas présent, Kara, le « noir » ou airelle désigne le Nord, Ak le « blanc » désigne le Sud, Kyzyl le « rouge » désigne l’Ouest, et Yeshil le « vert » désigne l’Est). Le Pont Euxin (deniz en turc) étant situé au nord de la Turquie, a été désigné par kara (en turc : Karadeniz, « mer Noire »), alors que la Méditerranée, au sud, a été appelée mer Blanche (en turc Akdeniz, à ne pas confondre avec la mer Blanche des Russes). Les savants turcs eux-mêmes sont divisés sur le sujet, car chez les anciens turcophones de la steppe, le nord était désigné par Ak (blanc comme la neige) et le sud par Kyzyl (rouge comme la chaleur).

[modifier] Caractéristiques

Ces données ne prennent pas en compte la mer d'Azov[1] (37 600 km²).

La mer Noire a une superficie comprise entre 417 000 et 423 000 km2 et un volume compris entre 537 000 et 555 000 km3.

Une autre source[2] donne une superficie de 422 000 km2 (en ne comptabilisant pas la mer d'Azov).

[modifier] Évolution de la mer Noire

La Mer Noire de nos jours (bleu clair) et le lac Pontique en 5600 av. J.-C. (bleu foncé) selon les hypothèses de Ryan et Pitman.
La Mer Noire de nos jours (bleu clair) et le lac Pontique en 5600 av. J.-C. (bleu foncé) selon les hypothèses de Ryan et Pitman.

En 1997, deux chercheurs américains (William Ryan et Walter Pitman) firent la relation entre l'histoire hydrologique de la mer Noire, décrite dans des publications peu connues bulgares et roumaines, et un mythe connu de la Bible, l'arche de Noé (des faits similaires sont d'ailleurs décrit dans la légende de Gilgamesh dans le royaume de Sumer ou en Grèce antique dans le Deucalion).

Dans les années 1970, en analysant au carbone 14 des coquillages d'eau douce trouvés dans les carottages des sédiments de la mer Noire sous les sédiments actuels marins, les chercheurs bulgares et roumains avaient découvert que l'actuelle mer Noire a été il y a près de 7000 ans un lac d'eau douce appelé lac Pontique qui se trouvait à 180 mètres au dessous du niveau général des mers. À l'époque, en lieu et place du détroit du Bosphore existait un isthme qui isolait le grand lac de la mer de Marmara qui s'arrêtait à quelques kilomètres plus au sud de ce lac. La déglaciation post-würmienne fit fondre les glaciers, entraînant une élévation du niveau de la Méditerranée et de la mer de Marmara. La vallée du Bosphore fut inondée par les eaux salées de la mer qui se déversèrent dans le lac Pontique sous la forme d'une cascade d'eau salée ayant 200 fois le débit des chutes du Niagara actuelles. Le niveau du lac Pontique monta rapidement, ses rives reculant d'un kilomètre par jour.

Les rives de ce lac étaient déjà peuplées d'agriculteurs, car en Anatolie et en Europe orientale l'agriculture avait commencé très tôt. Ryan et Pitman ont alors pensé que ces agriculteurs, chassés par la montée des eaux, se seraient dispersés en Anatolie et en Mésopotamie, véhiculant le mythe du Déluge. Ils en firent des livres et des documentaires[3].

La mer Noire devint ainsi une mer reliée à la Méditerranée, mais une mer très particulière : la mort du biotope lacustre a provoqué une séparation des eaux profondes et des eaux superficielles (voir ci-dessous) et la salinité est restée très en-dessous de la moyenne mondiale : 12 à 16 grammes de sel par litre au lieu de 35. De ce fait, un courant d'eau salée coule toujours en profondeur à travers le Bosphore (la « cascade » d'eau marine ne s'est jamais arrêtée) tandis qu'en surface, les eaux moins salées de la mer Noire coulent vers la mer de Marmara. Les sous-mariniers notamment soviétiques et américains connaissent bien le phénomène et ont essayé d'en profiter, mais l'étroitesse du Bosphore (un demi-mille à peine à son point de plus étroit) et l'intense circulation de navires rend l'exercice extrêmement dangereux (et il y eut des accidents).

[modifier] Chimie de la mer Noire

Les eaux de cette mer, au-delà de 200 mètres de profondeur, sont anoxiques, c’est-à-dire pauvres en oxygène dissous. À la place, une forte concentration de sulfure d'hydrogène préserve les bois, cuirs et tissus des épaves de l'action bactérienne. Les chercheurs d'épaves s'en donnent à cœur joie. Ces eaux anoxiques sont séparées des eaux de surface, plus oxygénées, par une chimiocline, au niveau de laquelle se développent des bactéries anaérobies. Ce phénomène, également présent en mer Caspienne, en mer Baltique et dans le lac Tanganyika, est appelé euxinisme.

[modifier] Voir aussi

Vue de Sotchi depuis la mer Noire
Vue de Sotchi depuis la mer Noire

[modifier] Notes et références

  1. Encyclopédie de l'Agora
  2. (en) Black Sea NGO Network
  3. Hors Série Capital mai/juin 2007, La fabuleuse histoire de l'économie, page 21