Civilisation carthaginoise

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

La civilisation carthaginoise ou civilisation punique fut à l'origine d'une des plus grandes puissances commerciales et militaires de l'Antiquité. Fondée par les Phéniciens sur les rives du golfe de Tunis, la cité de Carthage développa une civilisation remarquable, bien que moins connue que celle de sa rivale romaine en raison de la destruction de la cité à la fin de la Troisième Guerre punique. Elle fut le produit du mélange de la culture indigène berbère et de la civilisation qu'apportèrent les colons phéniciens.

« Par leur puissance, ils égalèrent les Grecs, par leur richesse, les Perses. »
    — (Appien, Libyca, 2)

Sommaire

[modifier] Empire maritime

[modifier] Géographie des possessions carthaginoises

Espace punique au IIIe siècle av. J.-C.
Espace punique au IIIe siècle av. J.-C.

Grandes cités puniques : Carthage, Hadrumète, Ruspina, Carthagène, Utique et Hippone

Carthage dominait la Méditerranée occidentale par le biais de ses comptoirs en Afrique, en Sicile, en Sardaigne, aux Baléares et en Espagne (sans compter de petites îles comme Malte, les îles Éoliennes — ou îles Stromboli — et les îles Pélagies) et par le contrôle qu'elle exerçait sur d'anciens établissements phéniciens tels que Lixus (près de Tanger au Maroc), Mogador (actuelle côte atlantique du Maroc), le port de Gadès et le port d'Utique en Afrique du Nord.

Grâce à son monopole du commerce et de la navigation en Méditerranée occidentale, la cité jouissait d'un accès total aux métaux, aux ressources humaines et agricoles de régions entières. À l'aube de la Première Guerre punique, Carthage contrôlait en Afrique du Nord un territoire d'environ 73 000 km² — son hinterland, l'actuelle Tunisie, à la veille des guerres puniques, représentait un territoire dévolu à l'agriculture supérieur en superficie à celui de Rome et de ses alliés réunis, et resta l'une des zones agricoles de premier plan dans l'Empire romain — et une population de près de quatre millions d'habitants. La réussite de Carthage s'explique aussi par ses prouesses en matière d'agriculture en Afrique du Nord, ce qui lui procura richesse et développement. Les Carthaginois surent développer les techniques agricoles parmi les plus efficaces de l'Antiquité. Elles furent reprises par les Romains à travers la traduction en latin du traité du punique Magon.

Carthage sut développer son hinterland, encore fertile de nos jours, en y développant la culture de l'amande, de la figue, de l'olive, de la grenade — perçue comme un fruit punique par les Romains — et du vin (en plus du blé). Ces plantes étaient déjà présentes à l'état sauvage dans la région mais les Phéniciens y apportèrent les plants qui leur permirent d'en faire une production d'exportation dans tout le bassin méditerranéen (on trouvera des traces de produits agricoles puniques en Grèce). Il s'agit donc d'un empire commercial, maritime, terrestre et agricole. Et ce qui faisait le lien entre toutes ses contrées, qu'elles soient puniques ou sous influence punique, c'était la mer et les navires puniques.

[modifier] Gouvernement

Icône de détail Article détaillé : Liste des rois de Carthage.

Si peu de détails sont connus sur le gouvernement de Carthage, on dispose néanmoins d'un texte précieux d'Aristote. On sait qu'il s'agissait d'un gouvernement de forme républicaine, similaire à celui de Rome, avec un Sénat et deux suffètes (littéralement « juges » mais les Romains les appelaient reges ou « rois ») élus chaque année. On pense que ces suffètes exerçaient à la fois le pouvoir judiciaire et exécutif mais non le pouvoir militaire exercé par des chefs élus séparément chaque année par l'Assemblée du peuple et recrutés dans les grandes familles de la cité. Les suffètes étaient assistés par un Conseil des Anciens dont les membres étaient recrutés parmi les sénateurs. Ils furent choisis au début dans la famille des Magonides puis dans celle des Hannonides. Il est probable que le Sénat était composé par les membres de ces familles influentes mais on ne sait si les suffètes étaient élus par ces oligarques ou par tout le peuple. Ces inconnues ne nous permettent pas de déterminer quel était le degré de démocratie dans l'ancienne Carthage. Cependant, il semble acquis que les principales familles de marchands exerçaient l'essentiel du pouvoir réel.

[modifier] Commerce

Icône de détail Article détaillé : Ports puniques de Carthage.

Les Carthaginois, comme leurs ancêtres phéniciens, furent de fabuleux marins et commerçants. L'historien latin Pline l'Ancien écrivait à leur propos : « Les Puniques inventèrent le commerce ». Comme Tyr, Carthage fait le négoce des métaux, notamment avec les comptoirs en Hispanie du sud (royaume de Tartessos).

Murex brandaris dont était issue la couleur pourpre
Murex brandaris dont était issue la couleur pourpre

Il est également possible que les Carthaginois aient découvert de nouvelles terres. Un texte conte le prodigieux voyage du suffète Hannon, qui longea les côtes du continent africain jusqu'au golfe de Guinée avec une flotte de navires carthaginois. Ce voyage est connu sous le nom de périple d'Hannon. On prête également aux Carthaginois d'autres périples comme celui d'Himilcon vers la Grande-Bretagne. Ces voyages d'exploration peuvent s'expliquer par la recherche des minerais et de nouveaux débouchés commerciaux : l'étain de Grande-Bretagne ou d'Espagne et l'or ou d'autres matières premières d'Afrique sub-saharienne. Certains produits leur servant pour le négoce étaient fabriqués par leurs propres ateliers : céramiques, objets divers en verre (spécialité phénicienne) ou tissu teint en pourpre (spécialité phénicienne tirée du murex dont la préparation aboutissait à cette couleur si prisée dans l'Antiquité), travail sur l'ivoire, bois et métaux (plaquage d'ivoire, d'or ou d'argent sur d'autres matières). Bref, les Puniques étaient des artisans spécialisés et reconnus à cette époque. Les Grecs leur donnaient la réputation de vendre des bibelots, verroterie fabriquée par les artisans puniques en échange de produits de valeur, matières premières issues des régions qu'ils abordaient avec leurs navires (aux proues en tête de cheval comme le suggèrent certaines représentations iconographiques). Ainsi, nombres d'objets et bibelots phéniciens d'inspiration diverse (grecque, égyptienne, etc.) ont été retrouvés sur les sites qu'ils fréquentèrent.

Leur maîtrise de la mer s'explique par leur maîtrise des techniques navales. Ainsi, la trirème (galère à trois rangs superposés de rameurs) serait une invention phénicienne. Excellents constructeurs de navires, ils purent construire grâce à leur flotte un empire maritime que certains ont pu comparer à celui d'Athènes.

[modifier] Aspects culturels

Tête d'homme barbu en pâte de verre, musée du Louvre
Tête d'homme barbu en pâte de verre, musée du Louvre

La vie culturelle de cet empire maritime que certains ont appelé thalassocratie résultait du mélange des influences indigènes, phénicienne, grecque et égyptienne. L'art phénicien est un subtil mélange d'éléments grecs et égyptien. En effet, si la culture égyptienne influença profondément les Phéniciens dès le IIIe millénaire av. J.-C., la culture helléniste prit le relais à partir du IVe siècle av. J.-C.

La culture phénicienne se dégagera surtout à partir de l'effondrement égyptien suite à l'invasion des Peuples de la mer en Égypte, en 1200 av. J.-C. Avant son existence elle était confondue dans l'aire syro-libanaise (Canaan). D'ailleurs, certains puniques d'Occident(« punique » qui veut dire « phénicien » en latin, sachant que le mot « phénicien » vient du grec Φοινικήϊος / Phoinikếïos, lui-même lié fortement lié au mot grec « pourpre », φοῖνιξ / phoĩnix ; la couleur pourpre était une spécialité phénicienne) se nommeront cananéens longtemps après l'absorption de l'empire carthaginois par les romains. En effet, avant même la fondation de Carthage, les Phéniciens étaient présents dans l'Occident méditerranéen. Et Carthage va cristalliser, regrouper cette présence, la transformant en empire, tout en favorisant l'essor de la colonisation punique.

Ainsi, on trouve dans l'art punique, des Phéniciens d'Occident, des composantes égyptiennes, comme le travail du verre (on a trouvé de petits masques de verre dans les tombes puniques, ces masques sont spécifiques à la mentalité phénicienne, ils servent à repousser les mauvais esprits, démons du mort), des motifs comme le lotus qu'on retrouve sur des objets ou sur la décoration de bâtiments. En outre, on trouve à partir du IVe siècle av. J.-C. de nettes traces d'influence hellène, se superposant aux influences égyptiennes, et s'ajoutant à la culture punique. On trouve alors dans la sculpture, une évolution d'un style hiératique, presque symbolique vers un style plus représentatif, idéalisant la perfection (d'un corps, d'un état etc.). La poterie grecque est aussi copiée, approchant petit à petit de sa qualité (des potiers grecs se seraient installés à Carthage).

La famille d'Hannibal, une des plus ancienne de Carthage, fut fortement hellénisée. Son père Hamilcar Barca eut un maître grec dans l'apprentissage de la guerre. Et ce fut lui qui combattit les romains lors de la première guerre punique en Sicile, appliquant avec brio les leçons de son maître (qui repoussa le débarquement romain près de Carthage). De même, pour son fils Hannibal, qui réorganisa l'armée punique tout en gardant une base hellène (lui aussi eut un tuteur grec). Enfin, au moins un culte grec, Déméter (culte de la moisson et de la fertilité) fut introduit dans la culture carthaginoise, Tandis que Melqart se transformait au contact du dieu grec Héraclès.

La littérature carthaginoise ne nous est pas parvenue, à l'exception d'un important traité d'agriculture -écrit par Magon- qui influença fortement les Romains. Il existe cependant un grand nombre de stèles, et tout un corpus d'inscriptions.

La langue phénicienne servit de liant, de fond linguistique et culturel commun aux Phéniciens d'occident, dont le centre culturel devint Carthage la punique. Cette langue (cf. phénicien) sera aussi utilisée tant par les élites que par les populations des régions sous influence punique : Numidie et autres régions berbères du Maghreb (comme le Maroc), ibères et autres populations du royaume de Tartessos (dans le sud de l'Espagne) et sera véhiculée en profondeur dans leurs territoires. Cette langue fut présente (même si le latin était devenu prépondérant, incontournable) jusqu'à l'arrivée des envahisseurs arabes, au VIe siècle ap. J.-C. En effet, au moment de l'arrivée de ces nouveaux envahisseurs, cette langue déclinante était encore utilisée comme patois local au moins dans certaines régions.

Corollaire de la langue, l'alphabet phénicien, qui est à l'origine de l'alphabet grec (et les alphabets étrusque et latin dérivent de l'alphabet grec), se répandit dans tout le monde méditerranéen et devint le véhicule de la pensée des peuples situées dans la sphère d'influence punique. Cette écriture, comportant peu de voyelles. Son évolution, après l'implantation romaine en Afrique du Nord tend vers l'ajout de voyelles. Également son aspect se modifia et se différencia selon les régions et dans le temps. Au IVe siècle ap. J.-C., l'alphabet latin sera utilisé pour la langue punique.

Cette culture fut aussi fortement influencée par un rapport étroit et durable avec la mer. Elle inventa la trirème, galère à 3 rangs superposés de rameurs puis la galère avec 4 puis 5 rameurs sur un banc de nage. Lors de la première guerre punique, Carthage était maîtresse des mers, et possédaient la technologie maritime et la connaissance des mers la plus avancée — technologie copiée par les Romains pour rattraper leur retard dans ce domaine.

[modifier] La cité

Icône de détail Article détaillé : Carthage.

Carthage fut construite selon un plan assez ordonné, aux rues rectilignes (sauf dans les collines où l'urbanisation était cependant pensée). Ses quartiers d'habitations furent en partie construits avec une sorte de ciment mêlé à des tessons de céramiques pour former le sol de certaines pièces et certains murs, maisons pourvues de couloirs, avec la trace d'escaliers de bois pour monter dans les étages, comportant des baignoires. Les habitations étaient alimentées en eau par des citernes souterraines recueillant l'eau de pluie à partir d'une cour centrale grâce à des canalisations. Il n'y avait pas de réseau d'égouts tels les cloaques des villes romaines (du moins là où des fouilles ont été menées, sur un côté d'une colline) mais des sortes de fosses septiques. Les rues, pavées, droites se recoupaient à angle droit, étaient de terre battue dans les collines, avec de larges marches là où le relief du terrain les rendait nécessaires, une agora, des ports marchands et au moins un grand port militaire (dont l'accès passe par le plus grand port marchand de la ville, un port rectangulaire dont la longueur est parallèle à la côte. Boutiques, échoppes diverses (boulanger, orfèvre, etc.), quartiers des magasins, entrepôts, quartiers des artisans en périphérie, comme celui des potiers, de la métallurgie, de la teinture, places de marchés qui se présentaient sans doutes comme les souks encore existants d'aujourd'hui, nécropoles (dont certaines sont situées entre les habitations et la plaine et d'autres plus haut sur les collines) existaient ainsi que des temples. Le tout couronné par la citadelle centrale sur la colline de Byrsa (qui accueillait aussi les principaux temples de la ville comme celui de Baal-Hammon).

Carthage fut une grande cité cosmopolite de l'antiquité, peuplée de Phéniciens mais où se côtoyaient Grecs, Berbères d'Afrique du Nord, Ibères d'Espagne, et d'autres peuples issus des territoires carthaginois d'outre-mer : Sardaigne, Sicile, Baléares, Espagne, mais provenant aussi d'Afrique noire par les côtes Atlantiques ou les routes des oasis, routes reprises plus tard par les romains. On peut imaginer des quartiers de grecs, de berbères, des hommes venus de toute la Méditerranée se fondant dans une ville où les mariages mixtes n'étaient pas rares, contribuant à développer cette civilisation punique.

Carthage semble s'être développée à partir de la colline de Byrsa, citadelle et centre religieux de la ville, puis elle s'étendit dans la plaine côtière, avec les nécropoles, les ports et les ateliers en périphérie (les nécropoles à flanc de collines situées au nord, nord-ouest de la ville, même une partie des flancs de Byrsa servirent de nécropole (côté mer). Les fabriques sont plutôt au sud et à l'est, les ports enfin au sud, après les fabriques du sud et à l'ouest). Enfin, elle étendit ces faubourgs dans les collines du nord, comme celui de Mégara, qui semble avoir été construit d'une manière plus anarchique, sans plan; c'est peut être le faubourg le plus récent, qui n'a pas eu le temps de se structurer.

Globalement, la plaine était quadrillée par des rues, et l'agora, les places, faisaient le lien avec les rues qui rayonnaient dans les collines à partir de ces espaces publics. La cité était entourée d'épaisses murailles de blocs d'une pierre blanche qui la rendait lumineuse, éblouissante de loin.

Ainsi devait se présenter Carthage avant sa chute. Une cité construite selon un plan laissant à penser que les grecs pourraient ne pas être exclusivement à l'origine des plans urbains rectilignes ordonnés sur deux axes se croisant perpendiculairement en leur centre, le cardo et le decumanus, cependant communs à la plupart des cités du monde antique. Une ville aux influences orientales davantage par son fonctionnement : en effet, on observe que la numérologie babylonienne intervient entre autre dans le nombre de navires de guerre et donc de cales servant pour réparer ces bateaux à sec dans le port militaire. Cette numérologie est basée sur le chiffre 6 ; on a donc des flottes de 60 navires et un total de 220 navires de guerre environ, au moins dans le port militaire principal de Carthage (peut être le seul de Carthage). Son port militaire était un bassin circulaire fortifié avec un îlot central abritant une tour, siège du commandement de la flotte.

Certains textes grecs laissent effectivement penser que l'ensemble de la flotte punique comportait environ 220 vaisseaux (sans compter les navires marchands pouvant servir au transport de troupes) au moment des guerres entre grecs et puniques pour le contrôle de la Sicile.

[modifier] Religion

Poids carré en plomb portant le signe de Tanit
Poids carré en plomb portant le signe de Tanit

La mythologie carthaginoise est en grande partie héritée des Phéniciens, mais intègre également certains aspects des cultes africains tel celui rendu à la déesse Tanit, variante locale d'Astarté (ou représentation d'Astarté), et au dieu Baal-Hammon (Ba'al Hammon). Tous deux sont au sommet du panthéon punique.

On observe une continuité religieuse, les anciens dieux phéniciens étant toujours vénérés chez les carthaginois (ou puniques), comme Astarté, Eshmoun (dieu de la médecine) et Melqart, dieu phénicien de l'expansion et de l'enrichissement de l'expérience humaine. Ils l'étaient particulièrement aux moments importants de leur histoire: pour rendre grâce du succès d'une expédition maritime, ou favoriser une entreprise militaire à venir.

Baal-Hammon, originaire de Phénicie, fut aussi influencé par des apports égyptiens; ainsi Ammon fut connu en Libye et dans pratiquement toute l'Afrique du Nord. Il fut assimilé à un dieu local dont la représentation était également un bélier. Ce dieu et son culte étaient liés au feu, au soleil.

Le terme punique baal signifie également en phénicien « maître », « seigneur », « citoyen » ; ce n'est pas exclusivement un terme à connotation religieuse. On retrouve le terme baal dans plusieurs prénoms carthaginois ; Hannibal, Hasdrubal, de même qu'on retrouve dans le nom Hamilcar la même racine que dans le nom du dieu Melqart auquel il est lié.

Cela suppose une tradition, une culture et une religion conservant son identité phénicienne en dépit d'influences externes, comme celles reçues des cultures et religions grecques et égyptiennes qui pénétrèrent profondément les milieux puniques. Cette religion tout en consolidant la reconnaissance identitaire aux Phéniciens d'occident, fut donc poreuse, absorba des caractéristiques externes.

La religion était affaire d'État, publique. Les prêtres n'intervenaient pas directement dans la politique ni intérieure ni extérieure de Carthage (ils ne jouent par exemple aucun rôle dans les guerres puniques mettant aux prises Romains et Carthaginois). Ils eurent une grande influence sur la société, profondément religieuse comme toute société antique. Ces cultes et leur pratique ont laissé des traces visibles dans les différentes colonies phéniciennes de Méditerranée occidentale, devenues carthaginoises, mais aussi chez les peuples entrés en contact avec la civilisation punique, comme les berbères de Numidie (ancien royaume situé entre l'Algérie et la Tunisie), les berbères de Maurétanie (Maroc), les Ibères du sud de l'Espagne (avec le royaume de Tartessos).

À l'époque romaine, le culte de Baal adoptera des traits de Jupiter, déité majeure du panthéon romain. Et au début du christianisme Baal sera encore connu.

De même, Melqart adopta des caractères du dieu grec Héraclès. Et un culte de la fertilité et de la moisson hellène fut importé à Carthage (Déméter et Coré) lors de la guerre gréco-punique.

Ainsi, les Puniques avaient foi en une vie après la mort. On trouve des chambres mortuaires (même si l'incinération était aussi pratiquée) où les morts, préparés pour leur vie suivante, étaient accompagnés d'offrandes en nourriture et boisson. Également, leur tombe était décorée comme une demeure ; on parfumait même le tombeau avant de le refermer. D'ailleurs, certains morts étaient couché (selon le rite oriental), alors que d'autres étaient en position fœtale (selon la croyance berbère) et enduis d'ocre, démontrant une influence locale, berbère sur la religion carthaginoise au moins dans le Maghreb. De même, on a retrouvé dans les tombes puniques des Baléares des statuettes typiques de la culture locale.

Il est même question de nécropole pour enfant, un tophet. Certains pensent que des enfants y étaient sacrifiés pour le compte d'une divinité assimilable à Moloch ; mais le débat reste ouvert.

On notera une différence entre la religion d'État, publique, avec les cultes de Baal et Tanit, et la croyance populaire en des amulettes et autres talismans (protection contre les démons, maladie, etc.) à forte influence égyptienne. De même, on trouve des divinités égyptiennes comme le dieu nain dans les classes populaires.

Les lieux de cultes découverts sont urbains, ceux situés en bord de mer (ports, etc.) profitent de leur contact avec les étrangers pour s'enrichir (offrandes, ex-voto, donation, etc.).

Les cultes sont structurés, avec une hiérarchie de prêtres dont les plus hautes fonctions sont occupées par les membres des familles les plus influentes de la cité, celles qui tiennent le pouvoir.

Les cultes ont un poids économique important par les offrandes (comme les viandes et autres denrées, boissons, etc.) faites aux dieux et aux prêtres. Il existe des tarifs en fonction de chaque demande.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

  • François Decret, Carthage ou l'empire de la mer, éd. Seuil (coll. Points histoire), Paris, 1977 (ISBN 2020047128)
  • Hédi Dridi, Carthage et le monde punique, éd. Les Belles Lettres, Paris, 2006 (ISBN 2251410333)
  • Michel Gras, Pierre Rouillard et Javier Teixidor, L’Univers phénicien, éd. Arthaud, Paris, 1994 (ISBN 2700307321)
  • Serge Lancel, Carthage, éd. Fayard, Paris, 1992 (ISBN 2213028389)

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes