Chlodwig de Hohenlohe-Schillingsfürst

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Chlodwig zu Hohenlohe-Schillingsfürst
Chlodwig zu Hohenlohe-Schillingsfürst

Chlodwig Carl Viktor Fürst zu Hohenlohe-Schillingsfürst[1], né le 31 mars 1819 à Rotenburg an der Fulda et mort le 6 juillet 1901 à Ragaz, était un homme politique allemand. Il fut notamment ambassadeur à Paris, Statthalter d’Alsace-Lorraine, et chancelier impérial.

Il appartenait à une famille qui jusqu’au 12 juillet 1806 avait régné sur la principauté de Hohenlohe-Schillingsfürst, sous la souveraineté toute théorique de l’Empereur romain germanique. Elle fut alors dépossédée par Napoléon et son domaine réuni de force à la Bavière, contre la compensation dérisoire d’un siège héréditaire à la Chambre haute du Royaume de Bavière nouvellement créé.

On comprend que, dans de telles conditions, les Hohenlohe-Schillingsfürst se sentissent fort peu bavarois. Le catholicisme de Chlodwig et de ses frères était également fort tiède du fait que leur mère était protestante ; le troisième d’entre eux, Gustave-Adolphe (1823-1896), au prénom caractéristique, eut beau entrer dans les ordres et même devenir cardinal, son opposition aux Jésuites et son hostilité au dogme de l’infaillibilité pontificale le firent tomber en disgrâce auprès de Pie IX sans que Léon XIII lui rendît sa faveur. « Mon père, bien qu’il fût croyant à sa façon… » écrivait Alexandre de Hohenlohe, fils de Chlodwig, et cette expression nous laisse un peu rêveur.

Viktor (1818-1893), l’aîné des frères, préféra entrer au service de la Prusse où il reçut grâce à son oncle, le landgrave de Hesse-Rotenburg, les titres prussiens de duc de Ratibor et de prince de Corvey ; pour les conserver il renonça sans peine à son héritage bavarois, et c’est Chlodwig qui en fut pourvu. Après des études de Droit, il avait lui aussi commencé une carrière prussienne, il revint à Munich où il travailla pour le roi de Prusse, ce qui lui fut, dans son cas, très profitable.

Après la défaite de Sadowa (1866), Louis II de Bavière fut obligé d’appeler Hohenlohe au ministére de Bavière. Il devient ministre président de Bavière, où ce dernier œuvra tant qu’il le put pour l’unité allemande sous la direction de la Prusse. Alexandre de Hohenlohe prétend que son père n’oublia jamais de défendre les intérêts de « sa petite patrie, la Bavière », mais on a bien du mal à le croire. L’opposition du chancelier au dogme de l’Infaillibilité pontificale provoqua chez les électeurs une réaction cléricale et en 1870, mis en minorité à la Chambre basse, il dut démissionner. Mais l’année même éclatait la guerre franco-prussienne dont la conséquence fut l’unité allemande ; pour prix de ses services Hohenlohe reçut d’abord une vice-présidence du nouveau Reichstag impérial, puis en 1874 fut nommé ambassadeur à Paris.

Un tel poste, un des plus enviés, était une consécration pour cet homme du monde accompli. La mission était certes difficile au lendemain de la Guerre de 1870 mais il sut s’en tirer habilement. Il serait volontiers resté à cette place mais Bismarck, sachant toute la confiance qu’il pouvait avoir en lui, l’appela à un autre poste délicat : le statthaltérat d’Alsace-Lorraine. Il y travailla avec conscience et méthode mais ne réussit pas à gagner la confiance de ses administrés, qui regrettaient son prédécesseur, Manteuffel.

En 1894, enfin, à l’âge de soixante-quinze ans, il fut appelé par Guillaume II à la chancellerie après la chute de Caprivi. Le choix que faisait le souverain semblait présenter bien des avantages : Hohenlohe était d’une loyauté absolue vis-à-vis des Hohenzollern (il ne l’avait guère été vis-à-vis des Wittelsbach !), il était l’ami personnel de Bismarck et ainsi la presse bismarckienne, qui s’était déchaînée contre Caprivi, n’oserait peut-être pas se montrer aussi violente à l'égard de son successeur ; enfin les junkers de Prusse, avec lesquels il fallait compter, manifesteraient plus de respect envers le représentant d’une si illustre famille. Le problème était qu’il s’agissait d'une charge bien lourde pour un homme vieux et fatigué, dont la politique fut, de surcroît, gênée par les foucades du jeune empereur.Mais il réussit a tenir 6 ans où il va essayer de temperer les actions de l'empereur mais il va finir par tombé en disgrâce à son tour il se retira le 17 octobre 1900 et mourut moins d’un an après.

On a dit qu’il était paresseux, d’autres ont vu en lui un fonctionnaire modèle. Disons qu’il était capable de faire avec conscience un travail un peu routinier[réf. nécessaire] ; dans son ambassade de Paris il était tout à fait à sa place, sachant donner de grands dîners auxquels Adolphe Thiers lui-même se rendit, une fois qu’il se trouva dans l’opposition. Il était chargé par Bismarck d’empêcher une restauration monarchique en France, à laquelle son prédécesseur Arnim avait travaillé au contraire, suivant en cela les souhaits de l’empereur ; mais il n’eut pas à intriguer beaucoup à ce sujet, le « comte de Chambord » se chargeant lui-même de gâcher ses chances. Au contraire, quand Bismarck l’appela provisoirement à Berlin, en 1880, pour assurer l’intérim des Affaires Étrangères, Hohenlohe ne put supporter un travail aussi considérable, tomba malade et dut rentrer à Paris.

[modifier] Notes

  1. Fürst n’est pas un prénom, mais le titre de prince.
Précédé par Chlodwig de Hohenlohe-Schillingsfürst Suivi par
Leo von Caprivi
Chancelier impérial
1894 - 1900
Bernhard von Bülow