Avortement chez les Témoins de Jéhovah

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Tout comme la très grande majorité des Églises chrétiennes, les Témoins de Jéhovah condamnent fermement l'avortement[1] dans leurs publications, à tel point qu'une fidèle qui accepterait une interruption volontaire de grossesse encourerait une excommunication du mouvement religieux.

Sommaire

[modifier] Position des Témoins de Jéhovah

En accord avec leur compréhension de la Bible, les Témoins de Jéhovah ont toujours refusé l’avortement[2], [3]. L'une de leurs publication a en effet déclaré[4] :

« Un avortement dans le but de se débarrasser d’un enfant indésirable revient à détruire volontairement une vie humaine. »

Leur périodique Réveillez-vous ! a souvent expliqué en profondeur le processus de la procréation ainsi que les facteurs psychologiques et physiologiques qui interviennent dans la naissance d’un enfant, attribuant à chaque fois ce prodige à Dieu[5].

Les Témoins reconnaissent que la Bible ne mentionne pas directement l'avortement provoqué par un procédé médical ; de ce fait, lorsque certaines traductions bibliques contiennent le mot 'avortement', cela fait référence à une fausse couche ayant sans doute des causes naturelles. Toutefois, ils estiment qu'indirectement, la Bible condamne clairement cette pratique[6].

Toutefois, bien qu'ils considèrent l'avortement comme quelque chose de mauvais, les Témoins de Jéhovah n'essaient pas d'imposer légalement leur point de vue moral[7], à l'exemple des Protestants et les Juifs. Si une loi autorise l'avortement dans le pays où ils se trouvent, ils ne cherchent pas à la faire abolir, même s'ils ne l'approuvent pas[8].

[modifier] Arguments des Témoins de Jéhovah contre l'avortement

Le mouvement religieux avance les arguments et les versets bibliques suivants :

  • Les premiers chrétiens se seraient élevés fermement contre l’avortement[9] ;
  • Dieu est selon la Bible l'auteur de toute vie (Actes 17:28 ; Psaume 36:9)[10] ;
  • Dieu s'intéresse même à la vie d'un embryon (Psaumes 139:13-16 ; Exode 21:22,23)[11] ;
  • Le « fruit du ventre » est une bénédiction divine (Psaume 127:3) ;
  • La Bible condamne le meurtre sous toutes ses formes (Genèse 9:6 ; 1 Jean 3:15 ; Exode 20:13) ;

[modifier] Compréhension de Exode 21:22,23

Dans la Traduction du monde nouveau, la Bible éditée par les Témoins de Jéhovah, les versets d'Exode 21:22, 23 sont rendus comme suit :

« Si des hommes sont aux prises et qu’ils heurtent une femme enceinte et que ses enfants sortent, mais sans qu’il se produise d’accident mortel, il faudra lui imposer sans faute une indemnité, selon ce que le propriétaire de la femme lui imposera, et il devra la donner par l’intermédiaire des magistrats. Mais s’il se produit un accident mortel, alors tu devras donner âme pour âme. »

Pour les Témoins de Jéhovah, ce texte signifit qu’en Israël une amende était imposée en cas d'accident provoquant une naissance prématurée de l'enfant parce que sa mère avait été blessée. Toutefois, en cas de choc mortel, soit pour la mère, soit pour l’enfant qu’elle portait, la Loi mosaïque condamnait à donner « âme pour âme ».

Toutefois, quelques autres traductions, cependant, rendent ce texte de telle manière différente, laissant supposer à la lecture de ce texte qu’on ne s’inquiète réellement que pour la femme, et non pour le fœtus (si le choc provoquait un avortement sans autre dommage pour la femme, le fautif était simplement frappé d’une amende). Cela réduisait la gravité de l’avortement.

Pour défendre leur point de vue, les Témoins de Jéhovah font valoir plusieurs points[12] :

  • La traduction littérale qui figure dans le texte interlinéaire hébreu-anglais du Docteur G. R. Berry qui révélerait que la langue originale ne limite pas l'application de l'accident mortel uniquement à la mère :

22 hּאציו  ?הרה הּּ ּפג?נו gםישנא ּצּי־יכו

sort et 1,enceinte 2femme une frappent ils et ,hommes luttent quand Et

שנעי ש?נע ןוםא היהי אלו iהידלי

frappé d’une amende être devra il assurément ;dommage pas a n’y il et ,enfant son

ןתגוJ הּּה לעּ וילע תישי רשאּ

donner devra il et ,femme la mari du lui sur mettre peut selon

23 שפנ הּתנוa היהי ןוםא־םּו ׃םיללפּ

âme donner devras tu (et) ,il y a dommage si Et .Juges des auprès

׃שפנ תחּ

,âme pour

  • Le commentaire de C. F. Keil et F. Delitzsch qui déclare qu’une amende était suffisante seulement quand « aucun accident [mortel] ne se produisait, ni pour la femme ni pour l’enfant qui était né », précisant que si la Loi signifiait que, du moment que la mère restait en vie, une simple amende suffirait pour compenser n’importe quel dommage causé, le texte hébreu aurait ajouté lah, c’est-à-dire « à elle ». Ces commentateurs en concluent donc : « De plus, l’omission de lah nous met manifestement dans l’impossibilité de limiter ces paroles à un accident dont seule la femme serait victime ».
  • La traduction de la version grecque de la Septante qui déclare que « si deux hommes luttent et frappent une femme enceinte de sorte que l’enfant naisse imparfaitement formé [ou "qu’elle accouche d’un embryon"], celui qui l’a heurtée sera contraint de payer une amende ». Cela signifierait donc que si ce que la femme avait avorté ne présentait aucun caractère humain distinctif, parce que trop jeune, une amende en espèce suffisait. Mais si le fœtus était « parfaitement formé » ou « entièrement constitué » l’homme qui avait provoqué l’avortement devait compenser en donnant sa vie[13].

[modifier] Cas particuliers

Dans le cas où une femme enceinte encourent un danger à cause de sa mauvaise santé (diabète, hypertension, maladie cardio-vasculaire) et qu'on lui conseille l'avortement, les Témoins de Jéhovah maintiennent qu'il faut malgré tout sauvegarder le fœtus pour les raisons suivantes[14] :

  • Toute femme enceinte, y compris des femmes en bonne santé, court un certain risque et certaines meurent durant leur grossesse ou au moment de l’accouchement ;
  • Inversement, la plupart des femmes enceintes, même celles qui courent un danger très grave, survivent à la naissance de leur enfant ;
  • Le médecin peut se tromper dans son diagnostic. Ce n'est donc qu'une éventualité ;
  • S'il faut trancher entre la vie de la mère et celle de l’enfant, ce n'est qu'au moment de la naissance qu'on peut choisir ;
  • Cette situation est extrêmement rare, compte tenu des progrès en matière médicale.

Un avortement en cas de diagnostic d'un enfant à naître aveugle ou malformé (par exemple, si la mère a contracté la rubéole durant sa grossesse) n'est à leurs yeux pas non plus justifié.

Toutefois, dans le cas où le traitement d’une maladie (cancer du col de l’utérus) provoquerait la mort du fœtus, ou si une opération de l’ablation de la trompe de Fallope avant sa rupture alors qu'un ovule fertilisé s’est implanté à cet endroit, les Témoins de Jéhovah estiment qu'il ne s'agit pas d'un avortement, car dans le premier cas c'est un soin, et dans le second cas l’œuf n'est pas viable et la mère court un danger grave[15].

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Bibliographie des Témoins de Jéhovah

  • "Avortement — La vie donnée et reprise", Réveillez-vous !, 22 mai 1993, pp. 3-12
  • "L'avortement", Réveillez-vous !, 8 avril 1987, pp. 3-16

[modifier] Références

  1. Les Témoins de Jéhovah, sur le Quid :

    « Rejettent tabac, drogue, avortement »

  2. Apocalypse delayed : The story of the Jehovah's Witnesses, James Penton, Toronto : University of Toronto Press, 1997, p. 202 :

    « They are staunchly opposed to abortion since they feel that humain life begins at conception »

    Les notes citent en référence Auxiliaire pour une meilleure intelligence de la Bible, p. 22 ; La Tour de Garde, 1969, pp. 767,768
  3. (en)"Ethics & Values of Jehovah's Witnesses" :

    « Jehovah's Witnesses condemn abortion, teaching that life begins at conception and life is sacred to Jehovah. »

  4. La Tour de Garde, 1er août 1970
  5. Les Témoins de Jéhovah - Prédicateurs du Royaume de Dieu, 1993, p. 183
  6. Les Témoins de Jéhovah - Pour un christianisme original, Philippe Barbey, L'Harmattan, 2003, p. 150 (ISBN 2-7475-4064-2)

    « Ils refusent seulement catégoriquement l'avortement qu'ils considèrent comme un meurtre, la vie commençant dès la fécondation. »

  7. (en)"Watchtower teaches double standards", Craig Branch :

    « The Watchtower Society does believe that human life begins at conception and that abortion is murder (Watchtower, 6/15/89, p. 29). But they do not become involved in taking a public stand against this abortion. »

  8. Apocalypse delayed : The story of the Jehovah's Witnesses, James Penton, Toronto : University of Toronto Press, 1997, p. 152
  9. Dans "L'avortement - solution à la surpopulation ?", Réveillez-vous !, 8 avril 1988, p. 27, ils citent Will Durant qui a écrit: « L’avortement et l’infanticide, qui décimaient la société païenne, étaient interdits aux chrétiens comme équivalant au meurtre. »
  10. "D’après la Bible... La vie humaine : Quand commence-t-elle ?", Réveillez-vous !, 8 octobre 1990, p. 26
  11. "L’avortement et 'la source de la vie'", Réveillez-vous !, 8 avril 1987, p. 14
  12. "Question des lecteurs", La Tour de Garde, 15 novembre 1977, p. 703
  13. Traductions anglaises de la Septante par L. L. Brenton et Charles Thomson
  14. Comment raisonner à partir des Écritures, 1985, p. 41
  15. "Questions de lecteurs", La Tour de Garde, La Tour de Garde, 1er juillet 1977, p. 415