Artisanat tunisien

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L'artisanat tunisien désigne à la fois un secteur économique et un ensemble de produits fabriqués par des artisans tunisiens comme biens de consommation courante ou produits pour touristes.

Sommaire

[modifier] Secteur économique

Il emploie environ 300 000 personnes, ce qui représente 11% de la population active tunisienne, et contribue pour 3,8% du produit intérieur brut et 2,2% des exportations (50 millions de dinars tunisiens en 2005 dont 47,3 à destination de la France). Les régions de Nabeul et de Kairouan sont les deux premiers centres de production artisanales du pays, la première pour la céramique et la seconde pour les tapis.

Les artisans sont représentés au niveau de la Fédération nationale de l'artisanat qui est rattachée à l'organisation patronale de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat.

L'État intervient à travers l'Office national de l'artisanat, entreprise publique créée en 1959 et placée sous la tutelle du ministère du commerce et de l'artisanat, qui a pour fonctions d'encadrer le secteur — par la formation, les études économiques, la promotion, l'assistance aux artisans, le développement de la coopération internationale, etc. — et de commercialiser les produits artisanaux, notamment à destination des touristes. En 1990, ses fonctions strictement commerciales sont confiées à une société distincte : la Société de commercialisation des produits de l'artisanat (SOCOPA).

Des foires, salons et expositions sont organisées régulièrement, notamment le Salon de création artisanale qui a lieu en mars de chaque année.

Il existe également une Journée nationale de l'habit traditionnel qui a lieu le 16 mars de chaque année au cours de laquelle le président de la République distingue des artisans. Les fonctionnaires tunisiens sont alors tenus de se vêtir en habits traditionnels.

[modifier] Produits artisanaux

[modifier] Tapis

Kairouan est le premier centre de fabrication en employant plus de 23 000 personnes (surtout des jeunes femmes) sur un total de 28 000 travaillant dans le secteur de l'artisanat.

La tradition attribue à une fille d’un gouverneur ottoman de Kairouan l’introduction en Tunisie, en 1830, du tapis à points noués d’inspiration anatolienne. Toutefois, les plus anciennes traces de tapis remontent au Ve siècle av. J.-C. avec les célèbres tapisseries carthaginoises teintées au murex. Au VIIIe siècle, l'émir aghlabide payait le tribut au calife de Bagdad en tapis.

Les utilisations du tapis sont multiples, que ce soit dans les milieux citadin, campagnard ou nomade : tapis de sol, de selle, de prière, tapis de décoration, etc.

On distingue aujourd'hui plusieurs types de tapis typiques de l'artisanat tunisien :

Tapis de Kairouan
Tapis de Kairouan
  • le tapis stricto sensu est aussi précisé tapis de Kairouan car sa fabrication a commencé au XIXe siècle dans cette ville du centre de la Tunisie. Même si la fabrication de tapis concerne d'autres villes telles que Ksibet el-Médiouni, Gabès ou Bizerte, Kairouan reste le principal centre de fabrication. Contrairement au mergoum et au kilim, il s'agit d'un tapis de points noués non tissé. Il est fabriqué à base de laine ou de coton (notamment pour la trame et la chaîne) et plus rarement de lin. Il peut être coloré dans les teintes naturelles du blanc au marron en passant par le gris beige lorsqu'il est de type alloucha (type originel). La laine est toujours épaisse, car c'est celle du mouton, mais on peut utiliser le poil du dromadaire ou de la chèvre. Ses dimensions sont variables, dans une composition rectangulaire, de 70 par 140 cm jusqu'à 300 par 400 cm. Sa texture, définie par le nombre de points noués par m², s'échelonne entre 12 000 et 490 000 mais le standard est de 40 000, c'est-à-dire 20 rangées par 20 rangées. La composition du tapis est formée d'un champ central rectangulaire large encadré par des bordures composées de bandes parallèles. Le champ possède de larges écoinçons qui délimitent un champ hexagonal. Les motifs sont géométriques mais peuvent aussi être des fleurs stylisées, donnant à l'ensemble un aspect symétrique avec prédominance de la forme du losange. Au cours du XXe siècle, le type alloucha évolue vers plus de complexité et de polychromie, la texture augmente et les influences perses se font sentir avec l'apparition du zarbia reconnaissable à sa couleur brun-rouge.
  • le mergoum : c'est un tapis ras de laine composé souvent sur un fond rouge avec des motifs berbères (regma). Son lieu de production d'origine est la ville d'Oudhref près de Gabès qui lui donne parfois son nom.
  • le kilim qui traduit une forte influence turque laissée par la période de domination ottomane.
  • les tapisseries : on les retrouve avec une grande variété de couleurs dans certaines villes du Sud tunisien telles que Gafsa et Tataouine.

[modifier] Habits

Icône de détail Articles détaillés : Balgha, Burnous, Jebba et Chéchia.

Au début du XXe siècle, chaque région ou village possède son propre costume. Aujourd'hui, le costume traditionnel est la tenue par excellence pour les mariages et les cérémonies. C’est la jebba qui s’est imposée comme habit traditionnel national. Cet habit ample, couvrant tout le corps, se différencie selon la qualité de son étoffe, de ses couleurs et de ses passementeries.

Les babouches d’hommes sont généralement de la couleur naturelle du cuir. Celles des femmes sont dans leur majorité brodées de fils de soie, de coton, d’or et d’argent avec des motifs floraux ou des croissants.

[modifier] Poterie et céramique

La Tunisie connaît un artisanat de la céramique ancien et notoire. L'exploitation de la pâte d'argile remonte ainsi à l'époque du Néolithique. Elle s'est enrichie par la suite grâce à l'apport des civilisations punique, romaine, chrétienne, musulmane, turque, persane et italienne que connaît la Tunisie. Les objets typiques des civilisations antiques était la lampe à huile ou l'amphore dont les archéologues peuvent suivre les évolutions pour les périodes punique et romaine.

Poteries de Guellala
Poteries de Guellala

Le modelage, la cuisson et le décor des poteries sont demeurés primitifs. Les lignes, les points, les traits ciliés, les dents de scie, les croix, les losanges sont autant de motifs qui rappellent les tatouages et tissus ruraux.

Il existe une poterie vernissée ou émaillée (motli) d'une part et une poterie poreuse et nue (chawat) d'autre part.

Le centre de fabrication de la poterie poreuse nue est Djerba et plus précisément la ville de Guellala. Le nom s'est d'ailleurs identifié à la corporation des potiers, à un quartier de Tunis et à un type de céramique : Qallaline. Ce sont les potiers de Guellala qui sont à l'origine de la création d'autres centres potiers sur le littoral tunisien : Tunis, Nabeul, Moknine, etc. Mais si la poterie poreuse s'identifie à Guellala, la poterie vernissée (jaune, verte ou brune) est la marque de fabrique de Nabeul. Son développement, qui la hisse aujourd'hui au premier rang national dans la production de céramique, remonte au XVIe siècle avec l'installation de potiers, originaires de Guellala, attirés par la présence de bancs d'argile fine et par la proximité de la mer. Aux siècles suivants vont se mélanger les influences andalouses avec l'installation des morisques chassés d'Espagne au XVIIe siècle. Le XXe siècle est une période de renouveau de la céramique, notamment à Nabeul. On retiendra les artisans dépositaires d'un savoir-faire et ouverts à la découverte de nouvelles techniques tels que Jacob Chemla, les familles Al Kharraz, Keddidi, Ben Sedrine et Abderrazak dans la région de Nabeul.

Alors qu'elle était traditionnellement utilisée pour le transport et la conservation des aliments, la poterie est aujourd'hui majoritairement tournée vers le marché touristique qui inspire de nouveaux produits tel le chameau magique. Quant aux carreaux de céramique, ils sont utilisés dans la construction des mosquées, des hôtels, des bâtiments publics ou des villas.

[modifier] Mosaïque

La Tunisie possède la plus riche collection de mosaïque antiques du monde principalement exposée dans les musées tunisiens au premier rang desquels se trouve le Musée national du Bardo. C’est à l’époque romaine et surtout à partir du IIe siècle que cet art se développe au point qu’on puisse parler d’une véritable école africaine marquée par la maîtrise de la représentation figurée. Les plaques de mosaïques sont utilisées pour orner les demeures bourgeoises reprenant les thèmes voire copiant les plus célèbres fragments connus.

[modifier] Ferronnerie

Porte cloutée
Porte cloutée

C’est aux Andalous que l’on attribue la décoration des portes cloutées devenue caractéristique du fer forgé tunisien. Bleues elles aussi par tradition, les grilles en fer forgé garnissent fenêtres et bouches d'aération des cuisines et des salles de bains. Leurs entrelacs de métal tranchent avec la sobriété des façades blanchies à la chaux. Destinées à embellir les maisons et à préserver l'intimité des habitants, ces grilles rappellent les moucharabiehs de la tradition arabo-andalouse (panneaux de bois sculpté qui permettaient aux femmes de regarder dans la rue sans être vues).

Les cages à oiseaux de Sidi Bou Saïd s’inspirent directement de ces arabesques en fer forgé qui ornent les façades.

[modifier] Bijoux

[modifier] Ustensiles de cuisine

C'est à Kairouan que l'on fabrique les ustensiles en cuivre comme les marmites ou les seaux.

[modifier] Liens externes