Arguments sur l'existence de Dieu

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Il existe de nombreux arguments pour ou contre l'existence de Dieu, des dieux ou du divin.

Le but de cet article est uniquement d'exposer les arguments estimés valides pour ou contre l'existence de telle ou telle conception du divin.

Sommaire

[modifier] Arguments pour l'existence de Dieu

Tous ces arguments ne sont pas également reçus par tous les théologiens ou par tous les philosophes.

  • L'argument anthropologique pour l'existence de Dieu, présenté par le Dr Gregory A. Boyd dans son ouvrage épistolaire "Letters from a Skeptic" (correspondance n°8)[1]. Il y est établi que notre univers ne pourrait pas avoir créé des êtres personnels (c'est-à-dire aimants, rationnels, conscients, moraux, et motivés par un but) sans que notre environnement ne le soit aussi, parce que sinon il ne nous correspondrait pas, et ce serait comme si la nature accouchait d'un poisson alors qu'elle ne contient pas d'eau. L'argument n'est pas irréfutable, mais c'est l'un des plus convaincants à ce jour.
  • L'argument de l'entropie. L'entropie est la transformation irréversible de l'énergie disponible en énergie indisponible, avec le temps. Ainsi une casserole d'eau chaude permet de faire du café, mais si on attend trop l'eau se refroidit (et la pièce se réchauffe légèrement) et on ne peut plus faire de café. Il en va de même pour l'univers : toute cette énergie qui a permis de fusionner les atomes simples en atomes plus complexes et de produire une telle diversité dans la matière, un tel ordre, tout ça s'épuise au fur et à mesure. Donc on va d'une énergie concentrée, disponible, vers un univers d'énergie qui s'est répartie un peu partout, et partout présente en trop petite quantité pour être utilisable. Or comment expliquer que la vie sur Terre aille à contre-courant ? Que, si la théorie de l'évolution est exacte, les choses se soient complexifiées à un tel point ? Pour les athées, c'est une anomalie de l'univers, un "grumeau" chaud dans la pâte cosmique qui refroidit. Pour les croyants, c'est Dieu qui a causé cela.
  • L'argument du consensus universel : c'est un argument proposé par Cicéron (De natura deorum), suivant lequel la croyance universelle des peuples en quelque chose de divin est une preuve suffisante pour établir son existence. Dans ce cas, la minorité des non-croyants serait en leur défaveur : n'est-il pas plus raisonnable de penser qu'un grand nombre ne peut se tromper ?
  • L'argument chrétien de la vie du Christ et sur sa présence réelle dans l'Eucharistie.
  • L'argument ontologique : cet argument a été proposé par Anselme, dans son Proslogion. Son argument est que Dieu est l'être tel que rien ne se peut penser de plus grand, et cela tant dans l'intellect que dans la réalité. Ainsi, selon lui, pensant à l'être le plus grand, nous ne pouvons penser réellement que Dieu n'est pas : la pensée de Dieu implique son existence.
  • Argument de la causalité : c'est l'argument fondamental selon Thomas d'Aquin qui reprend en partie Aristote.
  • La version cartésienne de l'argument ontologique: Par définition, ou par essence, Dieu est parfait; or la perfection implique, entre autres chose, l'existence, en tant qu'attribut, ou qualité, l'être parfait les possédant toute, par définition; par conséquent Dieu existe
  • L'argument cosmologique de la Kalam dans l'Islam.
  • L'argument téléologique : il joue un rôle essentiel dans les théories du dessein intelligent défendues par les créationnistes. Il consiste à inférer, de la présence de certains phénomènes manifestement finalisés dans la nature (l'adaptation, la croissance, l'organisation du vivant) à l'existence d'un principe intelligent, ordonnateur du monde. (Il est intéressant de noter que les observations et les expériences qui fournissent sa matière première à l'argument téléologique jouent le même rôle dans la théorie darwinienne, devenue à notre époque foncièrement athée bien qu'à l'origine cherchant à expliquer la manière dont Dieu avait créé les êtres vivants, qui en propose une explication matérialiste et athée. Cela dit, le théories darwiniennes ayant été invalidées, on peut se tourner vers le néo-darwinisme pour en dire la même chose.)
  • L'argument moral consiste à dire que la morale ne peut exister sans Dieu, puisque c'est lui qui décide ce qui est bien et ce qui est mal, et qu'il est en conséquence le fondement ultime de la morale. Si l'on suppose que Dieu n'existe pas, on doit en conclure que l'existence est dénuée de valeur morale, et qu'il n'y a ni bien ni mal dans nos actions. Soutenir l'argument moral (voir, par exemple, Dostoievski), c'est dire que les athées doivent accepter que tout soit permis sous peine de se trouver en contradiction avec eux-mêmes, mais c'est également soutenir la thèse que les athées ont plus de propension aux crimes que les croyants. Ce dernier point a été beaucoup discuté de Descartes à D'Holbach.
  • L'argument panthéiste, qui définit le divin comme le Tout.
  • L'argument historique : soutenu dans les premières sociétés du Proche-Orient ancien. L'homme est trop anxieux pour avoir la possibilité de libérer lui-même un esprit assez créatif afin de résoudre ses problèmes et être réellement responsable des premières inventions. D'autre part, il est trop égocentrique pour s'orienter de lui même vers une société organisée, sans qu'une force venue d'ailleurs la lui ait originellement imposée.
  • L'argument de la limite de la connaissance humaine qui par corrolaire établi un domaine au-delà de ces limites. Donc un domaine dans lequel on peut placer Dieu.

Sans doute pourrait-on également mettre aux rang d'arguments des « preuves » moins formelles, comme les expériences personnelles (voir mysticisme), les révélations, les miracles, etc. (ce qu'on peut appeler les vérités révélés). Ces aspects de la philosophie de la religion ont en tout cas fait l'objet de nombreuses discussions.

[modifier] Arguments contre l'existence de Dieu

Les arguments suivants s'adressent surtout à un type de dieu, et non véritablement à son existence sous une forme quelconque :

  • Argument de l'univers incréé : le temps étant créé avec l'univers, l'univers dans sa globalité est indépendant de tout système de référence temporel. Il ne peut donc avoir été créé parce qu'un acte de création est un évènement temporel. Si le temps n'existe pas sans l'univers, seul le néant peut être hors de l'univers, et par définition, le néant est ce qui n'existe pas.
  • Argument de l'imperfection de la révélation
  • Argument de l'existence du mal (voir Théodicée). Argument résolu par Leibniz et Saint Augustin.
  • Argument du libre-arbitre de Dieu
  • Argument de l'indigence de la création
  • Argument de l'inutilité d'un dieu ou de dieux créateurs : pour la théologie naturelle, depuis au moins Anaxagore, il est légitime de passer de l'idée d'ordre dans la nature à l'idée d'un plan de la nature, formé et conçu par une intelligence créatrice. Cet argument pose deux a priori :
    • la matière ne produit pas spontanément de l'ordre ;
    • la cause de l'ordre de la nature est intentionnelle.

Ces deux a priori ont été critiqué par Hume dans ses Dialogues sur la religion naturelle : il montre en effet, en s'appuyant essentiellement sur notre ignorance, qu'il peut y avoir une genèse de l'ordre sans intention démiurgique :

  1. Tout d'abord, nous passons inconsidérement de notre ignorance des causes réelles à la certitude d'un dessein divin ; cette dernière certitude reflète donc surtout le fait que nous n'avons pas d'autres hypothèses plausibles à dispositions ;
  2. ensuite, nous ne connaissons pas assez bien la matière pour décider a priori qu'elle ne contient aucun principe d'ordre.
  • Argument de l'évolution : cet argument est dans la continuité du précédent, puisqu'il s'agit de montrer que la nature a une histoire et un ordre qui ne nécessitent pas un démiurge. Darwin est sur ce point un véritable disciple de Hume.
  • Argument de l'invention de l'idée de Dieu ou des dieux par les hommes (ou généalogie du divin)
  • Argument de l'impossibilité d'une déduction métaphysique : l'existence d'un être ne peut lui être prédiquée autrement que par le biais de l'observation empirique. Or, le Dieu des métaphysiciens (Descartes, Spinoza, etc.) n'est pas un être empirique. En conséquence, de l'idée d'un tel être, on ne peut rien déduire. Non seulement tout discours sur Dieu en tant qu'être est dénué de sens (ni vrai, ni faux), mais, ne pouvant rien non plus rien connaître des attributs de Dieu, nous ne savons pas réellement ce que nous disons en employant ce mot. L'intérêt de cet argument est qu'il supprime le débat, vu qu'il n'y a rien à débattre. Dans le même ordre d'idées, certains athées s'en tiennent à la phrase d'Euclide: "Ce qui est affirmé sans preuve peut être nié sans preuve". De même, certains sceptiques tournent en ridicule les religions révélées, qui affirment que Dieu existe bien qu'il soit invisible, caché, hors de portée des sens et de la connaissance humaine. Cette dérision prend par exemple la forme du culte de la Licorne rose invisible, qui reprend les textes sacrés (ou du moins leur ton) en remplaçant le mot "Dieu" par "la Licorne rose invisible".
  • Argument du caractère contradictoire des caractéristiques prêtées à Dieu, à la fois fondamentalement tout-puissant et fondamentalement éternel (or, s'il est tout puissant, il doit pouvoir se détruire lui-même, mais alors il peut donc ne plus être, et n'est pas fondamentalement éternel)

[modifier] Articles connexes

[modifier] Bibliographie

[modifier] Notes et références

  1. http://philosophy4christians.blogspot.com/2007/09/correspondence-8-why-believe-in-god-in.html