Alphonse Jourdain

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Alphonse Jourdain (11031148), est un comte de Toulouse, de Rouergue , d'Albi, de l'Agenais et du Quercy, marquis de Gothie, de Provence et duc de Narbonne de 1108 à 1148. Il est fils de Raymond IV de Saint-Gilles, comte de Toulouse, …, puis comte de Tripoli et de sa troisième épouse, Elvire de Castille.

Sommaire

[modifier] Biographie

Après avoir constitué un ensemble territorial autour du comté de Toulouse, son père Raymond de Saint Gilles laisse sa baronnie à son fils aîné Bertrand et part en croisade avec son épouse Elvire. Après la prise de Jérusalem, Raymond se taille un fief en Orient, le comté de Tripoli, tandis que sa femme accouche en 1103[1] d’un fils, nommé Alphonse en l’honneur de son aïeul maternel, le roi Alphonse VI de Castille et surnommé Jourdain, car baptisé dans le fleuve de ce nom. Son père meurt en 1105 lui laissant ses terres par testament et Guillaume de Cerdagne, un lieutenant de Raymond de Saint-Gilles et le nouveau comte de Tripoli, raccompagne Elvire et Alphonse en Toulouse durant l’été 1108. Bertrand remet alors Toulouse à son frère, encore âgé de cinq ans, et part à son tour en Terre Sainte.

Il est élevé dans la partie orientale de ses États (comté de Saint-Gilles, marquisat de Provence, Beaucaire et la terre d'Argence). Guillaume IX, comte de Poitiers et duc d'Aquitaine, se met à revendiquer de nouveau[2] le comté de Toulouse au nom de sa femme[3] et l’occupe de 1113 à 1119. Il semble aussi que sa mère soit reparti en Castille durant cette époque, car elle est citée comme mariée à un noble castillan en 1117. Face au duc d’Aquitaine, une résistance passive s’organise, manifesté entre autres dans les actes privés qui ne mentionnent pas ne nom du comte[4] et aussi par quelques émeutes dans Toulouse. En 1119, les Almoravides menacent les royaumes chrétiens d’Espagne, et Guillaume d’Aquitaine lève une armée pour aider le roi de Castille à les combattre, en laissant Toulouse à la garde d’un gouverneur, Guillaume de Montmaur. Peu après le départ, les habitants de Toulouse prennent d’assaut le palais du gouverneur, le jettent au cachot et rappellent au pouvoir Alphonse Jourdain.

La Provence après les partages
La Provence après les partages

Alphonse avait également hérité d’une partie du comté de Provence. Ce comté jouissait d’une situation successorale particulière, puisqu’il était possédé en indivision par les descendants de Guillaume Ier le libérateur et de son frère Rotboald Ier, seules les filles dotées étant exclues de la possessions. Il y avait eu par la suite deux à quatre comtes simultanés, situation qui n’avait pas posé de gros problèmes au cours du XIe siècle. Puis la maison de Toulouse s’était éteinte en 1093, et d’autre familles étaient entrées dans l’indivision : la maison de Toulouse en 1063, celle d’Urgel en 1065, celle de Gévaudan de 1093 à 1115, puis celle de Barcelone en 1115. Le problème est que les maisons de Toulouse et de Barcelone sont rivales et se heurtent déjà dans leurs sphères d’influence, qui est l’actuel Languedoc. A cela d’ajoute les ambitions de la maison des Baux qui, étant issue d’Etiennette de Provence-Gévaudan, revendique une part du comté.

Les guerres dite baussenques ne tardent pas à éclater entre Raymond-Béranger III, comte de Barcelone, d’une part et Alphonse Jourdain et les seigneurs des Baux d’autre part. Défait, Alphonse se réfugie dans Orange en 1123, où il est assiégé par Raymond-Bérenger, mais la milice toulousaine se porte à son secours et force la levée du siège. Mais Alphonse doit renoncer à contrôler la totalité de la Provence et signe en 1125 un traité de partage de la Provence : Alphonse obtient ce qui est au nord de la Durance, qui devient le marquisat de Provence, tandis que Raymond Bérenger reçoit le comté de Provence, au sud de la Durance[5].

Dans les années qui suivent, il tente à plusieurs reprises d’étendre ses domaines vers l’est, mais sans vraiment réussir. La société médiévale est alors en pleine mutation, les franchises accordées aux Génois par Raymond de Saint-Gilles au cours de la première croisade favorisent le commerce et développe les cités et la bourgeoisie, et les châtelains se sont rendus compte qu’ils constituent la plus grande partie des ost des grands seigneurs et que sans eux, ces derniers n’ont que peu de pouvoir. Or si Alphonse a su se concilier la bourgeoisie naissante, il n’a pas vraiment perçu cette influence croissante des châtelains et ses différentes actions, bien que stratégiquement correctes, seront des échecs.

Il intervient d’abord dans le Nîmois qui lui permettrait de faire la jonction entre ses états toulousains et provençaux, mais se trouve en concurrence avec Bernard Aton Trencavel, vicomte de Carcassonne, qui a su se concilier ses châtelains. Alphonse, ne voulant pas entrer en conflit avec cet ancien allié n’insiste pas.

En 1132, le comte Bernard IV de Melgueil en laissant sa fille Béatrice, âgée de sept ans, sous la garde conjointe d’Alphonse et de Guilhem VI de Montpellier. Il est entendu que si Béatrice meurt au cours des six ans qui suivent sans s’être marié, le comté de Melgueil revient à Alphonse. En secret, le comte de Montpellier négocie les fiançailles de Béatrice avec Bérenger-Raymond de Barcelone, comte de Provence et Alphonse se trouve de nouveau écarté. Il se vengera du comte de Provence en soutenant la maison des Baux lors de la seconde guerre baussenque, mais sans succès.

En 1134, c’est le vicomte Aimery II de Narbonne qui meurt, un vieil ennemi d’Alphonse. Alphonse est duc de Narbonne et Aimery n’a jamais accepté cette suzeraineté. Pendant la première guerre baussenque, il prit les armes pour le comte de Barcelone, mais l’archevêque de Narbonne, un allié d’Alphonse, lui avait interdit de prendre part aux combats. Le vicomte a pour héritière une fille encore mineure, Ermengarde. Il se fiance à cette dernière, espérant acquérir ainsi la vicomté, mais une grande partie des barons de Septimanie[6] (le vicomte de Carcassonne, le comte de Montpellier et d’autres), soutenus par le comte de Barcelone, profitent d’une absence d’Alphonse en 1141, se soulèvent et obligent Alphonse à rompre les fiançailles. Ermengarde est mariée à Bernard d’Anduze.

En effet, en 1141, le roi Louis VII de France, marié à Aliénor, duchesse d’Aquitaine, petite-fille de Guillaume IX et de Philippe de Toulouse, intervient dans le Toulousain pour faire valoir les droits de sa femme sur la région, obligeant Alphonse à se défendre. Alphonse Jourdain accorde en 1141 des franchises communales à la ville de Toulouse, probablement en récompense de la fidélité de la ville pendant le siège de la ville par le roi. En 1143, Alphonse est fait prisonnier par un chevalier de Roger Trencavel, qui l’oblige à signer un traité de renonciation à Narbonne.

Le 2 septembre 1143 à Fourques, il reçoit en fief de Raimon de Montredon[7], l’Argence, un petit territoire entre Beaucaire et Saint-Gilles). En 1143, il se rend en Espagne pour soutenir son cousin le roi Alphonse VII de Castille en guerre contre le roi Garcia V de Navarre. En 1144, il fonde Montauban, la première bastide.

Cette même année, la ville orientale d’Édesse est prise par Zengi, atabeg de Mossoul, qui menace les états latins d’Orient. Le pape Eugène III décide d’organiser une nouvelle croisade pour secourir les Francs installés en Orient. Alphonse Jourdain décide de se croiser en 1146 à Vézelay, après le prêche de Bernard de Clairvaux. Contrairement à la majorité des croisés, qui ont choisi la voie terrestre pour rejoindre la Terre Sainte, Alphonse préfère suivre l’exemple de son frère Bertrand et s’embarque en août 1147 à la Tour-de-Bouc[8] et, après une étape en Italie, accoste à Saint-Jean-d’Acre en avril 1148. Il meurt empoisonné à Césarée le 16 août 1148. Comme Alphonse avait revendiqué le comté de Tripoli à son petit-neveu le comte Raymond II, ce dernier a été accusé du crime. Mais le chronique Guillaume de Nangis attribue le crime à la reine Mélisende de Jérusalem, sœur d’Hodierne, la femme (volage) de Raymond II.

[modifier] Mariage et enfants

Il avait épousé avant 1125 Faydive, fille de Raymond, seigneur de Posquières et d’Uzès, qui donne naissance à :

Précédé par Alphonse Jourdain Suivi par
Bertrand
thum
comte de Toulouse
marquis de Provence
1112-1148
Raymond V (VII)

[modifier] Annexes

[modifier] Bibliographie

[modifier] Notes et références

  1. Selon la Foundation for Medieval Genealogy (FMG), il est né dans le château de Mont-Pèlerin, mais Jean-Luc Déjean (Déjean 1979, p. 73) indique Constantinople comme lieu de naissance.
  2. Il avait tenté une première fois de 1098 à 1101, puis y avait renoncé en partant en Croisade.
  3. Philippe de Toulouse, fille du comte Guillaume IV de Toulouse, le frère aîné de Raymond de Saint-Gilles.
  4. (Déjean 1979, p. 132).
  5. Ce partage exclue les droits de la maison d’Urgel sur la Provence. Autour des années 1150, le comte de Toulouse devra également partager le marquisat et lui céder une partie, qui devient le comté de Forcalquier.
  6. l’actuel Languedoc.
  7. L'archevêque d'Arles Raimon de Montredon (1142-1160) manifesta toujours une neutralité bienveillante vis-à-vis d’Alphonse Jourdain dans le conflit qui opposait les maisons d’ Aragon et de Toulouse.
  8. port situé à proximité du site où s’élèvera Aigues-Mortes

[modifier] Articles connexe