Raymond V de Toulouse

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Raymond V (VII)[1] (11341194) est un comte de Toulouse, de Saint-Gilles, duc de Narbonne, marquis de Gothie et de Provence de 1148 à 1194, fils d'Alphonse Jourdain, comte de Toulouse, et de Faydive d’Uzès.

Sommaire

[modifier] Biographie

Lorsque Alphonse Jourdain meurt au cours de la seconde croisade en Terre sainte en 1148, le comté de Toulouse échoit à son fils Raymond, alors âgé de 14 ans. Une autre conséquence de cette croisade est le divorce du roi Louis VII de France et d’Aliénor, duchesse d’Aquitaine et comtesse de Poitiers. Cette dernière se remarie immédiatement (le 18 mai 1152) avec Henri Planagenêt, duc de Normandie, comte d’Anjou, du Maine et de Tours et, deux ans plus tard, roi d’Angleterre.

Aliénor d’Aquitaine possède des droits sur le comté de Toulouse[2], qu’elle a tenté de faire valoir en 1141 (Raymond avant alors sept ans). Louis VII avait alors assiégé Toulouse, mais Alphonse Jourdain avait réussi à négocier le départ des troupes royales. Henri II Plantagenêt reprend à son compte ses prétentions et s’allie avec Raymond-Bérenger IV, prince consort d’Aragon et comte de Barcelone. Pour contrebalancer cette menace, Raymond V épouse Constance de France, la sœur du roi Louis VII de France.

La coalition entre l’Angleterre et l’Aragon rallie plusieurs barons languedociens, les Trencavel, Ermengarde de Narbonne, … Henri II se présente aux portes de Toulouse en 1159, et trouve la ville fortement défendue. Le roi de France a également envoyé une armée qui a précédé l’anglais et rendu Toulouse inexpugnable. Après quelques assauts, le roi d’Angleterre est obligé de renoncer.

La guerre reprend en 1162 et dure deux ans sans résultats notables, puis la paix est conclue. Il renforce sa position en Provence en mariant son fils Albéric Taillefer avec Béatrice d’Albon, l’héritière du Dauphiné. En 1166, le comte Raimond-Bérenger II de Provence est tué au siège de Nice, et Raymond V se rend en Provence et tente d’épouser la veuve, Rixa de Pologne, tout en fiançant Douce II, la fille du comte avec son propre fils Raymond. Le roi Alphonse II d’Aragon ne l’entend pas ainsi et engage la guerre en Provence contre Raymond, allié au Génois. Cette guerre dure huit ans, mais la comte doit y renoncer, menacé par l’Angleterre et refusant l’alliance génoise devenue économiquement trop encombrante.

En effet, le roi Henri II forme en 1173 une nouvelle alliance, composée d’Alphonse II d’Aragon et Richard Cœur de Lion, à qui son père a confié le duché d’Aquitaine. Raymond, qui a répudié Constance, ne peut plus compter sur Louis VII. Pour se sortir de cette situation délicate, il se reconnaît l’homme lige du roi d’Angleterre, interdisant à ce dernier de l’attaquer, selon les règles féodales. En jouant secrètement les fils contre leur père, Raymond parvient à semer la zizanie dans la famille royale d’Angleterre, et tient le Languedoc à l’écart de leur ambition. La mort d’Henri le Jeune, fils aîné du roi d’Angleterre, aurait pu le mettre dans une situation délicate vis-à-vis de l’Angleterre, mais ce dernier doit faire aux ambitions du roi de France, Philippe Auguste et à une révolte de son fils Richard Cœur de Lion. Puis Henri II meurt, et les deux rois, Philippe et Richard, partent en croisade. Raymond V ne sera plus inquiété par le roi d’Angleterre, car ce dernier est capturé lors de son retour de croisade, et son fils épousa en 1196 la sœur de Richard. Mais durent ces mêmes années il a lutté sans relâche contre le roi d’Aragon qui cherche à étendre son influence dans le Languedoc.

[modifier] Le catharisme

Au cours du XIIe siècle, une nouvelle religion, ou plutôt une variante du christianisme, teinté d’arianisme, se développe dans les états de Toulouse et le Languedoc. Il s’agit du catharisme. Le 19 mai 1163, le pape condamne la nouvelle doctrine au concile de Tours. En 1165, à Lombers, dans le diocèse d’Albi a lieu la première confrontation théologique entre chrétiens et cathares, devant les principaux évêques de la région, Raymond V, Constance sa femme et Roger II Trencavel. Une église et six évêchés cathares se constituent. En 1177, profitant d’une période de paix, Raymond V écrit à l’abbé de Cîteaux et lui demande de l’aide pour combattre l’hérésie. Ce dernier envoie une mission pour se rendre compte de la situation, obtiennent la pénitence de quelques cathares, mais les plus importants se sont cachés. La ville de Lavaur connue pour abriter de nombreux cathares est prise en 1181 et les cathares qui s’y trouvent doivent abjurer.

[modifier] Mort et bilan

Raymond V meurt à Nîmes en décembre 1194, et est inhumé à Notre Dame de Nîmes. Après son oncle Bertrand et son père Alphonse Jourdain, qui lui avait laissé une principauté affaiblie, il laisse à son fils un comté reconstitué, mais économiquement affaibli par les guerres continuelles de son règne, et affaibli par les progrès du catharisme, qui mèneront le comté de Toulouse à l’annexion au cours du siècle suivant.

[modifier] Mariage et enfants

En 1154, il épouse Constance de France (1128 † 1176), fille du roi de France Louis VI et veuve d'Eustache de Blois, comte de Boulogne. Ils eurent pour enfants :

Les deux époux se séparent en 1165. Il est parfois question d'un second mariage avec Rixa de Pologne, veuve de Raimond-Bérenger II, comte de Provence, mais rien ne permet de confirmer cette assertion

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Alphonse Ier
Jourdain
thum
comte de Toulouse
marquis de Provence
Raymond VI (VIII)

[modifier] Annexes

[modifier] Bibliographie

[modifier] Notes et références

  1. Selon la généalogie traditionnelle des comtes de Toulouse faite par les Bénédictins dans l’Histoire Générale du Languedoc, il serait Raymond V, mais des études critiques ont établi que deux comtes du prénom de Raymond avaient été omis. Il serait donc Raymond VII  : voir Christian Settipani, La Noblesse du Midi Carolingien, 2004 [détail des éditions], p. 28-35.
  2. du chef de Philippe de Toulouse, sa grand-mère paternelle.