1917 (Chronologie de Dada et du surréalisme)

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Sommaire

[modifier] Éphéméride

[modifier] Janvier

  • 8 janvier
    André Breton est affecté comme infirmier à Paris, puis comme externe au centre neurologique de la Pitié.[1]
  • À Barcelone, paraît le premier numéro de la revue "391"[2] créée par Francis Picabia : « C'est mieux que rien, car vraiment ici, il n'y a rien… »[3]

[modifier] Février

  • 21 février
    Paul Éluard obtient une permission pour épouser Gala arrivée à Paris depuis septembre dernier.[5]

[modifier] Mars

  • Lettre d'Apollinaire à Paul Dermée :
    « Tout bien examiné, je crois en effet qu'il vaut mieux adopter surréalisme que surnaturalisme que j'avais d'abord employé. Surréalisme n'existe pas encore dans les dictionnaires, et il sera plus commode à manier que surnaturalisme déjà employé par MM. les Philosophes. »[7]
  • Georges Ribemont-Dessaignes
    « Civilisation »
    « Il est avéré désormais que le plus pur moyen de témoigner de l'amour à son prochain est bien de le manger. [...] Posséder par le cœur, ou posséder par l'estomac ? Celui-ci est plus certain. Et puis, en cas de contre-ordre, il y a toujours la nausée. »
  • Éluard victime des gaz, est évacué du front.[8]

[modifier] Avril

  • 10 avril
    Marcel Duchamp « Fontaine »,[9] ready-made : urinoir renversé et signé "R. Mutt".
    Proposée dans le cadre d'une exposition « sans jury et sans médaille » organisée à New York par la Société des artistes indépendants, l'œuvre est refusée pour cause d'« obscénité et de non-art ».
    Photograhiée par Alfred Stieglitz, elle est aussitôt publiée dans la revue "The Blind man".
    Fontaine, de Marcel Duchamp (1917)
    Fontaine, de Marcel Duchamp (1917)

[modifier] Mai

  • À Zurich, exposition Dada « Musique et danse nègre »[11]
  • Création à Paris du ballet « Parade » sur une musique d'Erik Satie dans des décors de Picasso.[12]

[modifier] Juin

  • 24 juin
    Première représentation, houleuse et interrompue, des « Mamelles de Tirésias » d'Apollinaire, à Paris. Jacques Vaché, déguisé en officier anglais, revolver au poing, somme de faire cesser le spectacle sous menace d'user de son arme contre le public. Apollinaire apparaît sur la scène et crie au public « Cochons ! ». Breton parvient à calmer Vaché. Soupault faisait office de souffleur.
  • 28 juin
    Soupault achète à la librairie "Ars et vita", située en face de l'hôpital du boulevard Raspail, un ouvrage broché dont le titre et l'auteur lui sont inconnus : « Les Chants de Maldoror », Comte de Lautréamont.
    « Depuis ce jour-là, véritable jour de ma naissance, personne ne m'a reconnu. Je ne sais plus moi-même si j'ai du cœur. »[13]

[modifier] Juillet

  • 31 juillet
    Paul Éluard
    « Le Devoir et l'inquiétude »,
    publié par les soins de son ami Jules Gono, éditeur et relieur d'art.[15]

[modifier] Août

  • 18 août
    Lettre de Vaché à Breton :
    « L'art est une sottise - Presque rien n'est une sottise - l'art doit être une chose drôle et un peu assommante - c'est tout [...] D'ailleurs - l'Art n'existe pas, sans doute - Il est donc inutile d'en chanter - pourtant : on fait de l'art - parce que c'est comme cela et non autrement - Well - que voulez-vous y faire ? »[16]

[modifier] Septembre

  • 1er septembre
    Breton, interne à l'hôpital du Val-de-Grâce y fait la connaissance de Louis Aragon.[17]
    Breton : « Vraiment un poète avec des yeux levés très haut, sans rien dans le geste de convenu et si mal adapté ! »[18]
  • Adrienne Monnier solde le numéro de la revue "Vers et prose" contenant le premier des « Chants de Maldoror » de Lautréamont. Aragon et Breton achètent le lot, en distribuent les exemplaires à leurs amis et passent leurs nuits de garde au service des aliénés à se les lire à haute voix.[19]
    « Parfois, derrière les portes cadenassées, les fous hurlaient, nous insultant, frappant les murs de leurs poings. Cela donnait au texte un commentaire obscène et surprenant. Les brusques trous de silence étaient plus impressionnants encore que le vacarme démentiel. » Aragon[20]

[modifier] Novembre

  • 26 novembre
    Conférence de Guillaume Apollinaire « L'Esprit nouveau et les poètes » : « Un mouchoir qui tombe peut être pour le poète le levier avec lequel il soulèvera tout un univers. »
    Déception de Breton quand il entend Apollinaire parler de « bon sens français » et de son « horreur du chaos ou du désordre ».

[modifier] Décembre

  • Artaud est réformé définitivement.

[modifier] Cette année-là

  • Séjour d'Artaud à Divonne-les-Bains (Ain). Un médecin croit reconnaître dans les symptômes une syphilis héréditaire et prescrit un traitement par piqûres à base d'arsenic, de mercure et de bismuth.
  • À New York, invité à participer à une conférence sur l'humour, Arthur Cravan se met à rire sans rien dire et commence à se déshabiller jusqu'à l'intervention de la police.

[modifier] Œuvres

  • Jean Arp
    « Fleur-marteau »,[22] papiers découpés
    « Larmes d'Enak : formes terrestres »,[23]
    « La Mise au tombeau des oiseaux et papillons (Portrait de Tristan Tzara) »,[24]
    reliefs : planches de bois aux contours sinueux, découpées, fixées et peintes ou non.
  • Marc Chagall
    « Les Amoureux au-dessus de la ville », huile sur toile
  • Giorgio De Chirico
    « La Chambre enchantée »,[26]
    « Le Grand métaphysicien »,[27]
    « Intérieur métaphysique »,
    « Les Jeux du savant »,[28]
    « La Muse métaphysique »,[29] huiles sur toile

[modifier] Notes et références

  1. Bonnet, OC 1, p.XXXV
  2. Le Bon, p. 65 et suivantes
  3. Lettre à Alfred Stieglitz, Le Bon, p.64
  4. Lydie Lachenal « Philippe Soupault. Littérature et le reste », Gallimard, Paris, 2006, p.323
  5. Scheler, p.LXI
  6. Bonnet, OC 1, p.XXXV
  7. Biro, p.28
  8. Scheler, p.LXI
  9. Lemoine, p.25
  10. Le Bon, p. 967
  11. Lemoine, p. 91
  12. Lemoine, p. 91
  13. Lydie Lachenal, op. cité, p. 322
  14. Lemoine, p. 91
  15. Scheler, p. LXI
  16. Daix, p. 38
  17. Daix, op. 26
  18. Lettre à Théodore Fraenkel, citée dans Bonnet, OC 1, p. XXXV
  19. Daix, p. 26
  20. Daix, p. 28. Sur la découverte de Lautréamont, voir aussi la page de discussion
  21. Lemoine, p. 21
  22. Pierre, p.115
  23. Durozoi, p.12
  24. Lemoine, p.21
  25. Lemoine, p. 22
  26. Gabriele Crepaldi « L'Art moderne 1900-1945 », Gründ, 2006, p. 189
  27. Crepaldi, op. cité, p. 186
  28. Crepaldi, op. cité, p. 186
  29. Crepaldi, op. cité, p. 190
  30. Le Bon, p.82
  31. Le Bon, p.336 & Lemoine, p.42
  32. Crepaldi, op. cité, p. 200
  33. Breton, "SP", p. 20
  34. Lemoine, p. 27
  35. Durozoi, p. 13
  36. « Entretiens avec André Parinaud » : « Est-ce bien la peine de s'être caché si longtemps pour reparaître dans ce costume ? [...] M. Teste était joué, comme trahi. »

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