1921 (Chronologie de Dada et du surréalisme)

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Sommaire

[modifier] Éphéméride

Rrose Sélavy (Marcel Duchamp), photographié par Man Ray (1921)
Rrose Sélavy (Marcel Duchamp), photographié par Man Ray (1921)

[modifier] Janvier

  • 15 février
    Paul Éluard
    « Les Nécessités de la vie et les conséquences des rêves ».[3]
  • 17 février
    Louis Aragon
    « Anicet ou le panorama »[4]:
    « Une fois qu'on apercevait en lui un autre homme que ce passant incolore, on était pendant un certain temps arrêté par sa mimique : une moue, le clignement prolongé des paupières ; dans l'attention, le rapprochement des poings serrés ; un certain sourire errant dans lequel les dents inférieures mordaient les autres ; un rire assez convulsif bien plus aigu que sa voix, d'ordinaire grave avec de brusques cassures ; une intonation pour le mot crétin, une autre pour l'expression cher ami ; une façon de se frotter les mains, et diverses emphases imprévues. On pouvait encore commettre l'erreur de prendre Baptiste pour le héros amoureux d'une grande dame que Ponson du Terrail appelle immanquablement Raoul. Pour peu que l'on vécût avec lui, cette illusion tombait de soi-même quand on savait le respect dans lequel il tenait l'amour et la place que cette passion occupait dans sa vie. »

[modifier] Mars

  • La revue "Littérature" publie sous le titre de « Liquidation » un tableau où sont notées de - 25 à + 25 toute sorte de personnalités comme :
    Charles Baudelaire (Aragon : 17, Breton : 18, Éluard : 12, Tzara : - 25),
    Lénine (A. : 13, B. : 12, É. : - 25, T. : - 2),
    Picasso (A. : 19, B. : 15, É. : - 2, T. : - 3)
    Rimbaud (A., B. et É. : 18, T. : - 1).[5]

[modifier] Avril

  • 14 avril
    À l'initiative d'André Breton, visite de l'église St-Julien-le-Pauvre dans le cadre d'une série d'« excursions et visites à travers Paris de lieux volontairement dérisoires » auxquelles est convié le public.[7]
    « Les dadaïstes de passage à Paris voulant remédier à l'incompétence de guides et de cicerones suspects, ont décidé d'entreprendre une série de visites à des endroits choisis, en particuliers à ceux qui ont vraiment pas de raison d'exister, - C'est à tort qu'on insiste sur le pittoresque (Lycée Janson de Sailly), l'intérêt historique (Mont Blanc) et la valeur sentimentale (La Morgue). - La partie n'est pas perdue mais il faut agir vite. - Prendre part à cette première visite c'est se rendre compte du progrès humain, des destructions possibles et de la nécessité de poursuivre notre action que vous tiendrez à encourager par tous les moyens. »[8]
    C'est l'occasion pour Roger Vitrac et Jacques Baron de faire connaissance avec Aragon.[9]

[modifier] Mai

  • 2 mai
    Vernissage de l'exposition Max Ernst à la librairie du "Sans Pareil".[10] Dans la préface au catalogue, Breton évoque une « véritable photographie de la pensée. »
    Ernst ne peut assister au vernissage : de nationalité allemande, son visa d'entrée en France lui est refusé.
  • 11 mai
    Réagissant aux préparatifs du procès Barrès, initié par Aragon et Breton, Francis Picabia annonce sa rupture :
    « Maintenant Dada a un tribunal, des avocats, bientôt probablement des gendarmes et un préposé à la guillotine ! »[11]
  • 13 mai
    Breton préside le procès Barrès : « Mise en accusation et jugement de Maurice Barrès pour crime contre la sûreté de l'esprit »,[12] organisé contre l'avis de Tzara.
    L'acte d'accusation proclame « qu'il est temps [pour Dada] de mettre au service de son esprit négateur un pouvoir exécutif et décidé avant tout à l'exercer contre ceux qui risquent d'empêcher sa dictature, prend dès aujourd'hui des mesures pour abattre leur résistance. »[13]
    Benjamin Péret y incarne le Soldat inconnu revêtu d'un uniforme allemand, marchant au pas de l'oie, le visage dissimulé par un masque à gaz.
  • 24 mai
    Représentation au théâtre Michel de la comédie lyrique d'Erik Satie « Le Piège de la méduse ».[14]

[modifier] Juin

  • 6 juin
    Tzara organise un salon Dada dans le hall du Studio des Champs-Élysées : des cravates suspendues à une ficelle, des pipes, un violoncelle ceint d'une écharpe blanche, des tableaux peints par des poètes et des poèmes écrits par des peintres.
    Préalablement convié à exposer, Marcel Duchamp télégraphie, de New York, à Jean Crotti : « Pode balle ».
  • 10 juin
    Première représentation du « Cœur à gaz » de Tristan Tzara

[modifier] Juillet

  • 10 juillet
    Parution de « Pilhaou-Thibaou », supplément de la revue "391", intégralement écrit par Francis Picabia, sous le pseudonyme de Funny Guy. Très critique envers les « jeunes dadaïstes qui ont trahi l'esprit Dada lors du « Procès Barrès » en s'instituant juges, Picabia annonce, en fait, sa rupture avec Dada.[15]

[modifier] Août

  • Parution du numéro 20 de "Littérature" avec Soupault pour seul directeur de la revue.[17]

[modifier] Septembre

[modifier] Octobre

  • Antonin Artaud rencontre Max Jacob qui lui suggère d'aller voir Charles Dullin, directeur du Théâtre de l'Atelier.
    « On a l'impression en écoutant l'enseignement de Dullin qu'on retrouve de vieux secrets et toute une mystique oubliée de la mise en scène. »[20]

[modifier] Décembre

  • 3 décembre
    Dans une lettre à Jacques Doucet, Breton lui déconseille l'achat d'un « petit » tableau de Picasso : « Vous savez que je déplore légèrement [...] que vous n'ayiez pas fait l'acquisition d'une des œuvres maîtresses de Picasso (je veux dire d'une chose dont l'importance historique soit absolument indéniable), comme par exemple ces « Demoiselles d'Avignon » qui marquent l'origine du cubisme et qu'il serait si fâcheux de voir partir à l'étranger. »[22]
  • Première exposition parisienne de Man Ray à la librairie "Six" achetée par Soupault. Présentation des « objets impossibles » créés à New York.[23]

[modifier] Cette année-là

[modifier] Œuvres

  • Jean Arp
    « Trousse du naufragé »
    « Trousse d'un Da », collages de morceaux de bois à la manière d'un relief[25]
  • Serge Charchoune
    « Foule immobile », poème avec douze dessins de l'auteur
  • Marcel Duchamp
    « Why not sneeze Rrose Selavy ? »,[29]
    boîte surréaliste : morceaux de marbre blanc taillés comme des cubes de sucre contenus dans une cage à oiseaux
    d'où sortent un os de seiche et un thermomètre
  • Max Ernst
    « Éléphant Célèbes »,[30]
    « Œdipus Rex »,[31]
    « La Puberté proche », huiles sur toile,
    « Dada Degas »,[32]
    « Santa conversazione »,[33]
    « Die Anatomie als Braut », collages,
    « La Parole ou Femme-oiseau »,[34] collage et gouache
  • Raoul Hausmann
    « Hourra ! Hourra ! Hourra ! » : « Contradiction remarquable, les Allemands sont ignobles par idéalisme !
    Dans cette mesure, ils ont encore un immense avenir. »
  • Clément Pansaers
    « L'Apologie de la paresse » :
    « O ! le luxe imprévu de la fainéantise !
    La grève générale sur une grève ensoleillée ! »
  • Man Ray
    « Cadeau »,[38] fer à repasser dont la semelle est garnie de clous,
    « Rayogrammes (ou rayographes) »,[39] impression faite par des objets posés directement sur du papier photographique sensible
    et exposé à la lumière
  • Georg Scholz
    « Von kommenden Dingen »,[40] huile sur toile
  • Sophie Taeuber
    « Composition en taches quadrangulaires polychromes denses »,[42] huile sur toile

[modifier] Notes et références

  1. Bonnet, OC 1, p. LXIII
  2. Bonnet, OC 1, p. XLII
  3. Scheler, p. LXII
  4. Daix, p. 131 et Le Bon, p. 84
  5. Daix, p. 113
  6. Le Bon, p. 921
  7. Bonnet, OC 1, p. XLII
  8. Le Bon, p. 857
  9. Daix, p. 150. Une photographie reproduite dans « Surréalisme » de René Passeron (éd. Terrail, 2005, p. 32) montre le groupe, devant Notre-Dame-de-Paris, composé de Jean Crotti, d'Esparliès, Breton, Rigaud, Éluard, Ribemont-Dessaignes, Péret, Théodore Fraenkel, Aragon, Tzara et Soupault. Aucune mention de l'auteur du cliché. Cette photographie appartient à la bibliothèque Jacques Doucet. Elle est datée de 1920 (sic!).
  10. Bonnet, OC 1, p. XLII
  11. Daix, p. 126
  12. Quatre mois plus tôt, dans « Liquidation », les notes données à Barrès était : Aragon + 14, Breton + 13, Éluard - 1, Soupault + 12, Tzara (qui ne l'avait jamais lu) - 25. Daix, p. 123
  13. Daix, p. 125
  14. Composée en 1913, cette œuvre est considérée comme l'une des pièces les plus représentatives du théâtre Dada et surréaliste. Le Bon, p. 860
  15. Le Bon p. 73 et 916 et Scheler, p. LXII
  16. Daix, p. 131
  17. Bonnet, OC 1, p. XLIII
  18. Bonnet, OC 1, p. XLIII
  19. Bonnet, OC 1, p. XLIII
  20. Lettre à Max Jacob
  21. Biro, p. 44
  22. Daix, p. 137
  23. Daix, p. 133
  24. Lemoine, p. 91
  25. Le Bon, p. 108
  26. Le Bon, p. 4
  27. Le Bon, p. 78
  28. Le Bon, p. 921
  29. Breton, "SP", p.57
  30. Spies, p. 118
  31. Breton, "SP", p.31
  32. Lemoine, p. 66
  33. Angliviel, p. 189
  34. Spies, p. 121
  35. Le Bon, p. 266
  36. Le Bon, p. 271
  37. Lemoine, p. 69
  38. Lemoine, p. 70
  39. Breton, "SP", p.32
  40. Le Bon, p.875
  41. Le Bon, p.117
  42. Le Bon, p.929
  43. Le Bon, p. 970

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