Utilisateur:Yug/Histoire/Baptistère Saint Jean de Poitiers

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Cet article est en préparation pour la Wikiversité. Ne pas déstructurer, Merci :] Yug (talk) 21 novembre 2005 à 11:41 (CET)


LE BAPTISTERE SAINT-JEAN DE POITIERS


Sommaire

[modifier] Analyse du document

Nous sommes en présence de quatre documents iconographiques extraits d’un ouvrage intitulé "Le Baptistère Saint Jean de Poitiers". Le document en haut à gauche est un plan du quartier épiscopal au sein de la civitas de Poitiers. Il recense notamment l'l'abbaye Sainte-Croix, la Cathédrale Saint Pierre, Notre Dame-entre-les-deux-Églises, Saint Martin entre-les-deux-Eglises, et bien évidemment le baptistère Saint Jean. A droite de ce document, se trouve un plan sommaire de l’intérieur du baptistère qui atteste des différentes parties de sa composition, cella, absides, absidioles (etc.). Enfin les deux documents au bas sont deux références à l’architecture du baptistère: celui de gauche est un dessin de Berty du pignon nord et ceux de droite sont deux planches croquées par l’archéologue François Eyqun, représentant des chapiteaux.

[modifier] Nature des documents

Ces documents iconographiques ont été établis à la suite de travaux historiques et archéologiques entrepris par Brigitte BOISSAVIT-CAMUS et Yves-Jean RIOU, pour la Société des Antiquaires de l’Ouest (qui regroupe des passionnés d‘histoire). Le but de cette organisation est d’œuvrer pour approfondir les connaissances relatives à l’histoire de la région poitevine, ainsi que de favoriser la conservation et la mise en valeur du patrimoine.

[modifier] Contexte

La naissance de la religion chrétienne en Gaule se fait dans un moment de confusion. En effet, l’Empire romain commence à décliner sous le poids des nombreuses migrations barbares. Les premiers adeptes de cette religion n’avaient pas de lieu de rassemblement. Les catéchumènes, qui, instruits dans la foi et propices à être baptisés, le sont dans de simples points d’eau ou dans des habitations privées. C’est alors que Saint Lin, évêque de Besançon établi au IIIe siècle un baptistère dans une maison de la cité.

Lorsqu’en 313, le christianisme fut reconnue religion officielle par le Concile de Milan, la Gaule se couvre peu à peu de baptistères. A ce moment là, il faut savoir que seul l’évêque à le pouvoir de conférer le baptême et ce jusqu’au VIIe siècle. C’est pour cette raison, qu’en principe, seul les cités possèdent un baptistère.

[modifier] Problématique

On peut donc se demander en quoi le baptistère Saint Jean de Poitiers s’inscrit-il dans la continuité de l’Empire romain déclinant, tout en étant le symbole de l’émergence du christianisme dans une Gaule qui tente de s’affirmer ?

Pour répondre à cette problématique nous nous attacherons a voir l’intégration du baptistère dans le groupe épiscopal comme dans la cité de Poitiers. Puis nous étudierons le baptistère comme symbole d’une pratique religieuse et comme monument d’architecture antique. Enfin par le baptême nous montrerons l’implantation progressive du christianisme.


[modifier] Plan

  • I. LE BAPTISTERE SAINT JEAN DE POITIERS INSERE DANS LA CITE EPISCOPALE
    • a/ « Quartier Cathédral : Une cité dans la ville » Y. Esquieu
    • b/ Le groupe épiscopal dans la civitas
  • II. UN BAPTISTERE PRATIQUE ET UNIQUE
    • a/ Un édifice nécessaire à la pratique religieuse.
    • b/ Le baptistère Saint Jean : un édifice unique.
  • III. LA GAULE SE CHRISTIANISE
    • a/ Une diffusion progressive
    • b/ Le baptême : entrée dans la chrétienté.


[modifier] Le baptistère Saint Jean de Poitiers

[modifier] - I. LE BAPTISTERE SAINT JEAN DE POITIERS INSERE DANS LA CITE EPISCOPALE

[modifier] a/ « Quartier Cathédral : Une cité dans la ville » Y. Esquieu

En Gaule comme ailleurs, les premières cathédrales (cathédra: siège qui était au fond de l’abside et d’où l’évêque pouvait voir son troupeau), étaient en réalité des groupes cathédraux; regroupant au minimum deux églises (dont celle de l’évêque appelée cathédrale) auxquelles s’ajoutaient le baptistère (adjacent); les fouilles ont permis d’envisager la construction du groupe cathédral de Poitiers dès le IVe siècle, malgré le fait que la cathédrale Saint Pierre que nous voyons sur la carte (5) n’est pas en réalité celle des origines, en effet nous sommes en présence d’un plan postérieur à la période définie précédemment dans l’introduction. Et pour cause elle se situe à 500 mètre du baptistère, la situation géographique traditionnelle de ces deux édifices tend à montrer une relative proximité.

Ainsi donc la localisation de l’emplacement originel de la cathédrale paléochrétienne n’a pu être attestée. En plus de l’évêché et des bâtiments communautaires, nous pouvons rattacher le xenodochium au groupe épiscopal qui est un hôpital (4) il en va de même pour l’oratoire Saint Luc (chapelle réservée à un déterminé de fidèles). Le groupe cathédral se situe dans le quartier sud est de la ville, qui rassemble de nombreux édifices à caractères religieux tels que l’abbaye Sainte Croix fondée par Radegonde vers 540 ou bien la collégiale Sainte Radegonde (chapitre de chanoines). Après avoir vu la situation du baptistère dans le groupe épiscopal et le quartier nous nous attacherons à l’intégrer au sein de la civitas.

[modifier] b/ Le groupe épiscopal dans la civitas

Contemporain de Saint Hilaire, père et docteur de l’Église latine, premier évêque connu de la cité épiscopale de Poitiers, le baptistère St Jean est inséré dans un quadrillage gallo romain. Il est implanté dans le groupe épiscopal à l’intérieur même de la vaste enceinte datant du IIIe siècle ou du début du IVe, qui faisait de Poitiers une ville fortifiée de l’Antiquité tardive. Pour mieux la situer nous pouvons affirmer d’après cette récente carte qu’il est situé sur le versant est du promontoire, le long de l’actuelle rue Jean Jaurès allant du Pont Neuf à la Place du Maréchal Leclerc. Cependant il faut noter que l’installation dans les murs de Poitiers s’est faite sur un site déjà occupé mais obtenu soit par donation, de riches propriétaires ou des administrations de la civitas ou tout simplement par rachat des terres. Cette affirmation est appuyé par des fouilles plus ou moins récentes, qui ont mis à jour un quartier d’habitations ponctué par un certaine nombre d’ateliers d’artisanat qui peu à peu furent abandonnés (320-340), pour des constructions de types communautaires ou monumentales dont les murs furent alors systématiquement orienté selon le quadrillage des rues principales. Aussi la proximité avec les remparts peut signifier à la fois la volonté de la part de l’organisation ecclésiastique de faciliter les communications avec l’extérieur (le reste du diocèse) mais également surtout de diffuser un idée de sécurité (fortifications). Ainsi après avoir vu la situation géographique du baptistère ainsi que sa place au sein du quartier et du groupe épiscopal comme dans la civitas, nous nous attacherons à montrer qu’il échappe à toute comparaison. Malgré son unicité, il perpétue sa fonction première qui est le baptême par immersion.

[modifier] - II. UN BAPTISTERE PRATIQUE ET UNIQUE

[modifier] a/ Un édifice nécessaire à la pratique religieuse.

Tout d’abord, il faut savoir que le baptême est un acte obligatoire pour pouvoir pénétrer dans les lieux de culte chrétiens. De plus il était administré uniquement par l’évêque jusqu’au VIIe siècle et seulement la nuit du samedi au dimanche de Pâques, ou à la Pentecôte, par conséquent le nombre de personnes baptisés simultanément nécessitait donc des installations en conséquences. A cette époque, il se fait par immersion totale des adultes.

C’est pour cela qu’une piscine baptismale est indispensable. Elle se trouve à peu près au centre, légèrement déportée vers l’est, de la salle orientale ou baptismale aussi appelée cella (figure Cet B). Elle fut retrouvée lors des fouilles de Siauve au XIXe siècle. D’après les fouilles de François Eygun de 1958 à 1960, elle mesure deux mètres pour le diamètre intérieur, 1. 30 mètres de profondeur. On y descendait par trois marches. Un conduit d’alimentation d’eau (figure F et H) venant d’un aqueduc romain permettait l’arrivée et l’évacuation de l’eau nécessaire pour le baptême. Cette piscine est de forme octogonale. C’est une forme couramment adoptée en raison de la symbolique du chiffre 8, car le 8e jour est celui de la résurrection donc de la vie éternelle donnée au baptisé.

Une autre fonction du baptistère est repérable, c’est l’accueil des reliques en dépôt. En effet des remblais avec des morceaux de poterie gallo-romaine ont été découvert dans l’abside est sous la base d’un autel rectangulaire (figure K).

Même si il est à peu près possible de dater la salle baptismale du milieu du IVe siècle, le baptistère a toujours été l’objet de querelles entre historiens ou archéologues au sujet de la datation. En effet il surprend autant par ses réminiscences de l’antiquité que par son décor si hétérogène qui daterait du Moyen Age.

[modifier] b/Le baptistère Saint Jean : un édifice unique.

D’un point de vue extérieur, c’est une superposition d’appareil, correspondant à des séries de destructions partielles et restaurations. La cella et la salle occidentale font à eux deux, 15 mètres sur 10. Sur le document n3, on peut voir jusqu’aux fenêtres un petit appareil cubique de tradition romaine très abîmé sûrement par un incendie au VIIe siècle. On observe aussi sur ce document les vestiges de l’absidiole sud qui daterait du VIIe siècle et qui a été refaite au XIXe siècle.

L’appareil supérieur aurait été l’objet d’une réfection au VIIe siècle après l’incendie auquel j’ai fait référence précédemment. A ce moment, le baptistère est alors doté de son abside est et de ses deux absidioles (figures E & D-D’).

La différence de datation est plus explicite par le décor intérieur. Voyons d’abord l’abside est (figure E). Elle mesure six mètres sur sept et est de forme pentagonale. Elle communique avec la cella (salle orientale ou baptismale) par trois grandes arcades. Cette abside est décorée de dix chapiteaux (documents 4) en marbres de Pyrénées et mesurent tous environ 30 cm de haut. Ils sont plutôt gravés que sculptés et sont typiques de l’architecture romain. Ils sont pour ainsi dire tous ornés de la même manière. Ces caractéristiques stylistiques nous permettent de dater ses transformations au VIe ou VIIe siècle.

On trouve huit autres chapiteaux dont ceux du document 3 dans la salle baptismale. Ils ont été installés lors d’une réfection suite à un exhaussement (élévation du sol) et s’observe par le changement de forme et de matériaux. Les chapiteaux n4 &7 sont complètement différents des 6 autres. Le n4 est pourvu de grands caulicoles très aplatis qui garnissent la partie haute de la corbeille. Le n 7, quant à lui, porte comme décor trois grosses fleurs à quatre pétales reliées par une tresse composé d’olives et de perles.

Après avoir détaillé le baptistère nous allons montrer son rôle et son important dans là diffusion de la religion chrétienne.

[modifier] - III. LA GAULE SE CHRISTIANISE

[modifier] a/ Une diffusion progressive

Aux prémices de son existence, le dogme chrétien, discret était interdit parce que considéré comme déviant et ses partisans n’en étaient pas moins que persécutés, allant même jusqu’à mourir pour témoigner de leur foi profonde. (fin IIe jusque fin IIIe siècle, on compte dix grandes persécution en Gaule, les plus violentes furent celles de 250 et 259). Avec la conversion de l’empereur Constantin (306 - 337) au IVe siècle et la construction du premier baptistère de l’Empire chrétien de Latran à Rome, la nouvelle religion sort de l’ombre. Désormais tolérée, la diffusion de l’Évangile est facilité ; le montre la multiplication du nombre d’évêchés en Gaule au IVe qui passent de 20 à 60 ; mais également le fait qu’en 391 le christianisme devienne religion d’État. Cependant il faut bien savoir que l’expansion chrétienne et l’organisation ecclésiastique n’a pénétré la Gaule que de façon tardive et très progressivement (506 baptême de Clovis). La diffusion de la chrétienté passe par la conversion des hommes qui font leur entrée dans l’Église par le rite du baptême.

[modifier] b/ Le baptême : entrée dans la chrétienté.

De façon générale, les baptistères sont dédiés à Saint Jean Baptiste dit le Précurseur. Cela s’explique par le fait qu’en 27, il fit son apparition sur les rives du Jourdain (Palestine), appelant les hommes à la pénitence et annonçant la venue prochaine du Messie. Aux disciples qui venaient vers lui, il imposait une confession publique et une immersion baptismale dans le Jourdain. Jésus lui même reçut le baptême qui marquait le commencement de son activité messanique. Ainsi donc en souvenir de cet événement le baptême est le sacrement qui permet d’entrer dans le peuplement de Dieu, celui-ci précédé d’une période assez longue de probation et d’instruction dit le catéchuménat. Généralement conféré à des croyants adultes ou du moins ayant atteint l’âge de raison et donc capables de formuler consciemment l’acte de foi. Nombre de chrétiens retardaient volontairement leur baptême, de crainte de ne pas être capables par la suite de soutenir toutes les exigences d’une vie chrétienne authentique. Ainsi donc nous n’avons pu voir la symbolique du baptême dans le dogme chrétien et ainsi donc l’impérative présence de baptistère au sein même des épiscopat.

[modifier] CONCLUSION

Le baptistère Saint Jean de Poitiers peut être considéré comme un monument ambivalent. En effet, il existe en tant qu’édifice religieux à part entière dans le « Quartier Cathédral », tout en étant partie intégrante du paysage urbain de la cité de l’antiquité tardive qu’est Poitiers. De même il est à la fois d’essence architecturale romaine tout en étant unique et incomparable. Tout cela tend à nous montrer que le baptistère Saint Jean de Poitiers s’inscrit bien dans une volonté d’être à la fois la continuité de l’Empire romain mais aussi il semble être la représentation de la volonté d’affirmation de la Gaule. La diffusion de la religion chrétienne s’accompagne au fil des siècles d’une transformation des rites et donc par conséquent du baptême. En effet, l’immersion totale devient vite partielle et complétée par aspersion puis finalement remplacée par infusion tel qu’il est pratiqué de nos jours. Ces changements influèrent sur le devenir des baptistères qui furent progressivement abandonnés.