Youyou (cri de joie)

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Les youyous (ou you-you ou you you) sont de longs cris aigus et modulés, que poussent en chœur les femmes du Maghreb (musulmanes ou juives) et de certains pays d'Afrique sub-saharienne pour manifester une émotion collective lors de rassemblements : généralement la joie (dans les mariages et autres festivités), mais aussi le deuil[1].

Ils sont désignés ainsi par onomatopée (ils ont d'ailleurs par le passé été orthographiés « ouloulou »[2] ou « yiheyi »[3]).

Il existe plusieurs types de youyous, spécifiques de régions, voire de pays donnés.

Sommaire

[modifier] Anecdote

Le 30 novembre 2005, lors d'une question au garde des Sceaux et ministre de la Justice à l'Assemblée nationale, le député UMP François Grosdidier a utilisé ce terme comme un euphémisme pour évoquer la part de l'immigration dans sa commune (Woippy), puis les mariages blancs[4] :

« Dans ma commune, lors d'un mariage sur deux, l'hôtel de ville résonne de youyous. Ce sont de formidables moments de bonheur, des moments de chaleur humaine que nous partageons avec les familles. Mais, pour près d'un mariage sur cinq, il n'y avait que les futurs époux et les témoins qui ne se connaissaient manifestement pas. J'ai vu des époux qui avaient quarante, cinquante ans de différence. L'amour peut ne pas connaître l'âge, mais quand il ne connaît pas la tendresse, cela pose problème. Sur 170 000 étrangers qui s'installent chaque année légalement sur notre territoire, 34 000, soit 20 %, le font par le mariage. Nous avons répondu par une loi sur l'immigration qui a renforcé les pouvoirs des maires de vérifier la réalité du consentement. L'amélioration est très réelle, même si, parfois, les parquets sont saturés pour répondre aux alertes du maire. Le plus gros problème réside dans l'augmentation des mariages conclus à l'étranger : leur transcription en France est automatique et vaut mécaniquement obtention du titre de séjour. Il faut renforcer les moyens de contrôle, tout en respectant le droit au mariage des personnes concernées, comme l'a annoncé hier le Premier ministre à l'issue du troisième comité interministériel de contrôle de l'immigration. Monsieur le garde des sceaux, comment va-t-on contrôler la validité et la réalité des mariages conclus à l'étranger ? »

Cet euphémisme, qui a suscité de vives contestations sur les bancs socialistes et communistes, fera sans doute partie des litotes qui demeureront, et des termes symboliques en politique pour sous-entendre une question sociale sans l'évoquer directement, une codification pour signifier ce qui ne peut être dit expressément sur une question sociale.

Cette déclaration a inspiré aux rappeurs Axiom et Ministère des affaires populaires une chanson ironique intitulée Des youyous dans ma mairie.

[modifier] Référence

  1. Mohamed Benhlal, Le collège d'Azrouune : une élite berbère civile et militaire au Maroc (1927-1959), préf. de Daniel Rivet, Karthala Éditions, coll. « Terres et gens d'islam », Paris, 2005, 413 p. (ISBN 2-84586-599-6), p. 398
    « des mères qui accompagnent leurs enfants avec des youyous de deuil presque toujours en pleurant »
  2. Entrée « Youyou » dans le TLFi.
  3. Élisée Reclus, Correspondance (1850-1905), vol. II (octobre 1870-juillet 1889), Schleicher Frères, Paris, 1911, 519 p., p. 354
    « Les femmes, couvertes de haïk blancs et de foulards rouges, marchent à la file indienne en poussant de temps en temps un yiheyi prolongé comme un jodel tyrolien.»
  4. Compte rendu intégral de la 1re séance du mercredi 30 novembre 2005 - Questions au gouvernement - Mariages blancs, sur le site de l'Assemblée nationale.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Article connexe