Wolfgang Döblin

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Wolfgang Döblin alias Wolfgang Dœblin et Vincent Doblin, né à Berlin le 17 mars 1915 et mort à Housseras le 21 juin 1940, était un mathématicien d'origine allemande travaillant en France.

Sommaire

[modifier] Biographie

Wolfgang était le deuxième des quatre enfants du médecin et écrivain allemand Alfred Döblin et de son épouse Erna.

Le 28 février 1933, au lendemain de l'incendie du Reichstag, son père, homme de gauche, neuropsychiatre et homme de lettres, auteur de nombreux romans dont Berlin Alexanderplatz, opposant au nazisme, émigra à Zürich avec sa femme et son plus jeune fils. Wolfgang les rejoindra en avril 1933, après avoir passé à Berlin son "baccalauréat". La famille s'installera en France en août 1933, tout d'abord à Maisons-Laffitte puis à partir de décembre 1934 au 5, square Henri Delormel, Paris 14ème.

A la rentrée universitaire 1933, il reprendra ses études supérieures, commencées à Zurich, à la Faculté des sciences de Paris. Il commencera à travailler sur la théorie des probabilités en 1935 sous la direction de Maurice Fréchet, à l'Institut Henri Poincaré.

Ses travaux portent alors sur les chaînes de Markov et il commence à s'intéresser aux processus en temps continu, un domaine alors en plein essor, notamment grâce aux travaux d'Andrey Kolmogorov. Lycéen à Berlin, il était passionné par la politique et par l'économie, domaine lié aux probabilités et aux statistiques.

En octobre 1936, il obtient, avec deux de ses frères et ses parents, la nationalité française. Désormais, il s'appellera souvent "Vincent Doblin". En tant que mathématicien, il continue de signer "Wolfgang Doeblin".

Wolfgang Döblin soutient sa thèse sur le sujet des "martingales", sujet lié aux chaînes de Markov, en mars 1938 sous la direction de Maurice Fréchet.

Après sa thèse d'état, il est incorporé en novembre 1938 pour faire son service militaire de deux ans. Refusant, jusqu'au printemps 1940, toute formation d'officier, il restera simple soldat. Malgré ses activités militaires, il réussit néanmoins à poursuivre son travail, en s'attaquant entre autres à l'équation de Chapman-Kolmogorov, qui est à la base du lien entre la théorie des probabilités et celle des équations aux dérivées partielles. Fin août 1939, il est affecté comme téléphoniste dans le 291ème régiment d'infanterie, stationné dans les Ardennes jusqu'en janvier 1940.

Il termine la rédaction de son mémoire Sur l'équation de Kolmogoroff en cantonnement, en Lorraine, et l'enverra sous forme de "pli cacheté" à l'Académie des sciences (pli cacheté 11-668). Il se battra héroïquement sur le front de la Sarre et dans les Vosges et sera décoré de la croix de guerre.

Après la capitulation de la France et la dislocation de son régiment, il se sépare de ses camarades au col de la Chipotte (Vosges). Il se tuera, le 21 juin 1940, dans le village de Housseras, au nord-est d'Épinal, au moment de l'arrivée d'un groupe d'éclaireurs de la Wehrmacht, par refus de tomber aux mains des Allemands. Inhumé le même jour comme "soldat anonyme", il ne sera identifié qu'en 1944.

Ses parents seront enterré à ses côtés en 1957.


[modifier] Le pli cacheté 11-668

Le pli cacheté 11-668 qu'il envoya à l'Académie des sciences lorsqu'il se trouvait sous les drapeaux, à la mi-février 1940, ne fut ouvert qu'en 2000.

Il contenait des travaux sur la résolution de l'équation de Kolmogorov (théorème démontré indépendamment en 1965), c'est-à-dire des calculs sur la densité de la position d'une particule soumise à des phénomènes de diffusion, mais en utilisant des méthodes trajectorielles sur ces généralisations du mouvement brownien plutôt que des méthodes analytiques. Ces idées, sur lesquelles sont fondées le calcul stochastique ou calcul d'Itô, seront retrouvées indépendamment à partir des années 1940, notamment par le mathématicien Kiyosi Itô.

Il faut noter que l'enveloppe du pli cacheté comporte en titre Sur l'équation de Kolmogoroff de W. Dœblin.

[modifier] Liens externes

[modifier] Références

  • W. Doeblin, Sur l'équation de Kolmogoroff, Pli cacheté déposé le 26 février 1940, ouvert le 18 mai 2000, Comptes-Rendus à l'Académie des sciences de Paris, série 1, 331, 1031-1187, 2000.
  • M. Petit, L'équation de Kolmogoroff. Vie et mort de Wolfgang Doeblin, un génie dans la tourmente nazie, Ramsay, 2003. ISBN 2-84114-641-3


Autres langues