Vie militaire à Limoges

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Limoges est à ce jour une ville de garnison ancienne et importante. La professionnalisation récente de l'armée française n'avait pas modifié la validité de ce constat. Cependant, les conditions de mise en oeuvre effective de la suppression de cette garnison, récemment annoncée, restent encore inconnues.

Sommaire

[modifier] Histoire

Sous l'Ancien Régime, Limoges recevait régulièrement des régiments de cavalerie en garnison, la région étant agricole et réputée pour pouvoir accueillir de nombreux chevaux. Les soldats étaient alors logés chez l'habitant.

La Révolution, en confisquant comme biens nationaux des couvents, ouvrit la voie à leur transformation ultérieure en casernes : "quartier de cavalerie du Séminaire" (1812), "caserne de la Providence" (1833), ou bien l'ancien couvent des Jacobins, devenu établissement des subsistances militaires (1813). Les seules créations totalement nouvelles de cette période sont le "petit quartier de cavalerie", annexe du quartier du Séminaire (1844), le grand manège construit à côté (1845) et le champ de manoeuvre (1825-1833).

En 1818, le premier chef du Génie de Limoges, le capitaine Breistoff, acquiert une certaine gloire locale en implantant au sommet du clocher de l'église Saint-Michel-des-Lions, à l'occasion de travaux de réparations, une boule de cuivre. Il repérait ainsi de manière sûre ce point géodésique, dans le cadre de l'élaboration de la carte d'Etat-Major.


Le Second Empire établit un état major de division Militaire à Limoges dès 1852 ( 21e Division Militaire Territoriale). Le quartier général fut construit, place Jourdan, et l'ancien couvent de la Visitation agrandi pour recevoir un régiment d'infanterie (1857).

Après la guerre franco-prussienne de 1870-1871, la 21e division militaire du second Empire devint la 12e Région Militaire, cadre du 12e Corps d'Armée. Elle couvrait les départements de la Haute-Vienne, la Creuse, la Corrèze, la Charente et la Dordogne. Elle regroupait sur son territoire les 23e et 24e Divisions d'Infanterie, la 12e Brigade de Cavalerie, la 12e Brigade d'Artillerie et le 12e Escadron du Train des Equipages Militaires.

Simultanément, la transformation de l'armée de métier en armée de conscription exigea des casernes plus nombreuses : l'ancien monastère des Bénédictins, devenu maison centrale de détention en 1811, fut transformé en caserne dès 1875. Puis furent construits le quartier de cavalerie Marceau (ou quartier du Crucifix, du nom du lieu-dit voisin, le Crucifix d'Aigueperse - 1874 - pour le 21e Régiment de Chasseurs), la caserne Beaublanc (1875 - pour le 12e Escadron du Train), avec à côté le parc d'artillerie de Montjovis. Puis furent construites la caserne Beaupuy (1884), et enfin, en 1913, la caserne Jourdan (destinée à un bataillon cycliste). Un parc à fourrages fut construit sur la route de Paris (1880), un stand de tir en bord de Vienne, commune de Panazol (1875). Un quai militaire, destiné à faciliter l'embarquement des troupes allant au camp militaire de la Courtine (Creuse) (1886), a donné son nom à une rue de la ville.

Durant la 1re Guerre Mondiale, les services du 1er Corps d'Armée, normalement basés à Lille, alors occupée par l'armée allemande, furent installés à Limoges ; à partir de 1917, il s'y ajouta une des bases arrières de l'armée américaine (à la caserne Beaupuy, notamment). A ce moment, la garnison de Limoges atteignit 10.000 hommes, chiffre que certains historiens attribuent à tort pour toute la période antérieure.

Entre les deux guerres mondiales, on ne signale qu'une construction, celle de la base aérienne de Romanet (1939). Dans le même temps, la caserne des Bénédictins (1930)[1] et le quartier du Séminaire (1939) furent cédés à la Ville.

Après 1945, la caserne Beaupuy, désaffectée, fut rasée et remplacée par un ensemble résidentiel ; la caserne Jourdan, également démolie, laissa place à un autre ensemble résidentiel, destiné aux familles de gendarmes. La transformation récente de l'Armée française en armée de métier a accru le mouvement de repli de la présence militaire à Limoges : le conseil général de la Haute-Vienne a acquis récemment la caserne de la Visitation pour regrouper ses services.

Limoges fut marquée pendant la seconde moitié du XXe siècle par la présence du Centre de Sélection n° 4 dans l'ancien "petit quartier du Séminaire". Le va et vient des appelés entre la gare des Bénédictins et le "CS 4" fut pendant plusieurs décennies une caractéristique militaire de la ville[2].

[modifier] Les relations entre Limoges et sa garnison

En 1790, le régiment de cavalerie Royal Navarre, en garnison dans la ville, participa avec un dévouement remarqué de tous à la lutte contre un gigantesque incendie qui détruisit une centaine de maisons dans le quartier Bancléger. Tous les soldats furent faits citoyens d'honneur de Limoges. Mais ensuite, les relations entre le régiment et la ville se dégradèrent jusqu'à devenir franchement hostiles[3].

Outre cet incident isolé, il y eut une longue période de vive tension entre la population ouvrière et l'Armée au début du XXe siècle. Dès la fin du siècle précédent, la ville était devenue une ville rouge, marquée par une certaine hostilité envers l'armée. Lors des évènements ouvriers de Limoges d'avril 1905 la troupe fut réquisitionnée par le préfet de la Haute-Vienne pour assurer le maintien de l'ordre contre les grèvistes : l'action qu'elle mèna le 17 avril pour disperser les manifestants sur le Champ de Foire se solda par un mort civil, Camille Vardelle, et de nombreux blessés de part et d'autre. Dans ce contexte, soldats et surtout officiers durent longtemps subir insultes et violences[4]. En 1914, la mauvaise opinion que l'Etat Major avait de Limoges explique sans doute partiellement l'envoi dans cette ville d'officiers jugès inaptes lors des premiers combats (limogeage).

Cependant, les municipalités successives, tout en soutenant les revendications ouvrières, ne contestèrent jamais ni la présence ni le rôle de maintien de l'ordre attribué à l'armée. Outre le fruit d'une certaine prudence, il faut sans doute y voir le souci de l'intérêt économique de la commune : toute garnison produit une activité et constitue un marché.

Les relations sont aujourd'hui parfaitement normalisées vis-à-vis de la population civile et celles avec la mairie sont devenues encore plus confiantes : un partenariat a été signé en 1999 entre la Ville et le 15e régiment du Train : cette unité (devenue ultérieurement le 15e bataillon du Train) succède au 20e régiment de dragons comme régiment de Limoges.

[modifier] L'Armée à Limoges aujourd'hui

Limoges est le siège de l'un des quatre Etats-Majors de Force que compte la France, le n° 4. Son commandant, également commandant de la place de Limoges, est actuellement le général de division Patrick Moussu.

A Limoges se trouve également l'Etat-Major de la 3e Brigade Mécanisée, représentant 80 personnes. Cette unité est forte au total de 7.000 hommes.

Il faut aussi signaler une institution unique pour la France, le Service des Archives Médicales et Hospitalières des Armées (SAMHA).

Selon le journal Le Populaire du 2 avril 2008, l'armée envisage d'abandonner le site de Limoges en 2010[5].


[modifier] Les établissements militaires actuels

L'hôtel de commandement est établi place Jourdan à l'emplacement de l'ancienne abbaye de Saint-Martin des Feuillants. Le bâtiment a été édifié sous le second Empire : conservées sur le perron, deux aigles impériales en pierre, abattues à la chute de Napoléon III, rappellent cette origine. Au rez de chaussée se trouvent les salons de réception et le bureau du général ; les appartements de fonction sont à l'étage. Une cour par devant et un jardin sur les autres côtés isolent complétement ce bâtiment. Les édifices annexes (ancien corps de garde, ancienne écurie) abritent divers services.

la caserne Marceau ouvre sur la place du même nom ; principalement, le 15e Bataillon du Train y tient garnison.


la caserne Beaublanc est située dans le quartier du même nom, entre l'avenue des Ruchoux et le faubourg Montjovis. Elle provient de la réunion de la caserne Beaublanc proprement dite, celle du 12e escadron du Train, et du parc d'artillerie contigu, faubourg Montjovis. Elle est le siège de l'état-major de force n° 4 et de divers services (mess, bureau postal militaire).

l'Etablissement Ravitailleur du Commissariat de l'Armée de Terre (ERCAT) a été établi dans la zone industrielle de Romanet, rue Martial-Varlin, en 1974.

Le Centre du Service National est établi depuis 2000 dans une partie réduite de l'ancien "petit quartier", ultérieurement "Centre de Sélection n° 4". Les autres locaux désaffectés ont été aménagés pour divers services sociaux universitaires.

le Service des Archives médicales et hospitalières des Armées est installé dans les beaux locaux d'une ancienne et très importante usine de chaussures, l'usine Monteux, fermée en 1934.

[modifier] Les services de l'Armée à Limoges

La Délégation Militaire Départementale (DMD) est le conseiller du préfet de la Haute-Vienne dans ses attributions de défense et de gestion des crises. L'Antenne communication du Limousin région Terre Sud-Ouest du SIRPA sert d'interface entre l'armée et les différents médias locaux. Le Bureau Air Information a comme mission de promouvoir l'image de l'Armée de l'Air et de recueillir des candidatures pour les métiers de cette Arme. Ces trois services ont leur siège dans les dépendances de l'hôtel de commandement.

L'établissement du Génie a pour mission de gérer et entretenir le patrimoine immobilier des Armées. Sa zone d'activités s'étend sur la Haute-Vienne, la Creuse, la Corrèze, la Vienne, les Deux-Sèvres, la Charente et la Charente-Maritime. Son personnel s'élève à 106 personnes dont 15 officiers. Le Commissariat de l'Armée de Terre est chargé de la gestion financière des formations militaires, avec le contrôle des comptes. Ce service compte 64 personnes. Le Bureau postal interarmées assure toutes les opérations postales (courrier et financier) au profit des unités et formations de la garnison. Ces diverses institutions sont implantées à la caserne Beaublanc.

Le bureau de garnison organise les cérémonies (14 juillet, 11 novembre, prises de commandement, etc.), gère les installations communes et assure des missions de sécurité. La 7e Compagnie des Transmissions assure le fonctionnement du Centre des Télécommunications et de l'Informatique de niveau 2 (CTEI2), qui couvre six départements (Haute-Vienne, Creuse, Corrèze, Charente, Vienne et Deux-Sèvres). Il emploie 32 personnes sous le commandement d'un officier et de dix sous-officiers. A côté se trouve l'antenne de Limoges de la DIRISI (Direction Interarmées des Réseaux d'Infrastructure et des Systèmes d'Information de la Défense). Elle ne compte que 4 personnels civils des armées. Tous ces services et unités ont leurs sièges à la caserne Marceau.

Le Centre du Service National (CSN) organise et conduit les Journées d'Appel et de Préparation à la Défense (JAPD) auxquels sont soumis tous les jeunes Français des deux sexes. Ce service a logiquement comme mission de recenser les garçons et filles en âge de remplir cette obligation. Il est établi dans une petite partie des locaux de l'ancien "Centre de Sélection n° 4", rue du Pont-Saint-Martial.

L'établissement ravitailleur du Commissariat de l'Armée de Terre, rue Martial-Varlin, assure l'entretien des matériels de cuisson pour les services de l'armée de Terre. Il compte 20 personnes. Il sera dissous le 30 juin 2008.

Le centre d'Information et de Recrutement de l'Armée de Terre est situé boulevard Carnot, à l'angle de la rue des Vénitiens. Il renseigne sur les professions de la Défense Nationale (armées, pompiers professionnels, etc.) et recueille les candidatures.

Le Service des Archives Médicales et hospitalières des Armées emploie 49 personnes, dont seulement dix militaires, à la gestion, à l'archivage et à la conservation des dossiers individuels des patients hospitalisés dans les établissements de l'Armée. Il est situé 23 rue de Châteauroux

[modifier] Les unités opérationnelles

Le 15e Bataillon du Train a succédé le 1er juillet 2000 au 15e Régiment du Train. Il est placé sous le commandement de l'Etat-Major de Force n° 4 mais assure également le soutien de l'Etat-major de la 3e brigade mécanisée.

La 3e compagnie de commandement et de transmissions a été créée le 1er juillet 1999 ; elle compte 6 officiers, 45 sous-officiers et 77 soldats professionnels. Elle vient en appui de l'Etat-Major de la 3e brigade mécanisée.

Ces deux unités sont en garnison à la caserne Marceau.

[modifier] Les services sociaux des Armées

L'école de reconversion professionnelle Féret-du-Longbois s'occupe de la réinsertion professionnelle des travailleurs handicapés. Géré par l'Office national des Anciens Combattants, elle peut accueillir 212 stagiaires qu'elle prépare au baccalauréat professionnel, BEP et CAP. Elle est située 16 avenue Jean-Gagnant, sur le site de l'ancienne caserne des Bénédictins.

Deux assistantes sociales ont leurs bureaux à la caserne Beaublanc. A la caserne Jouan de la gendarmerie se trouve la "Cellule d'Accompagnement vers l'Emploi des Conjoints", à Beaublanc, "l'Agence pour l'Emploi des Militaires du Limousin" (AEM) et, à la caserne Marceau, la "Cellule d'Aide aux Familles de la Garnison de Limoges".

[modifier] Divers

La caserne Beaublanc vue du faubourg Montjovis : le mess et l'établissement du Génie
La caserne Beaublanc vue du faubourg Montjovis : le mess et l'établissement du Génie

Le cercle mixte du 15e bataillon du Train deux mess, un à la caserne Beaublanc, l'autre à la caserne Marceau. Le premier comporte notamment un restaurant en self-service de 240 places, la "salle Bugeaud", de 12 couverts, réservée aux officiers supérieurs, la "salle Jourdan", de 120 couverts, pour les autres prestations, deux bars, un salon de coiffure. Le second comporte entre autres une salle à manger de 200 places, un salon de coiffure, un cybercafé et un bar.

L'aumônerie catholique est placée sous la responsabilité d'un laïc ; elle assure pélerinages (Rocamadour, Lourdes, Notre-Dame de la Paix à Saint-Auvent) et messes. L'aumônerie protestante est dirigée par un pasteur qui organise des études bibliques et participe au pélerinage militaire international protestant de Nîmes.

Il faut également citer trois associations : la Section militaire de Chasse et de Pêche de Limoges, le Club Sportif et Artistique de la Garnison de Limoges (CSAGL) et, pour les épouses de militaires, l'ANFEM.

[modifier] La gendarmerie

Dans la première moitié du XXe siècle, la gendarmerie de la Haute-Vienne (12e légion de gendarmerie) a son siège place des Carmes, où est également encasernée une unité de gendarmes à cheval. Aujourd'hui, il y a deux casernes, appelées "Jourdan" et "chef-d'escadron-Jouan" (anciennement "des Tuilières"), toutes deux situées rue Victor-Thuillat.

[modifier] Les services d'appui et de commandement

Créée le 1er juillet 2005, la région de gendarmerie du Limousin regroupe 1.311 personnes. Son commandement est implanté à la caserne Jouan, à côté de l'état-major du groupement IV/2 de gendarmerie mobile

A la caserne Jourdan, à côté d'une grande résidence pour familles de gendarmes, se trouve le groupement de gendarmerie départementale de la Haute-Vienne.

En zone industrielle de Romanet, 11 rue Paul-Claudel, sur le site de l'ancienne base aérienne, se trouve le Service de diffusion de la gendarmerie (SDG). Il emploie 75 personnes dont 24 personnels civils. Il assure l'impression des documents utile au service pour la gendarmerie nationale, y compris d'outre-mer. Pour donner une idée de sa production, il suffit d'indiquer que ce service consomme 735 tonnes de papier par an.

Le Centre d'information et de recrutement de la gendarmerie est située boulevard Carnot, non loin du centre de l'armée de terre. Il a pour mission de promouvoir les métiers et le rôle de la gendarmerie et recueillir des candidatures tant pour les carrières professionnelles que pour le volontariat.

[modifier] Les unités opérationnelles

A la caserne Jouan est basé un des six escadrons composant le groupement IV/2 de gendarmerie mobile, le n° 41/2.

Excentrée à l'aéroport de Limoges Bellegarde, la section aérienne de gendarmerie de Limoges rassemble 15 sous-officiers montant deux hélicoptères. Une autre section est implantée à Egletons en Corrèze[6].

[modifier] Notes et références

  1. La caserne fut démolie, malgré l'intérêt archéologique de ses bâtiments anciens, pour l'ouverture de l'actuelle avenue Jean-Gagnant.
  2. Michel Toulet, "Les casernes de Limoges", Bulletin de liaison de l'Association Renaissance du Vieux Limoges, n° spécial, n° 44, juin 1998.
  3. Jean-Louis Devoyon, "La naissance des pompiers de Limoges", coll. A la découverte du Limoges ancien, Limoges, 1999.
  4. A et J Deschamps et B. Mérigier, "1905, les troubles de Limoges", Lucien Souny édit., Limoges, 1984 ; Vincent Brousse, Dominique Danthieux et Philippe Grandcoing, "1905, le printemps rouge de Limoges" coll. Patrimoine en Poche, Culture et Patrimoine en Limousin édit., Limoges, 2005.
  5. Source Le Populaire
  6. "Garnison de Limoges", Bureau de Garnison édit. Tours, 2007.

[modifier] Bibliographie

Michel Toulet, "Les casernes de Limoges", Bulletin de liaison de l'Association Renaissance du Vieux Limoges, n° spécial, n° 44, juin 1998.

Bureau de Garnison de Limoges, "Garnison de Limoges 2007", Tours, 2007.

[modifier] Liens

[modifier] Liens internes

[modifier] liens externes

[1] les pages de la garnison de Limoges sur le site interarmées.