Valery Fabrikant

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Valery Fabrikant (né le 28 janvier 1940[1] à Minsk, URSS - ) est un ancien professeur en génie mécanique à l'Université Concordia de Montréal, au Canada. Auteur de la fusillade survenue dans cet établissement le 24 août 1992, il purge actuellement une peine d'emprisonnement à perpétuité pour le meurtre de quatre collègues.

Sommaire

[modifier] Biographie

Né en Union Soviétique, Valery Fabrikant était scientifique senior à l'Institut de recherche sur les systèmes de contrôle automatiques, à Ivanovo. Il immigre au Canada en 1979 et entre dans l'enseignement à l'Université Concordia en 1980, où il devient professeur agrégé au département de génie mécanique en 1990. Il étudie la théorie de l'élasticité, portant sur le stress exercé sur des objets lorsqu'ils sont étirés. Il publiera des ouvrages de génie mécanique en 1985 et 1989.[2] Au plan personnel, il était marié, et il est père de deux enfants.

À Concordia, Fabrikant se plaint de s'être fait refuser la titularisation à quatre reprises, accuse ses employeurs de chercher à le congédier, et s'oppose fermement à la pratique de créditer certaines personnes en tant que co-auteurs de présentations qu'ils n'ont pas aidé à rédiger.

En 1992, il poursuit en cour deux collègues pour que leurs noms soient retirés de présentations qu'il avait lui-même écrites dans les années 1980. Fabrikant devait d'ailleurs comparaître le 25 août 1992, soit le lendemain de ce qui allait devenir le jour de la fusillade, pour outrage au tribunal. Lors d'une audience précédente en Cour supérieure du Québec, il avait accusé le juge en chef Allan B. Gold, chancelier de l'université Concordia de choisir «ses juges les plus corrompus» pour entendre sa cause.[3]

Au début des années 1990, Fabrikant est victime d'une crise cardiaque. Les choses s'enveniment à son retour après sa convalescence, et culminent avec la tuerie du 24 août.

[modifier] Tuerie de l'Université Concordia

Icône de détail Article détaillé : Tuerie de l'Université Concordia.

La fusillade orchestrée par Valery Fabrikant survient au neuvième étage de l'Université Concordia, au pavillon Henry F. Hall, le 24 août 1992. Les victimes sont les professeurs Matthew Douglas (66 ans), Michael Hogben (52 ans) et Jaan Saber (46 ans), ainsi que le titulaire de la chaire de génie électrique et informatique, Phoivos Ziogas (48 ans). Une secrétaire, Elizabeth Horwood, sera aussi blessée par balles.

Valery Fabrikant avait essayé par plusieurs moyens d'obtenir des armes à feu, impliquant l'université Concordia. Cette dernière refusera de lui signer une recommandation pour l'obtention d'un permis de transport d'arme à autorisation restreinte, pour le tir à la cible. Dans une lettre envoyée à la Sûreté du Québec et datée du 14 juillet 1992, soit six semaines avant la tuerie, le vice-recteur aux services de l'université explique le refus en invoquant le règlement de l'établissement sur le port d'arme, et indique qu'en raison des différents entre le professeur et son employeur «l'université a toutes les raisons de s'inquiéter de l'obtention par M. Fabrikant d'un permis de port d'arme». Des trois armes utilisées par Fabrikant lors de la fusillade, une première fut achetée par l'enseignant le 13 août 1992, et les deux autres l'ont été par son épouse le jour même du massacre, le 24 août. Valery Fabrikant avait passé avec succès son examen d'initiation aux armes de poing en novembre 1991, et son épouse en juillet de l'année suivante. L'homme était également inscrit dans un club de tir.[4]

[modifier] Procès

Valery Fabrikant s'est représenté lui-même à son procès pour le meurtre de 4 collègues. En cour, il fait preuve d'un comportement jugé excentrique lors des audiences. Le juge suspend alors les procédures pour exiger un examen des facultés intellectuelles de l'accusé, et après qu'il eut été déclaré sain d'esprit, Fabrikant tenta de se défendre pendant cinq mois. Le juge arrêta cependant la procédure et les membres du jury se trouvèrent dans l'obligation de le prononcer coupable de meurtre au premier degré. Il a été condamné à une peine d'emprisonnement à perpétuité.

Bien que deux psychiatres aient témoigné favorablement envers lui, l'accusé disait se sentir insulté par ces experts et demanda à rencontrer le docteur Louis Morissette, de l'Institut Philippe-Pinel. Morissette arriva à une position contraire aux deux spécialistes ayant précédemment rencontré Fabrikant. Le psychiatre nota entre autres que les rapports précédant le retour au travail du professeur, en 1992 après une crise cardiaque, avaient toujours fait état de la satisfaction des étudiants de Fabrikant, ainsi que de ses collègues de travail. Il déclara que Fabrikant n'était pas, à son avis, apte à subir un procès, qu'il souffrait de plus qu'un simple trouble de la personnalité, et qu'il devrait être traité par la médication appropriée (chose que le principal intéressé refusait).

[modifier] Conséquences de la fusillade

Certains des professeurs qui ont survécu à l'affaire Fabrikant ont vu leur comptes gelés par le Conseil de recherche en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) suite à une enquête sur les allégations de Fabrikant.

[modifier] Autres procédures judiciaires

En 2000, Valery Fabrikant a été déclaré plaideur quérulent parce qu'il a accumulé les recours futiles et mal fondés en grand nombre devant les tribunaux.

Le 5 novembre 2007, Valery Fabrikant se représente en Cour Supérieure du Québec pour l'audition d'une plainte déposée avant la tuerie de 1992 (donc avant qu'il ne soit déclaré plaideur quérulent). Il réclame alors près de 600 00$ en dommage et intérêts à d'anciens collègues de l'Université Concordia qui auraient "profité injustement" de ses travaux et "extorqué" ses documents. Comme à son habitude, Fabrikant -qui se représente seul encore une fois- met à rude épreuve la patience des avocats de la défense et le juge Gilles Hébert.

Le 13 novembre, le juge Gilles Hébert se récuse de la cause civile. Il affirme ne plus être en mesure de faire preuve d'impartialité, n'en pouvant plus de supporter les insultes et les récriminations de l'accusé. De sa cellulle, Fabrikant accueille la décision en applaudissant.

Le 20 novembre, la juge Nicole Morneau reprend les procédures là on son collègue les a abandonnées.

Moins d'une semaine après la reprise du procès, le 26 novembre 2007, la juge met fin abruptement au procès en invoquant une décision du code civil pour justifier sa décision. Elle estime la cause frivole et sans fondement.

[modifier] Aujourd'hui

Valery Fabrikant purge actuellement sa sentance au pénitencier Archambault à Sainte-Anne-des-Plaines, Québec. Il ne peut être libéré sur parole avant le 24 août 2017.

L'ancien professeur continue ses recherches académiques de la prison. Il a publié dans le IMA Journal of Applied Mathematics en 2006.[5] L'adresse de l'auteur était la suivante : Prisonnier ##167932D, Prison Archambault, Ste-Anne-des-Plaines, Quebec, Canada J0N 1H0.

Il utilise couramment Internet par l'entremise de son fils, notamment Usenet où il argumente en faveur de la théorie du complot.[réf. nécessaire]

[modifier] Références

  1. Valery Fabrikant, un Don Quichotte paranoïaque, La Presse, 26 août 1992. Consulté le 16 novembre 2007.
  2. Valery Fabrikant, un Don Quichotte paranoïaque, La Presse, 26 août 1992. Consulté le 16 novembre 2007.
  3. Valery Fabrikant, un Don Quichotte paranoïaque, La Presse, 26 août 1992. Consulté le 16 novembre 2007.
  4. Valery Fabrikant, un Don Quichotte paranoïaque, La Presse, 26 août 1992. Consulté le 16 novembre 2007.
  5. Utilization of divergent integrals and a new symbolism in contact and crack analysis, par Valery Fabrikant, IMA Journal of Applied Mathematics, 15 juin 2006. Consulté le 16 novembre] 2007.
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