Vacqueyras (vin)

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Côtes-du-Rhône
méridionales (région viticole)
Désignation(s) : Côtes-du-Rhône
méridionales
Appellation(s)
principale(s) :
AOC Vacqueyras
Type
d'appellation :
appellation locale des côtes-du-rhône
Reconnue depuis : 1990
Pays : France
Région parente : Vignoble de la vallée du Rhône
Sous-région(s) : Côtes-du-Rhône
Climat : méditerranéen sous influence du mistral
Précipitations
(moyenne annuelle) :
600 à 800 mm d'eau / an
Sol : argilo-calcaire et sableux recouvert de galets roulés,
Superficie totale : 1 690 ha[1] (délimitation du 22 février 1990)
Superficie
plantée :
1 300 hectares[2]
Nombre de domaines viticoles : 160 viticulteurs qui sont propriétaires de leurs parcelles[2] et trois maisons de courtage.
Cépages dominants : rouge et rosé : grenache (50 % minimum), syrah, mourvèdre (25 % minimum), cinsault (maximum 10 %)
blanc (clairette, grenache blanc, bourboulenc, marsanne, roussane et viognier (80 % maximum pour chacun de ces cépages)
Vins produits : rouge (98%), rosé (1%) et blanc (1%)
Production : 50 000 hectolitres avec un rendement de 32 hl/ha

Le Vacqueyras est l'une des quatre appellations locales vauclusiennes des vins des Côtes du Rhône. Son terroir s'étend sur les communes de Vacqueyras et Sarrians

Sommaire

[modifier] Histoire

[modifier] Antiquité au Moyen-Âge

Si l'on est assuré que sous l'antiquité romaine le vin fut chose importante (découvertes d'amphores vinaires au quartier de Mornas), la carte de Cassini nous montre un désert viticole à l'ouest des Dentelles de Montmirail, Vacqueyras n'a pas plus de vignoble cartographié que Vaison-la-Romaine, Séguret, Sablet, Gigondas ou Beaumes-de-Venise[3].

L'explication en est simple, dès 1323, le Comtat Venaissin était devenu le grenier à blé de la papauté d'Avignon et Vacqueyras eut ses terres consacrées à produire uniquement des céréales.

[modifier] Renaissance

Pourtant l’existence d'un petit vignoble est attesté sous forme de parcelles au XVe siècle. En 1414, le « Livre Rouge » de Carpentras, qui dresse le premier cadastre du Comtat Venaissin, indique des vignes d'une contenance de deux à douze fosserées[4]. Lors d'une opération de bornage entre la commune et Gigondas[5], en 1435, une vigne est mentionnée. En 1448, a été retrouvé le relevé des taxes (taille et gabelle) sur les raisins et le vin de la commune dans les comptes du prévôt d’Orange.

En 1451, le seigneur du village jouit du droit de vendre « au menu » (au détail) le vin de sa récolte sans payer de droit de souquet[6].

Au siècle suivant, des « Statuts municipaux faits et adoptés entre noble et magnifique Jean de Vassadel, seigneur de Vacqueyras, et les syndics hommes manants et habitants de ce lieu » sont adoptés le 7 juin 1541. Ils comprennent 48 articles dont celui donnant le droit de vendre son vin du « cru » sans payer aucune taxe.

[modifier] Période moderne

En juin 1627, seigneur et conseillers transigent à propos d'un différent concernant le souquet sur le vin. C'est le « rentier »[7] du « Grand Logis », l'auberge et taverne seigneuriale qui refuse de payer cette taxe.

Une affaire qui a permis à Suzanne Trompette[8] de nous faire connaître les prix de vente du vin au XVIIe et XVIIIe siècle.

1 litre
(un pichet)

8 deniers

2 litres

7 patas roy

3 litres

2 sous

10 litres

6 sous 5 patas roy

60 litres

3 florins

90 litres

1 écu ou 5 florins

100 litres

5 florins 6 sous 5 patas roy

290 litres

16 florins

540 litres

6 écus

800 litres

45 florins 10 sous
ou 9 écus 10 sous

L'historienne de Vacqueyras a pu mettre en exergue, vers les années 1630, les bases de l'alimentation du village : pain, vin, sel, huile, chair (viande), œufs, fromage, safran, anchois, fruits (pommes, raisins).

La protection du vignoble renaissant devient drastique. Une amende de deux sous est infligée pour le vol d'une seule grappe en 1640, trente ans plus tard, il est statué que si un troupeau de moutons est surpris dans une vigne où il y a des figuiers, son propriétaire versera une amende de un écu par trentenier[9].

Cette précision est d'importance puisque qu'elle nous apprend qu'en 1670, le vignoble vacqueyrassien en conduit en hautain sur des arbres fruitiers.

La commune possède deux pressoirs à la fin du XVIIIe siècle[10]. Après l'extraction du jus par foulage aux pieds, ils servent au pressurage du marc. Il est précisé que le premier a trois roues, le second quatre et qu'ils doivent être manié par deux hommes.

Le pressurage a lieu à domicile, aux frais du granger[11], chaque pressée (piagno) lui coûte 4 sous soit l'équivalent de 3 à 4 pichets de vin.

L'apparition du mildiou, de l'oïdium et phylloxéra va ruiner ce vignoble. C'est ce que confirme Jules Courtet, au XIXe siècle, qui dans sa monographie sur le village signale que son terroir ne produit que de l'huile et des grains[12].

[modifier] Période contemporaine

Tout repart au XXe siècle. On peut célébrer la « Fête des Vendanges » en septembre 1905, elle est renouvelée vingt ans plus tard. En 1930, lors de la délimitation de l'aire d'appellation côtes-du-rhône, Vacqueyras est intégré dans cette nouvelle AOC. Le 11 juin 1955, le terroir vacqueyrassien est reconnu comme appartenant à l’appellation Côtes du Rhône Villages[13]. L'apparition du nom de Vacqueyras dans l'AOC Côtes du Rhône Villages est notifiée par le décret du 25 août 1967.

Leur politique de qualité, jointe à de faibles rendements, incite le syndicat des vignerons de la commune à déposer auprès de l’INAO, une demande de classement de ses vins blancs, rosées et rouges en « appellation locale ». Celle-ci est faite le 6 juillet 1984. Il fallut attendre le 22 février 1990 pour que le Comité National de l’INAO entérine le projet de l’AOC Vacqueyras et que son décret soit signé, le 15 août, par le ministre de l’Agriculture.

Depuis 1998, l'AOC Vacqueyras est le « vin officiel » du prestigieux Festival d'Avignon.

[modifier] Géographie

Vacqueyras et Sarrians, les deux communes productrices, se situent au nord-ouest du Vaucluse dans le secteur des dentelles de Montmirail. Au cours du Moyen-Âge, la commune se situait sur le principal itinéraire nord / sud de la rive gauche du Rhône : Carpentras, Vacqueyras, Saint-Paul-Trois-Châteaux, Grignan, Crest, Romans, Vienne et Lyon.

[modifier] Terroir et vin

Inscription à la gloire des vins de Vacqueyras.
Inscription à la gloire des vins de Vacqueyras.

Leur terroir, qui descend du piémont des Dentelles de Montmirail vers de hautes garrigues de galets roulés, produit du rouge, du rosé et du blanc avec un rendement limité à 35 hl / ha. Les cépages rouges de l’appellation sont le grenache, la syrah, le mourvèdre et le cinsault. Les blancs appellent clairette, grenache blanc et bourboulenc. La robe profonde et soutenue des rouges habille un vin au nez magnifique de fruits noirs avec une pointe de réglisse et en retrait des notes d’épices très élégantes.

De leur bouche pleine et charnue émanent des notes de fruits qui persistent longuement en joli décor de fin de palais. Le rosé, à la robe intense avec des nuances dorées, a un port ample et une saveur généreuse qui mettent en valeur un nez vineux où vibrent des notes fruitées et florales. Les blancs, d’un beau jaune clair, développent un bouquet floral avec des touches d’agrumes donnant des vins savoureux et plein de fraîcheur.

La vinification est assurée à 50 % par un groupement de producteurs, 40 % par les caves particulières (au nombre de 35) et 10% par les vinificateurs non exploitants. [2]

Le degré minimum[1] est de 12°5 pour les vins rouges, de 12° pour les vins blancs et rosés. La densité de plantation[1] est de 4 000 pieds / ha.

[modifier] Confrérie bachique

Crée 4 mai 1984, elle a pris le nom de « Maîtres Vignerons de Vacqueyras, compagnons du troubadour provençal Raimbaud » [14] . Composée de trente-cinq membres, elle a tenu plus de soixante chapitres et intronisé plus de 700 impétrants. À sa tête se trouvent un Grand Maître et un Grand Prieur.

[modifier] Les principaux producteurs de l'appellation

  • Domaine de la Verde
  • Domaine de la Brunely Site du domaine
  • Domaine de la Monardière Site du domaine
  • Domaine du Grapillon d'or
  • Domaine la Fourmone
  • Le Sang des Cailloux
  • Domaine de Chantegut
  • Domaine le Couroulu
  • Domaine Bouletin
  • Domaine Colline St Jean
  • Château des Roques
  • Château de Montmirail Site du château
  • Domaine Clos des Cazaux
  • Domaine La Cypriere
  • Domaine des Ondines
  • Domaine Font Sarade
  • Château Raspail
  • Domaine du Pesquier
  • Domaine Montirius
  • Domaine les Amouriers Site du domaine

[modifier] Liste des Caves Coopératives

  • Cave des Vignerons de Caractère [1]
  • Cave Coopérative Les Coteaux du Rhône
  • Cave des Vignerons de Gigondas [2]
  • Cave Balma Venitia [3]
  • Cave le Gravillas

[modifier] Notes

  1. abc Vacqueyras, Vins du Rhone, France, Provence
  2. abc Le Vignoble de Vacqueyras
  3. Pour trouver un début de vignoble, il faut passer l'Ouvèze et le situer à l'ouest de Violès entre le bois de Vélage et le bois de Cabassolle, sur le Plan de Dieu.
  4. Archives départementales du Vaucluse, CC 117. La fosserée correspondait à 500 ceps.
  5. Archives communales DD 1.
  6. Le souquet était un impôt sur le vin. S. Trompette, op. cité, fait état de ce texte comme étant l'article 17 des statuts communaux de 1451.
  7. Le rentier était une personne qui tenait à ferme une possession seigneuriale et payait chaque année une rente au seigneur.
  8. Suzanne Trompette, op. cité.
  9. Le trentenier (30 moutons) est une mesure de compte classique en Provence et dans le Comtat Venaissin.
  10. Le second pressoir est acquis en 1700 ce qui montre une augmentation de la production viticole.
  11. Le granger est le propriétaire d'un grange, c'est-à-dire d'une exploitation agricole.
  12. J. Courtet, Dictionnaire des communes du département de Vaucluse, Avignon, 1867.
  13. Cette promotion est l'occasion de célébrer une nouvelle « Fête des Vendanges ».
  14. La Confrérie des Maîtres Vignerons de Vacqueyras

[modifier] Bibliographie

  • P. Le Roy de Boiseaumarié, Histoire de l'appellation Côtes du Rhône, Éd. Reflets Méditerranées, Avignon, 1978.
  • Robert Bailly, Histoire de la vigne et des grands vins des Côtes du Rhône, Avignon, 1978.
  • Pierre Charnay, Vignobles et vins des Côtes-du-Rhône, Éd. Aubanel, Avignon, 1985.
  • Robert W. Mayberry, Wines of the Rhône Valley, a guide to origins, Rowman & Littlefield Publishers, Totawa, New Jersey, U.S.A. , 1987.
  • Guy Jacquemont et Patrick Galant, Le Grand Livre des Côtes-du-Rhône, Éd. du Chêne, Paris, 1988.
  • Charles Pomerol, sous la direction de, Terroirs et vins de France. Itinéraires œnologiques et géologiques, Éd. du BRGM, Orléans, 1990.
  • Suzanne Trompette, Un siècle de vie à Vacqueyras (1625-1725), Imp. Mistral, Cavaillon, 1990.
  • Jean-Pierre Saltarelli, Vallée du Rhône : de l’appellation à la notion de cru, Vins magazine, n° 41, décembre 2001, janvier-février 2002.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

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