Tudeh

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Iran

Armoiries de l'Iran
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Le Tudeh (en persan : حزب توده ایران, Hezb-e Tudeh-ye Iran), traduit par « Parti des Masses d'Iran » est un parti communiste iranien fondé en 1941. Il a eu des relations étroites avec le Parti communiste de l'Union soviétique. C'était un parti politique majeur en Iran avant les purges ayant eu lieu au début de l'existence de la République islamique d'Iran sous la direction de Khomeini.

Sommaire

[modifier] Histoire

[modifier] Naissance du mouvement communiste en Iran

L'histoire du mouvement communiste en Iran trouve ses origines au 19ème, quand le marxisme a été introduit pour la première fois par les intellectuels et les ouvriers, conséquence de la rapide transformation du pays, passant du féodalisme au capitalisme avec un développement rapide de l'industrie. Proche de la Russie et de l'Azerbaïdjan, le Nord de l'Iram devint le centre névralgique de la propagande marxiste et du mouvement social-démocrate, de multiples groupes vinrent ainsi le jour en quelques années.

Le Parti Communiste d'Iran fut créé en Juin 1920 à Bandar-e Anzali, dans la province de Gilan, fruit du premier Congrès des sociaux-démocrates iraniens. Heidar Amou Oghly, qui était un des leaders de la révolution constitutionnelle iranienne, devint le secrétaire général du nouveau parti. Dans le même temps, Mirza Kuchak Khan Jangali, un autre leader de la révolution constitutionnelle, et leader du mouvement révolutionnaire Jangali (mouvement des forestiers), établit la République Soviétique de Gilan avec l'appui de l'armée rouge.

La Grande-Bretagne, qui dominait par son influence la dynastie Qajar de la Cour de Téhéran, envoya ses agents infiltrer le mouvement Jangali dans un complot soigneusement préparé pour renverser la République socialiste du Gilan et le Parti Communiste iranien. Le complot réussi, le mouvement communiste fut interdit et persécuté par le gouvernement central. Les communistes et sociaux-démocrates plongèrent dans la clandestinité une nouvelle fois. Au début des années 20, la dynastie Qajar s'effondra, et le Shah Reza accéda au trône en 1925, établissant la dynastie Pahlavi. Le nouveau Shah d'Iran introduisit de nombreuses réformes, comme la limitation du pouvoir du clergé chiite, mais établit dans le même temps une dictature autoritaire.

[modifier] Fondation du parti Tudeh

L’invasion alliée du corridor Perse de 1941 à 1942 se traduisit par la fin du règne du Shah Reza et de son exil forcé en Afrique du Sud. De nombreux prisonniers politiques furent libérés et sous cette nouvelle atmosphère, les groupes nationalistes et socialistes refleurirent. Le 29 septembre 1941, le parti Toudeh fut officiellement créé, avec Soleiman Mohsen Eskandari à sa tête.

En 1944, le parti participa aux 14ème élections parlementaires et huit de ses candidats furent élus. A partir de là, le nombre de membres du parti décupla et devint une des principales forces dans la vie politique iranienne. Néanmoins, en 1949, le parti fut sanctionné pour une tentative ratée d’assassinat sur la personne du Shah, successeur du précédent, et fut donc interdit. Le parti continua à fonctionner clandestinement pendant un moment avant d’être légalisé dans les années 50.

En 1951, Mohammad Mossadegh a été nommé premier ministre par le Shah et établit une alliance avec le mouvement nationaliste, le Front National de l’Iran et le Parti Toudeh. Mossadegh entreprit la nationalisation du pétrole et introduisit de nombreuses réformes socialistes, utilisant les profits massifs provenant du pétrole. Ces profits étaient à l’origine drainés par le gouvernement britannique, au travers de la Compagnie Anglo-Iranienne de Pétrole (maintenant British Petroleum, BP). En 1953, des agents des services secrets britanniques et de la CIA aidèrent le général à la retraite Zahedi et le colonel Nassir à fomenter un coup d’état contre Mossadegh qui fut forcé à quitter son poste de premier ministre.

Le débat n’a pas été clos, quant à savoir si l’intervention des Etats-Unis et des britanniques étaient motivée par la peur de voir l’Iran entrer dans la sphère d’influence de l’Union Soviétique. Quoiqu’il en soit, c’est de cette manière qu’ils justifièrent officiellement leur soutien aux généraux. D’autres pensent plutôt que le coup d’état servait avant tout à regagner le contrôle sur le pétrole iranien nationalisé. Après le coup, c’est Mohammad Reza Pahlavi qui put reprendre le pouvoir et rétablir un régime fort, interdisant la plupart des parties politiques, y compris le parti de Mossadegh, le Front National, qui comme le Toudeh, continua à fonctionner sous la clandestinité.

En 1955, de nombreux soldats de l’armée iranienne suspectés d’être membres du parti Toudeh furent arrêtés et exécutés. A la même époque, des problèmes internes divers firent surface et la direction du parti fut suspecté de travailler contre la base du parti. Le parti fut donc fragilisé face aux attaques du Shah et déclina. Le Comité Central du Parti fut réorganisé à la fin des années 50.

En 1965, le parti fit face à une deuxième scission entre la majorité de l’organisation et une faction qui était pour la lutte armée contre le gouvernement du Shah en armant les tribus du Sud de l’Iran. L’unité du parti fut retrouvé trois ans plus tard.

En 1966, plusieurs membres du parti, y compris Ali Khavari et Parviz Hekmatioo du Comité Central, et Asef Razmdideh et Saber Mohammadzadeh, ont été arrêtés et condamnés à être exécutés. Cet événement provoqua l’émoi de la communauté internationale, de nombreuses manifestations et grèves de la faim forcèrent le gouvernement à réduire les peines à des emprisonnement à vie. Ces événements créèrent une médiatisation et forte sympathie pour la lutte des travailleurs en Iran et permirent l’unification du parti. Le parti fut à partir de ce moment un pilier de l’opposition clandestine au régime et aida à paver le chemin à la Révolution iranienne de 1978.

[modifier] Rôle dans la crise d'Azerbaïdjan

Icône de détail Article détaillé : Crise irano-soviétique.

[modifier] Interdiction du parti sous Mohammmad Reza Shah

[modifier] Révolution iranienne

Au début des années 70, un mouvement de guérilla dans le Nord de l’Iran, dans la province de Mazandaran, commença. Ces années-là furent aussi la période de développement de manifestations et grèves ouvrières, et les universités devinrent le foyer du militantisme révolutionnaire. Le parti Toudeh augmenta drastiquement ses activités militantes, recrutant de nombreux jeunes et organisant des comités régionaux.

Après la révolution, de nombreux prisonniers politiques furent relâchés, et le Parti Toudeh et d’autres organisations de gauche purent participer aux élections parlementaires et présidentielles pour la première fois depuis de nombreuses années. Néanmoins, la majorité des sièges fut emportée par le Parti Islamique Républicain, de Ayatollah Beheshti, et les nationalistes et socialistes marginalisés. Le président nouvellement élu, Abolhassan Bani Sadr, un temps proche de Khomeini, était dans le même temps du chemin par la révolution et s’opposait à la domination du clergé et des factions religieuses dans la vie politique.

En 1981, le Majlis, dominé par le Parti Islamique Républicain, força Bani Sadr à quitter ses fonctions, ce qui initia une vague de protestations et de manifestations de toutes les couches de la société. Bani Sadr dut plus tard quitter le pays. Des comités locaux révolutionnaires armés fidèles à Khomeini, surnommés Pasdaran, arrêtèrent des milliers de jeunes et de militants des mouvements de gauche et des nationalistes, nombreux seront jugés sous l’Ayatollah Sadeq Khalkhali, dont le surnom était « le juge pendeur », la grande majorité sera exécuté.

Voulant profiter de la situation, étant donné le nombre de mouvements rivals du Toudeh éliminés, la direction du Parti Toudeh décida de participer au nouveau regime et de collaborer avec le clergé. Ce fut un echec, et en 1982, la direction du parti fut arrêtée et emprisonnée, et plus tard, plus de 5000 membres et sympathisants du parti furent aussi arrêtés. Le parti finit par être interdit.

Résultat de ces purges successives, le parti peu à peu éclata, avec un nombre important de militants partant en exil, pendant que d’autres renonçaient au communisme et se réconciliaient avec la République Islamique. Durant ces années, des milliers de prisonniers politiques, y compris du parti Tudeh, furent condamnés à mort et exécutés.

Néanmoins, le parti survécut tant bien que mal et continue à opérer de façon clandestine en Iran, avec un nouveau Comité Central, élu en 1992, en exil. Le parti est mené par Ali Khavari.

[modifier] Statut légal aujourd'hui

Aujourd’hui, la majorité des membres du parti sont en exil, même si des membres actifs restèrent en Iran. Le parti est officiellement interdit et n’est pas toléré. Les individus suspectés d’être affiliés à des mouvements communiste ou socialiste risquent l’emprisonnement ou l’exécution.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes