Théorème de représentation de Riesz

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Il existe en analyse fonctionnelle plusieurs théorèmes nommés théorème de représentation de Riesz, en l'honneur du mathématicien Frigyes Riesz.

Sommaire

[modifier] Le théorème de représentation de Riesz dans les espaces de Hilbert

Ce théorème est aussi parfois appelé théorème de Fréchet-Riesz.

[modifier] Énoncé

Soient :

Alors il existe un unique y dans H tel que pour tout x de H on ait f(x)=\langle y,x\rangle.

\exists\,!\ y \in H\,, \quad \forall x\in H\,, \quad f(x) = \langle y,x\rangle

[modifier] Démonstration

ker(f) (noyau de l'application linéaire f) est un sous-espace vectoriel de H. De plus comme f est continue, ker(f) est fermé car c'est l'image réciproque du fermé {0}.

[modifier] Existence de y

Si f\equiv 0, il suffit de choisir y = 0.

Supposons f\ne 0, on a alors \ker(f)\ne H .

ker(f) est fermé, on peut donc appliquer le théorème du supplémentaire orthogonal d'un fermé dans un espace de Hilbert, qui montre que :

H = \ker(f) \oplus \ker(f)^\bot.

Explicitons une projection sur \ker(f)^\bot :

De ce qui précède on déduit que \ker(f)^\bot\ne\big\{ 0 \big\}.

Soit donc b \in \ker(f)^\bot \smallsetminus \big\{0\big\},

\forall x \in H, posons p_x=x-\tfrac{f(x)}{f(b)}b.

Ainsi p_x \in \ker(f) et en particulier \langle b,p_x\rangle = 0.

En développant, on obtient

\left\langle b, x-{f(x) \over f(b)}b \right\rangle = 0 = \langle b, x\rangle - {f(x) \over f(b)} \| b \|^2

D'où f(x) = \langle b, x\rangle \tfrac{f(b)}{\|b\|^2}.

On a finalement

f(x) = \langle y, x \rangle

avec y = \tfrac{f(b)}{\|b\|^2}b.

[modifier] Unicité de y

Soient y et z deux éléments de H vérifiant f(x) = \langle y, x \rangle = \langle z, x \rangle.

Pour tout x \in H on a \langle y-z, x \rangle = 0 et en particulier \langle y-z, y-z \rangle = \|y-z\|^2 = 0 d'où y = z.

[modifier] Remarque

De plus

\|y\|=\|f\|^'

.

[modifier] Extension aux formes bilinéaires

[modifier] Énoncé

Si a est une forme bilinéaire continue sur un espace de Hilbert \mathcal{H}, alors il existe un unique endomorphisme de \mathcal{H}, linéaire et continu que l'on note A, tel que, pour tout (u,v)\in \mathcal{H}\times\mathcal{H} on ait a(u,v)=\langle Au,v \rangle.

\exists !\,A\in\mathcal{L}^{C}(\mathcal{H}),\ \forall (u,v)\in\mathcal{H}\times\mathcal{H},\ a(u,v)=\langle Au,v \rangle

[modifier] Démonstration

Pour un élément u de \mathcal{H} fixé, le théorème de représentation de Riesz assure de l'existence d'un unique Au dans \mathcal{H} tel que a(u,v)=\langle A_u,v\rangle pour tout v\in\mathcal{H}.

On pose A:u\mapsto A_u défini tel que décrit ci-dessus. Pour tous v,u1,u2 de \mathcal{H} et tout réel λ on a

\langle A(u_1+\lambda u_2),v\rangle=a(u_1+\lambda u_2,v)=a(u_1,v)+\lambda a(u_2,v)=\langle A(u_1)+ \lambda A(u_2),v\rangle

donc A est linéaire.

La forme a est continue, donc lipschitzienne. Soit c une constante de Lipschitz de a.

|a(u,v)|\le c\|u\| \|v\| \Longrightarrow |\langle A u,v \rangle|\le c\|u\|  \|v\|.

Pour v = Au, on a \|A u\|\le c\|u\| \Longrightarrow A continu.

[modifier] Le théorème de représentation de Riesz en théorie de la mesure

Le théorème de représentation de Riesz est fondamental en théorie de la mesure, et permet en autres une construction efficace de la mesure de Lebesgue à partir de l'intégrale de Riemann. Il est connu que l'intégrale sur un espace topologique X associée à une mesure de Borel quelconque μ est une forme linéaire positive sur l'ensemble des fonctions continues à support compact de X dans ℝ noté Cc(X) : le théorème de représentation de Riesz établit sous certaines hypothèses la réciproque de cette propriété : on se donne une forme linéaire sur Cc(X), et on veut savoir si elle correspond à l'intégrale associée à une mesure μ.

[modifier] Énoncé

Soit X un espace séparé localement compact, et soit Λ une forme linéaire positive sur Cc(X). Alors il existe une tribu \mathfrak{M} contenant les boréliens, et une unique mesure μ sur \mathfrak{M} telles que :

  1. \forall f \in C_c(X), \Lambda f=\int f\mathrm d\mu
  2. Pour tout compact K de X, \mu(K)<\infty
  3. Pour tout E\in\mathfrak{M},
    \mu(E)=\inf \{\mu(V), E\subset V\}
  4. Pour tout E ouvert de X ou appartenant à \mathfrak{M} et vérifiant \mu(E)<\infty,
    \mu(E)=\sup\{\mu(K), K\subset E, K \text{ compact}\}