Théorème du supplémentaire orthogonal d'un fermé dans un espace de Hilbert

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Le théorème du supplémentaire orthogonal d'un fermé dans un espace de Hilbert est un théorème d'analyse fonctionnelle.

[modifier] Énoncé

Si H est un espace de Hilbert, et F un sous-espace vectoriel fermé de H, alors l'orthogonal de F est un sous-espace supplémentaire de F, c'est-à-dire que H = F \oplus F^\bot

[modifier] Démonstration

F est un espace vectoriel, donc convexe, et fermé par hypothèse. On peut donc appliquer le théorème de projection sur un convexe fermé :

\forall z \in H, \exists! x \in F, \|z-x\|=\inf_{u\in F} \|z-u\|

Notons y = zx. Par definition de x, on a:

\forall u \in F, \|y\|^2 = \|z-x\|^2 \le \|z-u\|^2 = \|y+x-u\|^2 =\|y\|^2+\|x-u\|^2+2\langle y,x-u\rangle

d'où  \forall u \in F, \|x-u\|^2 + 2\langle y,x-u\rangle \ge 0 .

Prenons v et posons u = x + εv. L'inéquation devient alors

 \forall v \in F, \forall \epsilon \in R, \epsilon^2 \|v\|^2-2\epsilon \langle y,v\rangle \ge 0

D'où, en choisissant d'abord un ε puis son opposé dans l'expression ci-dessus :

\forall v \in F, \forall \epsilon \in R,\begin{cases}\epsilon ^2\|v\|^2+2\epsilon\langle y,v\rangle \ge 0 \\ \epsilon ^2\|v\|^2-2\epsilon\langle y,v\rangle \ge 0\end{cases}

d'où, en se restreignant à R + et en simplifiant par ε :

\forall v \in F, \forall \epsilon \in R^+,\begin{cases}\epsilon \|v\|^2+2\langle y,v\rangle \ge 0 \\ \epsilon \|v\|^2-2\langle y,v\rangle \ge 0\end{cases}

d'où, en faisant tendre ε vers 0,

\forall v \in F, \langle y,v\rangle =0

c'est-à-dire y \in F^\bot.

Et donc on peut décomposer z en

z=x+ y, x \in F, y \in F^\bot

Comme on a toujours F \cap F^\bot = 0,

on peut donc enfin conclure

H = F \oplus F^\bot

[modifier] Conséquences

L'application pF qui a z associait x, ci-dessus, définie en minimisant une distance, s'appelle le projecteur sur F.

Il a bien la particularité d'un projecteur au sens classique (bien que défini topologiquement, et non algébriquement), i.e. p_F\circ p_F=p_F.

Lorsque, comme dans notre cas, H = F \oplus F^\bot on appelle ce projecteur le projecteur orthogonal sur F, et on peut préciser de noyau F^\bot et d'image F.

On peut alors montrer que pF est linéaire.

En effet, par unicité de la décomposition dans deux sous-espaces vectoriels orthogonaux et supplémentaires, si z=x+ y, x \in F, y \in F^\bot, alors pF(z) = x.

Du coup, soient z = x + y,z' = x' + y' les décompositions de deux vecteurs, on en déduit la décomposition z + λz' = (x + λx') + (y + λy') et donc pF(z + λz') = x + λx' = pF(z) + λpF(z').

On retombe bien sur la définition algébrique habituelle d'un projecteur, que l'on connaissait bien pour les espaces de dimension finie.